shutterstock_411415729.jpg
shutterstock_423235660.jpg

Les primitifs flamands

Les provinces du Nord se font peu remarquer jusqu’au XVe siècle. La production artistique reste de modeste qualité, hormis dans l’art de la miniature porté à son apogée par les trois frères Limbourg. Ils réalisent les Très Riches Heures du duc de Berry, chef-d’œuvre de l'enluminure.

Les primitifs flamands, contemporains de la Renaissance italienne, changent la donne. Ils peignent à l’huile, sur des panneaux de bois, ce qui permet de retravailler les détails. Le rendu de la perspective et le format du chevalet caractérisent également le gothique tardif. À leur tête, Jean Van Eyck (1390-1441) dirige un atelier à La Haye. Célèbre pour ses portraits, il entre au service du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, puis se fixe dans l’opulente Bruges. En 1432, il parachève à Gand son célèbre retable de l’Agneau mystique. Il intègre le réalisme, le modelé et la psychologie aux nouvelles valeurs picturales. Un tournant est pris avec Les Époux Arnolfini, un couple montré dans un intérieur réel.

La singularité de Jérôme Bosch

L’œuvre unique de Bosch (1453-1516) combine au gothique tardif, le fantastique, l’humanisme et les pensées d’Erasme et Thomas More. Doté d’une immense culture, c’est un homme spirituel qui exprime sa religiosité dans des scènes d’une maîtrise technique stupéfiante. Son œuvre est aussi moralisatrice, il est question de chaos, d’un monde ruiné par le péché. Admiré de son vivant, Bosch continue d’inspirer les artistes de tous horizons.

Influencé par Bosch mais aussi par l’Italie, Pieter Bruegel, dit le Vieux ou l'Ancien (1525-1569), vit dans une époque troublée par la Réforme et la guerre. Il se différencie par son sens de l’espace et l'importance qu’il accorde à la nature qui entoure l’humain.

Le baroque de Rubens

Les luttes contre l’oppression espagnole qui font rage au XVIe siècle se traduisent par un ralentissement de l’activité artistique. Les artistes partent étudier en Italie. Mais une fois l’indépendance acquise, la prospérité touche les villes du Nord. Les écoles de Haarlem, La Haye, Delft, Leyde et Amsterdam exacerbent un sentiment d’identité nationale. Durant ce que l’on nomme le Siècle d’or, les tableaux historiques sont délaissés au profit du portrait ; les sujets religieux sont simplifiés, humanisés.

Dans ce contexte, Pierre Paul Rubens (1577-1640) glorifie la puissance passée des Pays-Bas dans la tradition de la Contre-Réforme, puis à partir de 1600, la mythologie et le modèle italien. Rubens grandit à Anvers, où il étudie auprès de peintres qui lui enseignent le clair-obscur. Il séjourne ensuite en Italie où il acquiert une formidable culture picturale et reçoit des commandes de l’aristocratie. De retour à Anvers, Rubens éclaircit sa palette et devient en 1608 le peintre de la cour d’Albert d’Autriche et Isabelle d’Espagne, deux grands mécènes. Rubens, jeune marié, s’installe dans la demeure devenue Rubenshuis qui abritait son atelier et sa collection de sculptures antiques. Il reçoit des commandes de tous les nobles d’Europe, effectue des missions diplomatiques et est anobli en 1624. Ses scènes mythologiques d’une grande puissance expressive sont la quintessence du baroque.

Le clair-obscur de Rembrandt

Rembrandt (1606-1669) exalte dans ses œuvres ses questionnements sur la destinée humaine. Il n’a que dix-huit ans quand il ouvre son atelier à Leyde, après s’être formé auprès d’un émule du Caravage. Dans un pays qui s’impose comme une puissance commerciale, les bourgeois souhaitent faire réaliser leurs portraits. Rembrandt s’établit à Amsterdam dans le but de répondre à leurs demandes.

Il signe la Leçon d'anatomie en 1632, une toile qui rompt avec les lois du genre. La composition y est centrée sur la figure du professeur Tulp. Ce tableau, qui remporte un succès considérable, lance le jeune Rembrandt. Les commandes affluent. Parmi les premiers portraits peints à Amsterdam, figurent deux de la jeune Saskia, qu'il épouse en 1634. Cinq ans plus tard, déjà riche et célèbre, il s’installe dans une demeure bourgeoise, la Rembrandthuis - Maison de Rembrandt, devenue musée. Mais une avalanche de drames s’abat sur lui, qui culmine en 1642, avec la mort de sa femme alors qu'il achève La Ronde de nuit (conservée au Rijksmuseum). Sa toile déplaît, les commandes se raréfient. L’isolement et la ruine, loin de le terrasser, le détachent des contraintes du monde. Rembrandt se libère des conventions picturales au profit de la spiritualité et de l'émotion. À 63 ans, il s'éteint dans la solitude la plus totale. 

Retour au naturalisme

Peintre de la sobriété, Johannes Vermeer (1632-1675) se situe à l’opposé du baroque d’un Rembrandt. Durant sa courte carrière, il a recours à la pleine clarté, qui tranche avec le clair-obscur en vogue. Son réalisme tout en retenue confine au naturalisme : les gestes sont simples, les expressions paisibles, ses détails d’une méticulosité quasi photographique. Il peint des intérieurs intimes dans lesquels des femmes à la présence intense s’adonnent à des activités quotidiennes, telle que La Laitière. Sa technique incomparable repose sur l'utilisation d'une chambre noire (à l'origine de la photo) qui lui permet de retranscrire précisément la profondeur d’un décor.  Avec la même précision, il peint des paysages, comme la Vue de Delft. Il signe en 1665 La Jeune Fille à la perle, surnommée « la Joconde du Nord », une jeune femme isolée sur fond sombre qui interpelle le spectateur, sa perle capturant la lumière. Seules 37 œuvres lui sont officiellement attribuées. La plupart se trouvent au Rijksmuseum d'Amsterdam et au Mauritshuis de La Haye.

Le truculent Frans Hals (1580-1666) est semblable à ses personnages. L’œuvre de cet esprit libre et enjoué contraste avec la rigueur en cours. Il arrive à l'âge de 10 ans à Haarlem.  Là, il tient à l’âge adulte un atelier prisé dans les années 1620. En dépit de sa notoriété, ses démêlés avec les autorités le conduisent à terminer sa vie à l'hospice de Haarlem, où se trouve aujourd'hui le Frans Hals Museum Hof. Peintre de l'expression humaine, c’est surtout dans la centaine de portraits qu'il signe que son trait est le plus vif : buveurs, chanteurs, fumeurs, bons vivants et autres gens du peuple habitent cette œuvre pleine de couleurs et d’énergie.

Le génie de Van Gogh

Vincent Van Gogh naît en 1853 dans le Brabant. Fils de pasteur calviniste et neveu de marchands de tableaux, il fait ses débuts dans la galerie Goupil à La Haye, Londres puis Paris. Personnage mystique, il se charge d'une mission évangélique auprès des mineurs du bassin houiller du Borinage. Mais son approche fraternelle ainsi que son interprétation libre des Évangiles provoquent l'ire des autorités. Il rejoint son frère Théo à Paris, où il rencontre Toulouse-Lautrec et Gauguin. De cette période datent des autoportraits aux tons très clairs. L'année 1888 amorce une époque féconde. Installé à Arles, Van Gogh travaille fiévreusement : Vue d'Arles aux iris, Les Tournesols, Les Barques sur la plage, L'Arlésienne, Les Alyscamps… Il s'affranchit de la représentation traditionnelle au profit d'une simplification des formes et d'une palette vibrante. C'est à cette époque que sa relation avec Gauguin, qui le retrouve à Arles, devient tumultueuse. Au cours d'une crise de délire, il se coupe un morceau d'oreille. Après deux séjours à la maison de santé de Saint-Rémy, il s'établit à Auvers-sur-Oise, surveillé par le docteur Gachet. Cette période est celle du lyrisme dramatique. Il se suicide le 27 juillet 1890. Précurseur des fauves et de l'expressionnisme, ce visionnaire est devenu, au XXe siècle, une figure légendaire. En 2011, son suicide est remis en question dans Van Gogh : The Life, biographie recommandée par le Van Gogh Museum d’Amsterdam.

De Stijl et abstraction

Né en 1872 à Amersfoort, Mondrian suit des cours à l'Académie des beaux-arts d'Amsterdam. La recherche d'un nouvel équilibre pictural hante sa jeunesse. Il tâtonne dans toutes les directions, y compris le mysticisme, l'impressionnisme, le pointillisme ou encore le symbolisme. En 1911, il découvre les œuvres cubistes de Picasso et de Braque, puis s'installe à Paris. Mais il continue d’évoluer vers plus de simplification, et entreprend des séries (arbres, paysages marins...) franchement abstraites, dénuées de référence à une quelconque réalité. De retour en Hollande, il fonde en 1917 avec Theo Van Doesburg le groupe et la revue De Stijl qui énoncent les principes du néoplasticisme. Après la guerre, la couleur s’épure pour se réduire aux trois couleurs primaires : bleu, rouge et jaune. L'abstraction géométrique est née. À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, il part vivre à New York, où il opère un retour à la couleur. Il s’éteint en 1944, la même année que Kandinsky.

Parallèlement à cette épure incarnée par Mondrian et du mouvement De Stijl, une tendance expressionniste émerge, dans la lignée de Van Gogh. Kies Van Dongen en est le meilleur représentant. Né en 1877 à Delfshaven, il montre très tôt de rares dispositions pour le dessin. Parti vivre à Paris, il peaufine, loin de tout académisme, une facture d’une grande liberté, et choisit des couleurs violentes pour leur valeur expressive. Au Salon d'automne de 1913, Van Dongen fait scandale avec un nu jugé indécent et qui assure sa célébrité. Les commandes affluent et bien vite, il s’impose comme le portraitiste de la bonne société des années 1920-1930.

Les grands courants du XXe siècle, dont De Stilj sont réunis au Stedelijk Museum d’Amsterdam. Une première au musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam : il est possible de visiter les réserves, le Dépôt, de cette collection qui couvre sept siècles d’art.

De nos jours

L’art contemporain se découvre dans les innombrables galeries et institutions des Pays-Bas. À la pointe des artistes émergents et reconnus, mais aussi des conservateurs, le Witte de With du Kunstinstituut Melly de Rotterdam est l'une des institutions pionnières. Ces dernières années, les musées privés sont en recrudescence. À quelques kilomètres de La Haye, le musée Voorlinden est un écrin d’originalité artistique bordé par les dunes. Il héberge la collection de l’industriel Joop van Caldenborgh, complétée par le jardin de sculptures. Coups de cœur garantis !

Quels artistes suivre de près ? Façonneur de nuages, Berdnaut Smilde capture l’éphémère dans des mises en scène oniriques qui font le tour du monde.  L’univers surréaliste de Wieki Somers déborde d’imagination ; ses fables du quotidien sont entrées au MoMA. Le photographe Arno Nollen est fasciné par les mannequins hors normes, dont il capture l’âme, sans filtre. Ses portraits, admirés par David Lynch, sont parfois exposés à la galerie Gabriel Rolt à Amsterdam. Autre photographe de l’âme humaine, Rineke Dijkstra cerne la fragilité de ses modèles, saisis de face, dans des cadres naturels dépouillés. La sculpture poétique de Mark Manders réconcilie l’antiquité, le Moyen Âge et le contemporain dans des structures gigantesques mais fragiles.

La Hollande encourage le street art. Des collectifs, comme De Strakke Hand, sont à l’origine de séries créatives déployées dans les villes hanséatiques, et au-delà @DiscoverHansa. À Amsterdam, Banksy côtoie Warhol et Basquiat au Moco Museum. Il existe même le musée du Graffiti et Street Art qui s’étale sur 4 km.

Deux sites en plein air à visiter à Eindhoven : Strijp et Berenkuil.  Le Berenkuil se présente comme une succession de tunnels et de pistes cyclables, sous la place Insulindeplein. Tous les ans, le festival Step in the Arena rassemble des artistes internationaux.  À Arnhem, c’est le World Street Painting Festival qui illuminera votre été !