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L'agriculture entraine une déforestation massive de la forêt amazonienne © Phototreat - iStockphoto.com.jpg

Parcs nationaux

Le Brésil fait partie des pays « mégadivers », qui concentrent la plus grande diversité biologique du monde. L'ensemble des aires de protection du pays représente près de 29 % de sa superficie. Le Brésil possède 70 parcs nationaux qui protègent des écosystèmes très variés : forêts tropicales humide, savante, prairies et savanes inondées, mangrove, pampa... Les parcs nationaux sont gérés par l'Institut Chico Mendes, qui a souffert de réduction de budget sous la présidence de Jair Bolsonaro mais voit aujourd'hui ses moyens recouvrer leur niveau d'avant.

Complexe de conservation de l’Amazonie centrale : il s'agit de la plus vaste aire de protection de l’Amazonie. Classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO, il s'agit d'un réservoir de biodiversité unique au monde.

Aire de conservation du Pantanal : vaste étendue de prairies et de savanes inondées, le Pantanal est une plaine alluviale parmi les plus riches du monde en termes de biodiversité. L'aire de conservation, classée au Patrimoine mondial de l'UNESCO comprend plusieurs zones protégées. Elle est cependant menacée par les activités agricoles (déforestations, épandage de pesticides).

Parc national de l'Iguaçu : situé dans l'Etat du Paraná, il jouxte le parc éponyme argentin et constitue un vaste ensemble classé au patrimoine de l'UNESCO. Fameux pour ses immenses chutes d'eau, il préserve également une exceptionnelle biodiversité, dont l'une des dernières forêts atlantiques du Brésil.

Parc national marin de Fernando de Noronha : classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO, il abrite tout un ensemble d'écosystèmes marins et d'espèces protégées, au sein de l'archipel Fernando de Noronha.

Les enjeux liés à l'agriculture

L'agriculture et l'élevage représentent la plus grande cause de déforestation au Brésil. L'année 2022, selon l’Institut national de recherche spatiale brésilien, a vu la disparition de plus de 4 millions d'hectares de forêt brésilienne ont disparu, en majorité dans la forêt amazonienne, soit une augmentation par rapport à 2021. Les incendies à la base de cette déforestation ont pour effet de relâcher dans l’atmosphère l'important stockage de carbone que représente la forêt, mais aussi à détruire ce réservoir unique de biodiversité, nécessaire au maintien des conditions de vie humaines sur la planète. Les cultures mises en place induisent aussi une contamination chimique des milieux par l'utilisation massive de pesticides. La pollution au nitrate et phosphate qui se déverse dans l'Amazone contribue à la formation des sargasses, ces algues brunes qui viennent s'échouer sur les côtes des Caraïbes. La construction de routes participe elle aussi à la fragmentation des milieux et, via la circulation de camions, à l’émission de gaz à effet de serre. A l'autre bout de la chaîne, se trouve le consommateur final. La France représentait en 2021 le 8e importateur mondial de soja OGM brésilien, destiné à l'alimentation du cheptel. Il est possible de lutter contre la déforestation importée en étant consom'acteur.

Les défis énergétiques du pays

Le mix énergétique du Brésil est dominé par le pétrole et la biomasse (biocarburants). Le pays figurait en 2022 à la 9e place des producteurs mondiaux de pétrole et comptait parmi les leaders en matière de biocarburants. Cependant la culture des agrocarburants est largement controversée dans un pays où près de 13 % de la population vivait en 2020 en dessous du seuil de pauvreté. Ils contribuent à la fois à la diminution des surfaces agricoles et à la déforestation. Cependant, le Brésil peut apparaître comme un bon élève en termes de production d'électricité décarbonée. 83 % de son électricité est issue de sources renouvelables. Quant à l'énergie hydro-électrique, en 2022 elle fournissait 63,5 % de la production d'électricité du pays, un chiffre en baisse à la suite du choix de stopper la construction de nouveaux barrages. Poursuivre le développement hydro-électrique du pays signifierait équiper de barrages l'Amazonie, ce qui susciterait moult revendications nationales et internationales.  La construction d'une centrale hydro-électrique à Belo Monte en 2016, véritable gouffre financier, inauguré en 2019 s'est vu qualifiée de « monument au gaspillage et à la folie » par le procureur régional de la République, en plus d'être une catastrophe sociale et environnementale.

Pouvoirs et contre-pouvoirs

La présidence de Jair Bolsonaro  a été marquée par un net recul des préoccupations et des politiques environnementales, au profit de l'agro-business et au détriment de l'agriculture paysanne. Elle était associée à une baisse des moyens dédiés aux principales organisations en charge de l’environnement et des communautés autochtones. Le retour de Lula au Planalto depuis novembre 2022 s'est accompagné de politiques environnementales ambitieuses et de la nomination d'un ministre indigène à la tête d'un ministère dédié.  Cependant, l'ampleur de la tâche, l'impression d'impunité pour les crimes et délits commis en matière d'environnement (déboisements, assassinats d'activistes) rendent les résultats des nouvelles politiques incertaines.  Le Brésil a même été classé en 2017 par l’ONG Global Witness comme l'un des pays les plus meurtriers pour les activistes environnementaux (57 assassinats).

D'intéressants mouvements, comme « Les gardiens de la forêt », regroupent des Indiens Guajajara qui entendent défendre la forêt contre les défrichements illicites, en organisant des actions pour détruire les installations illégales liées au déboisement. Les femmes se sont jointes à ce mouvement pour des actions non violentes fondées sur le dialogue et la connaissance.

Le Brésil figure depuis 2015 (loi sur biodiversité) comme un état pionnier dans la lutte contre la biopiraterie, c'est-à-dire l'accaparement des ressources et des savoirs traditionnels par le dépôt de brevets illégaux.

Le Mouvement des Sans-Terre (MST) milite quant à lui pour une réforme agraire, promise depuis 1964 mais jamais mise en place, qui puisse donner des terres à ceux qui produisent. Mouvement apolitique et non religieux, il promeut au sein de centres de formation l'agro-écologie (cultures diversifiées, fondées sur les processus écologiques, sans pesticide, ni engrais de synthèse, ni OGM), dans le but de développer la souveraineté alimentaire du pays. Cette agriculture devrait à nouveau bénéficier de ressources attribuées au programme « faim zéro », favorisant l'agriculture familiale.

Le travail du nouveau gouvernement Lula va être long et délicat mais l'ancien syndicaliste a su montrer une volonté de coopérer avec certains Etats et ONG pour renforcer la protection des forêts, améliorer les mesures de reforestation et promouvoir l'agriculture familiale.