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Un État-providence ?

Quel est donc le secret de ce petit pays ? Plusieurs facteurs expliquent cette énergie positive. Laborieux et travailleur, Le Danemark se place parmi les plus riches pays au monde bénéficiant d’une croissance économique stable avec presque pas de chômage. Fort de sa politique sociale-démocrate, l’État prend soin de ses habitants, ce qui a un effet très rassurant. Si la santé, l’école, l’université, les formations, sont totalement gratuits, chaque citoyen paie entre 60 et 80 % d’impôts. Ici, l’État et l’individu ne s’opposent pas. Au contraire, ils ont les mêmes intérêts et ne font qu’un, ce qui annihile tout rapport de force. Sans doute un héritage du protestantisme qui valorise l’individu plutôt que le groupe ! L’absence de tension concourt au bien-être…

Et la jeunesse en sort renforcée et indépendante. À 18 ans, 90 % des jeunes ont quitté le nid parental. La pression sociale exercée sur eux est moins forte. On a droit à l’erreur, à changer de parcours d’études, on peut même interrompre ses études pour réfléchir quelques mois, se réorienter. Le diplôme ou le réseau social ont moins d’influence que les aptitudes du futur salarié !

Ceci est possible grâce à un système éducatif performant. Il faut dire que l’État dépense une partie importante de son budget en matière d’éducation : 8 % du PIB (5 % en France). Les infrastructures scolaires sont modernes : accès à Internet, nombreux équipements sportifs et aires de terrains de jeux… L’enseignement dispensé est beaucoup plus souple que celui que nous connaissons : les rapports entre enseignants et élèves sont moins rigides (on tutoie les professeurs) et le contrôle continu évite le stress des examens répétés.

Peu d’élèves choisissent de se diriger vers des études universitaires dès l’obtention du baccalauréat : souvent, ils voyagent afin d’épanouir leur personnalité et d’élargir leur champ d’expériences tout en profitant d’un système de points qui permet d’accéder plus facilement à l’université. Une fois inscrit, une bourse d’étude leur est octroyée automatiquement pendant cinq ans, toutes classes sociales confondues : l’équivalent de 500 euros mensuels ! L’enseignement parallèle occupe également une place importante : de nombreux cours du soir sont subventionnés par l’État, les écoles privées sont très fréquentées (højskole) et proposent une foule d’activités destinées à parfaire les connaissances dans un domaine spécifique avant de poursuivre son éducation dans des établissements d’enseignements supérieurs.

Le Danemark est également avant-gardiste en matière de sécurité sociale. L’organisation de l’assistance publique date de 1849, date de la première Constitution danoise. On garantissait déjà une aide minimale aux malades sous forme de subventions ou de soins. Le système d'assurance maladie universelle repose sur un principe d'assurance nationale décentralisée. Si l’État gère la partie administrative, les autorités régionales et municipales possèdent et gèrent les structures hospitalières, elles financent la totalité des professionnels de santé et des praticiens libéraux conventionnés. Toute personne ayant la qualité de résident au Danemark a droit aux soins de santé. Les soins médicaux et hospitaliers sont gratuits ainsi que les soins dentaires ou optiques. La consommation de médicaments y est plus faible que dans tous les autres pays européens.

La vie de famille

Au Danemark, l’arrivée de bébé donne droit à 52 semaines de congés parentaux. Quatre semaines pour la mère avant l’accouchement puis 14 après, les 32 autres semaines sont réparties entre les parents selon leur envie ! En revanche, elles sont indemnisées de façon variable, en fonction des conventions collectives. Cela a de quoi nous faire rêver ! Depuis 2017, le gouvernement s’est lancé dans une campagne choc pour inciter les pères à profiter de cet acquis social et de leur nouveau-né. Certains employeurs jouent vraiment le jeu. Pour exemple, le laboratoire pharmaceutique Novo Nordisk, le promeut en vrai argument de recrutement et verse à l’ensemble de ses employés la totalité de leur salaire pendant leur absence.

La vie de famille est importante, alors tout est fait pour la concilier avec la vie professionnelle. La durée légale du travail est de 37 heures par semaine, les journées commencent très tôt, la pause déjeuner flirte avec la demi-heure mais à 16 heures, tous les bureaux se vident. Il est temps d’aller chercher les enfants à l'école. Ici pas d’obligation d’avoir une baby-sitter à la maison en attendant le retour des parents, ni de courir à la crèche le regard fixé sur la montre, car de nombreuses entreprises ont une structure d’accueil sur place. Et ce n’est pas négligeable, d’autant que 80 % des femmes danoises travaillent. C’est l’un des taux les plus élevés au monde ! Le concept de l’enfant-roi a dû naître ici, au pays des contes d’Andersen : les plus grands musées leur ouvrent spécialement des salles, les parcs regorgent d’aires de jeu. On les emmène partout avec soi (surtout à vélo, à l’arrière ou dans le cargo à l’avant). Des cinémas organisent des séances spéciales pour permettre aux parents de vivre normalement. En 1997, le parlement a voté une loi permettant de porter plainte contre leurs parents qui donnent une fessée !

Autre facteur familial important : le mélange des générations. Le poids de la tradition rassemble les familles, même les plus désunies, autour de petits événements ou de fêtes traditionnelles, comme le montre l’importance de la célébration des anniversaires ou encore des festivités de Noël. Les couples se marient de plus en plus tard : à 33 ans pour les hommes, 30 ans pour les femmes. Quant aux divorces, il semble que le taux de séparation ait atteint son maximum dans les années 1970 : un mariage sur deux contre un sur trois aujourd’hui. Raison pour laquelle le taux de concubinage est très élevé, un couple sur cinq.

Famille et mariage concernent aussi la communauté gay. Les homosexuels, homme ou femme, peuvent se marier civilement depuis 1989 (une première mondiale) avec les mêmes droits en matière de fiscalité ou d’héritage qu’un couple hétérosexuel.  Depuis mars 2009, l’adoption pour les couples homosexuels est légale et en 2012, la loi autorisait le mariage à l’Église luthérienne d’État. Plus de 7500 Unions ont été célébrées.

De nouveaux statuts qui marquent bien le degré de tolérance des Danois à l’égard d’une communauté qui demande simplement le « droit à l’indifférence ». La vie gay danoise est particulièrement active, tant sur le plan associatif que sur celui de la vie nocturne.

Une parité décomplexée

Dans les pays scandinaves, les femmes occupent une place sociale importante. Et ce n’est pas nouveau ! Déjà, durant l’âge viking, elles se voyaient confier de lourdes responsabilités. Le Danemark a toujours été pionnier en matière d’avancées des droits des femmes, en témoignent les nombreuses conquêtes et droits acquis depuis le début du XXe siècle, bien avant les pays voisins. Pour exemple, le divorce par consentement mutuel fut autorisé en 1790 (avant la France et la loi du 20 septembre 1792). Les Danoises furent également les premières femmes à participer aux Jeux olympiques à Athènes en 1906. Si leur droit d’accès au trône se fait de manière égalitaire depuis des siècles, elles n’obtinrent le droit de vote qu’en 1915 (1944 en France).

De même, le principe d’égalité pour l’entrée dans la fonction publique fut posé en 1921. En 1924, Nina Bang était la première femme au monde à accéder au poste de ministre de l’Éducation nationale, mais ce n’est qu’en 2011 que Helle Thorning-Schmidt, chef des sociaux-démocrates danois, devenait à 44 ans la première femme à occuper le poste de Premier ministre. De nos jours, elles ont acquis une égalité réelle : les écarts de salaires sont moins élevés qu’ailleurs en Europe et une législation sévère a été mise en place pour lutter contre les discriminations sexistes. Grâce aux nombreuses crèches (70 % des enfants de 3 à 6 ans fréquentent les jardins d’enfants), il est plus facile de reprendre rapidement le travail après avoir eu un enfant.

Le hygge : la recette du bonheur ?

Plus que jamais à la mode, le hygge danois a tendance à envahir nos habitudes de vie. Mais qu’est-ce que le hygge ? Outre le nom difficile à prononcer, c’est avant tout un état d’esprit. Si sa définition littérale se rapproche du mot « bien-être » en vieux norrois, usuellement, elle signifie créer une atmosphère chaleureuse et profiter de la vie.

Alors pour se sentir bien, commencez par allumer des bougies ! Un ciel couvert, de la lumière à l’intérieur. Chaque année, les Danois consomment 6 kilos de bougies par personne. Pour info, un rabat-joie se dit lyseslukker, c’est-à-dire « celui qui éteint les bougies » ! Ensuite, préparez une boisson chaude réconfortante, café, thé, chocolat viennois, tisane, grog, vin chaud… que vous boirez bien pelotonné sous un plaid, devant la cheminée c’est encore mieux. 86 % des Danois associent les boissons chaudes au hygge. Ce qui fait d’eux les quatrièmes plus grands buveurs de café au monde. Puis, mangez ce qui vous fait plaisir. Chocolat, confiseries, pâtisseries...

Les Danois consomment environ 8 kg par an de sucreries, soit deux fois plus que la moyenne européenne. Si le sucre vous culpabilise, cuisinez en famille ou entre amis. La règle d’or au Danemark : plus un plat mitonne, plus il sera hygge ! Alors, à vos recettes de famille ! Ou mieux, pédalez ! Les études scientifiques l’ont prouvé : les personnes qui se rendent au travail à vélo sont plus heureuses que celles utilisant la voiture ou les transports en commun. Voilà pourquoi, la ville de Christiana (Copenhague) a inventé le vélo-cargo. En plus d’être un moyen de se déplacer écolo, on peut embarquer couvertures, pique-nique, musique… tout ce qu’il faut pour prolonger le hygge même en été !

Vivre à la danoise

L’art de vivre danois est peut-être avant tout un art d’habiter la ville ou le village, l’immeuble ou le quartier, mais en premier lieu l’appartement ou la maison. Les Danois sont pour les 2/3 propriétaires de leur habitation et ils attachent une attention toute particulière à leur intérieur. Ce n’est pas pour rien que le design danois s’est fait connaître internationalement. Les lignes épurées participent au côté intemporel de son style si caractéristique, elles ont su lui donner ses lettres de noblesse. Ce style est lié au rapport très intime et permanent entretenu par les populations nordiques avec la nature, à la fois source d’inspiration et matière première.

La lumière occupe une place majeure dans l’agencement. Les fenêtres sont hautes, sans volet ni rideau, et il ne se trouve pas une pièce sans lampes ou bougies sur les rebords de fenêtres. Icône du design danois, la lampe The Lantern, familièrement appelée Le Klint, créée par Karre Klint en 1944, illumine toujours les intérieurs privés tout comme les lieux branchés. Les couleurs sont douces et claires et le bois dominant (parquet et mobilier). S’il est un mot pour caractériser ces intérieurs, c’est hyggeligt. Terrasses, balcons, toitures se couvrent de végétation. Quand les plantes ne se développent pas en extérieur, elles habillent les lobbys d’immenses jardins verticaux foisonnants de verdure, avec de temps en temps, un goût pour l’exotisme et les palmiers.

Si l’expérience de vie à la danoise vous tente, contacter Meet the Danes, un concept créé en 2001. Vous vous inscrivez sur leur site meetthedanes.com et vous serez invité à partager un repas cuisiné spécialement pour vous chez un des hôtes membres, un moment de convivialité en soirée ou le week-end au déjeuner.

Vivre à la féroïenne

La vie insulaire détermine un renforcement de la solidarité et du regroupement. L’art de vivre y est plus rustique. Aux îles Féroé, peu d’habitat dispersé mais de coquets petits hameaux aux maisons construites en bois et très souvent peintes d’un rouge profond. Ne soyez pas étonné de découvrir à la belle saison, les habitants tondre l’herbe… de leur toiture !  En effet, fort de la tradition viking, le style est toujours là. Des maisons basses protégées par d’imposants toits recouverts d'herbe, bien enfoncées dans le sol pour résister aux violents changements de vent et de pluie. La maison de pêcheur repose sur un sous-sol de pierres blanchi à la chaux. Ses murs sont souvent goudronnés d’un brun plus ou moins foncé, l’encadrement des fenêtres peints en blanc contraste et accentue la luminosité, pas de volets ou de contrevents car le plus petit rayon de soleil est le bienvenu. Et tradition oblige, un toit d’herbe épaisse.

À Tórshavn vivent 20 000 habitants, soit 40 % de la population de l’archipel. Une croissance qui a bien évidemment nécessité une planification urbaine mais les Féroïens continuent à préférer vivre en cellule familiale dans des maisons individuelles plutôt que dans des habitats collectifs. On aime à se retrouver autour d’un morceau de poisson séché et d’un ragoût d’agneau raest c’est-à-dire fermenté (ouaip !) ou dans un pub chaleureux pour partager une bière locale.

Autre façon de s’intégrer à la culture féroïenne, le « heimablídni » prononcez « hi-mɑ-blyd-ne » que l’on peut traduire par « hospitalité à la maison ». Une expérience culinaire autour d’un délicieux repas traditionnel chez l’habitant. Pour participer, le principe est simple, soit vous vous informez à l’office de tourisme local soit vous vous inscrivez sur le site Eatlocal.fo.