Statue de Phillis Wheatley, première poétesse afro-américaine, Boston. shutterstock - Rosemarie Mosteller.jpg
La maison et musée de Mark Twain à Hartford dans le Connecticut. shutterstock - Alizada Studios.jpg

Boston et les grandes villes

Voyons qui sont ces grands auteurs venus de Boston et des autres grandes villes. Commençons par citer brièvement la Bostonienne Phyllis Wheatley (1753-1784) qui est considérée comme la première poétesse afro-américaine. Au XIXe siècle, de nombreux écrivains américains, mais aussi des réfugiés étrangers, habitent Boston. C’est le cas notamment d’Henry James (1843-1916), figure emblématique du réalisme littéraire du XIXe siècle, dont l’œuvre offre une rencontre des sociétés américaine et européenne, mais aussi d’Edgar Allan Poe (1809-1849), connu surtout pour ses contes et ses nouvelles et considéré comme l’inventeur du roman policier. Né à Boston en 1809, il quitte rapidement le Massachusetts pour la Virginie après le décès de ses parents. C’est amusant de savoir qu’il a un temps signé ses premiers contes « le Bostonien ». Anglais du côté de sa mère, il réalise de nombreux voyages sur le Vieux Continent et c’est en Europe et particulièrement en France que la qualité de ses écrits rencontre d’abord le succès. Histoires extraordinaires, Les Aventures d’Arthur Gordon Pym ou encore Double assassinat dans la morgue, sont autant d’ouvrages encore aujourd’hui étudiés dans le monde entier.

N’oublions pas non plus Les Quatre Filles du Docteur March (1880) – roman le plus célèbre de l’écrivaine Louisa May Alcott (1832-1888) – qui a pour cadre la ville de Concord, au nord-ouest de Boston. Il dépeint de manière quasi autobiographique le quotidien de la famille Alcott pendant et après la guerre de Sécession. À Salem, dans les années 1850, tous les regards sont tournés vers Nathaniel Hawthorne (1804-1864), l’enfant du pays. Avec La Maison aux sept pignons – que l’on peut aujourd’hui visiter – et La Lettre écarlate, il passionne les foules dès sa publication. Contemporain de Hawthorne, Henry Wadsworth Longfellow (1807-1882) rencontre la notoriété avec ses poèmes, notamment The Song of Hiawatha et Evangeline. Parlons à présent d’un natif de Providence, Rhode Island, H. P. Lovecraft (1890-1937), qui atteint la notoriété après sa mort pour ses romans mêlant horreur et fantastique. De sa nouvelle L’Appel de Cthulhu (1928) est né tout un univers, le Mythe de Cthulhu, qui a été repris par de nombreux auteurs. Lovecraft a notamment été une source d’inspiration pour Stephen King.

Les bourgades de la Nouvelle-Angleterre

Mais si les grandes villes de la côte sont des bouillons de culture, les petites bourgades, de la frontière canadienne au sud de la Virginie, ont également alimenté l’imagination d’écrivains qui ont marqué le paysage littéraire mondial. La célèbre poétesse américaine Emily Dickinson (1830-1886) a passé sa vie à Amherst dans le Massachusetts. La plus grande majorité de ses écrits, qui représentent un peu moins de 2 000 poèmes, n’ont été connus et publiés qu’après sa mort. Issue d’une famille relativement aisée de la Nouvelle-Angleterre, elle étudie entre autres la littérature à la Amherst Académie. Elle vivra ensuite une existence recluse.

Il y a bien entendu Mark Twain (1835-1910), de son vrai nom Samuel Langhorne Clemens, qui est l’auteur des Aventures de Tom Sawyer, considéré comme l’un des classiques de la littérature jeunesse. Il a passé une grande partie de sa vie dans le Connecticut. Il s’installe avec sa famille à Hartford en 1870. Il écrit quelques années après son installation dans le Connecticut l’ouvrage qui le rendra célèbre. Sa sévérité, sa plume acerbe et son cynisme à l’égard de ses concitoyens ont fait de lui l’un des auteurs américains les plus célèbres de son époque. Harriet Beacher Stowe (1811-1896) a passé, elle aussi, une grande partie de sa vie dans le Connecticut. Un temps, elle s’installe avec son mari à Cincinnati dans l’Ohio, mais doit fuir l’État pour le Maine, car son engagement anti esclavagiste lui vaut les foudres de l’intelligentsia locale. Son ouvrage La Case de l’oncle Tom reste une référence dans le monde entier. Parmi les citations de l’œuvre souvent mises en exergue, on retiendra : « Traitez les gens comme des cochons et vous obtiendrez un travail de cochons. Traitez les gens comme des hommes et vous obtiendrez un travail d’hommes. »

Et puis, la Nouvelle-Angleterre et ses villages presque déserts offrent un cadre idéal pour les romans policiers. Plus récemment, l’écrivain William G. Tapply (1940-2009), qui est né dans le Massachusetts et a vécu toute sa vie dans le New Hampshire, a situé la quarantaine de romans qu’il a écrit ici. Cet État a également inspiré l’écrivain suisse Joël Dicker (née en 1985) qui y a posé le cadre de son best-seller La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert. Bien qu’il ne situe pas l’action de ses romans en Nouvelle-Angleterre, Dan Brown (né en 1964), l’écrivain aux millions d’exemplaires écoulés avec entre autres Da Vinci Code, est né dans la petite ville d’Exeter, New Hampshire, où il habite toujours. On peut également citer John Irving (né en 1942), dont le roman Le Monde selon Garp est un succès planétaire et a fait l’objet d’une adaptation au cinéma. C’est un des romanciers phares mettant en scène la Nouvelle-Angleterre, comme c’est le cas dans Dernière nuit à Twisted River, une saga familiale entre le nord du New Hampshire et Boston. Le Maine donne sa couleur aux romans d’épouvante de l’auteur à succès Stephen King (né en 1947), qui pour ses lecteurs laissent penser que chaque arbre ou chaque petite maison de la campagne de cette région abrite un phénomène surnaturel. Le Maine a d’ailleurs également charmé Marguerite Yourcenar (1903-1887), qui s’est installée sur l’île des Monts Déserts en 1950 pour y passer les 37 dernières années de sa vie. Pour finir, citons Jack Kerouac (1922-1969). L’auteur de Sur la Route est né à Lowell dans le Massachusetts d’une famille de Canadiens français. Il quitte rapidement le Massachusetts pour étudier à New York, puis part à la découverte de grands espaces, au travers de longs voyages sur les routes du continent américain. À Lowell aujourd’hui, une plaque commémorative est érigée en l’auteur de l’écrivain voyageur, dont les textes ont marqué toute une génération d’Américains. Sur la route, Les clochards célestes, Satori à Paris, comptent aujourd’hui encore parmi les incontournables de la littérature américaine.