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Une région de montagnes

Norditalia (Italie du Nord), aussi appelée Alta Italia ou Italia settentrionale, dit bien sa nature alpestre ! C’est comme si les Alpes chevillaient la péninsule au continent. Ces hautes montagnes, dans leur forme arquée, couronnent la Botte, de la plaine du Pô aux côtes ligures, du golfe de Gênes au Frioul. Certains monts italiens offrent des panoramas d’altitude spectaculaires. La star incontestée, le Monte Bianco, est le plus élevé de l’Europe occidentale. Son nom lui vient de ses sommets blancs en toute saison. Ces neiges éternelles sont mesurées régulièrement par des géomètres afin de « modéliser la calotte glaciaire » et alimenter une banque de données précises. Les glaciologues nous apprennent que le mont Blanc rétrécit... En 2011, il culminait à 4 810,44 m de haut, en 2016 à 4 808,73 m, enfin, en 2021, à 4 807,81 m. Le réchauffement climatique ne serait pas responsable de cette notable oscillation. En fonction des vents d’altitude, des chutes de neige et des précipitations rabotent la surface de l’énorme congère du Mont-Blanc. Ce qui ne change pas, c’est la taille du sommet rocheux : 4 792 m.

Avec sa morphologie similaire à celle de la montagne-mère, le Monte Bianco di Courmayeur (4765 m) est considéré comme un dérivé du mont Blanc puisque les deux font partie du même massif. Pic solitaire, le deuxième plus haut sommet transalpin est déclaré comme partie intégrante du territoire italien. Cependant, un désaccord persiste entre les autorités franco-italiennes autour de ces 20 hectares, ni tout à fait en France ni tout à fait en Italie, qui passent par une ligne de crête au sommet du mont Blanc et basculent sur le versant sud-sud-est, délimité par le Col Major et le Monte Bianco di Courmayeur. Les cartes de Conseil national de l’information géographique (IGN) mentionnent cette petite zone litigieuse comme appartenant à la France. Les cartes italiennes sont également sans appel, le Monte est italien, avec à ses pieds la commune de Courmayeur ! Une interprétation plus historique que géographique. Le tracé français s’inspire du traité de Paris (1746), qui livra la Savoie à la France. Le Royaume sarde avait alors accepté que la frontière passe par les « points les plus avancés du Piémont ». Les Italiens, eux, se basent sur le Traité de Turin (1861) qui positionna le sommet à la frontière, mais de leur côté... et quand on survole les neiges éternelles du massif du Monte Rosa (4 634 m), on voit qu’elles se situent à droite sur la frontière suisse. Mais sa base est partagée avec l’Italie, qui l’a nommé ainsi d’après les tons rosés dont il se pare au moment du coucher du soleil. Bien qu’il soit également partagé avec la Suisse, le Grenzgipfel (4 618 m) est le plus haut sommet italien du Monte Rosa. Au classement après lui se place le Punta Nordend (4 609 m), dont l’ascension est difficile mais qui offre aux alpinistes expérimentés une vue magnifique sur ce territoire italo-suisse. Le Zumstein (4 563 m), lui, tire son nom de l’un des alpinistes qui se trouvaient sur les expéditions exploratrices d’origine en 1820. Le nom du Punta Gnifetti (4 554 m) rend hommage au Père Gnifetti, pionner sur le pic. Il attire aujourd’hui nombre de touristes car son ascension est la moins difficile et le refuge Regina Margherita, le plus élevé d’Europe, les y attend.

Le pic pyramidal Cervino, ou Matterhorn en allemand (4 478 m), est situé à la frontière italo-suisse. Suivant la ligne de partage des eaux, il est accessible soit par la vallée du Valtournenche (Italie) ou celle de Zermatt (Suisse). Sur le côté sud du massif du Monte Rosa, le pic Punta Parrot (4 432 m) porte le nom d’un médecin alpiniste qui tenta en vain d’atteindre son sommet en 1800. Dans la région du Val d’Aoste, le Corno Nero (4 322 m), le Naso del Lyskamm (4 272 m) et le Grand Paradis (4 061 m) font aussi partie du « club des plus de 4 000 m » italiens.

Cette partie des Alpes est traversée par de grandes vallées d’origine glaciaire, comme le Piémont, le Val d’Aoste ou la vallée de l’Adige. Loin de constituer un obstacle infranchissable, elles sont pourvues de vallées et de cols qui constituent autant d’axes de communication importants. Les montagnes se dilatent vers l’est, jusqu’à dépasser les 150 km dans le Trentin et le Haut-Adige, au-dessus de Vérone et de Brescia. Là, elles sont devancées par des massifs dits préalpins, comme les mythiques Dolomites (plus haut sommet : 3 332 m).

La plaine du Pô, milieu physique majeur de l’Italie du Nord

Le dense réseau hydrographique, auquel s’ajoute l’eau de nombreux glaciers, fait des Alpes le premier réservoir d’eau de la péninsule et notamment de la plaine du Pô. Le fleuve est omniprésent dans le paysage, de sa source à Pian Del Re, sur le territoire de la commune de Crissolo, dans les Alpes piémontaises, jusqu’à son débouché sur la mer Adriatique. C’est le plus grand fleuve italien. Long de 652 km, il parcourt une distance de plus de cinq degrés de longitude et reçoit au passage les eaux qui coulent vers le nord de l'Apennin et toutes celles qui descendent des Alpes vers le sud. Il évolue selon un tracé tortueux jusqu'à ce qu'il rencontre l'Adige, l’un des petits fleuves côtiers qui, après avoir suivi une trajectoire parallèle, pénètre dans la mer Adriatique par un estuaire distinct. Le Pô finit par se jeter dans la mer par un large delta resté longtemps marécageux. Avant cela, le Tessin et l’Adda, ses principaux affluents, l’aident à drainer un énorme réseau de vallées et de basses terres auxquelles il a donné son nom.

Sur près de 50 000 km², la plaine du Pô est cernée par l’arc alpin au nord et les premiers contreforts des Apennins de Toscane au sud. Juste irisée de quelques accidents du relief en Vénétie ou au Montferrat piémontais, elle présente une planéité quasi parfaite. Terrain fait pour la culture intensive, la Plaine de Pô est d’ailleurs la principale région agricole et économique du pays. Champs cultivés bordés de haies d’arbres (peupliers, saules), canaux d’irrigation ou de drainage, fermes traditionnelles ou ultramodernes dessinent le paysage. C’est aussi la région des grands lacs italiens et des grands aménagements hydrauliques, qui a tant souffert de la sécheresse en 2022.

Alimentés par les torrents de montagne, ces lacs représentent pour l’Italie du Nord à la fois une formidable réserve d’eau, un écosystème préservé, et un trésor naturel et touristique inestimable. Quatre d’entre eux appartiennent au Piémont, les lacs d'Orta (18,2 km2), de Viverone (6 km2), de Mergozzo (1,85 km2), de Candia (1,35 km2), et neuf sont administrés par la Lombardie, le lac Majeur (212 km2), de Varèse (15 km2), d'Idro (11 km2), de Garde (370 km2), de Côme (146 km2), de Pusiano (5 km2), d’Annone (5 km2), d'Iseo (65,3 km2) et enfin le lac de Lugano (48,7 km2), partagé avec la Suisse.

Des parcs nationaux et naturels bien protégés

A ce jour, l’Italie compte 24 parcs nationaux, 146 parcs régionaux, 402 réserves régionales et 147 nationales, 52 zones humides et 30 aires marines protégées. En tout, 12 % du territoire italien est recouvert par des espaces protégés, tous les milieux naturels étant concernés, Alpes, région des Lacs, zones côtières, volcaniques et même périurbaines ! A cela s’ajoutent des géo-parcs, des musées et des centres d’accueil dédiés, où les visiteurs s’informent et préparent leurs itinéraires avec ou sans guides.

En Italie du Nord, les premiers parcs datent des années 1920, avec la création du parc national du Gran Paradiso et du parc national des Abruzzes. On compte désormais 10 parcs nationaux dans la région. Dans le Piémont, citons le parc national Val Grande, connu pour ses paysages de montagne sauvage et le parc national Gran Paradiso (Val d'Aoste), qui est premier-né des parcs nationaux italiens et avec des monts à plus de 4 000 m d'altitude. En Lombardie, on trouve le parc national du Stelvio, le plus vaste des parcs historiques italiens, à cheval sur le Trentin-Haut-Adige. En Vénétie, le parc national des Dolomites de Belluno a été fondé en 1993 pour préserver ce paysage alpin unique. En Ligurie, le petit mais mythique parc national des Cinque Terre est très pittoresque avec ses villages accrochés à flanc de montagne qui plongent dans la Méditerranée. En Émilie-Romagne et en Toscane, le parc national des Apennins toscan-émiliens déroule ses kilomètres de montagnes, forêts et lacs. Le parc national des forêts Casentinesi est fier de ses forêts, les mieux préservées d'Italie, alors que le parc national de l'archipel toscan déploie ses 7 îles en mer tyrrhénienne. Enfin, en Ombrie et dans les Marches, fermant la marche du Nord, se trouvent le parc national des Monts Sibyllins et le parc national du Gran Sasso et Monti della Laga, à cheval sur le Latium et les Abruzzes.

Le ministère de l’Agriculture gère aussi près de 100 000 hectares de forêts. Au souci de l’État de préserver le patrimoine naturel italien, s’ajoute un militantisme écologiste. L’organisation internationale WWF, la plus connue, cogère des réserves naturelles (oasi) destinées à l’éducation du public et surtout des enfants. L’observatoire du paysage, la Legambiente, mesure et alerte l’opinion publique sur l’érosion des côtes. Ultima Generazione, le dernier-né de ces groupes militants, est un mouvement écolo radical de Milan qui pratique la désobéissance civile non violente et revendique l’arrêt de l’exploitation des combustibles fossiles (gaz, pétrole).

L’attitude de l’Italie vis-à-vis de la protection de l’environnement est donc plus active qu’on ne le pense. Le développement croissant de l’agriturismo (tourisme vert), soit l’ouverture du tourisme dans les fermes et zones agricoles, en est une des expressions les plus marquantes.

A consulter, le portail en ligne sur les parcs nationaux et naturels italiens, avec quantité d’informations sur les conditions de visites, la météo, les itinéraires balisés, les contacts des guides, la liste des hébergements touristiques conseillés par les organismes de gestion des différents espaces protégés : www.parks.it