Chinatown à Bangkok © aluxum - iStockphoto.com.jpg

Les Thaïs (ou Thaï Siam)

Le groupe ethnique majoritaire du pays se définit par sa langue, le thaï, et fait partie d’un ensemble plus grand, le peuple tai. Les Thaïs sont venus peu à peu de Chine, sans doute de Guangxi, émigrant vers le sud depuis le VIe siècle. Le flux migratoire s’accélérant au fur et à mesure que l’Empire chinois se structurait, notamment lorsque Kubilai Khan étend son empire vers le sud. Les Thaïs veulent en effet échapper à la sinisation et maintenir leur autonomie politique et culturelle. Convertis très tôt au bouddhisme theravāda, ils occupent les plaines dont ils ont repoussé les habitants vers les montagnes. Ils sont traditionnellement agriculteurs, mais l’urbanisation les a poussés vers les villes où ils sont largement métissés avec les Chinois.

Les Malais

Les Malais, à ne pas confondre avec les Malaysiens, définit une ethnie issue de la péninsule malaisienne et dont la langue est le malais. Ils seraient entre 2 et 4 millions en Thaïlande, principalement dans le sud du pays. Musulmans, ils constituent la plus importante minorité religieuse du pays. Ils se sentent brimés sur le plan économique – le produit de l’exportation de l’étain et du caoutchouc, richesses du Sud, est largement réinvesti dans le Nord – et sur le plan culturel. Ils constituaient, dans les années 1960, une des bases arrière du mouvement de guérilla du Parti communiste malais. Les attentats attribués à des indépendantistes musulmans sont fréquents ces dernières années dans le sud du pays, dans les provinces proches de la frontière malaisienne. D’ailleurs les Malais ne sont aujourd’hui pas tous insensibles aux sirènes de l’intégrisme musulman.

Les Lao

C’est un peuple d’origine thaïe qui, après l’établissement de la frontière entre le royaume de Siam et le Laos, s’est établi principalement en Isan, dans le Nord-Est du pays. On les appelait Thaï Lao auparavant, pour les distinguer des Thaï Siam, le lao étant une langue appartenant à la famille des langues taï-kadaï, comme le thaï. Les Lao sont généralement bouddhistes, mais les survivances de l’animisme sont très fortes dans le Nord-Est infertile où ils vivent. Agriculteurs, vivant dans une région particulièrement aride, ils sont amenés à s’endetter et sont nombreux à émigrer, d’abord vers la capitale où ils constituent une main-d’œuvre bon marché, puis vers les pays du Golfe ou Singapour. Pour les mêmes raisons, ils constituent également un réservoir où puisent des entremetteurs avides.

Les Chinois

Les Chinois du sud de la Chine ont émigré dans toute l’Asie du Sud-Est. Ils forment des minorités importantes dans de nombreux pays comme le Viêt Nam ou l’Indonésie. Partout, ils sont commerçants. Ils sont souvent stigmatisés et servent de boucs émissaires lorsque le gouvernement fait face à des difficultés intérieures. En Thaïlande, au contraire, nombreux sont ceux qui, depuis la fin du siècle dernier, se sont harmonieusement intégrés à la population. Beaucoup de Thaïlandais à Bangkok, dans l’administration, l’armée ou l’industrie privée, sont à moitié ou au quart chinois et ne le cachent pas. Ils contrôlent une grande part du commerce méprisé autrefois par les élites thaïes. Ils ont monopolisé à l’origine le négoce du riz. Quelques temples bouddhistes attireront probablement votre attention, notamment dans le quartier de Chinatown à Bangkok, ou encore à Phuket Town.

Les Shan

Cette ethnie originaire du Yunnan, qui a eu un rôle prépondérant dans l’histoire de la Birmanie, s’est installée dans l’ouest de la Thaïlande. Ils se caractérisent par leur langue, le shan, qui fait également partie de la famille des langues taï-kadaï. Ils pratiquent principalement le bouddhisme theravāda. S’ils sont quelques dizaines de milliers à vivre aujourd’hui en Thaïlande, essentiellement au nord-ouest de Chiang Mai, ils sont plus de 2 millions au Myanmar, où ils forment un des États de la Fédération Myanmar. En rébellion contre les autorités de Rangoon, ils réclament l’indépendance.

Les Khmers et les Môns

Les Khmers vivent principalement à la frontière du Cambodge, dans les provinces de Surin et Srisaket, tandis que les Môns vivent à la frontière du Myanmar et autour de Bangkok. Ces deux ethnies ont en commun un langage môn-khmer, de la famille des langues austro-asiatiques. Ils seraient un peu plus d’un million en Thaïlande.

Peuples des montagnes ou tribus des collines

Les Hmong. Péjorativement appelés « Meo » (sauvages) par les Thaïs, ils sont venus de Chine au XIXe siècle. Ils seraient environ 250 000 dans le pays. Ils habitent dans les montagnes, dans de petites maisons de bambou tressé. Ils pratiquent une agriculture vivrière itinérante sur brûlis qui a contribué à la déforestation des montagnes thaïlandaises. Traditionnellement, ils cultivent également le pavot, une culture qui demande beaucoup de soins ; presque de l’horticulture. Ils en extraient l’opium, qu’ils ne fument eux-mêmes qu’à un âge avancé. C’est un peu une « retraite » que s’offre ainsi le montagnard fatigué par une vie rude. Il allume sa pipe, autrefois richement ornée, effectuant les gestes rituels avec lenteur et application. Avec l’âge, l’habitude et les doses croissantes, le vieillard s’enfonce dans une douce torpeur et meurt sans douleur. Les Hmong forment des clans dont la structure est très unie. Leur langue est proche du chinois et ignore l’usage de l’écriture. Ils sont animistes. De nombreux Hmong venus du Laos se sont réfugiés en Thaïlande après 1975. Ils se sont adaptés, non sans chagrin, mais avec efficacité, au mode de vie sédentaire.

Les Yao. Comme les Hmong, ils sont venus de Chine à la fin du siècle dernier. Ils connaissent l’écriture chinoise, mais l’origine de leur langue reste mystérieuse. Ils ne sont que quelques dizaines de milliers à vivre dans les montagnes du nord de la Thaïlande, mais plusieurs millions en Chine, au Laos et au Viêt Nam. Les femmes portent un costume magnifique : large turban, pantalon finement brodé et tunique ornée de laine rouge en boléro autour du col. À l’instar des Hmong, ils cultivent traditionnellement le riz de montagne sur brûlis et l’opium.

Les Karen. Vivant dans les montagnes, mais à moins de 1 000 m d’altitude, ils constituent la plus grande minorité tribale du pays, comptant près d’un million d’individus. C’est en réalité une mosaïque de différentes ethnies. Ils occupent principalement les zones frontières avec le Myanmar, au centre et au sud de la Thaïlande, où leur mouvement indépendantiste met en péril la stabilité du Myanmar.

Les Lahu. Originaires du plateau tibétain, on les trouve dans les provinces de Khampeng Phet, Mae Hong Son, Chiang Rai et Chiang Mai. Chasseurs hors pair, ils excellent également dans l’art du tissage.

Les Akhas. Originaires du Tibet eux aussi et de la province du Yunnan en Chine, ils seraient 20 000 environ à vivre principalement près de la frontière birmane dans les montagnes, dans des petits villages en altitude. Animistes, beaucoup se sont convertis au christianisme.

Autres tribus. Les Palong qui viennent de Birmanie sont 60 000. Spécialisés dans la culture du tanatep, une grande feuille pour envelopper les cigares, ils cultivent aussi le riz, le maïs, les haricots noirs et la cacahuète. Le peuple Lisu, originaire du Tibet, compterait 20 000 âmes dans le Nord de la Thaïlande. Les Moken, un peuple nomade maritime présent dans les îles Surin sur la mer d’Andaman. Mais aussi les Thins, les Lawa, les Khamu…