Guide de KINSHASA : Histoire

La riche histoire du Kongo Central et de l'axe océan-Kinshasa est intrinsèquement liée à celle du pays, et à sa conquête dès le XVe siècle par les explorateurs européens suite à la découverte de l'embouchure du fleuve Congo par le Portugais Diogo Cão en 1482 : c'est ce qui provoquera le désenclavement de l'Afrique centrale et l'ouverture au métissage et à la colonisation de cette région, par le biais de son accès maritime et fluvial. Stanley et ses acolytes n'arriveront que bien plus tard, afin de consolider l'occupation du territoire pour le compte du roi des Belges...

Mais l'histoire ne commence pas là : l'actuelle province du Kongo Central faisait déjà partie du royaume de Kongo dès le XIIe siècle, qui englobait le nord-ouest de l'Angola, le sud-ouest de la République du Congo-Brazzaville et le sud-ouest du Gabon. Une présence humaine bien antérieure est par ailleurs aujourd'hui attestée, comme en témoignent notamment les peintures rupestres récemment mises au jour dans le territoire de Kimpese.

L'histoire de cette région et du pays, va s'accélérer dès la fin du 19ème siècle, lors de la colonisation belge, avec de grands projets comme la construction du chemin de fer Matadi-Kinshasa, la construction du port de Matadi, l'occupation et l'exploitation progressive du territoire par les Belges pendant la première moitié du 20ème siècle, jusqu'à l'indépendance le 30 juin 1960. A cette époque, cette région du Bas-Congo faisait partie de la province de Léopoldville. En 1962, celle-ci éclate en trois entités administratives distinctes, à savoir : la province du Kongo Central, la province de Bandundu et Léopoldville qui restera la capitale de la République.

En 1965, Mobutu prend le pouvoir et renomme tour à tour le pays et le fleuve (Zaïre), ainsi que les différentes villes et provinces, tout en effectuant de nouveaux découpages territoriaux au fil de son règne. Cela se poursuit jusqu'à la réforme de 2015, promulguée par Joseph Kabila, qui permet à la province du Bas-Congo de retrouver son appellation d'origine : le Kongo Central.

Livre Bas-Congo

Pour ce chapitre, nous nous sommes inspiré du livre Bas-Congo de Chantal Tombu et Alain Huart, consacré à cette fascinante province qui n'avait alors pas encore retrouvé son nom originel (Kongo Central).

Ce bel ouvrage contient une mine d'informations sur l'une des plus riches régions du pays au niveau historique et culturel. Les auteurs proposent des axes de découverte thématiques, allant de l'histoire aux traditions artistiques et culinaires, en passant par des explications économiques et des préoccupations environnementales, ou des considérations pratiques touristiques.

D'autres publications de ces auteurs sont disponibles : Congo pays magnifique, Congo, les 4 trésors, Congo mille couleurs. Ainsi que deux romans signés Alain Huart : Kivu. Du paradis à l'enfer et le récent Kivu. L'Espoir.

Bas-Congo, Ch. Tombu et A. Huart. Edition Weyrich. 200 pages. 34 € (www.weyrich-edition.be/africa).

Chronologie

XIIe-XVsiècle : création et organisation des royaumes et empires de la savane : Royaume Kongo, Royaume Luba, Empire Kuba, Empire Lunda.

1482-1487 : le navigateur portugais Diogo Cão découvre l'embouchure du fleuve Congo. Il remonte le fleuve jusqu'aux premiers rapides en amont de Matadi. Premiers contacts avec des émissaires Kongo.

1491 : le roi Kongo Nzinga Nkuwu se convertit au christianisme sous le nom de Joao Ier.

1580-1625 : des guerres opposent les Portugais aux royaumes indigènes. Traite des Noirs depuis l'Angola et le Bas-Congo à destination du Brésil.

XVIIsiècle : le Pool Malebo est un centre commercial très animé, sur les deux rives du fleuve. Des missionnaires capucins italiens y séjournent quelque temps en 1655 et 1698.

1873-1884 : Stanley descend le fleuve Congo jusqu'au Pool Malebo (Kinshasa) en 1877, où il crée plusieurs stations pour le compte du roi Léopold II de Belgique.

1878 : arrivée à Pallabala des premiers missionnaires protestants anglais et danois.

1885 : la Conférence internationale de Berlin consacre l'"Etat Indépendant du Congo" comme propriété personnelle du roi Léopold II.

1888 : arrivée à Boma des premiers missionnaires catholiques belges ("Pères Blancs").

1890-1898 : construction du chemin de fer Matadi-Léopoldville. La première locomotive arrive à Léopoldville (Ndolo) le 16 mars 1898.

1908 : le roi lègue l'Etat indépendant du Congo à la Belgique, et devient Congo belge.

1914-1918 et 1940-1945 : la Belgique est engagée dans les deux guerres mondiales. Les troupes congolaises de la Force publique vont combattre sur plusieurs fronts. Après 1945, le mouvement pour la décolonisation commence à se mettre en place.

1921 : condamnation à la réclusion à perpétuité pour le prophète Simon Kimbangu dans le Kongo Central, accusé de sédition. Il meurt en prison à Elisabethville en 1951. Et donne naissance à la religion kimbanguiste.

1929 : la capitale du Congo belge est transférée de Boma à Léopoldville, qui prend le statut de district urbain.

1949 : lancement du plan d'aménagement de Léopoldville et début des travaux de construction des nouvelles cités (Kasa-Vubu, Ngiri-Ngiri, Kalamu, Bandalungwa...).

1957 : tenue des premières élections municipales à Léopoldville. Les premiers bourgmestres noirs sont élus, dont le futur président Joseph Kasa-Vubu.

1959 : des émeutes et pillages éclatent à Léopoldville en janvier.


1960 : table ronde pour l'indépendance du Congo à Bruxelles en janvier-février, avec les leaders politiques congolais.

1960 : Joseph Kasa-Vubu (Abako) est élu président de la République par le Parlement le 24 juin. Patrice Lumumba (Mouvement National Congolais) occupe le poste de Premier ministre.

30 juin 1960 : le roi Baudouin proclame à Léopoldville l'indépendance du Congo qui devient République du Congo. Célèbre discours de Lumumba qui fustige la colonisation.

1961 : Patrice Lumumba est assassiné à Elisabethville le 17 janvier, avec ses compagnons Mpolo et Okito.

1964 : la Constitution dite de Luluabourg est adoptée par référendum le 1er août. Le drapeau change, le pays devient "République démocratique du Congo". Le territoire est subdivisé en 21 provinces.

1965 : le haut commandement militaire prend le pouvoir dans la nuit du 24 au 25 novembre et renverse le gouvernement de Kasa-Vubu. Mobutu s'autoproclame président de la République.

1966 : l'ancien Premier ministre Evariste Kimba et trois de ses compagnons (les "Martyrs de la Pentecôte") sont pendus à Kinshasa à la suite d'une prétendue tentative de coup d'Etat. La même année, Léopoldville devient Kinshasa.

1967 : le Mouvement Populaire de la Révolution est créé par Mobutu le 20 mai après la proclamation du Manifeste de la Nsele. Le MPR devient la seule institution politique du pays jusqu'en 1990. Une nouvelle constitution est adoptée. Kinshasa abrite le sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA). Suite à une réforme monétaire, la monnaie zaïre est créée.

1971 : le pays devient République du Zaïre dans le cadre du "recours à l'authenticité" promulgué par Mobutu. Le fleuve Congo prend le nom de Zaïre. Le drapeau et l'hymne national changent également.

1973 : les mesures de zaïrianisation dépossèdent les propriétaires fonciers et commerçants étrangers de leurs biens au profit de nationaux proches du pouvoir. L'économie du pays entame son lent déclin.

1974 : les Léopards remportent la Coupe d'Afrique des Nations et participent à la Coupe du monde de football. En octobre, c'est le "combat du siècle" entre George Foreman et Mohamed Ali. Avec des concerts de B.B. King et James Brown. Le Zaïre est à son apogée sur la scène internationale.

1980 : première visite du pape Jean-Paul
 II à Kinshasa.

1990 : sous la pression populaire, le président Mobutu annonce la fin de la Deuxième République et décrète le processus de démocratisation des institutions. Une longue période de transition commence.

1991 : ouverture de la Conférence Nationale Souveraine présidée par monseigneur Monsengwo.


1991 : première vague de pillages à Kinshasa et dans les grandes villes. De nombreux étrangers quittent le pays.

1992 : le 16 janvier, la marche des chrétiens à Kinshasa, qui réclament la réouverture de la Conférence Nationale, est réprimée dans le sang.

1993 : deuxième vague de pillages. Plus de 2 000 personnes sont tuées, dont l'ambassadeur de France. Des milliers d'étrangers sont évacués.

1994 : un gouvernement d'union nationale dit de "la troisième voie" est mis en place sous la direction de Léon Kengo wa Dondo.

1996 : des troubles consécutifs à l'entrée dans le pays de milliers de réfugiés rwandais (dont d'anciens génocidaires) éclatent à l'est, ce qui déclenche la première guerre du Congo, suite à l'agression du Rwanda et de l'Ouganda.

1997 : le 17 mai, les troupes de l'AFDL menées par Laurent-Désiré Kabila font leur entrée triomphale à Kinshasa. Mobutu fuit au Maroc où il mourra des suites d'un cancer le 7 septembre 1997. L.-D. Kabila s'autoproclame président de la République, qui reprend l'appellation de République démocratique du Congo, son ancien drapeau et son hymne national.

1998 : le président L.-D. Kabila décide de congédier ses alliés rwandais et ougandais. La deuxième guerre du Congo éclate le 2 août à l'est du pays. Toute la région s'embrase avec l'implication de neuf pays africains dans le conflit et d'une trentaine de groupes armés.

2001 : Laurent-Désiré Kabila est assassiné dans son bureau à Kinshasa. Il est remplacé par son fils, Joseph Kabila Kabange, qui prête serment le 26 janvier 2001.

2001-2003 : une fois au pouvoir, Joseph Kabila relance le processus de négociation initié à Lusaka pour aboutir au Dialogue inter-congolais de Sun City en Afrique du Sud.

2002 : l'accord de Pretoria est signé en décembre, ouvrant ainsi la voie à la mise en place de la transition dite de "1+4", avec un président de la République et quatre vice-présidents représentant chacun les composantes belligérantes en présence. Le gouvernement est nommé le 30 juin 2003, ce qui marque officiellement la fin de la guerre. La Constitution de la Troisième République est adoptée le 18 décembre 2005 par référendum populaire.

2006 : promulgation de la Constitution de la Troisième République le 18 février. En juillet, tenue des premières élections présidentielle et législatives démocratiques dans le pays, qui verront Joseph Kabila reconduit à la présidence au détriment du second candidat Jean-Pierre Bemba (MLC). Kabila prête serment le 6 décembre pour un mandat de cinq ans.

2011 : élections présidentielle et législatives en novembre. Deuxième législature de la Troisième République. En décembre, Joseph Kabila prête serment pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête de l'Etat, après sa réélection contestée mais validée par la Cour suprême, contre son opposant Etienne Tshisekedi (UDPS).

2013 : dans le contexte des nouveaux conflits à l'est (M23) et de vives oppositions, Joseph Kabila installe en octobre un gouvernement de transition et annonce des remaniements en vue d'un nouveau gouvernement de cohésion nationale.

2014 : en décembre, fin du gouvernement de transition décrété par le président Kabila en 2013 et instauration d'un gouvernement remanié, dit de "cohésion nationale".

2015 : en janvier, des émeutes et manifestations éclatent à Kinshasa et dans le pays, suite à une tentative de modification de la loi électorale par le président Kabila et la majorité gouvernementale, accusés de vouloir prolonger la fin de son deuxième et en principe dernier mandat. Sous la pression populaire, le Sénat et l'Assemblée nationale finissent par amender le projet de loi contesté.

2015 : la RDC passe de 11 provinces à 26 provinces suite au nouveau découpage administratif et territorial entré en vigueur.

2015 : création officielle le 17 septembre de la plate-forme politique G7 rassemblant des anciens ministres et membres du gouvernement ayant démissionné suite à la "tentative de prolongement" du deuxième et dernier mandat constitutionnel du président Kabila.

2016 : le 9 février, les Léopards du Congo remportent le Championnat d'Afrique des Nations (CHAN) au Rwanda. Liesse populaire et mécontentement à l'égard du gouvernement accusé de "confiscation politique de la victoire de l'équipe nationale de football".

2016 : le 16 février, journée "ville morte" décrétée par l'opposition en protestation contre le dépassement des délais de mise en place du processus électoral pour la présidentielle.

2016 : le 26 mars, élection des gouverneurs et vice-gouverneurs des 21 nouvelles provinces, qui remplacent les commissaires spéciaux nommés jusque-là par le président, en l'absence d'élections des députés provinciaux.

Novembre 2016 : en principe, troisièmes élections législatives et présidentielles de la Troisième République.

Personnages historiques
Afonso Ier (1456-1543)

Funsu Nzinga Mbemba de son vrai nom. C'est le second monarque du royaume de Kongo converti au christianisme, suite à l'établissement de relations diplomatiques avec les Portugais. Il succède en 1506 à son père, le roi Nzinga Nkuwu rebaptisé et christianisé João 1er, suite à un "coup d'Etat" soutenu par les Portugais. Ceux-ci voient en lui le symbole du christianisme triomphant opposé au paganisme jugé "régressif" de son frère Mpanzu Nzinga. Afonso Ier ira même jusqu'à faire brûler une grande quantité d'objets rituels et fétiches...

Mais c'est aussi l'initiateur d'échanges importants entre les deux royaumes, placés jusqu'en 1512 sur un plan d'égalité. Cependant, les relations avec le Portugal se détériorèrent peu à peu, suite à la convoitise sur les mines et les esclaves. Il tenta sans succès de lutter contre la traite négrière, comme l'atteste sa célèbre lettre envoyée en 1526 au roi João III de Lisbonne. Surnommé l'"apôtre du Congo", Afonso Ier reste l'un des souverains locaux ayant le plus marqué l'histoire précoloniale de l'Afrique centrale.

Ngaliema

Esclave émancipé à la mort de son maître, le grand chef des Téké, Ngaliema Insi s'impose comme chef de tribu de commerçants et pêcheurs Téké installés sur les hauteurs du village Ntambo. C'est lui qui signe le traité d'amitié avec Henry Morton Stanley en décembre 1881, octroyant à ce dernier le droit d'installer une station sur le Mont Nkonzo, actuellement Mont Ngaliema.

Cependant, comme Ngaliema ne possédait pas de terre dans la région, où il n'avait que la permission de s'installer et de faire du commerce, Stanley s'est vu dans l'obligation de recontracter un accord avec le Makoko des Téké quelques années plus tard. Entre-temps, Ngaliema s'est enrichi grâce au commerce d'ivoire avec les Zombo, venus d'Angola, et les Kongo. Très rusé, il épouse plusieurs femmes dont deux filles Humbu, l'une du chef Lemba et l'autre du chef Kimbangu. Ainsi il regroupe autour de lui plusieurs notables Téké et acquiert une véritable autorité sur le territoire du sud du Pool Malebo, partagé avec des chefs Humbu.

Léopold II (1835-1909)

Il succède à son père sur le trône en 1865 et devient le deuxième roi des Belges jusqu'à sa mort le 17 décembre 1909. Persuadé très tôt de la nécessité pour la Belgique de se doter d'une colonie, Léopold II mit tout en oeuvre pour accéder à un territoire en Afrique centrale. C'est ainsi qu'il mandate Stanley entre 1879 et 1884 pour se constituer un Etat dans le bassin du Congo, ce qui donnera naissance à l'Etat indépendant du Congo qui, fait unique, est propriété personnelle du seul souverain, tel que reconnu par la Conférence de Berlin en 1885.

En homme d'affaires avisé, Léopold II mit en oeuvre l'exploitation intensive du territoire congolais par la récolte de caoutchouc, d'ivoire, et par la construction de chemins de fer notamment. Léopold II fut vivement critiqué par les associations humanistes de l'époque pour les méthodes brutales appliquées par les agents de l'EIC aux indigènes, ce qui donna lieu à une commission d'enquête internationale en 1903. Celle-ci reconnaîtra qu'une partie de ces excès étaient aussi dus aux guerres intertribales et à l'esclavagisme arabe... Mais cela précipita le transfert de la colonie du monarque au gouvernement belge en 1908.

Henry Morton Stanley (1841-1904)

Né John Rowlands le 28 janvier 1841 au pays de Galles, dans un milieu modeste. A dix-sept ans, il embarque pour la Nouvelle-Orléans où il travaille pour un négociant en coton du nom d'Henri Hope Stanley, dont il subtilisera le nom. En 1861, il participe à la guerre de Sécession, tout à tour dans le camp sudiste et nordiste, avant de travailler comme navigateur, puis de devenir journaliste.

Le 16 octobre 1869, il reçoit un télégramme lui demandant de partir à la recherche du médecin et missionnaire David Livingstone, porté disparu en Afrique équatoriale. Après de longs mois, il retrouvera ce dernier le 10 novembre 1871 à Ujiji, en Tanzanie.

Après cet exploit, Stanley poursuivra ses explorations en Afrique équatoriale pour le compte de différents journaux, avant d'être recruté par le souverain belge Léopold II pour acquérir des territoires dans le bassin du Congo pour son compte. C'est Stanley qui pose les premières fondations de ce qui deviendra Léopoldville et plus tard Kinshasa. De retour au Royaume-Uni après d'ultimes explorations privées africaines, il est élu à la Chambre des Communes et sera en charge des affaires coloniales et internationales de 1895 à 1900. Anobli en 1899, Sir Henry Morton Stanley meurt le 10 mai 1904 à Londres.

Simon Kimbangu (1887-1951)

Né le 12 septembre 1887 dans le village de Nkamba au Kongo Central. Baptisé par la Baptist Missionnary Society en 1915, Simon Kimbangu devient catéchiste. C'est à cette époque qu'il dit avoir reçu une mission divine, qu'il exécute à son retour de Kinshasa dans son village natal en 1921. Le 6 avril, il guérit miraculeusement une jeune femme. La nouvelle se répand très rapidement et des foules nombreuses accourent à Nkamba, provoquant la méfiance des autorités belges. Il prédit ensuite la libération de l'homme noir, l'indépendance du Congo et la reconstitution de l'Empire Kongo.

Les autorités belges l'arrêtent le 12 septembre 1921 pour sédition. Il est incarcéré à Thysville (Mbanza Ngungu) où il est condamné à mort. A la suite d'une grâce royale, il voit sa sentence commuée en détention à perpétuité. Il sera déporté au Katanga, à Elisabethville (Lubumbashi), où il mourra en prison en 1951. Ses restes seront transférés en 1959 à Nkamba où un mausolée a été érigé en son honneur. Simon Kimbangu est considéré comme l'un des héros nationaux congolais.

L'Eglise kimbanguiste est la première Eglise non missionnaire fondée en Afrique, reconnue en 1960 par le Conseil oecuménique protestant, qui compte aujourd'hui 17 millions de membres.

Paul Panda Farnana (1888-1930)

Né le 12 mai 1888 à Nzemba dans le Kongo Central, Paul Panda Farnana arrive en Belgique en avril 1900 en compagnie du lieutenant Derscheird, qui était membre de l'expédition Bia. Elevé par la soeur du lieutenant, Panda est le premier Congolais à suivre des études supérieures en Europe. Devenu agronome, il retourne au Congo où il est affecté au jardin botanique d'Eala (Mbandaka).

Lorsque la guerre de 1914-18 éclate, il s'engage depuis la Belgique dans le "corps des volontaires congolais" et sera fait prisonnier par les Allemands jusqu'à la fin de la guerre. Il fonde en 1919 l'Union Congolaise, afin de défendre les droits des vétérans congolais. Mais Panda Farnana a surtout été le premier nationaliste congolais à dénoncer avec virulence les méthodes coloniales mises en place par les Belges.

Il collabora à l'organisation du deuxième congrès panafricain tenu à Bruxelles en septembre 1921. Panda réussit par ailleurs à convaincre les autorités coloniales de ne pas appliquer la peine capitale à l'endroit de Simon Kimbangu. En 1929, Panda revient au Congo où il est nommé directeur de la station de Kalamu (Kongo Central). Il rejoint son village natal de Nzemba où il fait ériger une école ainsi qu'une chapelle. Il meurt mystérieusement en 1930 à 42 ans.

Pierre (1891-1959) et André Ryckmans (1929-1960)

Père et fils, ayant tous deux occupé des fonctions importantes au sein de la colonie belge, et qui ont développé une pensée et une analyse précurseuses et humanistes relativement inédites pour l'époque. Pierre Ryckmans a été Gouverneur général du Congo belge de 1934 à 1946. La Seconde Guerre mondiale révéla toutes ses qualités, notamment sa détermination à garder le Congo hors de la guerre et à assurer au bénéfice des Alliés un effort de guerre exceptionnel. Ses écrits traduisent un grand intérêt et un respect pour la culture des peuples africains.

André Ryckmans développe une profonde affection pour l'Afrique de par son enfance et la carrière coloniale de son père. Il est nommé à l'administration territoriale en 1954, et apparaît bientôt en contradiction avec les méthodes empreintes de paternalisme de l'administration belge. Il comprend rapidement que le système est devenu indéfendable et il luttera pour que la "territoriale" redevienne un instrument de développement en faveur des intérêts locaux plutôt que ceux de la métropole.

En 1959, lorsqu'il fut évident que la colonisation approchait de sa fin, André Ryckmans plaida, en vain, pour des solutions plus conformes aux structures de l'Afrique traditionnelle. André Ryckmans fut assassiné en juillet 1960 au moment de la mutinerie de l'armée coloniale.

Joseph Kasa-Vubu (1915-1969)

Premier président de la République du Congo-Léopoldville au moment de l'indépendance, de 1960 à 1965, Joseph Kasa-vubu est né à Dizi près de Tshela dans le Mayumbe (Kongo Central) en 1915. Etudiant au petit séminaire, il est jugé trop indépendant pour devenir prêtre. Il deviendra enseignant. S'estimant insuffisamment payé pour son niveau d'instruction, il abandonne la carrière d'enseignant et devient employé dans une société agricole (Agrifor) pour ensuite devenir en 1942 aide-comptable au Service des Finances du gouvernement colonial.

A Léopoldville, il subit les influences parfois divergentes de divers groupes d'"évolués" congolais, originaires de diverses provinces. Il se fera connaître en tant que dirigeant de l'organisation Kongo Abako. En 1958, il devient bourgmestre de la commune de Dendale (aujourd'hui Kasa-Vubu). Lors de l'accession du pays à l'indépendance, il est élu président de la nouvelle République du Congo, avec Patrice Lumumba comme Premier ministre. Evincé par le coup d'Etat perpétré par Mobutu en 1965, Kasa-Vubu est astreint à résidence à Boma où il mourra par manque de soins en mars 1969.

Cardinal Joseph Malula (1917-1989)

Nommé cardinal en 1969 par le pape Paul VI, Joseph Malula sera le premier homme d'Eglise congolais à obtenir ce titre. Né à Kinshasa le 17 décembre 1917, il est ordonné prêtre le 9 juin 1946 à Léopoldville.

Surnommé par la population belge du Congo "le prêtre noir à la soutane blanche", sa renommée est croissante. Ses qualités de pasteur, le regard qu'il porte sur la situation coloniale, et sa vision de l'avenir de l'Eglise au Congo lui assurent régulièrement un auditoire pléthorique. Malula devient à Léopoldville l'une des chevilles pensantes de l'élite congolaise.

Il axe sa réflexion sur deux considérations majeures : le déracinement culturel, produit de la situation coloniale, et la nécessité pour l'Eglise missionnaire de se distancer du pouvoir colonial. Joseph Malula devient archevêque de Kinshasa en 1964.

La pensée et l'action de Malula rencontreront la plus grande répression que l'Eglise congolaise ait jamais subie de la part du pouvoir dictatorial de Mobutu. Malula échappera de justesse à une exécution programmée. En 1972, il est envoyé en exil forcé à Rome et reviendra à Kinshasa quelques mois plus tard à la faveur de l'intervention diplomatique du pape. Il meurt en Belgique le 14 juin 1989. Rapatrié à Kinshasa, son corps repose dans l'enceinte de la cathédrale Notre-Dame du Congo.

Patrice Lumumba (1925-1961)

Né le 2 juillet 1925 au Kasaï et assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga. Patrice Emery Lumumba est le 1er Premier ministre élu lors de l'indépendance du pays, dont il est l'une des figures emblématiques. Son assassinat, orchestré avec l'appui de la Belgique et des Etats-Unis, l'installera définitivement comme martyr et héros national auprès du peuple congolais.

Ce rebelle-né, d'une haute intelligence, occupera des postes d'employé dans différentes sociétés au Sud-Kivu, à Stanleyville et à Léopoldville, où il atterrit au début des années 1950 et où il commence sa carrière journalistique et politique. Il obtiendra en 1954 sa carte d'"immatriculé" réservée par l'administration belge aux Congolais "évolués". Parmi ses hauts-faits politiques, on peut citer son arrestation et le coup de théâtre de sa libération imposée comme préalable à la tenue de la table ronde à Bruxelles où se négocie l'indépendance du pays, ainsi que son fameux discours lors de la proclamation de l'indépendance au palais de la Nation.

Les conditions de ses arrestations et évasions à répétition, jusqu'à son assassinat, composent un tragique roman-feuilleton qui a marqué les esprits, qui se soldera par la mort de ce panafricaniste convaincu et militant pour un Congo uni, accusé de sympathie communiste dans un contexte brûlant de guerre froide.

Maréchal Joseph-Désiré Mobutu (1930-1997)

Il est né le 14 octobre 1930 à Lisala (province de l'Equateur). A vingt ans, il rejoint la Force publique à Léopoldville dont il sort sous-officier. Il devient ensuite journaliste pour le quotidien L'Avenir en 1957. Ami de Patrice Lumumba, il rejoint le Mouvement National Congolais (MNC) lors de la table ronde de Bruxelles en janvier-février 1960 pour négocier l'indépendance du pays.

C'est lui, en tant que chef d'état-major, qui fera arrêter Lumumba devenu Premier ministre, et qui contribuera à le faire assassiner en 1961.

Le 24 novembre 1965, il mène un coup d'Etat contre le gouvernement élu de Joseph Kasa-Vubu qu'il renverse avec l'aval de nations étrangères. S'ensuivent 32 ans d'un règne dictatorial au cours duquel il réprimera dans le sang de nombreuses révoltes, et nouera diverses alliances avec des pays tiers en fonction de ses intérêts fluctuants, et dont le pays sortira exsangue lors de sa chute et et de sa fuite en 1997, à la suite de la prise de Kinshasa par l'AFDL de Laurent-Désiré Kabila.

Il meurt quelques mois plus tard d'un cancer, le 7 septembre 1997 à Rabat au Maroc. On envisage depuis peu de rapatrier sa dépouille à Kinshasa, à la faveur d'une certaine nostalgie à l'oeuvre en ville et dans le pays vis-à-vis de cette figure historique majeure...

Laurent-Désiré Kabila (1939-2001)

Une autre figure capitale de l'histoire récente du Congo, qu'il rebaptisera République démocratique du Congo à sa prise de pouvoir en 1997. Surnommé le "Mzée" (le sage), c'est l'autre héros national, avec Lumumba. Ce vieux loup, né en 1939 au Katanga, a fait ses armes en tant que maquisard dans les forêts de l'est du pays pendant de longues années. Ses premières luttes remontent au début des années 1960 aux côtés de Jason Sendwe au Katanga. C'est dans ce contexte qu'il rencontrera Che Guevara en 1965, de passage au Congo pour appuyer les guérilleros...

En 1997, L.-D. Kabila déclenche la première guerre du Congo et marche avec son armée, composée de nombreux kadogos (enfants-soldats), jusqu'à Kinshasa où il renverse Mobutu avec l'aide du Rwanda et de l'Ouganda. S'ensuivra la deuxième guerre du Congo, lorsqu'une fois arrivé au pouvoir, il lâchera ses alliés rwandais et ougandais. Entre-temps, Kabila s'est proclamé président du pays, fonction qu'il occupera jusqu'à son assassinat le 16 janvier 2001. C'est son fils, Joseph Kabila, qui le remplacera au poste de président au lendemain de sa mort.

Des origines à nos jours
Occupation bantoue et premiers témoignages

Il est avéré que des hommes vivaient ici depuis la Préhistoire, soit 200 000 ans avant notre ère, à la suite probable de l'assèchement de la zone sahélienne et de la pression démographique intense des populations, notamment celles de la Bénoué (Nigeria) qui auraient émigré en direction du sud... Les premiers témoignages récoltés sont les récits de voyageurs comme Duarte Lopez (1591), ou les écrits des premiers missionnaires (1650), suivis par ceux d'explorateurs comme Livingstone, Stanley et d'autres. Ils attestent que le Congo précolonial c'est d'abord l'histoire de lignages, de chefferies et de royaumes. Ceux-ci étaient dotés d'institutions et de structures politiques et administratives parfois complexes, qui s'appuyaient sur un ensemble de traditions diverses en fonction des régions du pays.

Chefferies

Des découvertes datées des XIIe et XIIIe siècles fournissent également des indications sur l'organisation sociopolitique de la région, et sur ces chefferies - sortes de petites principautés (royaumes ou empires) plus ou moins autosuffisantes - qui se sont constituées à cette époque, telles que le royaume de Kongo, l'Empire Luba, l'Empire Kuba et l'Empire Lunda. Ces entités sociopolitiques sont entrées en contact avec le monde extérieur vers la fin du XVe siècle avec l'arrivée des Portugais. A partir de cette époque, ces royaumes vont éclater sous l'impulsion de la traite négrière et l'émergence de nouveaux rapports de force qui déboucheront sur la colonisation. C'est le cas du puissant royaume de Kongo qui occupait l'actuel territoire du Kongo Central.

Royaume de Kongo

Le royaume de Kongo est sans doute le plus ancien et le mieux connu des empires et royaumes de la savane. Issu de migrations et fondé vers le XIIe siècle, il s'étendait de la côte atlantique à la vallée du Kwango et de Nsele, couvrant une partie du nord-ouest angolais et du sud-est du Congo-Brazzaville. Sa capitale était Mbanza Kongo, l'actuelle ville de Saõ Salvador en Angola. Il se démarque des autres royaumes de la région par sa forte organisation militaire, la centralisation de la justice, la société matrilinéaire organisée en clans, et par sa monnaie : le coquillage nzimbu.

Le royaume de Kongo s'organise au XVIe siècle en provinces prospères (Nsundi, Mpangu, Mbata, Mpemba) qui pratiquent une agriculture florissante et qui sont sillonnées par deux voies commerciales séculaires : celle du cuivre qui relie la chefferie de Vungu à la vallée de l'Inkisi, et celle du sel et des coquillages qui relie la capitale Mbanza Kongo à la côte atlantique, avant d'imploser sous le coup de luttes intestines entre chefferies et "Manis" (Mani Congo, Mani Vunda), intensifiées par les contacts avec les Portugais, et l'arrivée plus tard de Stanley et des Belges par l'est, à la fin du XIXe siècle.

Découverte portugaise

C'est en 1482 que l'amiral portugais Diogo Cão, chargé d'assurer la sécurité des comptoirs portugais en Afrique, arrive à l'embouchure du fleuve Congo. En 1487, il remonte le fleuve jusqu'aux premiers rapides en amont de Matadi. Il entre alors en contact avec les émissaires Kongo, qui sont fort impressionnés par ces curieux génies aquatiques à la peau blanche et aux armures étincelantes, portés par des caravelles. Lors de ces visites, le roi Kongo Nzinga Nkuwu nouera des contacts avec les souverains portugais et espagnol et le pape Innocent VIII.

Des traités sont signés pour permettre aux Portugais de s'installer, d'abord sur la côte, ensuite plus profondément à l'intérieur des terres. Vers 1491, le christianisme est introduit dans le royaume avec l'arrivée des missionnaires catholiques qui parcourent le territoire. Le roi Kongo Funsu Nzinga Mbemba, rebaptisé Alfonso Ier, est converti au catholicisme et soutient cette évangélisation. A sa mort en 1543, Mbanza Kongo comptait une cathédrale et six églises dont l'église Notre-Dame des Victoires où est enterré le souverain.

Guerres et traite négrière

Pendant un temps, les relations diplomatiques sont au beau fixe entre le Portugal et le royaume de Kongo avec échange d'ambassadeurs, instruction de jeunes nobles Kongo à Lisbonne... Mais des guerres vont bientôt les opposer à cause de la convoitise des Portugais sur les mines, en plus de guerres fratricides qui vont ronger les structures et l'équilibre de cette société africaine traditionnelle. Entre-temps, la traite des Noirs à destination du Brésil devient la principale activité économique sur la côte, pratiquée tant par les étrangers que par les chefs africains eux-mêmes suite à des luttes intestines. Ce commerce fructueux va vider le coeur de l'Afrique de sa population, et induire des déséquilibres politiques et spirituels profonds, jusqu'à son interruption au XIXe siècle, tandis que ce commerce persistera encore à l'intérieur du pays avec les razzias d'esclaves et d'ivoire promulguées par les traitants arabo-swahili originaires de Zanzibar.

De l'esclavage aux travaux forcés

On estime que 35 000 hommes par an ont été arrachés du coeur de l'Afrique pour grossir la main-d'oeuvre dans les plantations européennes d'Amérique, pendant la seconde moitié du XVIIe siècle, pour atteindre le chiffre de 80 000 esclaves par an déportés à partir des côtes occidentales dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Les souverains Kongo, au départ opposés aux traites humaines pratiquées par les marchands portugais, vont peu à peu se laisser convaincre de l'utilité et de la nécessité de ce juteux commerce, en échange notamment d'armes à feu.

A la fin du XIXe siècle, avec l'arrivée de Stanley et la création de l'Etat indépendant du Congo - dont Boma devient la capitale - sous la houlette du souverain belge Léopold II, les travaux forcés "remplacent" l'esclavage, le commerce de l'ivoire et du caoutchouc nécessitant une importante main-d'oeuvre pour approvisionner l'Occident depuis le port de Boma devenu un haut centre commercial. Quant à la construction du chemin de fer Matadi-Léopoldville qui débute en 1890, elle coûtera aussi la vie à 7 000 porteurs et forçats congolais, rien qu'entre 1923 et 1931.

L'arrivée de Stanley

C'est lors d'expéditions ultérieures - à la suite de son premier voyage à la recherche du docteur Livingstone en 1871 - que Stanley remonte le fleuve Congo depuis les rives du lac Tanganyika en passant par les chutes Boyoma (future Stanleyville). Le 12 mars 1877, après 1 500 kilomètres de navigation, il arrive dans un vaste pool du fleuve, de trente kilomètres de large, bordé de palmiers borassus (malebo). Il accoste au pied du Mont Ngaliema, avant les rapides, à l'endroit où il fondera quelques années plus tard les premières stations qui donneront naissance à Léopolville (Kinshasa) et à l'Etat indépendant du Congo. Cinq mois seront ensuite nécessaires à Stanley et ses compagnons (décédés pour la plupart en cours de route) pour couvrir les quelques centaines de kilomètres du pool jusqu'à Boma et atteindre la côte atlantique (Cabinda) en août 1877.

L'AIA et l'Etat indépendant du Congo

Mandaté par Léopold II et l'Association Internationale Africaine (AIA), Stanley retourne au Congo entre 1878 et 1884 pour signer des accords d'occupation avec les chefs coutumiers et installer des comptoirs commerciaux le long du fleuve, ce qui préfigure l'occupation belge du territoire. Au même moment (1878), les premiers missionnaires protestants anglais arrivent à Palabala (Matadi). Léopoldville est créée en 1882 à partir de la réunification des stations du Stanley Pool (Mont Ngaliema) et du village Nshasha. En 1885, la conférence de Berlin consacre auprès des autres nations européennes l'acquisition à titre personnel du Congo par le roi des Belges Léopold II, sous la dénomination d'"Etat indépendant du Congo" (EIC) jusqu'à sa cession forcée en 1908 à l'Etat belge et la création successive du "Congo belge". Entre-temps, l'évangélisation et l'exploitation commerciale intensive du territoire (caoutchouc) suivent leur cours.

La bataille du rail et les "casseurs de pierre"

"Sans chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny... " selon l'expression de Stanley restée célèbre. A partir du 15 mars 1890, des travaux pharaoniques - qui coûteront la vie à des dizaines de milliers de porteurs - sont entrepris pour relier Matadi à Léopoldville, et pallier ce tronçon du fleuve non navigable. Le premier train en partance de Matadi entre officiellement en gare de Léopoldville le 16 mars 1898. Cette liaison ferroviaire, couplée au transport maritime et fluvial (construction du port de Matadi), permettra l'acheminement de marchandises et de passagers de l'océan (l'Europe) jusqu'à Léopoldville (Kinshasa) et Stanleyville (Kisangani), ce qui contribuera grandement au développement économique de Léopoldville et de la colonie tout entière, et qui donnera le surnom de "bula matari" (d'où est tiré Matadi) à Stanley, et par extension à l'état colonial et à ses agents : les "casseurs de pierre".

Boma, capitale de l'EIC

D'un comptoir portugais fondé dès XVIe siècle, ayant servi à la traite négrière jusqu'au XIXe siècle, Boma devient, par l'intervention d'Alexandre Delcommune, propriété de l'Association Internationale Africaine et ensuite de l'Etat indépendant du Congo dont elle est décrétée capitale le 1er mai 1886 succédant à Vivi. Comptoir prospère, Boma compte à l'époque huit "factoreries" avec de nombreuses marchandises destinées à l'exportation : ivoire, caoutchouc, copal, bois, huile de palme, arachides... Le transfert du siège de Boma au Pool (Léopoldville) est promulgué par Albert 1er en 1923, et rendu effectif en 1929. Entre-temps, Boma aura vu défiler sept gouverneurs généraux de l'EIC et du Congo belge, ce qui inaugure une nouvelle ère caractérisée par un nouveau peuplement de la zone et par la domination coloniale, qui fera de Léopoldville (Kinshasa) une ville commerciale et administrative servant de base à l'occupation de l'ensemble du bassin du Congo.

L'après-indépendance

Le 30 juin 1960, le pays accède à l'indépendance. Ses deux figures de proue sont Patrice Lumumba, Premier ministre, et Joseph Kasa-Vubu, le premier président de la jeune République congolaise, qui fut aussi en 1957 le premier bourgmestre noir élu de Léopoldville (commune de Dendale). Originaire du Kongo Central, Kasa-Vubu est le président de l'Abako (Association des Bakongo), l'un des partis ayant mené la nation au processus indépendantiste. Le 6 juillet 1960 à Thysville (Mbanza Ngungu, Kongo Central), la Force publique se mutine, ce qui provoque le départ en masse des fonctionnaires belges, et contribue au démantèlement du pays et du nouveau régime, fragilisé par la sécession du Katanga et du Kasaï...

La suite est connue : Lumumba est assassiné le 17 janvier 1961, et en 1965, le général Mobutu destitue le président Kasa-Vubu - relégué à Boma où il meurt le 24 mars 1969 - et prend le pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat soutenu par les puissances occidentales, pour 32 ans de règne jusqu'à son renversement par l'AFDL de Laurent-Désiré Kabila et ses alliés rwandais et ougandais, qui marchent victorieusement sur Kinshasa le 17 mai 1997, mettant un terme à la première guerre du Congo.

Kabila père et la seconde guerre du Congo

Un an plus tard, L.-D. Kabila tourne le dos à ses anciens alliés rwandais, ce qui déclenche la seconde guerre du Congo et la "première guerre mondiale africaine". En août 1998, l'armée rwandaise et les Banyamulenge (Tutsis originaires de l'est du Congo), qui composent les rebelles du RCD, réquisitionnent un avion depuis Goma et Uvira à l'est, se téléportent à l'autre extrémité du pays jusqu'à la base de Kitona, près de Moanda au Kongo Central, et mettent en place un pont aérien avec comme ambition d'affamer Kinshasa en s'emparant de la ville aéroportuaire de Matadi et du barrage hydroélectrique d'Inga, avec le soutien des anciennes Forces Armées Zaïroises fidèles à Mobutu, stationnées à Kitona.

Kinshasa ainsi fragilisée semble à portée de main. Mais c'est sans compter sur l'appui soudain, le 28 août 1998, de l'Angola, venue porter secours à Kabila père, et qui permet la reprise de Boma, Matadi et Inga. Les rebelles rwandais, coupés de leur encadrement et de tout ravitaillement aérien, seront défaits et désarmés notamment par la population kinoise, dans un sursaut de "patriotisme spontané" encore glorifié aujourd'hui.

Kabila fils et transition

Le 16 janvier 2001, Laurent-Désiré Kabila est assassiné dans son palais de Marbre. Son fils Joseph, 30 ans, prend la relève et se retrouve à la tête d'une nation en proie à la guerre civile. Suite aux négociations de Sun City en 2002, soutenues par les puissances occidentales, et à la mise en place du fort mal nommé "dialogue inter-congolais", l'accord de Pretoria est signé en décembre 2002. Celui-ci consacre en 2003 la nouvelle transition dite de 1+4 : soit un gouvernement dirigé par le président Kabila assisté de quatre vice-présidents issus des composantes belligérantes en présence.

Le gouvernement est nommé le 30 juin 2003, ce qui marque officiellement la fin de la guerre et le départ des troupes étrangères du pays. La nouvelle Constitution de la Troisième République est adoptée le 18 décembre 2005 par référendum populaire, ouvrant la voie aux élections législatives et présidentielles de juillet et octobre 2006, considérées comme les premières élections libres en trente ans. Elles consacrent la victoire de Joseph Kabila comme président de la République, et de sa famille politique le PPRD-AMP à la tête du Parlement (Sénat et Assemblée nationale).

La Troisième République

La première législature et le premier mandat officiel de Kabila fils - qui ont marqué la fin de la première guerre d'agression au Kivu - se sont achevés en novembre 2011, à l'occasion de nouvelles élections législatives et présidentielles. A l'issue de ce scrutin présidentiel à un tour, Joseph Kabila a été réélu pour un deuxième et, en théorie, dernier mandat de cinq ans, face à l'opposant historique Etienne Tshisekedi et son parti l'UDPS, qui ont largement condamné le processus électoral entaché d'irrégularités. Ce qui a tout de même contribué à fragiliser Joseph Kabila au cours de ce second mandat présidentiel qui s'achève, et au cours duquel les troubles à l'est ont repris de plus belle avec l'apparition du mouvement rebelle pro-rwandais M23 neutralisé fin 2013.

Elections à risques de 2016

Au terme d'une fin de mandat chahutée, et à l'heure où les risques d'instabilité à l'est sont toujours bien réels, les nouvelles élections législatives et présidentielles sont programmées, sans garantie, pour novembre 2016, alors qu'il se bruisse que Joseph Kabila et ses partisans auraient la volonté de se maintenir au pouvoir à la faveur d'un "glissement" électoral, voire d'un troisième mandat pourtant interdit par la Constitution. Et en attendant un scrutin local, promis de longue date et jamais mis sur pied à ce jour. L'heure de toutes les incertitudes, et l'ombre de nouveaux troubles potentiels pour le Congo et sa bouillante capitale Kinshasa...

Pour l'histoire résumée du pays, se référer à notre guide Petit Futé sur la RDC.

Pour une version détaillée : Histoire du Congo des origines à nos jours de l'historien Isidore Ndaywel è Nziem (Le Cri Afrique éditions).

Sans oublier le best-seller fleuve de David Van Reybrouck, Congo. Une histoire (Actes Sud).

Correspondance de Dom Afonso, roi du Congo, 1506-1543

Votre Altesse, mon frère Dom João III, roi du Portugal, Seigneur, Votre Altesse doit savoir que notre royaume va à sa perdition, de sorte qu'il nous faut apporter à cette situation le remède nécessaire. Nous ne mesurons même pas toute l'importance de ce dommage, Votre Altesse, car le chef de votre factorerie et vos officiers donnent à vos marchands permission de s'installer dans le royaume, des marchands qui pratiquent des commerces interdits. Ils enlèvent chaque jour nos sujets, enfants de ce pays, fils de nos nobles vassaux, même des gens de notre parenté.

Les voleurs et hommes sans conscience les enlèvent dans le but de faire trafic de cette marchandise, ils les enlèvent et ils les vendent. Cette corruption et cette dépravation est si répandue que notre terre en est entièrement dépeuplée. Notre volonté (est) que ce royaume ne soit ni un lieu de traite, ni de transit d'esclaves. Nous demandons à Votre Altesse de l'imposer ainsi, car nous ne pouvons pas, d'une autre manière, remédier à un dommage aussi manifeste. Que notre Seigneur, dans sa clémence, aie toujours Votre Altesse en sa garde et vous permette de le servir. Je vous baise la main plusieurs fois.

De notre ville de Congo, le 6 juillet 1526, João Teixeira l'écrivit.
Expéditeur : roi de Manicongo

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