Cathédrale de la Sainte-Trinité à Port of Spain © benedek - iStockphoto.com.jpg

Le cadre légal

La constitution de Trinidad & Tobago prévoit la liberté de conscience, de croyance et de pratique religieuse. Elle reconnaît l'existence des libertés et droits humains fondamentaux et interdit la discrimination fondée sur la religion. Une amende pouvant aller jusqu'à 1 000 TT$ (150 US$) peut même être infligée à toute personne exprimant sa haine envers la religion d’autrui ou manifestant un « comportement violent ou indécent dans tout lieu de culte divin ». La loi prévoit également une amende et une peine d'emprisonnement de deux ans pour « toute personne reconnue coupable d'un acte ou d'une tentative de blasphème, d'écriture et de publication, ou d'impression et de publication, de toute diffamation blasphématoire », mais cette loi est, il faut le reconnaître, rarement appliquée. Environ 75 % des écoles publiques et privées établies dans le pays sont affiliées à une religion. Promulgué en 1960, un accord Etat-Eglise, ou concordat, a été établi entre l'Etat et les organismes religieux parrainant les écoles publiques du pays. Le gouvernement subventionne les écoles publiques affiliées à une religion, y compris les écoles gérées par des groupes chrétiens, hindous et musulmans.

Les religions chrétiennes

La colonisation, espagnole, britannique, portugaise, hollandaise ou française a permis aux chrétiens de faire primer leur religion dans le pays dès le XIVe siècle et les chrétiens sont encore aujourd’hui en majorité dans le pays. Mais au contraire de l’Europe, la religion chrétienne se décline sous de nombreuses tendances et les catholiques se partagent le culte avec les anglicans, les presbytériens, les méthodistes, les pentecôtistes ainsi que divers mouvements évangélistes de plus en plus présents dans toute la Caraïbe. Les congrégations évangélistes et fondamentalistes sont celles qui connaissent la plus forte croissance depuis les années 70 et regroupent aujourd’hui environ 20 % de la population. Il y a d’autre part, particulièrement dans la communauté afro-caribéenne, diverses congrégations syncrétistes qui combinent des doctrines et religions initialement incompatibles, comme par exemple les chrétiens pratiquant des rites vaudous ou Yoruba, vénérant parfois les Orishas tout en allant à l'église. Il ne faut pas non plus oublier les « rastafaris » que nous appelons communément les rastas et qui pratiquent une religion monothéiste dont le dieu est appelé « Jah » , celui-là même célébré dans de nombreux reggaes. Ils s’apparentent à des chrétiens même s’ils ne reconnaissent pas l’Eglise.

L’hindouisme

Environ une décennie après l'abolition de l'esclavage en 1834, le gouvernement britannique a autorisé les colons à importer de l'Inde de la main-d'œuvre sous contrat pour travailler dans les domaines, afin de remplacer les esclaves. Pendant le reste du siècle, la croissance démographique de Trinidad est provenue principalement des travailleurs indiens. En 1871, il y avait environ 27 000 Indiens, soit 22 % de la population du pays ; en 1911, ce chiffre était passé à 110 000, soit environ 33 % de la population alors que les hindous représentent aujourd’hui environ 20 % de la population. Les hindous ont apporté de nombreuses contributions à l'histoire et à la culture de Trinidad, même si l'État a historiquement considéré les hindous comme des citoyens de seconde classe. Les hindous de Trinidad ont lutté pour l'octroi du droit de vote aux adultes, le projet de loi sur le mariage hindou, le projet de loi sur le divorce, l'ordonnance de crémation, entre autres. L'absence de tout texte religieux hindou à la résidence officielle du président de Trinidad & Tobago lors de la prestation de serment du nouveau gouvernement en 1986 a été perçue comme une nouvelle insulte aux communautés minoritaires puisqu'elles étaient représentées au gouvernement. La non-représentation de l'hindouisme dans les manuels scolaires approuvés et le manque d'accent sur cette religion ont suscité un profond ressentiment de la part de la communauté hindoue mais l'intensification des protestations au cours des années 1980 a conduit à une amélioration de l'attitude de l'État envers les hindous. Aujourd’hui, la communauté hindoue est parfaitement intégrée et nombre de politiciens et de personnes de pouvoir en sont issus.

La religion musulmane

Constituant aujourd’hui la troisième communauté religieuse du pays, les premiers musulmans arrivés dans le pays sont venus d'Afrique amenés de force comme esclaves par les colons. D’autres groupes ont suivi au gré des arrivées depuis les États-Unis, des Indes occidentales et enfin d’Asie du Sud pendant la période d’immigration d’Etat, lorsque le pays avait besoin de travailleurs pour les plantations alors que l’esclavage avait été aboli. Les musulmans d'aujourd'hui sont pour la plupart d'origine sud-asiatique, mais il y a des convertis de toutes les origines. À Trinidad, il existe de nombreuses écoles primaires et secondaires islamiques. La première école secondaire musulmane du pays, ASJA Boys' College à San Fernando, a été créée en 1960. On trouve d’ailleurs plus d’une centaine de mosquées dans le pays et une chaîne de télévision islamique, IBN channel8, à même été créée en 2005. L’Aïd El Fitr est d’ailleurs un jour férié officiel dans le pays.

Le bahaïsme

Le bahaïsme, une religion peu connue en Europe mais très présente en Amérique et dans la Caraïbe, compte environ 16 000 adeptes à Trinidad & Tobago. C’est une religion abrahamiste et monothéiste qui prône l’unité spirituelle de l’humanité et dont les pratiquants, pour la plupart, se consacrent à des œuvres de charité. Les membres de cette communauté religieuse internationale se décrivent comme les adhérents d'une « religion mondiale indépendante ».

Une mixité de religions plutôt réussie

De nos jours, Trinidad & Tobago peut servir d’exemple à nombreux pays grâce à une bonne intégration des différentes cultures et religions, même s’il reste parfois quelques tensions intercommunautaires qui sont cependant le plus souvent d’ordre politique plutôt que religieux. Les citoyens votent en effet souvent pour des représentants venant de leur communauté et ayant en conséquence la plupart du temps la même religion. Il est parfois difficile, comme dans beaucoup de pays, de différencier les affinités politiques, culturelles et religieuses mais globalement, Trinidad & Tobago est un pays dans lequel la religion n’oppose plus les habitants.