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Quelques clés pour mieux comprendre le luthérianisme

L’Église nationale évangélique luthérienne est subventionnée par l’État. En 2021, 70 % de la population est protestante même si cette proportion a tendance à décroître depuis 30 ans. En 1984, elle était de 91 %. Le reste de la population se rattache aux Églises orthodoxe (1,7 %) et catholique (1,3 %) ou à d’autres formes de christianisme (7 %), ainsi qu’aux confessions que sont le bouddhisme (1,1%), le judaïsme (0,5%) ou l’islam (0,8%) de plus en plus présent. On compte désormais 2 300 paroisses et autant de pasteurs (formés dans les universités théologiques de Copenhague et d’Aarhus) dans les onze diocèses danois administrés par le ministre des Cultes. Chacun d'eux s’organise en évêché et possède une cathédrale. Si on assiste à une désaffection certaine des pratiques religieuses ces dernières années, c’est une situation, il faut bien le reconnaître, qui n’est pas propre au Danemark. Spécificité féroïenne : en 2007, l'ancien « diocèse des Féroé » est devenue l'Église nationale féroïenne, indépendante de l'Église du Danemark.

Petit rappel historique et fonctionnement

Le christianisme s’implanta dès le début du IXe siècle et devint religion du roi en 950 lorsque Harald « à la dent bleue » se fit baptiser. Les runes inscrites sur la pierre de Jelling témoignent encore des débuts de la christianisation du Danemark. La plupart des églises danoises furent construites quelque deux cents ans plus tard, entre le XIIe et le milieu du XIIIe siècle. La Réforme luthérienne de 1536 éradiqua le catholicisme, rompant avec l’Église papale et instaurant le luthéranisme, seule religion autorisée par l’État.

La hiérarchie de l’Église s’organise avec à son sommet, l’épiscopat. Plus haut poste auquel plusieurs femmes ont pu accéder ces dernières années. Le ministre de l’Église est responsable des églises et des pasteurs. Depuis 1947, les femmes sont également pasteurs au Danemark. Chaque église dispose d’une gestion autonome. Le pasteur et quelques laïcs forment le conseil presbytéral qui assure la gestion de la paroisse et décide des activités liées à la religion. Tous les quatre ans, les paroissiens se réunissent pour choisir un « conseil de congrégation » (menighedsråd). Ce conseil désigne les pasteurs, mais ces derniers perçoivent leur salaire de l’État. Sachez que tous les membres de l’Église danoise payent l’impôt de l’Église (en plus de l’impôt d’État) qui couvre une partie des dépenses de l’Église. Les vœux monastiques ayant été abolis, il n’y a pas de communautés monastiques ou conventuelles ni de vœux de chasteté, en conséquence, les pasteurs ont le droit de se marier et de fonder une famille.

Leur rôle consiste à mener les fondements de l’église : baptême, confirmation, mariage, enterrement ou messe. Cette dernière se tient tous les dimanches midi. On y chante des psaumes et on y écoute le prêche du pasteur sur un extrait de la Bible. Il y a d’autres messes plus spécifiques pour Noël, Pâques ou la Pentecôte. En outre, les pasteurs jouent un rôle social communautaire important : ils échangent avec les gens en difficulté ou rendent visite aux personnes âgées ou aux malades.

En ce qui concerne le dogme, les luthériens ne reconnaissent que deux sacrements : la baptême et l’eucharistie. Les baptisés deviennent automatiquement membre de l’Église, mais peuvent se retirer quand ils le souhaitent. Les adolescents danois, à l'âge de 14-15 ans peuvent faire leur profession de foi en Dieu ou Confirmation. Elle a lieu après un an d'études religieuses et l’obligation de se rendre huit fois à l'église. À cette occasion, les villes hissent le Dannebrog (drapeau danois). Le lundi suivant la Confirmation, « le lundi bleu », est un jour chômé durant lequel les confirmés peuvent profiter d’un parc d'attraction et s’amuser. Le système de protection sociale danois est un héritage direct du protestantisme.

Fêtes et traditions populaires

Les principales fêtes religieuses sont Pâques, la Pentecôte, L'Ascension et la Nativité ou encore la Réformation le 31 octobre.

Juste avant Pâques, Fastelavn est le temps du carnaval. Il est célébré sur tous les territoires associés au Danemark, le dimanche ou le lundi avant le mercredi des Cendres. Le terme Fastelavn, dérivé du vieux norrois, signifie « avant le jeûne », soit la veille du début du Carême. Lors de cette fête, les enfants se déguisent et pratiquent la tradition du « slå katten af tønden ». Traduisez par « frapper le chat hors du tonneau », une sorte de piñata où jadis on enfermait un chat noir, désormais remplacé par plein de bonbons ! Celui ou celle qui réussit à les faire tomber devient kattedronning (« la reine des chats »), et doit choisir son roi, kattekonge. Ces jours-là, les vitrines des boulangeries-pâtisseries se remplissent de Fastelavnsboller, des petits pains briochés ronds fourrés d'une délicieuse crème fouettée.

Après cette période gourmande, vient le temps du jeûne et de la pénitence. Store Bededag, le « Grand Jour de Prière » a lieu le 4e vendredi après le dimanche de Pâques. Depuis 1686, il réunit sur une journée différentes dates liées à la contrition. Durant la période de Pâques, la tradition veut que l’on s’écrive une lettre « gækkebreve ». Elle est rédigée sur des morceaux de papier joliment découpés de multiples motifs différents et chacune doit être personnalisée. Le texte doit rimer et l’expéditeur ne doit pas signer la lettre car c’est au destinataire de deviner qui lui a écrit. S’il devine, il reçoit un œuf de Pâques en chocolat. Sinon, le gage est pour lui.

À la Saint-Jean, Sankt Hans aften, on saute et on danse autour des feux de joie. C’est une journée d’allégresse car on célèbre, le soir du 23 juin, le solstice d'été. Famille et amis se réunissent au bord de la plage ou près d'un lac. C’est l’occasion de chanter Midsommervisen de Holger Drachmann et de brûler une sorcière placée au sommet du bûcher.

Jul est la période de Noël, la plus intense du calendrier. Elle commence un peu avant décembre avec le J-Dag (le jour J), abréviation de « julebrygsdag » (le jour de la bière de Noël). Cette initiative, on la doit à la brasserie danoise Tuborg qui lança en 1990 la bière de Noël, devenue depuis une tradition du pays. Cette journée qui tombe le premier vendredi de novembre donne le coup d’envoi des festivités de la Nativité. Tout commence à 20h59 tapantes. Puis vient la Sainte-Lucie, Luciadag, célébrée le 13 décembre. Une fête introduite en 1944 depuis la Suède par Franz Wend, secrétaire de Föreningen Norden, dans un but « d'apporter de la lumière en ces temps noirs ». Dès le lendemain du réveillon de Noël, Juleaften, s'ensuivent deux jours fériés, les 25 et 26 décembre. Née à l'époque viking, la célébration de Jul marquait le retour de la lumière. Les maisons se parent de bougies et de décorations où le rouge domine, un joli contraste avec le vert du sapin. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la tradition du sapin n’est apparue qu’en 1808, et pour la première fois à Holsteinsborg, puis trois ans plus tard à Ny Kongensgade (Copenhague). Quant au Père Noël, il arrive sur un traîneau tiré par des rennes avec des cadeaux pour les enfants. Ça, on connaît bien. Mais avez-vous entendu parler de ses amis lutins et des elfes aux oreilles en pointe dont le très connu Nisse ? Ce mois fastueux se conclue avec le Saut de minuit. Faites comme tous les Danois, montez sur une chaise et… sautez dans la nouvelle année quand retentissent les douze coups de minuit. Soyez vigilant car ne pas sauter vous portera malheur pour le restant de l’année ! Du moins, c’est ce que disent les Danois…

Thor, Odin et autres dieux du Walhalla : les croyances vikings

En langage courant, on parle simplement de Den Gamle tro (la vieille croyance), la notion de folklore n’existe pas. Thor, dieu du tonnerre, Odin, dieu créateur, Loki, le malicieux ; Yggdrasil, le grand arbre ou Mjöllnir le marteau ; les héros Siegfried et Ragnar, les géants, les elfes, les nains… autant de personnages issus des mythes nordiques. À travers l’histoire des dieux et des héros, les Vikings expliquaient le monde qui les entourait depuis sa création jusqu’à sa fin… dans le chaos. Une tradition orale compilée au XIIIe siècle dans les Eddas qu’il ne faut pas confondre avec les Sagas, des récits plus romanesques qui relatent les hauts faits d’un roi, d’un héros ou d’un clan. Cette mythologie fut remise au goût du jour par le courant romantique du XIXe siècle. Religion panthéiste, elle accordait une place prépondérante aux femmes, à la nature et à la divination. Ce panthéon, Hof, est constitué par deux familles de dieux, les Ases (dieux guerriers et souverains) et les Vanes (fertilité) qui vont finir par s’unir. Pour exemple Odin, dieu de la guerre, avait pour épouse Frigg, déesse du mariage et de la fertilité par la maternité. Les animaux jouent un rôle important, boucs – Tanngrisnir et Tanngnjóstr –, corbeaux – Hugin et Munin –, chevaux – Sleipnir –, sanglier – Sæhrímnir –, etc. Ils sont les compagnons fidèles et totémiques des divinités.

C’est dans la ville d’Aarhus que se tient annuellement en juillet la fête médiévale viking la plus ancienne du pays et l’une des plus importantes. Trois semaines d’animations, de costumes, de bateaux vikings, de reconstitution pour faire revivre cette épopée et de gastronomie... Hanap et aquavit pour vous servir ! Skål !