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La religion catholique

La religion catholique a profondément orienté l’histoire et le patrimoine du pays. Dès le Ier siècle de notre ère, le christianisme se diffuse progressivement dans tout l’Empire romain. Plusieurs vagues de persécutions accablent les premiers chrétiens, mais l’édit de tolérance de l’empereur Constantin, en 313, leur octroie la liberté de culte. En 392, le christianisme s’impose comme la religion officielle de l’Empire romain. Peu à peu, Rome devient le centre du monde chrétien et le pape, le chef spirituel de tous les catholiques. Depuis 1870 et l’annexion de Rome au jeune royaume d’Italie, les papes ont abandonné le pouvoir politique dont ils disposaient. Toutefois, le catholicisme demeure longtemps religion d’Etat et ce n’est qu’en 1984 qu’un concordat met fin définitivement à cette position prééminente. De nos jours, la Constitution italienne garantit la liberté de religion et l’influence politique de l’Eglise est allée en s’amenuisant depuis les années 1960.

En matière de pratique religieuse, l’Italie partage le sort de tous les pays européens : une bonne partie de la population est baptisée mais seulement un petit pourcentage assiste à la messe régulièrement. Toutefois, l’Italie méridionale garde encore aujourd’hui la plus forte concentration de fidèles dans le pays. C’est dans cette zone que l’on relève le plus haut pourcentage (40,9 %) de personnes qui se rendent dans un lieu de culte au moins une fois par an. Les églises sont très nombreuses dans chaque ville et les saints patrons sont vénérés, ce qui explique l’impact des fêtes religieuses auxquelles participent toutes les générations. Les trois récurrences majeures sont Pâques, le 15 août (Ferragosto) et Noël. Si les Italiens sont de plus en plus nombreux à adopter les us et coutumes de l’Europe du Nord en matière de célébration de Noël – sapin et échanges de cadeaux –, il reste deux traditions bien ancrées dans le pays : la construction de crèches (presepi) très élaborées et la Befana. Le 6 janvier, jour de l’Epiphanie, la Befana (une sorcière) parcourt le ciel sur son balai à la recherche de l’Enfant Jésus. Elle s’arrête dans chaque maison et laisse cadeaux, jouets et friandises pour les gentils enfants, et un morceau de charbon pour les autres.

Les autres religions

Dans les trois régions, le catholicisme, largement majoritaire, cohabite avec d’autres religions. Les chrétiens orthodoxes arrivent en deuxième place et sont, pour la plupart, issus de l’immigration en provenance d’Europe de l’Est. Les minorités chrétiennes sont également représentées par les protestants (vaudois, pentecôtistes), les témoins de Jéhovah, les mormons et les catholiques italo-grecs de la communauté arberèche ; ces derniers pratiquent le rite byzantin en langue grecque tout en reconnaissant l’autorité du Saint-Siège. L’islam, l’hindouisme et le bouddhisme sont également pratiqués par les citoyens issus de l’immigration.

Quant à la présence hébraïque dans le sud de l’Italie, elle est attestée depuis l’Antiquité. D’importantes communautés juives sont alors établies à Bari, à Otranto, à Reggio di Calabria. A Bova Marina, en Calabre, ont été mis au jour les vestiges d’une synagogue du IVe siècle de notre ère ornée de mosaïques, la deuxième synagogue la plus ancienne d’Europe occidentale après celle d’Ostie, l’ancien port de Rome. Quant aux vastes catacombes juives de Venosa, elles témoignent de l’établissement d’une importante communauté dans la cité lucanienne. Au Moyen Age, les juifs sont particulièrement présents dans les villes portuaires et certaines, comme Vieste et Trani dans les Pouilles, conservent encore, dans le dédale de leurs ruelles pittoresques, le souvenir de l’ancienne Giudecca, le quartier juif. Le centre historique de Trani abrite aussi deux synagogues dont une a été transformée en musée.

Les croyances populaires

Les légendes et croyances populaires ont des origines ancestrales et leur souvenir s’est perpétué par la culture orale. Elles appartiennent encore à la mémoire collective.

A commencer par les êtres fantastiques qui peuplent villes, campagnes et forêts et peuvent être bienfaisants ou maléfiques. De nombreuses légendes locales rapportent la présence de loups-garous, qui apparaissent lors des nuits de pleine lune. Dans les Pouilles, Lu Laurieddhu est un elfe facétieux au chapeau pointu qui, la nuit venue, perturbe le sommeil des gens en s’asseyant sur leur poitrine ou en leur chatouillant la plante des pieds. Il aime aussi faire du vacarme avec les casseroles de la cuisine et créer des nœuds dans les crinières des chevaux. Mais il se montre également bienveillant avec les jeunes filles, effectuant à leur place des tâches ménagères, et avec les bébés auxquels il offre des pièces de monnaie. Lu Laurieddhu possède en effet un trésor dont il n’accepte de révéler la cachette qu’à celui qui parvient à lui voler son chapeau.

Les légendes de la Basilicate comportent un être similaire qui porte le nom de Monachicchio et est l’esprit d’un bambin décédé avant de recevoir le baptême. Il porte un béret rouge dans lequel il cache des pièces d’or, et cherche la compagnie des enfants avec qui il partage les jeux et les farces.

Une autre croyance encore bien ancrée le long du détroit de Messine rapporte que, lorsque la mer et l’air ne sont agités par aucun souffle de vent et sont immobiles, les côtes siciliennes paraissent plus proches en raison d’un phénomène optique qui est appelé Fata Morgana. La fée Morgane, figure de la mythologie celtique, a en effet été adoptée dans le Sud et apparaît dans un récit relatif à la conquête de la Sicile par les Normands. Alors que Roger Ier convoite l’île depuis les côtes calabraises, celle-ci lui apparaît soudain beaucoup plus proche par un mirage provoqué par la fée, ce qui décide le Normand à partir à sa conquête.

D’autres récits mettent en scène des personnages historiques de la dynastie souabe qui succéda aux Normands. Au château de Lagopesole, près de Potenza, on peut parfois entendre la complainte de la reine Hélène qui pleure la mort de son époux, Manfred de Sicile, à la bataille de Bénévent en 1266. Nombreux sont, d’ailleurs, les châteaux de la région qui sont infestés de fantômes : c’est le cas de ceux de Trani et de Monopoli. Dans celui de Monte Sant’Angelo dans les Pouilles, c’est l’esprit de Bianca Lancia, l’amante de l’empereur Frédéric II, qui erre dans l’attente de l’être aimé. Le château de Pizzo, en Calabre, est quant à lui hanté par Joachim Murat, en quête de vengeance après y avoir été emprisonné et exécuté en 1815.

Enfin, le tarentisme et la danse qui en dérive, la tarentelle, appartiennent pleinement à ce creuset de croyances populaires. Le tarentisme était une maladie qui a sévi du XVe au XVIIe siècle dans la ville de Tarente, dans la région des Pouilles. On attribuait cette pathologie à la morsure de la tarentule, une grosse araignée noire, et on la soignait par la musique et une danse : la tarentelle. De nos jours, la fonction thérapeutique de la tarentelle s’est estompée, mais elle fait partie du patrimoine culturel de l’Italie du Sud. En effet, de célèbres compositeurs (Rossini, Chopin, etc.) ont écrit des tarentelles, et cette danse connaît un renouveau indéniable ces dernières années, comme en témoigne le succès de la Notte della Taranta, un festival organisé chaque été dans les Pouilles.