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Des forêts en expansion

Le climat très humide de la Belgique et son relief plat favorisent l’abondance d’une végétation naturelle de prairies, landes et d’arbres feuillus. Mais la forte urbanisation de la Belgique a modifié la biodiversité originelle, en contribuant au fractionnement de cette végétation, surtout au centre du pays. Étonnamment, malgré un déploiement massif des villes, la superficie forestière wallonne n’a fait que progresser de 1866 à 2006, car l’abandon des cultures agricoles a permis à la nature de reprendre ses droits. Près de 80 % des forêts belges se situent en région wallonne, où environ un tiers du territoire (32 %) est sous couvert forestier, tandis que la Flandre est relativement peu boisée, et plus de 60 % de la forêt wallonne se situe en Ardenne. Ainsi, la forêt belge couvre désormais 692 916 hectares, soit 2 % de la superficie du pays. En 140 ans, elle est passée de 315 648 à 544 800 hectares. Les forêts comptent de nombreux feuillus : hêtres, frênes, chênes, érables sycomores, bouleaux, peupliers, charmes, merisiers, aulnes ainsi que des saules pleureurs et roseaux en bordure de canaux, rivières, étangs et mares. On trouve des jacinthes des bois, du chèvrefeuille, des impatiences (aussi appelées balsamine des bois), des euphorbes. Les champignons sont représentés par plus de 1 000 espèces, car leur habitat favori est la forêt.

Une faune de forêts européennes

Comme en France, la Belgique compte dans ses forêts sauvages cerfs, sangliers, renards, chevreuils, blaireaux, belettes, hermines, putois, martres, lapins, lièvres, écureuils, élans et daims. Plus rarement, lynx, chats sauvages, et désormais castors, loutres, et même des loups ont pu être observés ! L’ours a lui complètement disparu et n’a pas été réintroduit. Pourtant, des études génétiques ont prouvé que ce sont les descendants de l’ours brun belge qui peuplent aujourd’hui encore les forêts du nord et du sud de l’Europe. Les écosystèmes fragiles des mares et des étangs d’eau douce sont peuplés de poissons comme la bouvière, une espèce protégée, mais aussi de batraciens. Ces derniers sont néanmoins menacés d’extinction en raison de la pollution et de l’apparition d’espèces prédatrices exotiques comme la carpe. La forêt de Soignes abrite également quatorze espèces de chauves-souris dont la plupart sont des espèces menacées.

Une avifaune riche

Une centaine d’espèces, sédentaires ou migratrices, peuplent la Belgique mais la population est malheureusement en diminution. La Belgique a connu en 2019 une hécatombe de mésanges à cause de l’usage massif de pesticides. Les oiseaux souffrent, en général, de l’usage de composés agrochimiques et disparaissent des campagnes aussi bien belges que françaises. On trouve des espèces communes aussi observées dans l’Hexagone, comme des rouges-gorges, passereaux, pinsons, fauvettes corneilles, pies, hérons, geais, canards ou encore poules d’eau. Les fleuves accueillent bon nombre d’oiseaux migrateurs aquatiques. On pourra citer les oies en hiver et plusieurs espèces de rapaces notamment le long de l’Yser, un fleuve côtier qui sert de corridor migratoire régional aux oiseaux. On peut citer la buse variable, le faucon hobereau, le faucon pèlerin, le faucon crécerelle, le busard des roseaux, l’épervier ou le busard cendré.

La loutre des Flandres réapparaît timidement

La loutre des Flandres, classée officiellement espèce éteinte dans les années 1980, persécutée depuis des siècles et victime des appâts empoisonnés pour les rats musqués, a vu son habitat se dégrader ou disparaître. Une lueur d’espoir brilla à la surprise générale en 2011, lorsqu’une empreinte dans la neige en Province a été validée sur le portail web de Natagora (www.observations.be), l’association de protection de la nature dans les parties francophone et germanophone de la Belgique. En 2014, une nouvelle trace de sa présence a été certifiée en Wallonie mais classée « secret-défense » pour préserver la tranquillité de cette espèce si farouche. Elle est finalement réapparue officiellement selon une étude publiée en 2017 par l’Institut de recherche sur la nature et les forêts belges. Une jeune loutre a été observée dans la partie nord de la Vallée de l’Escaut, à quelque 20 kilomètres de la Flandre zélandaise. Elle vient probablement des Pays-Bas, où elle a été réintroduite.

Le castor repeuple les fleuves et rivières

Le castor européen recolonise lui aussi progressivement les berges des fleuves et rivières belges depuis plusieurs décennies. Disparu de Belgique au XIXe siècle, il était exploité pour sa viande et pour le castoréum, une sécrétion utilisé en parfumerie, qu’il fabrique pour marquer son territoire et imperméabiliser son pelage. Plusieurs lâchers illégaux de castors allemands par des activistes, dans les années 2000, ont permis à l’espèce de repeupler la Wallonie. On peut estimer que la population actuelle se situe environ à 2 000 castors sur près de 600 territoires ! Ses défenseurs évoquent le rôle important du plus grand rongeur d’Europe pour la biodiversité ainsi que son impact positif sur le tourisme dans certaines régions. Ses détracteurs soulignent les dégâts qu’il cause, notamment les canaux et barrages qu’ils construisent pour faciliter leur accès à la nourriture, et le creusement de terriers dans les berges. Les castors sont protégés par une directive européenne qui interdit de les tuer, de les capturer ou de les perturber.

Le loup se réintroduit tout seul en Belgique

Autre espèce disparue depuis plus d’un siècle qui pointe son museau désormais en Belgique : le loup. Deux chasseurs de Nassogne, (province du Luxembourg) sont formels : ils ont vu un premier loup en octobre 2016. En janvier 2018, une louve provenant d’Allemagne est observée en Flandre. D’autres témoignages localiseront le canidé très mobile dans les Hautes Fagnes, encourageant les défenseurs de la nature à créer le « Réseau Loup » en juillet 2018. Selon les spécialistes, la présence de gibiers dans les forêts du Massif ardennais du sud-est du pays encouragerait le grand prédateur à traverser les frontières : il est aussi présent en France (lignée italo-alpine) et en Allemagne (lignée polonaise). La Belgique est située à la croisée des deux voies de dispersions de ces populations. Sa présence récente aux Pays-Bas et au Grand-Duché de Luxembourg laissait présager son retour imminent en Belgique. Voilà qui est fait ! Dès l’arrivée du premier loup belge, le Département Nature et Forêt (DNF), le Département de l’Étude du milieu naturel et agricole (DEMNA), les représentants des éleveurs, les chasseurs et les représentants des naturalistes s’étaient décidés à proposer cinq noms : Fagnus, Wolfgang, Akela, Romulus ou Lucky. Finalement, les internautes n’auront pas à choisir car en 2019 – soit en à peine deux ans après le premier signalement – c’est désormais cinq loups qui ont été repérés en Wallonie ! Un au moins y a élu domicile, les autres sont très mobiles – pour l’instant –, à la recherche de proies. Le Réseau Loup espère prochainement l’établissement d’une meute et un véritable plan de gestion.

Au sud et à l’est du pays, le Massif ardennais

Il est constitué en majorité de marécages et de forêts. Ces dernières se composent de conifères (épicéas surtout, mais aussi pins et sapins) et de feuillus (érables, bouleaux, chênes et hêtres). Le Parc naturel des Hautes Fagnes est l’un des plus beaux du pays. On y trouve de nombreux animaux, tels que des chouettes, divers lézards et des oiseaux. On peut aussi rencontrer, dans le sud du pays, des chevreuils, des sangliers et même (si vous avez beaucoup de chance) le tétras-lyre, un oiseau en voie de disparition qui est réintroduit depuis le printemps 2018 dans la région, comme le loup !

À l’ouest, le littoral

Le littoral donne un sol argileux beaucoup plus riche qu’au nord et crée ces paysages de polders, de plages de sable… Le cordon littoral est lui planté d’épineux dans les dunes sableuses. Sur les pentes érodées sablonneuses, mélèzes, pins sylvestres et fougères poussent en abondance. La réserve de Westhoek et en particulier celle de Het Zwin sont de véritables repaires d’oiseaux : échassiers, canards, cygnes, oies, etc. Une dizaine d’autres réserves, dispersées un peu partout en Belgique, s’attachent à préserver les espèces animales et végétales (www.idearts.com/loisir/nature).

Au centre du pays, la forêt de Soignes

Ce sont les grandes plaines qui prédominent, permettant l’agriculture intensive. Il ne reste que la forêt de Soignes qui ne soit pas cultivée ou urbanisée. Cette forêt, à la périphérie sud-est de Bruxelles, d’environ 5 000 hectares si on compte aussi les bois alentour, n’est ni un parc ni une réserve. C’est pourtant l’une des plus grandes forêts périurbaines d’Europe, mais elle n’est que le vestige de la vaste forêt qui a autrefois couvert une bonne partie du Brabant et du Nord de la France. Elle a un rôle de « poumon vert » de la capitale, lieu de balades et sortie vertes familiales car elle représente 60 % des espaces verts bruxellois ouverts au public. Depuis 2017, 270 hectares sont même classés au patrimoine mondial de l’Unesco car c’est une forêt de hêtres plantée au XVIIe siècle. Elle était à l’origine destinée à fournir du bois de haute qualité. Les peuplements sont constamment éclaircis, mais sans coupe à blanc, afin de favoriser les arbres les plus beaux qui se vendront ensuite le mieux. C’est une forêt de monoculture composée à près de 80 % de hêtres issus de plantations ou de régénération naturelle, ainsi que de 10 % de chênes, dont les hautes futaies du massif sont surnommées « la hêtraie cathédrale », tant les arbres sont vertigineux et forment une voûte serrée qui ne laisse filtrer que peu de lumière. Malheureusement, cette fantastique hêtraie est en péril. La cause ? Le réchauffement climatique. Il faudra sans doute peu à peu remplacer les hêtres par d'autres essences plus adaptées. On peut visiter dans cette forêt le joli bois de la Cambre qui s’enfonce jusque dans Bruxelles, l’arboretum de Tervuren, le jardin botanique Jean Massart dans le domaine du Rouge-Cloître et le domaine Solvay de La Hulpe.