Marbre de Sarrancolin © Oleg_Mit - Shutterstock.com.jpg
Les Baronnies ont en partie servi de décor au film de Christophe Gans, Le Pacte des Loups © Sinuswelle - stock.adobe.com .jpg

Peinture

Coucher sur toile la grandeur que seule la nature peut créer n'est pas donné à tout pinceaux et beaucoup s'y sont aventuré avec plus ou moins de succès. Il faut avouer que pour rivaliser avec le génie divin il faut être infiniment doué : certains artistes ont prouvé avec éclat qu'ils l'étaient. Thème central des œuvres, le paysage a depuis toujours inspiré les artistes qu'ils soient nés dans les Pyrénées ou qu’ils soient simplement de passage dans la région. Dans chaque ville et dans certains villages, vous pourrez apprécier tout au long de l'année des expositions, permanentes ou ponctuelles, de peintres, contemporains ou non. Cet art fait partie intégrante de la culture locale et chaque commune y est fidèlement attachée. De grands noms ont fait rayonner cette histoire d'amour et ce n'est pas Gavarni, peintre fou du site à tel point qu'il a pris son pseudonyme, qui dirait le contraire. La fée des roses, Blanche Odin, n'a jamais quitté Bagnères-de-Bigorre malgré une renommée d'aquarelliste d'exception et le Lourdais Louis Capdevielle, élève de Bonat et ami de Zola, n'a pas supporté sa nostalgie et est revenu dans le département poursuivre une œuvre basée sur les petites gens. Plus récemment, l'incroyable Jacques Brianti poursuit une carrière époustouflante entre Pouzac et le reste du monde et Stéphanie Vignaux exporte ses nus avec tout le talent qu'on lui connaît. Des maîtres à admirer dans leurs ateliers ou les multiples galeries du département.

L’artisanat

L'artisanat reste très présent dans les vallées et ses dignes héritiers sont le petit plus des différentes foires annuelles et des marchés où ils connaissent un réel succès. Ces petites mains n'hésitent pas à faire revivre des savoir-faire ancestraux : vannerie, poterie, rempaillage, dentelles, sculpture, travail du bois, de la pierre, de l’ardoise, peinture sur soie... Les talents sont si nombreux qu'il est difficile de n'en oublier aucun ! Ici la laine se file et se tisse, le bois se travaille, la pierre se sculpte et les cours d'eau font vivre des moulins dans toutes les vallées. Les marchés les rassemblent donc souvent et les grands rendez-vous estivaux n'oublient jamais un clin d’œil aux vieux métiers. Le verre demeure un matériau que les artistes se plaisent à façonner de leur souffle, notamment à Agos-Vidalos, et les vitraux ont encore quelques rares des professionnels qui leur sont dédiés. Si la restauration des ornements religieux est leur principale activité, ils n'en sont pas moins de véritables artistes et se plaisent à créer des œuvres modernes et lumineuses atypiques. Sur un territoire pastoral, la filature à l'ancienne a une place de choix et chaque vallée propose de belles vitrines emplies d'habits tissés selon la tradition. Partout, l'accueil sera aussi chaud qu'une garbure qui a mijoté des heures, parce que la tradition, ici, est simple : que les chants soient folkloriques, qu'ils évoquent les montagnes, que les peintures les fixent, que la gastronomie crée des fêtes, qu'on vous le dise en patois ou en occitan, tout ne servirait à rien si ce n'était pas partagé.

Le marbre de Sarrancolin, marbre des rois, des grands architectes et des stars, est resté célèbre. Il se décline en trois variétés et se distingue par la subtilité et l’abondance de ses coloris. Il a été choisi par les plus grandes personnalités et est présent dans les plus beaux monuments. Il entre, ainsi, dans l’ornementation du château de Versailles du Trianon, constitue les 30 colonnes de l’escalier de l’Opéra Garnier à Paris. Il est présent aussi dans le hall d’entrée de l’Empire State Building, dans les maisons de Madonna, de Mel Gibson et de Tina Turner ! Il a été délaissé au profit de matériaux moins coûteux mais connaît un regain commercial et quelques carrières ont repris leurs activités. À Campan, les Romains utilisaient déjà le fameux marbre local et n'hésitaient pas à embellir leurs villas avec. De couleur rouge, ce marbre dit griotte aura sa place auprès des rois qui aimaient sa couleur mais aussi ses dérivés roses ou verts. Louis XIV le porte au sommet avant que l'exploitation de l'Espiadet cesse avec la disparition du duc d'Antin, décédé en 1736. Le bois le surpasse dans le haut Adour et la carrière ferme en 1986.

Le cinéma

Si le plus marquant visuellement reste Le Pacte des loups, véritable ode aux Baronnies, les films tournés dans les Hautes-Pyrénées forment un vrai festival. En 1948, Saint-Sauveur servait déjà de cadre au tournage de l'épopée Le Bout de la route et si le numérique a remplacé le noir et blanc, il n'a pas fait taire les claps du septième art. La montagne, en véritable star, a magnifié La Rage au corps, réalisé en vallée d'Aure, et ne s'est pas faite moins grande devant la gloire de Gregory Peck et Omar Sharif qui, avec Et vint le jour de la vengeance, ont affolé le Val d'Azun. Anthony Quinn était déjà de la partie et en 1978, il est revenu avec Christopher Lee pour le sombre Passeur d'hommes. Lourdes, étoile internationale, a elle aussi été de nombreuses fois sur les grands écrans, notamment avec le grinçant film du duo Serrault-Poiret Le Miraculé, Hommes, femmes : mode d'emploi de Lelouch qui lui a offert une de ses plus belles vues sous la neige ou encore le bien nommé Lourdes avec Sylvie Testud et Léa Seydoux. Vous l'aurez compris, le département sait faire son cinéma quand on lui demande et avec des dignes représentants tels que les frères Larrieu, réalisateurs, il mérite bien le césar des plus accueillants.

L’art baroque dans tous ses états

Si les sculpteurs sur bois ou marbre sont bien présents dans le département, ne soyez pas étonné de trouver un incroyable patrimoine d'art baroque. Une collection due à ceux qu'on appelle les « frères Ferrère », qui ont marqué de leur génie ce monde fait d'or fin et d'emphase. Originaires d'Asté, village de la vallée de Campan, ces trois générations de sculpteurs ont porté au plus haut retables, tabernacles, colonnes et angelots. De 1620 à 1975, leur boulimie de création n'a pas eu de temps mort et pas moins de 59 églises ont été décorées de leur patte. Pour mieux comprendre et déchiffrer ce style si particulier, ostentatoire à souhait avec dorures et emphase, une maison leur est consacrée à Asté, évidemment !