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Les musiques et danses traditionnelles

Il y a au Zimbabwe à peu près autant de genres musicaux que de groupes ethniques (une vingtaine). Cela étant dit, le territoire est largement occupé par les deux principaux groupes ethniques du pays : les Shona et les Ndebele.

Chez ces derniers, on trouve une grande tradition vocale, partagée avec certaines ethnies d’Afrique du Sud, l’imbube, chorale masculine a capella. Sinon, la plupart du temps, les musiques et danses traditionnelles du Zimbabwe sont connectées à la spiritualité. C’est ce qu’on remarque au travers de rituels comme le mhande des Karanga ou l’iHosana des Ndebele, des danses rituelles d'invocation de la pluie. Toujours au sein du peuple ndebele, un autre exemple pertinent est la musique traditionnelle sacrée isitshikitsha seZangoma, pratiquée par les guérisseurs.

Justement pièce maîtresse de nombreux rituels religieux, le mbira est l’instrument emblématique du pays. Ce piano à pouces composé de touches métalliques fixées à un bloc en bois carré peut, selon les modèles, posséder une seule rangée de cinq à huit touches quand d’autres peuvent dépasser les cinquante touches. Parmi ces différents formats, celui nommé nyunga nyunga est le plus courant.

Outil privilégié pour communiquer avec les esprits, le mbira est par exemple nécessaire pour demander à ces derniers d'apporter la pluie en cas de sécheresse ou de la stopper en cas d’inondation.

L’instrument connaît quelques grands noms, comme Mbira DzeNharira, groupe passé maître dans l’utilisation de l’instrument, ou Thomas Mapfumo, célèbre pour avoir créé la musique chimurenga, genre basé sur la tradition shona mbira, mais jouée avec des instruments électriques modernes et accompagnés de textes engagés.

L’autre instrument important du pays est le marimba, xylophone constitué d’un cadre de bois posé sur une série de gourdes servant à amplifier le son et à rendre sa tonalité plus grave.

Les danses traditionnelles occupent toujours une place importante au cœur de la société zimbabwéenne. Les deux plus importantes et caractéristiques sont Jerusarema et Muchongoyo. La première est un pilier de la culture shona et se distingue par sa polyrythmie et ses mouvements circulaires, ses acrobaties et ses répétitions très importantes. Elle est essentiellement exécutée lors de célébrations, comme les mariages ou les funérailles. Dans ce dernier cas, elle est importante, car employée pour faire sortir les morts et les emmener dans le monde des esprits.

La danse Muchongoyo est quant à elle un élément important de la culture ndau. Si elle est traditionnellement exécutée dans le cadre de la préparation d’une guerre – ou après celle-ci –, elle peut également servir d’exercice d'entraînement militaire.

Dans l’ensemble, la danse est ici un moyen d'exprimer sa spiritualité. Par exemple, la danse Mbira, accompagnée de l'instrument homonyme, est souvent utilisée pour inciter les esprits à sortir, par l'intermédiaire de médiums, et à communiquer avec les gens. La danse Dinhe possède aussi une destination religieuse et s’exécute pour instaurer une communication entre les esprits et les gens. Autrement, on croise des pratiques comme la danse Mbakumba, polyrythmique et traditionnellement exécutée après la récolte, mais plutôt employée aujourd'hui à des fins de divertissement.

Le pays propose au moins deux festivals prestigieux de musique et danse traditionnelles : le festival Jikinya et le Chibuku Neshamwari. Le premier présente une grande variété de danses et est organisé pour les écoles primaires tandis que le second est une grande compétition nationale.

Sinon, animé par une dimension plus touristique, des spectacles de danse folklorique sont aussi proposés par des lieux comme le Victoria Falls Hotel ou le restaurant Boma (tous deux aux chutes Victoria).

La musique populaire

Si vous cherchez le genre le plus populaire du Zimbabwe, vous trouverez le sungura. Ce pilier de la culture nationale est caractérisé par des chansons longues, au tempo rapide, gorgées d'énergie. On dit que le sungura est issu du mariage entre le kanindo (forme de rumba originaire du Kenya et de Tanzanie) et la rumba congolaise. Apparu dans les années 1950, à une époque où l'identité nationale était en formation, le genre ne devient populaire qu’au début des années 1980, sous l'impulsion d’Ephraim Joe et son groupe, les Sungura Boys. Après leur séparation, durant la décennie suivante, les Khiama Boys s’imposent comme les héritiers naturels des Sungura Boys. Le bassiste de ce groupe, Alick Macheso, va devenir par la suite une grande star du Zimbabwe. Déjà en tant que roi du sungura, genre dans lequel on perçoit toujours énormément son influence, puis en tant que « créateur » de danses, comme le bhorodhero, très grand succès dans le pays. Très prolifique, il est l’auteur de nombreux succès commerciaux dont Simbaradzo, toujours l'album record des ventes au Zimbabwe.

Parmi les autres artistes très populaires, citons Chiwoniso Maraire, chanteuse zimbabwéenne née aux États-Unis (1976-2013), célèbre pour son expertise de l’instrument national, le mbira, et plus récemment, la grande vedette afro-beat actuelle Jah Prayzah, qui invite souvent les esthétiques zimbabwéennes, comme la polyrythmie de la danse Mbakumba ou le mbira, dans ses tubes.

Afro-jazz

Le jazz zimbabwéen, souvent appelé « afro-jazz », est basé sur le kwela – musique des townships de Johannesburg, imprégnée du swing américain et jouée principalement au pennywhistle, fameuse petite flûte à bec métallique – tout en plongeant ses racines dans la tradition musicale locale. Un des artistes contemporains les plus aimés et connus du pays, Oliver Mtukudzi (1952-2019), a beaucoup œuvré à propager l’afro-jazz auprès des différentes générations de musiciens, notamment en fondant le Pakare Paye Centre. Mais s’il a été aussi influent sur les différentes générations de musiciens, c'est peut-être parce que cette véritable légende zimbabwéenne de l’afro-jazz était un compositeur plus engagé qu’on ne voulait bien le dire, certains de ses tubes accusaient, par exemple, directement l’ancien régime de Mugabe. Ou peut-être était-ce parce que beaucoup de ses titres accueillaient à bras ouverts les musiques traditionnelles du Zimbabwe, comme Tozeza baba, influencé par les sonorités chinyambera et dinhe. Quoi qu’il en soit, il demeure une icône.

Dans son orbite, on trouve aujourd’hui des artistes comme Dudu Manhenga, la diva du Zimbabwe, qui chante des textes souvent engagés en ndebele sur des rythmes afro jazz qui combinent tradition et modernité, Jeys Marabini, et sa fusion d’afro-jazz et d’imbube ou encore Victor Kunonga, assez nouveau dans le paysage musical mais déjà très apprécié. Il est l’auteur de Maidarirei, l’un des titres afro-jazz les plus populaires du pays.

Les musiques actuelles

Le gros succès du moment (depuis longtemps) au Zimbabwe, c’est le « zimdancehall ». Mot-valise constitué de « Zimbabwe » et « dancehall », le mot désigne, sans surprise, la version locale du ragga.

Le genre émerge dans le courant des années 1990, mais ne commence à rencontrer un vrai succès qu’en 2005 avec les premiers albums de Winky D, le pionnier du zimdancehall. Né Wallace Chirumiko, ce personnage haut en couleur est autant adoré pour sa musique que pour son attitude un brin belliqueuse. Il est d’ailleurs tout sauf rare qu’il se retrouve dans une querelle avec un des grands noms du genre comme Freeman HKD ou Killer T.