Stèle du roi Rama le fort © mai111 - shutterstock.com.jpg
Statue de Sunthorn Phu © Jacky Photographer - shutterstock.com.jpg

Quelques textes anciens

Le premier texte important de la littérature thaïe est La Stèle du roi Rama le Fort. Datant de 1292, cette stèle de 1,11 m relate la filiation du roi et ses faits d’armes.

Au XVe siècle, Angkor est pris par les Siamois, ce qui permet une influence angkorienne dans les monastères, lieux dans lesquels les bonzes commentent les textes bouddhiques et les traduisent en siamois. Le XVIIIe siècle correspond au début de la modernité, avec l’apparition de la presse et la vogue des chroniques. L’œuvre littéraire la plus illustre reste incontestablement le poème composé par Sunthorn Phu. Ce long chant de 30 000 vers relate l’histoire d’un prince en exil achevant une odyssée. Il est à noter qu’en Thaïlande, Sunthorn Phu est tellement connu qu’un musée lui est dédié à Bangkok. Et surtout, depuis 1986, l’UNESCO a mis en place une journée annuelle, le 26 juin, célébrant sa naissance. C’est également grâce à l’initiative de l’UNESCO que ses œuvres sont traduites. Une autre œuvre majeure de la littérature thaïlandaise est Thao Cheuang. Ce poème épique raconte d’une manière exhaustive l’histoire de la civilisation thaïe.

Époque contemporaine

Même si la littérature prend son essor et ne devient un art majeur qu’au XXe siècle, il faut garder en tête que l’oralité reste encore privilégiée dans certaines sphères. Quelques noms sont toutefois à retenir. Kukrit Pramoj (1911-1955), Premier ministre en 1975 et 1976, est l’un des plus grands intellectuels du pays. On lui doit Quatre Règnes dans lequel il évoque la vie à la cour royale, mais aussi Bambou Rouge qui traite du conflit entre le bouddhisme et la politique avant le communisme. L’un des auteurs les plus connus et surtout les plus traduits est Saneh Sangsuk, né en 1957. Il a livré plusieurs ouvrages, tels L’Ombre blanche (2001), Venin (2001), Une histoire vieille comme la pluie (2004) ou encore Seule sous un ciel dément (2014). En 2008, l’écrivain a reçu, par le ministère français de la Culture, la médaille de l’Ordre des Arts et des Lettres. Un autre auteur traduit en français est Chart Korbjitti, né en 1954. Son premier roman La Chute de Fak (Kampipâkskâ) publié en 1981 a particulièrement marqué l’histoire littéraire du pays. Il a été désigné « Livre de l’année » par le Conseil thaïlandais à la littérature, et a même reçu le South East Asia Write Awart. Chart Korbjitti narre ici l’histoire de Fak, jeune homme concierge de l’école d’un village, qui voit sa vie basculer lorsqu’il est accusé d’entretenir une relation avec la veuve de son père. Il sombre alors dans l’alcool et la souffrance. Derrière ce portrait, tout en contemplation, se cache en filigrane l’intolérance de la société paysanne et le consumérisme. En 2004, le roman a fait l’objet d’une adaptation au cinéma avec pour nouveau titre Ai-Fak. Chart Korbjitti a également publié Une Histoire ordinaire (1992), Sonne l’heure (1994) ou encore Chiens fous (2001). Dans ce roman, il est question d’une bande de jeunes à la fin des années 1970 qui essaient de trouver leur place dans la société tout en profitant d’une vie hédoniste. Pour ce qui est des publications récentes, les lecteurs auront plaisir à découvrir Café Lovely (2009) de Rattawut Lapcharoensap, auteur né en 1979 et ayant grandi entre les États-Unis et Bangkok. Ce recueil de nouvelles, plein d’émotions, a reçu un très bon accueil auprès du public. Pensons également à S.P. Somtow qui, dans Galant de nuit, publié par en 2018, raconte son enfance en Thaïlande. Né en 1952 à Bangkok, cet auteur est également réalisateur et compositeur de musique classique. En 1979, il a reçu le Prix Astounding du Meilleur nouvel écrivain. En 2002, il a été consacré par le Prix World Fantasy du meilleur roman court pour The Bird Catcher.

Les romans noirs de Bangkok

Bangkok inspire les auteurs de romans noirs. Il faut dire que la ville marque les esprits par son ambiance bien particulière : de la chaleur assommante aux mille et un effluves, de l’enchevêtrement des voitures aux bruits incessants, en passant par l’agitation de la vie nocturne et toutes ses facettes un peu glauques… Voilà un tableau parfait pour y dresser une histoire palpitante, un vrai polar ! Une maison d’édition hongkongaise, Crime Wave Press, s’est spécialisée dans la publication de romans policiers en anglais. La série Bangkok, écrite par l’auteur John Burdett est un véritable best-seller à travers le monde. John Burdett, Britannique né en 1951, avocat de formation ayant vécu plusieurs années à Hong Kong, vit à présent une partie de l’année à Bangkok et une autre en France. Sa série raconte les aventures de l’inspecteur de police Sonchaï Jitpleecheep qui se veut aussi philosophe à ses heures perdues. Pour être au plus près de la réalité, l’auteur a investigué l’un des quartiers les plus chauds de la ville : Soi Cowboy (où des scènes du film Very Bad Trip ont été tournées). John Burdett dépeint ainsi la vie nocturne, les gogo-bars, les maisons closes, le fossé entre le bouddhisme et le commerce sexuel. Il n’en fait ni une critique ni une apologie, il propose une immersion plus que réaliste et saisissante, ce qui donne d’ailleurs toute la profondeur à son œuvre. Pour la petite histoire, Sonchaï Jitpleecheep est lui-même fils d’une péripatéticienne et d’un soldat américain pendant la guerre du Vietnam. Les amateurs de romans policiers auront grand plaisir à se plonger dans l’univers de cet auteur singulier, qui brosse les dessous d’une ville autant que les bienfaits de la méditation bouddhiste. À ne pas manquer : Bangkok 8 (2003), Bangkok Tattoo (2005), Bangkok Psycho (2009), Le parrain de Katmandou (2011) et le non moins stupéfiant Joker (2016)…

Capitale mondiale du livre

En 2013, Bangkok a été désignée Capitale mondiale du livre par l’UNESCO. Le gouvernement actuel encourage fortement la littérature pour enfants. Il a mis en place un programme éducatif culturel ambitieux. La littérature française n’est pas oubliée en Thaïlande puisque certains classiques sont traduits dans la langue locale, comme Les Misérables de Victor Hugo. Des maisons d’édition francophiles, comme Khao Fang, permettent cette ouverture.