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Paysage politique

Si la présence de Mark Rutte, Premier ministre depuis 2010, est un signe de stabilité, l'aura de celui qu'on surnomme « Monsieur Téflon », a beaucoup pâli. En 2020, il dut présenter la démission de son gouvernement suite à un énorme scandale lié aux aides sociales. Un profilage ethnique des fraudeurs potentiels avait mis en difficulté plus de 25 000 familles. Le succès de son parti VVD aux élections de mars 2021 fut suivi d'un autre scandale concernant le leader politique du CDA à qui Rutte aurait tenté de trouver un poste ailleurs, car il avait contribué à révéler le scandale des aides sociales… Plus de neuf mois furent nécessaires à la formation d'un cabinet. Sa gestion de la crise Covid, d'abord plutôt souple (laxiste selon certains) puis plus autoritaire, mena même à un traumatisant couvre-feu générateur de graves émeutes.

L'inflation, fléau actuel

L'année 2022 commence par une inflation galopante, annonciatrice de graves problèmes économiques pour les foyers. En mars, elle atteint presque 10 %... Le gouvernement anticipe une hausse astronomique des loyers en 2023, qui risque de mettre de nombreux habitants en péril.

Le logement, problème insoluble

Les Pays-Bas en général et Amsterdam en particulier sont confrontés, depuis plusieurs années, à un grave problème de logement. Les prix ont explosé et les jeunes professionnels n'accèdent tout simplement pas à la propriété dans de nombreuses villes… Cette situation très problématique, à laquelle il faut ajouter la pénurie de main-d’œuvre, semble durable et crispe énormément l'économie.  Lors de votre visite, vous noterez probablement des horaires limités de certains bars et restaurants. C'est une des manifestations de cette situation complexe qui ralentit l'économie. Pour le pays, les répercussions dans l'enseignement et les personnels soignants sont énormes.

Les agriculteurs au cœur des enjeux actuels

Les Pays-Bas ont l'agriculture la plus performante de l'Union européenne. Le royaume est sur tous les plans des innovations techniques pour rendre le secteur encore plus performant. Ces dernières années, de graves scandales sanitaires ont jeté l’opprobre sur le pays. Celui-ci a récemment quasiment acté la fin de l'élevage intensif. Le gouvernement a pris des mesures qui contraignent les agriculteurs à diminuer leurs émissions d'azote ou à se reconvertir. La récente coalition a ainsi libéré une enveloppe de 25 milliards d'euros pour aider le secteur dans la réduction des gaz à effet de serre émis par les engrais et les effluents. Ces mesures, qui peuvent aller jusqu'à l'expropriation, ont généré d'énormes protestations des agricoles depuis 2019.

Mark Rutte, monsieur Téflon ou l'homme sans qualité ?

Pour beaucoup, au bout de 10 ans de règne, enfin, à la tête du gouvernement néerlandais, Mark Rutte reste une énigme. Peu de chose semble l'atteindre, à tel point qu'il a été appelé par certains spécialistes « monsieur Téflon ». Il semble en effet résister à tout, aux coalitions improbables avec l'accord d'un parti extrême, à de divers scandales, à sa gestion fluctuante de la crise de la Covid. Il tient tête et tout semble glisser sur ses costumes parfaitement taillés. Depuis le Brexit, c'est lui qui, au sein de l'Europe, est devenu monsieur « Non », chef de file des pays dits frugaux. Ceux-ci ne voulaient pas sans condition aider les pays européens lors de la crise de la Covid. Son attitude, conspuée en Europe, fut appréciée par beaucoup au pays où les réformes sociales et le recul de l'âge de la retraite ont été faites il y a bien longtemps. Il est même parvenu avec son parti libéral le VVD, en mars 2021, en pleine pandémie, à se faire réélire brillamment. Sa gestion du Covid n'a été que revirements parfaitement maîtrisés et documentés. Récemment, on lui a reproché son manque d'enthousiasme et de flamme dans le cadre de la guerre en Ukraine… Et la dernière polémique concerne sa gestion « drastique » des SMS qu'il supprime dès réception, empêchant toute enquête sur ses actions.

Cet homme, dont on sait si peu, donne des cours une fois par semaine dans une école de La Haye...

Principales ressources du pays

Les principales ressources du pays sont l'agriculture et la pêche ainsi que l'industrie.

Agriculture : le miracle néerlandais. Malgré sa taille, le pays est le troisième exportateur de produits agricoles au monde. Le pays se distingue par l’élevage laitier et l’horticulture. Environ 5 % de la population active des Pays-Bas travaille dans l’agriculture, qui génère quelque 3,5 % du PIB. Environ 80 % des produits agricoles sont exportés vers les pays de l’Union européenne, principalement en Allemagne. L’élevage intensif (de plus en plus dénoncé et heureusement), la culture maraîchère et bulbiculture ainsi que l’industrie laitière sont fortement tournés vers l’exportation. L’horticulture est une industrie en croissance tant sur le plan économique qu’en termes de superficie cultivée. Les principaux produits sont les fleurs, les légumes, les fruits, les champignons, les arbres et les bulbes de fleurs. Ces derniers mois, le secteur des éleveurs est en crise en raison de l'objectif gouvernemental de réduction de 30 % du cheptel. Cette mesure vise à limite les émissions d'oxyde d'azote pour respecter les objectifs verts du pays à l'horizon 2030.

Pêche. Les principales branches de la pêche professionnelle aux Pays-Bas sont la pêche hauturière et la pêche côtière, à quoi s'ajoutent la conchyliculture, la pêche dans les eaux intérieures et l'aquaculture. Les Pays-Bas possèdent une flotte moderne de chalutiers et de cotres. Les cotres sont utilisés pour la pêche au carrelet, à la sole, au cabillaud, au merlan, au hareng et à la crevette. Les coquillages sont cultivés principalement en Zélande (dans le sud-ouest des Pays-Bas) et dans la mer des Wadden. Les principaux ports de pêche sont Ijmuiden, Scheveningen et Urk.

Industrie. Les seules exploitations à ciel ouvert que possèdent les Pays-Bas sont celles de matériaux bon marché : gravier, sable, argile, marne et calcaire. Le sous-sol recèle du pétrole, du gaz, de la houille et du sel (la découverte du gaz naturel a provoqué la fermeture des mines de houille). L’exploitation de gaz naturel est considérable, tant sur le continent que dans la mer du Nord, atteignant son plus haut niveau en 1979. L’exploitation de réserves considérables de gaz naturel dans le nord du pays, autour de Groningue, a fait des Pays-Bas le premier producteur de gaz naturel en Europe occidentale. La fin de cette exploitation annoncée en 2018 à l'horizon 2030 est motivée par des tremblements de terre répétés dans la région.

Enfin, tout le secteur ouest du port d'Amsterdam est un gigantesque complexe pétrochimique où se sont implantées de nombreuses industries. L'acheminement du pétrole par pipeline vers le port de Rotterdam a contribué à développer la zone industrielle d'Amsterdam (environ 15 000 entreprises) qui demeure la plus grande ville industrielle du pays. Outre la chimie, les industries aéronautiques, automobiles, électrotechniques, de machines, outils et autres entreprises spécialisées dans la mécanique de précision se portent bien et fournissent l'essentiel de la production industrielle. Si Amsterdam est la capitale du diamant, son savoir-faire dans l'art de travailler le bois et le cuir est remarquable et ses usines de savon sont les plus anciennes de la ville.

Le tourisme, une manne controversée

Si les Pays-Bas, et Amsterdam en premier, sont une destination touristique très populaire, ce secteur suscite aussi l'exaspération de nombreux habitants. En effet, le pays est une destination accessible avec une richesse de patrimoine inépuisable. Amsterdam a de nombreux avantages culturels et sociaux d’une capitale sans en connaître vraiment les inconvénients. La ville est petite et peut être parcourue à pied. La présence du vélo ajoute une touche agréable et saine. La ville est beaucoup moins fatigante et stressante que d’autres grandes villes européennes, ses habitants semblent jouir d’une qualité de vie que bien des Parisiens envieront ! Toutefois la capitale souffre de sa popularité et le conseil a dû prendre des mesures tant le tourisme de masse menaçait la capitale. Désormais les Airbnb sont régulés, les calèches et autres aberrations sont interdites, les trottinettes électriques aussi… Le centre a mis un stop aux nouveaux hôtels de l'hypercentre. 

Le nombre de touristes étrangers qui visitent le pays est en hausse constante. En 2019, plus de 20 millions de touristes ont visité les Pays-Bas, la plupart venant d'Europe. Les Pays-Bas sont une destination très populaire parmi les Allemands tandis que les Américains, Britanniques, Belges, Canadiens, Français sont également nombreux à visiter l’autre pays du fromage. Depuis une quinzaine d’années, le pays a également attiré de plus en plus de touristes venus d’Italie et d’Espagne et aussi de nombreux habitants d’Europe de l’Est, notamment les Tchèques et les Russes, ainsi que des Asiatiques. Les touristes chinois sont de plus en plus présents.

Ces visiteurs dépensent plus de 32 milliards d’euros lors de leur séjour. Les touristes passent des vacances très courtes aux Pays-Bas, le séjour moyen dure 3,2 nuits et est souvent limité à une visite d’Amsterdam.

Il faut, pour finir, signaler que les touristes les plus enclins à visiter les Pays-Bas sont les Néerlandais eux-mêmes qui représentent 25 millions de touristes.

Les partis politiques

Le mode de scrutin – la proportionnelle intégrale – favorise l’existence d’une multitude de partis. Depuis les dernières élections législatives, neuf partis siègent à la Seconde Chambre : 4 dans le gouvernement et 12 dans l'opposition et des non-inscrits. La vie politique est en fait dominée par quatre grands partis : le Parti du travail (PvdA), le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) et l’Appel chrétien-démocrate (CDA) et les Démocrates de D66.

Le PVV. Le parti conservateur et nationaliste (et clairement anti-islam) de Geert Wilders, Partij van de Vrijheid, est désormais représenté au Parlement, ce parti séduit les anciens électeurs de Fortuyn et les électeurs qui trouvent le VVD trop au centre.

Le PvdA. Fondé en 1946, le Parti du travail (PvdA) est issu du mouvement syndical. Il se veut social-démocrate et recrute son électorat dans toutes les couches de la population.

Les libéraux du VVD, parti créé en 1948, se réclament de Thorbecke, le père de la révision constitutionnelle de 1848. Quant au CDA, il est né de la fusion de trois partis chrétiens.

Parmi les autres partis représentés au Parlement citons les libéraux de Démocrates 66 (D66), les Verts, les calvinistes de stricte obédience (SGP et Christen Unie) et, à gauche du PvdA, le SP (Parti socialiste), mais aussi 50+ (pour les gens de plus de 50 ans !), Denk (mouvance d'origine turque issue du PVDA) et Forum voor Democratie, partie de droite populiste et eurosceptique avec à sa tête Thierry Baudet.