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Passion photo

Les galeries d’art résistent vaillamment au manque d’intérêt des visiteurs. La photographie, souvent plus accessible, a les préférences du public. Sous sa surface éclairée aux néons, Vegas abrite pourtant une communauté artistique active.

Le Marjorie Barrick Museum a pris la relève du Las Vegas Art Museum suite à sa fermeture en 2009. Le musée s’est spécialisé dans l’art contemporain : peinture, sculpture et là-aussi, une préférence marquée pour la photographie. Une exposition du légendaire Ansel Adams s’est tenue en 2010. Le photographe de la nature, celui qui célébra l’Ouest américain, et en particulier la Sierra Nevada et le parc Yosemite, méritait bien un hommage. Né en 1902 à San Francisco, et décédé en 1984 à Monterey, Ansel Adams met au point dans ses paysages en noir et blanc « le système de zones ». Adams a poursuivi sa quête de « straight photo » ou photo pure, gage d’une clarté inédite. Il s’associe à Edward Weston pour fonder le groupe f/64, qui offre une nouvelle vision de la côte Ouest. Militant écologiste avant l’heure, Adams glorifie les grands parcs de l’Amérique sauvage. Sa perception unique de la lumière et de la composition, bases de son fameux « système de zones », font de lui un maître du genre, encore à l’heure actuelle.

Des galeries privées entretiennent la vitalité de cette culture presque parallèle dans la ville de tous les excès. Le photographe Ruben Martinez a ouvert la RM Photo Gallery pour montrer ses photos dont la luminosité glossy capture l’attention. Ses paysages inspirés des grands parcs environnants sont un excellent souvenir à rapporter chez soi.

A Summerlin, la Bobby Wheat Gallery présente les photographies de l’artiste du même nom. Les paysages de Wheat sont traités d’après d’anciens tirages, ou déroulés en plans panoramiques (Downtown Summerlin 1825 Festival Plaza Dr. Suite 160).

National Geographic a choisi Las Vegas pour établir sa sixième galerie d’art. Et quelle meilleure adresse que le Strip pour ouvrir la Nat Geo Fine Art Gallery ? De la photo, avec une préférence pour les recherches audacieuses. (3500 Las Vegas Blvd So., Suite E11A).

Arts District

Au Sud de Fremont Street, le Las Vegas Arts District est un havre de tranquillité dédaigné par les touristes. Ce quartier offre en tout cas un contraste saisissant avec le Strip. A la place des casinos et des répliques de monuments, une petite vie de quartier vous accueillera. Une escale de choix pour prendre un verre, dîner et flâner dans des rues bordées d’arbres. Il y a même des boutiques de créateurs et des antiquaires. Si possible, préférez le premier vendredi du mois pour profiter des événements du First Friday Art Walk.

Au cœur de ce quartier, l’Arts Factory se présente comme une galerie d’art aménagée dans un ancien hangar. Peintres, sculpteurs et photographes capturent l’air du temps pour notre plus grand plaisir. Depuis 1991, une salle de concerts, des pièces de théâtres et des lectures complètent la programmation.

Dans le quartier 18b Arts District, graffitis et pochoirs s’affichent fièrement sur les murs, les garages, les arrêts de tramway et aux coins des rues. On trouve ici un concentré de petits restaurants, de bars, de galeries d’art, de boutiques de créateurs, et d’événements nocturnes.

Land art

Ce courant de l’art contemporain compose à partir des éléments naturels, ou même autour du paysage lui-même. C’est pourquoi les œuvres de Land Art, étant détruites par les éléments, sont souvent vouées à un destin éphémère. Dès les années 1960, le land art s’épanouit dans le Nevada. Chef de file du mouvement, Michael Heizer (né en 1944) a conçu City, considérée comme la plus grande œuvre d’art contemporain au monde. City se veut une œuvre d’art, mais aussi une expérience, une rencontre avec la nature. L’idée de bâtir une ville au cœur du désert germe dans son esprit dès 1972. Le projet aura mis vingt ans à se concrétiser. Signalons qu’en 1962, le Néoréaliste suisse Jean Tinguely introduit le désert dans l’une de ses performances destructrices, basées sur les machines, Study for the End of the Wolrd N°2 qui se déroula dans le désert près de Las Vegas.

Pour en revenir à City, ses formes géométriques qui s’étalent sur plus de deux kilomètres évoquent aussi bien un décor de film que les vestiges sculptés d’une cité mythique. Heizer a préalablement dessiné des plans pour bâtir ce projet colossal, mais il a également composé avec son inspiration au fur et à mesure du chantier. L’idée était de déranger le moins possible l’environnement, et de proposer une œuvre durable. Le visiteur découvre au cours de son exploration des espaces de végétation, des échos, des silences, ses bruits de pas, autant d’éléments qui font partie de l’expérience. Immersion totale garantie.

Art public

La sculpture Snowball de Jesse Carson Smigel, à l’angle de 1st et de Coolidge Street, est inratable. Ce gros chat-boule qui tire la langue fait partie d’un projet d’art public lancé par la Ville. C’est ainsi que les sculptures jaillissent sur les places de la ville : le papillon rouge du Storytelling Garden, une œuvre de trente mètres en acier, a été imaginée par Sue Ann Cornwell, survivante de la fusillade survenue en 2017, en collaboration avec Alicia Mierke. La réalisation de Taking Flight Sculpture s’inscrit dans un processus de guérison collectif.

L’art public prend des formes plus étonnantes, comme Phalanx of Angels Ascending, réalisé à proximité du Neon Museum par James Stanford en 2019. Stanford a souhaité rendre hommage à la statue iconique Blue Angel, de Betty Willis, qui signalait le Blue Angel Motel quand il était enfant.  Un symbole du paysage de Vegas décliné en madone autopropulsée.

L’artiste suisse Ugo Rondinone nous emmène dans le désert avec ses Seven Magic Mountains. L’installation colorée se situe près de Jean Dry Lake et de l’Interstate 15, au sud de Las Vegas. Elle consiste en sept rochers dressés dans Ivanpah Valley. Rondinone a ainsi voulu signifier la présence humaine dans le désert de Mojave, des éclosions poétiques dans un lieu inattendu. L’œuvre a bénéficié du soutien du Nevada Museum of Art. Installée dans le désert en 2016, elle ne devait y rester que deux ans. Mais son succès est tel qu’il est question de lui trouver une place à long terme. Quand l’art sait faire du charme …