A meeting of the school trustees par Robert Harris, 1885 © rook76 - shutterstock.com.jpg
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La tradition picturale

L’art ontarien s’appuie très tôt sur les formes artistiques alors en faveur en France et en Angleterre. À ses balbutiements, la peinture canadienne était avant tout religieuse. L’abbé Hugues Pommier quitta la France pour Québec en 1662 et composa des tableaux de chevalet uniquement inspirés par la foi. Puis, au début du XIXe siècle, le portrait connaît un succès considérable dans cette région du monde. Vers le milieu du siècle, des artistes torontois comme Georges Théodore Berthon remplissaient le rôle de portraitistes officiels. Mais en 1842, la photographie bon marché fit son apparition, sonnant la fin de la grande époque du portrait peint. Les peintres furent contraints de se renouveler pour faire face à la concurrence. En Ontario, Robert Whale se tourna vers la peinture décorative et devint paysagiste populaire comme le montre The Canada Southern Railway at Niagara dont il fit plusieurs copies destinées à la vente. Rapidement, la fièvre romantique toucha le Canada et c’est dans cet esprit que fut fondée l’Académie royale des arts du Canada. Les grands noms des premières années de l’Académie furent Robert Harris, Homer Watson, Otto Jacobi et John A. Fraser qui collaborait avec le photographe Notman. Le refus de voir l’art évoluer propre à l’Académie n’est pas étranger à l’éclosion d’une nouvelle peinture canadienne.

Le grand tournant

Le XXe siècle voit éclore un art harmonieux au charme naïf, marqué par un goût affirmé pour les couleurs vives. Dans ce contexte, et plus particulièrement suite à l’exposition de l’Armory Show de 1913, l’art canadien opère un virage décisif sous l’influence du Groupe des Sept. Ces peintres paysagistes de Toronto, issus de la publicité, entreprennent de redéfinir l’identité picturale de leur pays en peignant les vastes étendues naturelles à leur juste mesure. Dotés d’un sens aigu de la forme et du mouvement, ils se revendiquent du postimpressionnisme, de l’art publicitaire et de la peinture scandinave. Leur influence s’exerça sur plusieurs générations d’artistes.

À leur suite, la peinture canadienne s’impose sur le plan international et s’épanouit au sein des principaux mouvements artistiques. La Art Gallery of Ontario (AGO) possède de nombreuses toiles des Sept parmi les 90 000 pièces de sa collection qui compte également des tableaux du Tintoret, de Van Gogh, de Picasso ou encore d’Henry Moore. Le musée propose par ailleurs une riche collection de photographies et de sculptures à la fois canadiennes et européennes.

Les artistes indépendants

Paul Kane (1810-1871) était un peintre irlando-canadien ayant grandi à Toronto (alors appelée York). Véritable autodidacte, sa réputation tenait surtout à ses peintures figuratives, dépeignant notamment la vie amérindienne, lesquelles furent une source précieuse pour les ethnologues. En 1937, il fut déclaré personnalité historique nationale. 

James Wilson Morrice (1865-1924), Canadien expatrié et décédé à Tunis, connaissait parfaitement l’évolution artistique de son temps. Il fit ses études à la faculté des arts de la University of Toronto. Il se tint à l’écart des courants canadiens, préférant s’associer aux mouvements parisiens, notamment avec son ami Matisse, et à l’avant-garde de l’époque. Morrice fut le premier Canadien à acquérir une renommée mondiale.

David Milne (1882-1953) peignit à la manière fauve des paysages éclatants. Seul Canadien ayant participé à l’Armory Show, il côtoie Matisse dans le catalogue de la célèbre exposition américaine. Peintre, aquarelliste, dessinateur et graveur, cet artiste expérimental hors pair est considéré plus impressionniste que le Groupe des Sept. Milne représenta son pays à la Biennale de Venise de 1952.

Carl Shaefer (1903-1995) s'attacha comme d'autres artistes régionaux à reproduire le milieu rural ontarien avec poésie, allant jusqu'à s'essayer à une approche allégorique. Il étudia à l'Ontario College of Art sous la direction de deux membres du Groupe des Sept puis enseigna à son tour à Toronto.

Tony Urquhart (1934-2022) fut reconnu très tôt dans sa carrière comme l'un des pionniers de l'abstraction au pays, soit vers la fin des années 1950 et le début des années 1960. Parmi ses œuvres les plus célèbres, notons les fameuses « boîtes » articulées s´inspirant du mobilier liturgique. Il a également défendu les droits des artistes professionnels aux côtés de Jack Chambers et Kim Ondaatje. Il fut investi de l'Ordre du Canada en 1985.

La Société des sculpteurs du Canada

Fondée par de prestigieux sculpteurs canadiens, la Sculptors Society of Canada expose et défend la sculpture canadienne depuis 1928. L’association créée par Emanuel Hahn, Frances Loring et Henri Hébert a pour vocation de développer cette activité artistique tout en assurant la promotion de la sculpture canadienne tant sur le plan local qu'international. L’engagement de la SSC est soutenu par des galeries, des festivals et des musées dont  la Art Galley of Ontario (AGO), le Musée des beaux-arts du Canada et la Biennale de Ravenne en Italie. Des expositions itinérantes ont emmené leurs travaux en Europe, à travers les États-Unis ainsi qu’à la première Biennale Internationale de Beijing en 2003. L’organisation accueille dans ses locaux du Distillery Historic District des expositions et des débats, accompagne les jeunes talents et encourage un art visuel contemporain novateur.

L’art photographique

La photographie s’est affirmée en tant que moyen d’expression artistique dans la seconde moitié du XXe siècle. Le Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa a souhaité mettre cet essor en lumière lors de l’exposition « La Photographie au Canada, 1960-2000 » qui a regroupé des images tirées de l’Institut canadien de la photographie. L’ICP fut à la fois lieu d’accueil des nouveaux talents et centre des archives historiques, et détenait l’une des collections les plus complètes au monde de photographies et de matériels connexes, laquelle est toujours accessible au Musée.

Parmi les photographes les plus représentatifs, l’artiste urbain Jeff Thomas (né en 1956) traite la question de l’identité en explorant les histoires locales d’un point de vue autochtone. L’artiste Suzy Lake (née en 1947) imagine des œuvres féministes et conceptuelles qui combinent photographie, performance, vidéo, dessin et gravure. Claire Beaugrand-Champagne (née en 1948) a été la première femme photographe de presse au Québec et doit sa renommée à des images frappantes qui racontent la condition humaine dans les communautés québécoises.

La réputation de la photographie canadienne doit beaucoup à Edward Burtynsky. Né en 1955, il est le fondateur du Toronto Image Works, un laboratoire et centre de photographie argentique et digitale. Écologiste révolté, Burtynsky explore l'impact de la civilisation sur l’environnement et déclare essayer « d'accéder à une résonance universelle à travers mon travail ». Ses œuvres font partie des collections permanentes d'une soixantaine de grands musées du monde entier.

L'art public

Ouvert en 1981, le Toronto Sculpture Garden se situe dans un petit parc en face de la St. James Cathedral. Ce jardin ouvert au public accueille deux expositions annuelles de sculptures commandées par la ville qui entend ainsi permettre aux artistes de vivre une expérience unique hors de leur atelier.

Le street art a officiellement sa place dans les rues de Toronto depuis la création du programme StART qui soutient spécifiquement l’art dans les espaces publics. Ce projet d’envergure s’attache à impliquer les communautés dans l’embellissement des rues. Ce faisant, StART espère en prime encourager les moyens de transport doux comme la marche et le vélo. Pour jouer le jeu, rien de tel qu’une balade dans Kensington Market, le quartier bohème où il fait bon chiner. Entre ses friperies, ses boutiques d’artisanat et ses commerces bio, c’est un véritable musée à ciel ouvert. L’allée Orbital Arts est entièrement recouverte de graffitis. Un peu plus loin, au sud de Queen Street entre Spadina Avenue et Portland Street, se trouve Rush Lane, aussi connue sous le nom de Graffiti Alley. Symbole du programme StART, cette ruelle d’un kilomètre est devenue le terrain de jeu privilégié d’artistes locaux et internationaux. D’immenses fresques colorées pouvant atteindre plusieurs mètres de hauteur s’enchevêtrent les unes dans les autres. Les rues adjacentes cachent elles aussi leurs trésors graphiques. À ne pas manquer : le gigantesque aquarium de l’artiste canadien Uber5000 dont la vision du monde sous-marin donne le sourire. Pour l’anecdote, les portraits titrés Remove me (Efface-moi) font référence au maire Rob Ford qui partit en 2011 à la chasse aux graffitis, s’armant lui-même d’un jet d’eau. Son geste continue d’inspirer les graffeurs. Autres bonnes adresses du street art, Ossington Laneway, une rue où les résidents las de voir leurs portes de garage endommagées ont sollicité l’intervention d’artistes des rues pour les décorer. À Underpass Park, sous les ponts routiers du secteur de West Don Lands, la ville a aménagé des espaces communautaires qui ont été rapidement investis par des artistes urbains comme le Britannique Phlegm. Pour découvrir toutes les murales de la ville et ses environs, rendez-vous sur le site d'ArtworxTO (www.artworxto.ca), lequel contient une carte géographique avec tous les emplacements. Finalement, on recommande le festival Yorkville Murals en août, un événement annuel de huit jours entièrement consacré à l'art urbain et aux murales contemporaines.

Art Toronto

Depuis l’an 2000, cette foire d’arts moderne et contemporain est l’une des manifestations annuelles majeures du Canada. Se tenant annuellement en octobre, elle offre un accès unique au marché de l’art en réunissant au cœur du centre-ville des galeries locales et internationales. Ses conférences et ses rencontres ouvertes à tous sont animées par des personnalités de la scène artistique mondiale.