Eléphant précédé de moines bouddhiste © SantiPhotoSS - shutterstock.com.jpg
Bain de boue en Thaïlande © FilippoBacci - iStockphoto.com.jpg

Petite présentation du chang

L’éléphant présent en Thaïlande est l’éléphant indien, une des 3 catégories d’éléphant asiatique, plus petite que son cousin d’Afrique. Seuls les mâles possèdent des défenses. Au début du XXe siècle, le pays en comptait plus de 100 000, que ce soit en liberté ou en captivité. Les forêts tropicales constituent son habitat naturel et on le trouve principalement dans le Nord et l’Ouest du pays. L’exploitation forestière illégale a considérablement réduit son habitat naturel. En 1986 il est déclaré espèce menacée. Il n’y en aurait plus que 4 000 environ, disséminés dans différents sanctuaires et parcs nationaux, malgré une faible recrudescence de sa population grâce aux efforts de conservation et de protection mis en place.

En Thaïlande les éléphants sauvages sont protégés par les lois nationales et le Traité CITES (Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora) depuis 1983.  Il s’agit d’un accord international entre gouvernements. Son objectif est de garantir que le commerce international d'animaux et de plantes sauvages ne menace pas leur survie. L’inquiétude pour la survie de l'éléphant thaïlandais a mené à la création du National Elephant Institute (NEI), créé à Lampang par le Thai Elephant Conservation Center. Le NEI collabore avec le Département des parcs nationaux et plusieurs ONG pour protéger les éléphants thaïlandais et leur habitat.

Un symbole fort du Bouddhisme

Dans le Bouddhisme, l’éléphant est considéré comme sacré. Épouse du roi Suddhodana, la reine Maya fit un rêve dans lequel un éléphant blanc tenait une fleur de lotus avec sa trompe. Après consultation des sages, on lui fit savoir que c’était un signe prémonitoire de la naissance d’un enfant qui sera exceptionnel. Cet enfant était Siddhartha Gautama, le Bouddha. L’animal, symbole de force, de patience, et de sagesse, est également souvent mentionné dans les discours de Bouddha, notamment dans l’une de ses paraboles les plus célèbres, Les aveugles et l’éléphant.

Le Bouddhisme étant la religion principale du pays, l’éléphant est fort logiquement un animal royal, dont la première mention gravée dans la pierre date de l’époque du roi Ramkhamhaeng de Sukhothai. Il est présent sur de nombreuses armoiries, sceaux et symboles au cours des siècles. L’éléphant blanc, symbole de bonne fortune, tient un rôle particulier dans le cœur de la famille royale. Il en est devenu le symbole, figurant même sur le drapeau national en 1917. Chaque éléphant blanc du pays, de couleur plus proche du gris-rose en réalité, était auparavant la propriété du roi. Le 13 mars 1963, l’éléphant blanc est choisi comme animal national du pays. En 1998, le gouvernement déclare le 13 mars Thai Chang Day, le jour national de l’éléphant. L’éléphant est encore présent dans certaines cérémonies royales, le plus souvent vêtu d’apparats et parfois même peint.

Histoire de l’exploitation de l’éléphant

Omniprésent dans la vie quotidienne des Thaïlandais pendant des siècles, l’éléphant a été utilisé pour les transports, comme main d’œuvre, dans les guerres. 

Ainsi au XVIIe siècle, l’armée siamoise comptait près de 20 000 éléphants entraînés à combattre. Leur entraînement consistait à combattre d’autres éléphants avec leurs défenses, chasser les chevaux et s’habituer aux sons des détonations. Le festival des éléphants de Surin, chaque année au mois de novembre, est le plus grand rassemblement d’éléphants du pays, avec des animaux venant de toute la Thaïlande pour l’occasion. Il a pour vocation de rendre hommage à l’animal, notamment avec des scènes de combats titanesques recréées. C’est malheureusement davantage devenu une attraction touristique lucrative qu’un réel hommage au pachyderme.

L’exploitation forestière était auparavant l’activité principale des éléphants domestiques et de leurs cornacs (appelés mahouts en Thaïlande).  Celle-ci a été déclarée illégale en 1989 et les cornacs, ayant perdu leurs revenus principaux, ont reconverti leurs éléphants en bêtes de foire pour l’industrie touristique. Si vous voyez un de ces jeunes pachydermes errer avec son maître en guenilles, ne soyez pas surpris. On en croise encore parfois à Bangkok. Le jour, leurs gardiens les cachent au milieu de la broussaille des banlieues, mais le soir, on les promène dans les rues pour mendier. Trop jeunes, ils quittent leur province natale pour la pollution des grandes villes. Une fois arrivés en ville, ils sont maintenus cachés dans des coins sordides et sont contraints de mener la même vie misérable que leurs maîtres, dans le bruit et la fumée, un bien triste sort ! Toutefois de nombreuses agences touristiques et sanctuaires pour éléphants ont modifié leurs offres. Dorénavant, la plupart des sanctuaires récupèrent, soignent et prennent soin de ces éléphants et proposent aux visiteurs, non plus de les monter, mais de passer la journée en leur compagnie, pour les nourrir, les laver… Cependant même cette activité n’est pas totalement dévouée au bien-être de l’éléphant, car si certains sanctuaires récupèrent et prennent soin d’animaux auparavant montés ou utilisés dans des spectacles touristiques (comme jouer au football, peindre, etc.), d’autres n’hésitent pas à louer l’animal à des particuliers pour « remplir » leur sanctuaire et augmenter leurs revenus.