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Origines

L’art italien prend ses racines dans la Grèce antique. Du temps des Étrusques, des échanges s’opèrent déjà avec les cités grecques. L’art romain s’attache avant tout à servir la politique et la religion de l’Empire. Mais les fresques murales et les mosaïques restent un héritage direct de l’art byzantin.

L’Édit de Milan, signé par Constantin en 313, autorise chacun à adorer le divin à sa façon. L'art paléochrétien sort des catacombes et de la sphère privée pour embellir les basiliques et les sanctuaires comme on peut en admirer à Milan. En Vénétie, les cathédrales et les musées portent encore la trace des conflits, des fuites successives des dirigeants sous l’invasion des Huns puis des Lombards. La conversion de ces derniers ouvre la voie aux innovations architecturales et sculpturales dans le nord de l'Italie, tandis que l'héritage byzantin se déplace à Venise. A l’orée du Moyen Age, l'Italie du Nord demeure un lieu d'échanges d'une richesse rare.

Gothique

Milan, première capitale de l’Empire romain d’Occident, devient l’un des plus grands centres actifs du monde chrétien. L’art gothique, qui naît en France au XIIe siècle, se répand dans la région sous les Visconti. L’influence transalpine se ressent dans le style élégant de Giacomo Jacquerio qui signe les fresques de l'abbaye Sant'Antonio di Ranverso (Turin). 

L’œuvre majeure héritée du gothique italien reste sans doute la cathédrale de Milan.

Renaissance

Les grandes familles princières dominent les cités italiennes. Le mécénat bat son plein : les Médicis à Florence, les Visconti puis les Sforza à Milan à partir de 1447.

Le Quattrocento compte parmi ses acteurs Masaccio, l’inventeur du point de fuite unique qui axe son travail sur la perspective, les volumes et les proportions, et Brunelleschi, l’architecte de la première coupole à Florence.

La Renaissance se caractérise par les changements qui révolutionnent les canons médiévaux. Les Sforza, et particulièrement Ludovic le More, s’entourent des plus fameux talents. Léonard de Vinci, nommé « pictor ducalis » (peintre du duc), séjourne vingt ans à Milan de 1482 à 1499 puis de 1506 à 1513. Il travaille longuement au château des Sforza. Dans la cour, on peut contempler sa fresque restaurée de la salle des mûriers. À 20 minutes du château se trouve La Cène, peinte par Leonardo dans le réfectoire de Santa Maria delle Grazie.

À cette époque décisive d’ouverture sur le monde et à la connaissance, l’art religieux se trouve bousculé. Reflétant la sécularisation de la société, les arts plastiques se tournent vers les sujets profanes.

Baroque

Ce courant naît au XVIe siècle en réaction à la réforme protestante. À la rigueur, les artistes opposent exagérations et jeux de contrastes à la fois en peinture et en sculpture. Les trois grandes figures de ce mouvement sont l’architecte Borromini, le sculpteur Bernin et le peintre Caravage. Le Caravage, né près de Milan, a su allier le sens du drame au réalisme le plus saisissant, notamment par l’emploi de contrastes lumineux. À Milan, on peut voir ses œuvres à la Pinacothèque Ambrosienne. Contraint de fuir Rome, Le Caravage peint la seconde version du Souper à Emmaüs, conservée à la Pinacothèque de Brera, une variante nettement plus sombre que la première.

L’Italie du Nord, Venise, Turin et Gênes seront très touchés par le style baroque jusqu’au XVIIIe siècle.

Après une période néoclassique, le romantisme se répand partout en Europe. La passion et l’irrationalité, mais aussi la lutte qui oppose l’homme et la nature sont ses caractéristiques. Cette période correspond à l’occupation autrichienne qui dure jusqu’à la révolution des Cinq Jours de Milan.

Futurisme

Fondé par Filippo Tommaso Marinetti, ce courant du XXe siècle fait écho au modernisme. La vitesse, la guerre et la ville en sont les principaux thèmes. En cela, le futurisme est un art urbain, ancré à Milan par le manifeste fondateur du courant. Les cités imaginaires ou le déplacement stylisé de machines aux couleurs vives sont peints par Sant’Elia, Balla, Cara ou Russolo. Le futurisme s’épanouit ensuite en Russie. En 1915, en réaction contre le futurisme, Giorgio De Chirico fonde la peinture métaphysique qui préfigure le surréalisme.

La plupart des œuvres futuristes demeurent à Milan, notamment au CIMAC qui montre l’art italien du XXe siècle à travers Boccioni mais réunit aussi De Chirico et les surréalistes Giorgio Morandi et Filippo de Pisis.

Contemporain

Turin s’est imposée comme la capitale de l’art contemporain dès les années 1960 avec la naissance de l’Arte Povera. Alghiero Boetti, Michelangelo Pistoletto, Giuseppe Penone et Mario Merz utilisent des matériaux pauvres pour défier la société de consommation.

Désormais, c’est toute l’Italie du Nord qui manifeste son attachement à l’art contemporain. Des lieux innovants voient le jour : le musée en plein air Arte Sella propose des expositions à base de matériaux naturels. Le Padiglione Arte contemporanea accueille des artistes internationaux, tandis que le Museion de Bolzano réunit l’avant-garde, dont des vedettes de la photographie (Nan Goldin). Le centre italien de la photographie de Turin, Camera, promeut des artistes italiens et internationaux.

A Turin, il n’est pas rare de tomber sur des pointures du street art : dans le secteur de la gare, le portrait signé VHIL près de la piazza Nizza ; l’ours géant de Bordalo II près du Teatro Colosseo ; au terminal des bus de la via Fiochetto, repérez la fresque d’Ericalcaine ainsi que celle de ROA. Dans le quartier de la Barriera de Milano, Millo a peint 13 murs. Le Museo d’Arte urbana organise un parcours à ciel ouvert de 180 œuvres dispersées dans le quartier Campidoglio.

Parmi l’impressionnante variété de galeries d’art turinoises, signalons trois adresses. La Galerie Franco Noero présente des vedettes de l’art contemporain mondial (Sam Falls, Francesco Vezzoli…) dans ses deux espaces : un d’esprit industriel à Barriera, et un second logé dans un sublime bâtiment du XVIIIe siècle. Installée à la fin des années 1990, la galerie Guido Costa Project défend Boris Mikhailov ou Miroslav Tichy aux côtés de la jeune génération d’artistes italiens. La fille du peintre Salvo Mangione tient la Galerie Norma Mangione pour promouvoir les jeunes talents.  On peut dire qu’elle sait repérer les valeurs montantes !