shutterstock_1928382227.jpg
shutterstock_1071341330.jpg

Une déforestation intense

Les forêts thaïlandaises couvraient autrefois plus de 60 % du pays. Aujourd’hui, elles ne représentent que 30 % de sa superficie. En cause, le trafic de bois précieux, la culture du brûlis et le manque de conscience écologique d’une grande partie de la population. Mais le principal coupable est, de loin, l’agriculture. Les forêts primaires sont massivement abattues pour se voir remplacées par des monocultures de riz ou de maïs. La Thaïlande du Sud est également touchée par les fameuses cultures de palmiers à huile, qui représentent 1 600 ha répartis sur les provinces de Krabi, Ranong, Phang Nga, Satun et Trang. Le problème reste toutefois marginal, comparé à l’Indonésie et à la Malaisie.

La déforestation est telle qu’elle cause d’autres problèmes écologiques en cascade. Les sols perdent de leur vitalité, et s’imperméabilisent. Lors des périodes de moussons, cela participe activement aux graves inondations qui touchent de plus en plus fréquemment la Thaïlande. À Bangkok, le problème est particulièrement préoccupant, alors que l’urbanisation a rendu les sols étanches. Pour ne rien arranger au problème, la ville s’enfonce de 2 cm par an, en raison de l’érosion et de l’urbanisation.

Le Royaume prend peu à peu conscience de l’ampleur du problème, et s’engage lentement vers une reforestation. Il a notamment utilisé la technique des « bombes de graines » : des boules d’argile, de compost, et de graines locales, bombardées par avion. Plus original : certains arbres ont été ordonnés moines ! Les moines bouddhistes, pour les protéger, les ont en effet drapés de leur fameuse robe orange, les rendant sacrés et intouchables.

L’air pollué menace la santé publique

La capitale, Bangkok, est régulièrement submergée sous un épais smog, un brouillard de pollution irrespirable. La pollution atmosphérique a battu tous les records au début de l’année 2023. Le problème est tel qu’il représente une importante menace à la santé publique thaïlandaise. Lors des quatre premiers mois de l’année, près de 2,5 millions de Thaïlandais ont souffert de problèmes de santé liés à la pollution de l’air. Problèmes respiratoires, inflammation des yeux, maux de gorge et dermatite sont autant de symptômes d’un problème environnemental majeur dont souffre le pays. En cause : l’industrie lourde, les gaz d’échappement, et les incendies de forêt, dus à la culture du brûlis, encore très répandue.

Impact du tourisme

Avec 40 millions de visiteurs par an, la Thaïlande souffre d’importants dommages causés par le tourisme. L’un de ses méfaits les plus connus est celui sur les coraux. Si le réchauffement de l’eau est leur principale menace, le tourisme ne fait que sceller le tragique destin des coraux. Certains sites, victimes de leur succès, accueillent jusqu’à 60 000 plongeurs par jour. Les îles au large de Krabi, Koh Phi Phi ou les îles Similian en ont particulièrement souffert.

L’exemple de la plage de baie Maya avait fait le tour du monde en 2018. Le gouvernement thaïlandais avait alors pris la décision forte de la fermer au public, pour préserver son écosystème, et notamment ses coraux. Victime de sa popularité, notamment due à son apparition dans le film La Plage, avec Leonardo DiCaprio, la plage recevait près de 5 000 touristes par jour ! Résultat : 80 % des coraux de la baie avaient disparu, tout comme la majorité de la vie marine. Lorsque la plage a à nouveau ouvert ses portes début 2022, les coraux avaient regagné du terrain grâce à un programme de réintroduction de 15 000 spécimens, les requins à pointe noire (Carcharhinus melanopterus) avaient repris leurs quartiers, et la biodiversité s’était améliorée. Pour continuer dans cette lancée, le nombre de touristes est désormais plafonné, surveillé par des gardes, la baignade et la plongée sont limitées, tout comme l’amarrage des bateaux. D’autres sites naturels thaïlandais s’inscrivent dans cette démarche d’encadrement strict du tourisme, les résultats restent encore à évaluer.

Les déchets : un problème non résolu

Tout le pays multiplie les décharges sauvages à ciel ouvert, qui sont particulièrement présentes sur les îles, isolées des infrastructures du continent. Leur impact est immense : une partie d’entre eux se retrouve dans les océans, une autre partie pollue les eaux à la moindre pluie. Le problème vient surtout d’un important manque d’infrastructures.

Le gouvernement a annoncé début 2023 qu’il cesserait dès 2025 l’importation de déchets en plastique, venus principalement des États-Unis et du Japon. Il espère aussi atteindre un taux de recyclage de 100 % d'ici à 2027. Mais comme un bon déchet est un déchet qui n’a pas été produit, de leur côté les principales chaînes de supermarchés thaïlandaises se sont engagées à ne plus fournir de sacs en plastique. Le chemin qui reste à parcourir reste toutefois immense.

Les aires protégées thaïlandaises

La Thaïlande compte environ 150 parcs nationaux, auxquels s’ajoutent des centaines de sanctuaires, parcs marins, zones de non-chasse, sites Ramsar… La Thaïlande du Sud, plutôt gâtée, compte un peu moins d’une vingtaine de parcs nationaux. Parmi eux, le parc national Khao Pu–Khao Ya, étendu sur 700 km2, est surnommé Bha Brommajan, pour « la forêt de la virginité ». Il est le théâtre de cérémonies rituelles, tout en offrant un lieu de vie à de nombreuses espèces, parmi lesquelles certaines sont protégées.

Le sud de la Thaïlande abrite aussi le parc national Khao Sam Roi Yot, le plus ancien du pays. Littéralement, son nom se traduit par « La montagne aux 300 pics ». Loin de se résumer à ces reliefs calcaires, le parc s’illustre en fait par une diversité exceptionnelle de paysages, comprenant des marécages parmi les plus vastes du pays, de l’eau de mer, des grottes, des mangroves…

Le parc maritime de Mu Ko Surin offre quant à lui une précieuse protection à la vie marine. Voici encore un bon exemple de parc dont les visiteurs sont régulés pour épargner sa vie sauvage : durant toute la saison de la mousson, les entrées y sont interdites. Le parc, plutôt bien préservé, est ainsi un lieu de nidification de la Tortue verte (Chelonia mydas), une espèce en danger, et de la Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata), une espèce en danger critique d’extinction.