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Une biodiversité menacée par l’industrie

Autrefois une vaste étendue où de nombreuses espèces s’épanouissaient grâce à la diversité de paysages, allant du delta de la Zélande, à de longues dunes côtières, les Pays-Bas connaissent désormais un déclin de leur faune et leur flore. Le pays est notamment reconnu pour abriter un large éventail d’espèces d’oiseaux, un bonheur pour les amateurs d’ornithologie. Pour un territoire aussi drastiquement modifié par l’homme, il n’y a rien d’étonnant à ce que la biodiversité ait été impactée. C’est ainsi que près de 10 % des espèces sur le territoire ont été introduites. Les êtres vivants se sont raréfiés à mesure que les Pays-Bas s’industrialisaient, notamment à cause de l’utilisation intensive de pesticides et d’herbicides.

Pourtant, la nature fait encore une fois preuve d’un remarquable sens de l’adaptation. Ainsi, les grandes villes, comme Amsterdam, grâce à ses nombreux canaux, son sol argileux et les pâturages qui l’entourent, voient encore de nombreuses espèces côtoyer leurs habitants. La région de la capitale compte à elle seule 10 000 espèces animales : un quart de celles recensées dans le pays ! Les visiteurs auront peut-être le plaisir de croiser des renards, des campagnols, des écureuil roux, des papillons et des chauve-souris, le tout sans même avoir besoin d’aller à Artis-Zoo ! Pour les plus chanceux, il arrive que des phoques s’aventurent dans les canaux, bien que l’événement reste rare.

Les espaces naturels des Pays-Bas

Malgré la relative petite taille de leur territoire, les Pays-Bas disposent de 20 parcs nationaux, allant de longues lagunes étirées à des étendues de prairies, et même des zones presque désertiques. Oosterschelde est, de loin, le plus grand d’entre eux, avec 36 000 hectares de superficie. Avec son bras d’eau séparé de la mer par un barrage, il accueille une vie marine riche, qui fait le bonheur des plongeurs.

Mais c’est peut-être le parc national De Hoge Veluwe, dans la province de la Gueldre, qui offre les paysages les plus lunaires. Il est accessible en un peu plus d’une heure depuis Amsterdam ! Là, au milieu de l’épaisse végétation, se trouvent 50 km de sable qui s’étendent à perte de vue. Ce désert est le résultat d’une sécheresse couplée à une tempête qui ont eu lieu il y a un peu plus d’un siècle.

À l’extrémité nord du pays se trouve l’une des plus importantes zones ornithologiques du monde : les îles Wadden. Le paysage, ponctué d’une cinquantaine d’îles partagées avec le Danemark, change totalement de visage au fil des marées. Seules cinq des îles sont néerlandaises : Texel, Vlieland, Terschelling, Schiermonnikoog et Ameland.

Bien qu’il ne soit pas une zone protégée, il est difficile de parler des espaces naturels néerlandais sans mentionner le Keukenhof, le plus grand parc floral au monde. On y dénombre 7 millions de bulbes de fleurs pour 800 variétés de tulipes, qui entrent en floraison chaque printemps, seule période d’ouverture du parc.

L’innovation face au problème du plastique

Avec un territoire à remodeler entièrement pour qu’il puisse accueillir des populations, les Néerlandais ont fait preuve d’ingéniosité. C’est ainsi qu’alors que les Néerlandais effectuent déjà religieusement le tri sélectif, les initiatives citoyennes et les innovations des start-up se multiplient pour faire face au défi des déchets. Parlons par exemple des Waste Sharks, des drones aquatiques capables de recueillir jusqu’à 500 kilos de déchets dans les zones portuaires.

Face au requin des Waste Sharks, on trouve aussi la baleine de Plastic Whale. L’entreprise propose depuis huit ans des croisières sur bateaux en plastique recyclé, en invitant les clients à partir à la pêche aux déchets en plastique le long de la balade. Les déchets sont depuis peu upcyclés par l’entreprise Vepa, pour devenir des meubles haut de gamme. L’entreprise a permis de pêcher 60 000 bouteilles en plastique. Face à son succès, elle réfléchit même à s’exporter jusqu’en Inde ou en Indonésie.

Parlons également du Recycled Park, un jardin flottant en plein Rotterdam, entièrement constitué de plastique récupéré dans l’eau. L’îlot est même capable de récupérer les déchets qui flottent dans la Meuse, avant qu’ils n’arrivent dans la mer. L’idée est de valoriser des déchets, les rendre durables, comme c’est le cas de la PlasticRoad, la piste cyclable entièrement conçue en déchets plastique (l’équivalent de 218 000 gobelets), inaugurée à Zwolle en 2017, une première mondiale !

Mauvais élèves de la pollution atmosphérique

Le pays est le sixième plus gros producteur de gaz à effet de serre de l’Union européenne. Il faut dire qu’il se classe à la quinzième place des pays les plus densément peuplés devant l’Inde ! Dans les grandes villes particulièrement, comme Rotterdam, Amsterdam, Utrecht ou La Haye, la pollution atmosphérique atteint des niveaux vertigineux, dépassant les normes mises au point par l’Union européenne. C’est notamment à cause de de leur cheptel colossal que les Pays-Bas ont une pollution atmosphérique si élevée. Avec 100 millions de vaches, poulets et porcs, c’est le plus gros exportateur de viande de l’UE. Mais qui dit élevage intensif, dit azote, qui en plus de polluer l’air, pollue les cours d’eau et les sols. Les dégâts sont si élevés, que des hectares entiers sont décimés. Le constat est glaçant : deux tiers des zones Natura 2000 dépassent le seuil critique d’apport d’azote. C’est le cas de la forêt d’Otterlo, dont 70 % des arbres ont succombé face à l’acidification des sols induite par l’azote. Mais les Pays-Bas entendant bien inverser la tendance, en diminuant de 30 % leur cheptel. Le gouvernement a déjà engagé 25 milliards d’euros pour atteindre cet objectif, visant à diviser par deux les émissions d’azote d’ici 2035. Ces objectifs se heurtent aux oppositions des agriculteurs qui mènent la fronde, avec des actions coup de poing car ils estiment ne pas être écoutés par le gouvernement et exigent des dédommagements plus importants face à ce virage écologiste des pouvoirs publics.

L’écologie de la tulipe

Il n’est pas des plus durables d’être le fleuriste du monde. C’est la tulipe, en particulier, que les Pays-Bas produisent : une culture plus riche en pesticides que toute autre dans le pays. Ironie du sort, pourtant, passé les tulipes et quelques autres espèces, les Pays-Bas importent la plupart de leurs fleurs. En fait, elles viennent principalement du Kenya, de l’Éthiopie, de l’Équateur, de la Colombie et du Costa Rica. Ces pays, en plus d’un climat doux qui permet une culture moins énergivore, ont une main-d’œuvre nettement moins chère que les Pays-Bas, ce qui les rend extrêmement compétitifs. Mais alors, pourquoi les Pays-Bas restent le plus grand exportateur de fleurs au monde ? Il se trouve que les fleurs importées sont aussitôt réexportées. En fait, 9 fleurs étrangères sur 10 ont transité par FloraHolland, le géant de la vente aux enchères de fleurs. Ce processus, coûteux en énergie, pourrait même bientôt s’appliquer aux célèbres tulipes qui ornent toutes les cartes postales du pays. Certains craignent déjà que les hivers trop doux, dus au réchauffement climatique, n’empêchent la floraison de la plante à bulbe. Être le fleuriste du monde implique donc malheureusement bien des déconvenues : eau pompée en grandes quantités, sols surexploités, expositions aux pesticides…

Un procès historique

Lorsqu’on est l’un des pays les plus à risque face à la montée des eaux, on pourrait s’attendre à des mesures drastiques contre le changement climatique. C’est en tout cas ce qu’exigent les Néerlandais, incarnés ici par l’association Urgenda et ses 886 plaignants, à tel point qu’ils ont conduit l’État en justice pour inaction climatique. Cinq ans et deux recours en appel plus tard, le verdict est tombé : la Cours d’appel de La Haye a condamné l’État en 2018 pour inaction climatique. La décision, non contraignante, leur ordonne de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 25 % d’ici 2020 par rapport au niveau de 1990. La mission est réussie de justesse : à la date butoir, les Pays-Bas avaient diminué de 25,5 % les gaz à effet de serre. C’est notamment en réduisant de 80 % les émissions provenant des centrales charbon qu’ils ont atteint cet objectif, bien qu’il ne faille pas oublier que la crise du Covid-19, mettant le pays quelques mois en arrêt, a donné un petit coup de pouce.