À l'époque de la préhistoire

Les premiers établissements humains dateraient de 150 000 ans av. J.-C. Tout au nord, un peuple bâtit des hunebedden, sortes d’allées couvertes faites d’immenses blocs hiératiques qui rappellent les dolmens. Vers 2100 av. J.-C., l’utilisation d’outils en bronze se répand.

Domination romaine

57 avant J.-C. : conquête des Pays-Bas par Jules César. Un réseau routier est mis en place. Le long des fleuves, ils construisent ainsi les premières digues qu’ils parsèment de postes fortifiés notamment Maastricht, Nimègue et Utrecht.  Au IVe siècle ap. J.-C., l’Empire romain est affaibli, à cette époque les Romains se retirent entièrement de l’Europe du Nord-Ouest.

Époque féodale

Les Pays-Bas font partie de l'empire franc où Charlemagne aime séjourner.  À la mort de son fils Louis le Pieux, l’empire est partagé par le traité de Verdun, en 843, entre ses trois fils. Lothaire II hérite de la région qui comprend les Pays-Bas, à l’exclusion de la Flandre. Le territoire est ensuite annexé tantôt à la France orientale, tantôt à la France occidentale. Henri Ier l’Oiseleur, roi de Germanie, soumet la Lotharingie en 925, et les Pays-Bas sont ainsi formellement intégrés dans le Saint Empire romain germanique jusqu’en 1648. Les Pays-Bas se composent de plusieurs territoires pratiquement autonomes, dont la Flandre et le Brabant sont les plus puissants. On parle de l’époque seigneuriale.

Époque bourguignonne

Au XVe siècle la famille des ducs de Bourgogne étend son autorité sur différentes régions du territoire des Pays-Bas, de la Belgique et l’Est de la France : c'est un âge d'or pour le commerce, l’industrie, les arts.  En 1477, Charles le Téméraire meurt sur le champ de bataille ; des possessions retournent par mariage, aux mains des Habsbourg.  Marie de Bourgogne (1457-1482), fille unique de Charles le Téméraire, craignant que les Pays-Bas ne se désintègrent, convoque les états généraux.  

Charles Quint

Charles Quint soumet successivement la Frise (1524), l’Overijssel et l’évêché d’Utrecht (1528), Groningue et la Drenthe (1536) ; enfin, en 1543, il réussit à annexer la Gueldre. Il essaie, en vain, de souder l’unité des dix-sept provinces.

L’essor des villes et de la bourgeoisie, l’invention de l’imprimerie et le besoin d’une réorientation religieuse préparent à l’expansion d’un mouvement, la Réforme aux Pays-Bas. Adversaire de Luther et de ses disciples, Charles Quint combat la Réforme pour conserver l’unité politique et religieuse de son empire. Il doit cependant signer, en 1555, la paix d’Augsbourg ; chaque prince allemand peut décider de la religion de ses sujets et implique pourtant que les Pays-Bas restent catholiques. Charles Quint abdique en 1555, son frère Ferdinand lui succède sur le trône du Saint Empire romain germanique ; son fils unique Philippe II reçoit l’Espagne et les dix-sept provinces.

Les provinces unies se révoltent

Philippe II devient en 1555 souverain des Pays-Bas. Il se sent avant tout espagnol et connaît mal ces provinces qui sont pourtant une partie de plus en plus importante de son royaume.

La haute noblesse des Pays-Bas se révolte avec, à sa tête, Guillaume d’Orange. En août 1566, la fureur générale se déchaîne, entraînant de multiples destructions. Cette violence n’est pas dictée uniquement par des motifs religieux, mais aussi par des motifs sociaux ; la façon dont les dirigeants gouvernent le pays suscite le mécontentement. Philippe II doit envoyer une armée dirigée par le duc d’Albe qui devient gouverneur et dont la mission est de punir sévèrement tous les rebelles et d’éradiquer l’hérésie. Le prince d’Orange s’enfuit en Allemagne.

Les habitants sont nombreux à quitter les Pays-Bas. Guillaume d’Orange, ayant rassemblé l’argent nécessaire, lève une armée pour envahir les Pays-Bas en différents endroits en même temps et soulever le peuple. En 1568, il entre à la tête d’une armée à Heiligerlee, en Groningue. C’est le début d’une période qui va durer jusqu’en 1648 et qu’on a pour cette raison appelée la guerre de Quatre-Vingts Ans. En 1572, avec le soutien des gueux de mer et des huguenots français, Guillaume d’Orange prépare de nouvelles attaques.

En Hollande et en Zélande, la révolte populaire tellement attendue se déclenche. De leur propre initiative, les villes rebelles convoquent à Dordrecht une réunion des États, qui nomment à nouveau Guillaume d’Orange au rang de stathouder. S’il est nommé stathouder et non chef d’État, c’est parce qu’on part du principe que la révolte ne vise pas le roi, mais ses mauvais conseillers. Le duc d’Albe se dirige alors vers le nord avec son armée, et reconquiert ville après ville.

En 1573, les Espagnols parviennent à prendre Haarlem mais Alkmaar leur résiste. En 1576, les dix-sept provinces concluent la Pacification de Gand, dans le but de chasser les troupes espagnoles du pays.

Le 6 janvier 1579, Alexandre Farnèse, nommé gouverneur en 1578, parvient à réunir dans l’union d’Arras les provinces catholiques, restées fidèles à Philippe II, qui reconnaissent ainsi à nouveau l’autorité du roi. Dix-sept jours plus tard, les provinces révoltées du nord forment l’union d’Utrecht. Elles poursuivent la lutte contre l’Espagne et se promettent fidélité mutuelle.

En 1580, Philippe II met à prix la tête du prince d’Orange, en qui il voit un adversaire acharné. Les sept provinces de l’union d’Utrecht réagissent en 1581 par une déclaration solennelle annonçant qu’elles ne reconnaissaient plus Philippe II comme leur souverain. Elles offrent alors la souveraineté des Pays-Bas au duc d’Anjou, frère du roi de France Henri III, mais en limitant ses pouvoirs à l’extrême. Guillaume d’Orange est assassiné à Delft en 1584. La situation des provinces révoltées s’aggrave rapidement après sa mort.

En 1585, Farnèse conquiert la principale ville des Pays-Bas, Anvers. Des milliers de personnes se réfugient dans le nord, surtout à Amsterdam, qui reprend progressivement à Anvers son rôle de métropole du commerce.

La république des Provinces-Unies

Sept provinces : la Hollande, la Zélande, Utrecht, la Frise, Groningue, l’Overijssel et la Gueldre, se sont unies en 1579 sur la base de l’union d’Utrecht. La Hollande est la province la plus puissante, et la plus riche. Cette fédération se donne le nom de république des Provinces-Unies car n'a pas de monarque comme chef d’État. La plupart des provinces choisissent Guillaume d’Orange comme stathouder. En 1588, les états généraux décident de ne plus chercher de nouveau souverain et d’assumer eux-mêmes la souveraineté. C’est ainsi que naît la république des Provinces-Unies.

En 1588, la très célèbre flotte espagnole, l’invincible Armada, est décimée dans les eaux britanniques, engloutissant avec elle les ambitions de Philippe II. La chance aux armes tourne aussi en faveur des Pays-Bas ; Maurice de Nassau (1567-1625), un des fils de Guillaume d’Orange, conquiert au nom de la République plusieurs villes importantes et oblige les Espagnols à se tenir sur la défensive. 1609 voit la reconnaissance de fait de la république des Provinces-Unies comme État indépendant, grâce à la conclusion, cette année-là, avec l’Espagne, de la trêve de Douze Ans.

XVIIIe siècle

La République fut peu à peu supplantée par l’Angleterre et la France. Sur les plans militaire et politique, elle subit plusieurs défaites. En 1747, éclata la guerre de Succession d’Autriche, dont l’enjeu était l’autorité des Habsbourg sur différents territoires. La République soutint l’Autriche. Les troupes françaises franchirent les frontières du pays dans le sud et, comme en 1672, le peuple réclamait un chef. Guillaume IV, stathouder de Frise, fut sollicité par les provinces pour devenir aussi leur stathouder. Le stathoudérat fut déclaré héréditaire et Guillaume se vit attribuer de larges pouvoirs.

La révolution américaine de 1776 ne passa pas inaperçue et la République fut un des premiers pays du monde à reconnaître les États-Unis comme État indépendant.

La quatrième guerre contre l’Angleterre éclata en 1780. La République perdit plusieurs de ses colonies et sa flotte subit des échecs.

Les revers politiques et économiques furent à l’origine de troubles. Des divergences d’opinion opposèrent le stathouder héréditaire et nombre de citoyens, dont les idées sociales reposaient sur celles du siècle des Lumières et qui mettaient au premier plan la liberté de pensée et de critique de l’individu. Les régents, issus pour l’essentiel de familles de marchands, formaient un clan très fermé. Depuis toujours, ils se partageaient les postes les plus importants et les mieux rémunérés. Des groupements s’organisèrent spontanément sous le nom de patriotes.

Bien que les réformes politiques préconisées par la majorité des patriotes aient impliqué une atteinte au pouvoir du stathouder, elles ne visaient pas en principe à éliminer la maison d’Orange. Les patriotes s’organisèrent en corps francs, ou petites armées, dans les villes et villages, et devinrent une menace pour l’autorité du stathouder. À La Haye, la situation était devenue intenable, et Guillaume V quitta sa résidence, en 1785, avec sa femme Wilhelmine. Celle-ci trouva la situation inacceptable et se rendit à La Haye en juin 1787 pour inciter les partisans du prince à prendre les armes contre les patriotes. À Goejanverwellesluis, un corps franc des patriotes l’obligea à rebrousser chemin. Vexée, elle se plaignit à son frère, le roi de Prusse, qui envoya en 1787 un corps expéditionnaire rétablir l’ordre dans la République. Plusieurs chefs des patriotes se réfugièrent en France et dans les Pays-Bas habsbourgeois. Guillaume V fut rétabli dans ses fonctions de stathouder héréditaire.

 

Domination venue de France

La Révolution française de 1789 fit renaître l’espoir des patriotes néerlandais. Des troupes françaises envahirent le pays et furent battues avant de finalement parvenir à occuper la République en 1795. Guillaume V se réfugie en Angleterre et confie aux Anglais l’administration des colonies néerlandaises.

Les patriotes arrivèrent alors au pouvoir et voulurent faire de Liberté, Égalité, Fraternité, les idéaux de la République batave. Une Assemblée nationale fut créée, et en 1796, une constitution fut élaborée.

Napoléon Bonaparte (1769-1821) s’empare du pouvoir en France en 1804. Ensuite, il nomme roi son frère, Louis Napoléon (1778-1846), en juin 1806 : la République devint le royaume de Hollande. Le nouveau roi fit tout son possible pour comprendre la mentalité de ses sujets et défendre leurs intérêts. Dans le domaine culturel, il fut à l’origine de quelques événements importants, comme la fondation de l’Institut royal des sciences, des lettres et des arts, ainsi que de la création du futur Rijksmuseum. Il transforme l’hôtel de ville sur la place du Dam en palais royal et aujourd’hui le palais rassemble la plus grande collection de meubles Empire hors de France. En 1810, Napoléon annexe les Pays-Bas méridionaux. Quelques mois plus tard, le roi Louis abdiquait. Le royaume de Hollande fut alors à son tour annexé à la France. C’est ainsi que la législation française fut introduite aux Pays-Bas, mais la majorité de la population voyait d’un mauvais œil l’arrivée des Français. Ces sentiments d’hostilité augmentèrent encore après l’introduction du service militaire.

Un royaume est né

L’échec de la campagne napoléonienne de Russie sonne, pour les Pays-Bas, la fin de la domination étrangère. Guillaume Frédéric, prince d’Orange, fils du dernier stathouder Guillaume V, accepte d’être souverain en 1814 sous le nom de Guillaume Ier et se proclame roi des Pays-Bas. Le royaume des Pays-Bas est l'un des royaume créé pour contenir l’expansionnisme français. L’union du Nord et du Sud soulève cependant des objections, surtout dans le sud. Beaucoup de catholiques, qui considéraient encore les calvinistes du nord comme des hérétiques, n’acceptaient pas la Constitution du royaume. Le nouvel État disposait d’un Parlement à deux chambres, mais son influence sur le gouvernement du pays était minime. Pendant la période française, le néerlandais était considéré comme un dialecte inférieur, parlé par les paysans. L’élite du sud était entièrement francisée, et lorsque Guillaume Ier voulut, en 1819, introduire progressivement le néerlandais comme langue officielle dans les provinces flamandes, l’élite francophone eut une réaction particulièrement violente de rejet. Heureusement, point positif, les deux régions se complétaient sur le plan économique : le Nord possédait des colonies et une riche tradition commerciale, le Sud comptait des industries importantes.

Les premiers mouvements de révolte eurent lieu à Bruxelles, en août 1830, sous forme de bagarres, pour se transformer rapidement en véritable insurrection. Peu de temps après, les révolutionnaires proclamèrent l’indépendance de la Belgique. Au cours d’une conférence diplomatique tenue à Londres, les Belges reçurent le soutien de la France et de l’Angleterre. La Prusse, l’Autriche et la Russie s’inclinèrent devant la reconnaissance de la sécession. Après l’intronisation de Léopold Ier, roi des Belges, Guillaume Ier envoie vers le sud une armée commandée par son fils, le prince héritier Guillaume. Les Belges furent battus, mais une intervention militaire française empêcha Guillaume Ier de rétablir son autorité. Les Pays-Bas gardent néanmoins une partie du Limbourg et de la Flandre. Guillaume n’accepte pourtant pas la séparation des Pays-Bas septentrionaux et méridionaux, et maintient une grande armée sur le pied de guerre jusqu’en 1839. Cette année-là, un traité permit de sortir de l’impasse. La Belgique devint un royaume neutre, avec la garantie des grandes puissances.

XIXe siècle

Guillaume Ier a beaucoup fait pour l’économie des Pays-Bas, ce qui lui valut son nom de roi-marchand. Il introduisit dans les deux parties de son royaume des méthodes industrielles modernes, en particulier dans la future Belgique, où, dès avant la séparation avec le Nord, s’étaient développées une industrie minière et une industrie métallurgique modernes. L’industrie cotonnière de Gand connut une période d’essor. Le roi concentrait en outre ses efforts sur l’extension de l’infrastructure : il fit construire des routes et creuser des canaux, il soutint des plans de défrichage de terres et la création de compagnies maritimes. Vers la fin de son règne, fut inaugurée la première ligne ferroviaire des Pays-Bas, reliant Amsterdam à Haarlem.

Les Pays-Bas avaient conservé un empire colonial gigantesque, même s’il était plus petit qu’aux XVIIe et XVIIIe siècles. L’actuelle Indonésie, à l’époque les Indes néerlandaises, en était la principale colonie.

De 1825 à 1830, une révolte contre les Pays-Bas se déchaîna à Java. Elle fut matée dans le sang. Le gouvernement constata à cette occasion que la colonie coûtait de l’argent au lieu d’en rapporter. L’introduction du système des cultures devait remédier à cette situation. Ce nouveau système englobait un train de mesures qui obligeaient la population javanaise à cultiver sur une partie de ses terres certaines cultures prescrites, en particulier le café et le sucre, et à les livrer contre une somme fixée par le gouvernement. Ces produits étaient ensuite transportés vers les Pays-Bas et commercialisés par leurs soins. Le système des cultures allait très vite rendre la colonie rentable…

Évolution sociale et vie politique au cours du siècle

Entre 1840 et 1890, la société néerlandaise, qui était surtout agricole, se transforme en une société industrielle. Les conditions parfois désastreuses dans lesquelles les ouvriers devaient vivre et travailler firent peu à peu naître une opposition.

Les travailleurs s’associèrent afin d’être en force pour exiger une amélioration de leurs conditions de travail. Bien qu’il y ait eu des grèves, les syndicats néerlandais préférèrent généralement le dialogue.

Les Pays-Bas profitent beaucoup du développement industriel rapide de la région de la Ruhr, en Allemagne. Rotterdam devient un port important. Cependant le phénomène de la pauvreté devient de plus en plus important, surtout dans les villes et les régions industrialisées qui ne cessent de s’étendre. La prospérité accrue améliore les conditions de vie des classes moyennes, mais accentue le caractère bourgeois de la société néerlandaise et ses inégalités. Les relations entre ouvriers et gouvernement restent très conflictuelles et des grèves déclenchées au début du XXe siècle sont très durement réprimées. Vers 1870, les Pays-Bas s’équipent de l’infrastructure dont ils avaient besoin pour développer leur industrie. Le réseau ferroviaire est considérablement étendu, et Amsterdam et Rotterdam sont reliées par des canaux modernes à la mer du Nord. Suivant avec retard la précoce révolution industrielle belge, la société néerlandaise change enfin radicalement. Elle entre dans l’ère moderne, suivie par l’inévitable apparition d’une classe dominée, le prolétariat. Un Parti socialiste est créé dans les années 1880, mais il reste toutefois assez faible. Le Sociaal-Democratische Arbeiderspartij (SDAP), fondé en 1894, connaît cependant plus de succès. Il existe encore aujourd’hui sous le nom de Partij van de Arbeid.

En 1909, les marxistes radicaux quittent le SDAP pour créer le Parti communiste. Le droit de vote masculin est largement étendu en 1887 et 1896. En 1922, les Néerlandaises vont pour la première fois aux urnes.

Interbellum et Seconde Guerre mondiale

Les Pays-Bas restent neutres lors de la Première Guerre mondiale et la démocratie reste stable dans les années 1920 et 1930. Quelques grands projets symbolisent cette période, comme celui du Zuiderzee ou la poldérisation de vastes parties du lac ainsi formé. Pendant des décennies, une part importante des ressources publiques fut consacrée à la construction de digues et à l’assèchement de polders. Le territoire néerlandais s’agrandit de manière considérable.

Durant cette période, les Pays-Bas furent un pilier de la Société des Nations, instituée en 1920 et précurseur de l’Organisation des Nations unies.

La crise économique mondiale de 1929 frappe durement les Pays-Bas et les Indes néerlandaises.

Face à une Allemagne de plus en plus menaçante, les Pays-Bas comptaient sur leur politique de neutralité pour rester à l’écart d’un éventuel conflit. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, l’armée néerlandaise ne s’attendait donc pas à une confrontation.

Seconde Guerre mondiale

Le 10 mai 1940, l’armée allemande envahit la France, le Luxembourg, la Belgique et les Pays-Bas. Des troupes aéroportées, ayant pour mission de capturer la reine et le gouvernement, sont parachutées autour de La Haye, mais elles échouent devant la résistance acharnée des Néerlandais. Dès le 14 mai, la situation est désespérée : la Luftwaffe bombarde le centre de Rotterdam et menace de réduire aussi en cendres d’autres grandes villes. Les Pays-Bas capitulent. La capitulation ne s’applique heureusement qu’au territoire néerlandais en Europe. Le cabinet et la reine, exilés à Londres, gouvernent de là les Indes néerlandaises, le Suriname et la colonie de Curaçao. Sur le continent, le territoire des Pays-Bas subit l’administration civile de l’Allemagne nazie. Les Allemands, qui se pensaient proches des Néerlandais, visaient à long terme l’annexion du pays au Reich. Les premiers mois de l’Occupation ne furent pas trop durs. L’administration néerlandaise fonctionnait sous surveillance allemande. L’Occupation se durcit toutefois avec des mesures contre les Juifs isolés du reste des habitants. Plus de cent mille d’entre eux, soit quelque 75 % de la population juive du pays, furent déportés vers des camps de concentration. Cinq mille seulement allaient en revenir. Après le débarquement de Normandie, les troupes alliées libérèrent les provinces méridionales des Pays-Bas. Elles furent bloquées face au Rhin, à Arnhem, fin septembre 1944, et les provinces septentrionales restèrent occupées par les Allemands. L’armée alliée n’avança qu’au printemps de 1945. Les libérateurs canadiens et polonais furent accueillis avec un enthousiasme délirant. Les troupes allemandes aux Pays-Bas capitulèrent le 5 mai 1945. Le pays était libre, mais il avait payé un lourd tribut. Environ 236 000 Néerlandais avaient perdu la vie pendant la Seconde Guerre mondiale aux Pays-Bas, en Indonésie ou ailleurs dans le monde.

Question indonésienne et politique étrangère

L'Indonésie fut conquise par les Japonais qui avaient besoin des matières premières présentes pour leur guerre. Les militaires néerlandais, en trop petit nombre, ne furent par une grande difficulté. L'armée japonaise gagne en mer, contre une coalition néerlandaise, américaine, britannique et australienne. Les Japonais capitulèrent le 15 août 1945. Deux jours plus tard, Sukarno, inspiré par la victoire en mer du Japon contre les Pays-Bas , proclama la république d’Indonésie. Les Pays-Bas rétablirent par la force et sans délai leur autorité, hormis à Java et Sumatra. Sous la pression des États-Unis, un accord intervint en 1947. Sukarno élimina les communistes de son mouvement, ce qui lui valut la confiance des Américains. Et, sous la pression de l’opinion publique mondiale, en particulier de celle des États-Unis, les Pays-Bas durent céder. Le 27 décembre 1949, au Palais royal d’Amsterdam, les Pays-Bas transférèrent la souveraineté sur l’archipel des Indes néerlandaises à la république des États-Unis d’Indonésie. Ce transfert de souveraineté ne concernait pourtant pas la partie occidentale de l’île de Nouvelle-Guinée. Aux Pays-Bas, on voulait préparer la Nouvelle-Guinée à l’indépendance, mais l’Indonésie s’y opposait. En 1962, la guerre menaçait d’éclater entre les deux pays. Les États-Unis assumèrent alors la fonction de médiateur et parvinrent à convaincre les partis de négocier. La même année, les Pays-Bas donnèrent leur souveraineté sur la Nouvelle-Guinée à l’Organisation des Nations unies, qui la transféra à l’Indonésie un an plus tard. Le Suriname et les Antilles néerlandaises obtinrent une administration intérieure autonome. Le Suriname devint une république indépendante en 1975.

Quand les Pays-Bas proposèrent aux Antilles néerlandaises leur indépendance, celles-ci se montrèrent moins intéressées. Le royaume des Pays-Bas se compose actuellement des Pays-Bas, des Antilles néerlandaises et d’Aruba.

Au niveau diplomatique, les Pays-Bas participent à tous les grands traités internationaux et occidentaux d’après-guerre. Les Pays-Bas fournissent des troupes à l’armée des Nations unies en 1950 pour combattre les Nord-Coréens et les Chinois. L’Europe occidentale se regroupe aussi sur le plan économique : La Communauté européenne du charbon et de l’acier en 1954 (CECA), suivie en 1957 par la Communauté économique européenne (CEE).

Plan Delta et maîtrise des eaux

En février 1953, le sud-ouest des Pays-Bas est envahi par la mer. La combinaison exceptionnelle d’une tempête du nord-ouest et d’un raz-de-marée est trop violente pour les digues. Plus de 1 800 personnes trouvent la mort dans les inondations.

Le gouvernement décide alors de fermer les bras de mer dans le sud-ouest et fait élaborer le plan Delta en 1958. Barrer les grands bras de mer est une tâche considérable et ardue. Le Nieuwe Waterweg et l’Escaut occidental ne peuvent être fermés par un barrage car ils doivent rester ouverts à la navigation. La construction d’un barrage mobile dans l’IJssel, près de Krimpen, est alors réalisée pour protéger la province de Hollande-Méridionale. Ce projet est terminé en 1958. Pendant des siècles, le mouvement des marées a déterminé la vie de cette partie des Pays-Bas. Les barrages créent une zone d’eau douce et font disparaître un biotope soumis à l’influence des marées. Les plans visant la fermeture du dernier bras de mer, l’Escaut oriental, sont déjà prêts quand des protestations affluent de la part d’ostréiculteurs désireux de garder leurs bancs d’huîtres et d’écologistes voulant préserver la valeur écologique de l’Escaut oriental. Les parties arrivent cependant à un compromis : un barrage sera construit au travers de l’Escaut oriental, mais par temps normal, il laissera passer l’eau. Le barrage anti-tempête comporte de gigantesques vannes d’acier qui peuvent être abaissées en cas de hautes eaux pour fermer les pertuis et protéger le pays. Ainsi, l’Escaut oriental reste soumis à l’influence des marées et la sécurité de la Zélande est néanmoins assurée. Le barrage dans l’Escaut oriental, terminé en 1986, compte sans nul doute parmi les plus grandes réalisations hydrauliques du monde.

20 ans de politique

L’année 2002 restera l’année de l’ascension puis de l’assassinat de Pim Fortuyn, le leader du parti populiste des Pays-Bas. Reprenant des thèmes récurrents de notre époque – insécurité, immigration et intégration, couverture sociale, etc. –, sous un nouvel angle teinté de discrimination, il sut toucher un électorat lassé des compromis. Son assassinat à quelques jours des élections a mis à nu les émotions les plus vives dans un pays qui n’avait jamais connu de drame si poignant dans son histoire récente. Son parti termine second des élections et fit donc partie de la coalition avec le parti chrétien-démocrate.

Le gouvernement, formé ensuite par Jan Peter Balkenende, ne dure que 87 jours et le Premier ministre doit présenter la démission de son gouvernement. La liste des chrétiens-démocrates du CDA l’emporte suivie par un PvdA mené par Wouter Bos. Balkenende est reconduit dans ses fonctions et constitue un gouvernement à tendance libérale.

Les élections législatives de juin 2010 ont confirmé la puissance du PVV de Geert Wilders qui devient la troisième puissance politique du pays. Les libéraux de Mark Rutte arrivés en tête tentent alors de composer un cabinet mais toutes les tentatives se soldent par des échecs, jusqu'au 14 octobre, qui voit la formation d'un gouvernement de coalition, composé de membres du VVD et du PVV et mené par Mark Rutte.

Coup de Trafalgar : le 21 avril 2012, Geert Wilders fait chuter le gouvernement sur une question de plan d’austérité. En effet, les Pays-Bas doivent affronter une forte récession et un déficit budgétaire record. Face à cette situation, le leader populiste a exigé que son pays mette fin à la très controversée participation au plan de sauvetage grec... Le Premier ministre libéral Mark Rutte a donc présenté le 23 avril sa démission à la reine. Contre toute attente, les élections législatives du 12 septembre sont remportées par les troupes libérales de Mark Rutte et les travaillistes. Les modérés jubilent et toute la presse européenne croit voir dans cette victoire une récompense au courage et à la persévérance des partis modérés pro-européens, aux dépens des extrêmes eurosceptiques. Les populistes sont en déroute. Les Pays-Bas ont sans doute voulu signifier à leurs dirigeants que la solution politique, en ces temps de crise, se trouve plutôt au centre.

 Ces dernières années ont été marquées par la présence constante de Mark Rutte comme Premier ministre... «Monsieur» Téflon a toujours survécu aux crises politiques.

Aujourd'hui

Les Pays-Bas jouent un rôle de stimulateur important dans l’édification de l’Europe depuis sa fondation. Trop petit pays pour faire entendre sa voix au niveau européen comme au niveau mondial, il sait bien que l’Europe est sa chance, et il est un des plus actifs à travailler à sa mise en place.

Au cours des siècles, leur superficie étant faible et leurs habitants peu nombreux par rapport aux pays voisins, les Pays-Bas se sont toujours tournés vers l’extérieur et ont recherché les contacts avec d’autres peuples et pays. Cette ouverture sur le monde fait que les Néerlandais partagent volontiers leur patrimoine et leurs acquis culturels avec d’autres nations. Ils savent ainsi qu’ils ne peuvent régler  seuls leurs problèmes actuels, surtout sur le plan démographique (vieillissement, grande densité de population…) et que l’avenir doit être pensé en termes européens au moins, sinon mondial. Les défis et les problèmes actuels rencontrés par les Pays-Bas sont similaires à ceux rencontrés par de nombreux autres pays européens. L’immigration et l’intégration des minorités par exemple et l’insécurité furent largement évoquées dans les campagnes électorales récentes. Les problèmes de logement, le manque de moyens et de personnel dans l’enseignement et les milieux hospitaliers pose également des difficultés à grande échelle. Un grand problème du pays étaient les employés en incapacité de travail de longue durée. Utilisé abusivement par les entreprises pour se débarrasser en douceur de certains employés sans les licencier, le WAO fut longtemps la plaie d’un État providence à bout de souffle ; cette problématique est mieux encadrée et la prévention au travail meilleure. Les Pays-Bas sont très concernés par les problèmes de réchauffement de la planète et notamment par la montée du niveau des eaux auquel le pays serait bien évidemment confronté directement. Ces dernières années, le pays a plutôt bien résisté à la crise mais des mesures impopulaires d'austérité ont été prises : recul de l'âge légal de la retraite à 67 ans (au lieu de 65), réduction des subventions garderies, augmentation des cotisations aux assurances santé et réduction des remboursements... Après quelques années incertaines, le pays semble avoir bien fait face à la crise, emmené par une capitale qui a le vent en poupe.

Les élections législatives du printemps 2017 sont cruciales et confirment Mark Rutte (Premier ministre) en faisant largement gagner son parti, le VVD distançant de loin le PVV du populiste Geert Wilders, D66 et le CDA. En 2021 après une démission sur fond de scandale, le VVD de Rutte gagne les élections et il est reconduit dans ses fonctions, son gouvernement «Rutte 4» est intronisé quelques mois plus tard. 

 

L'assassinat de Theo Van Gogh par un extrémiste religieux à l'est de la capitale en 2004 avait ébranlé les certitudes de la capitale et a posé des limites au principe de multiculturalisme. Presque 20 ans plus tard, ces tensions semblent de l'histoire ancienne aujourd'hui dans un pays naturellement marqué par la pandémie. Celle-ci a révélé de grosses blessures aux Pays-Bas, émeutes violentes lors de la mise en place du couvre-feu, cacophonie politique suite à la victoire du VVD de Rutte en mars 2021, mouvement anti-vaccin puissant.

Ces dernières années ont en outre mis en avant les limites de l’approche en matière de drogues « douces » et la puissance de la mafia marocaine. 

Elle aurait eu 93 ans !

Née Annelies Marie Frank à Francfort, cette enfant allemande est venue vivre à Amsterdam à 1933 pour échapper aux persécutions antisémites . Alors qu’en 1940 Amsterdam subit l’occupation allemande, la famille se cache dans un appartement secret à l’arrière de l’entreprise du père sur le Prinsengracht. De là elle écrit son journal intime connu de par le monde et qui couvre la période entre juin 1942 et août 1944. Toute la famille est déportée et Anne meurt du typhus dans le camp de Bergen-Belsen. Anne Frank est probablement le personnage le plus connu d'Amsterdam et beaucoup de visiteurs ne viennent pratiquement que pour voir sa maison, symbole de la barbarie moderne.