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Le lac du Bourget © Adrien Baud - stock.adobe.Com.jpg

Les massifs, divisions naturelles des Alpes

De loin, les Alpes peuvent se voir comme un ensemble montagneux constitué de plusieurs blocs. C’est en se rapprochant que l’on constate des irrégularités, des décrochages, des particularités qui font l’originalité et la beauté des Alpes à travers leurs différents massifs. Au total, ce sont une trentaine de massifs alpins qui composent la partie française allant du Chablais au nord (au bord du lac Léman) aux Préalpes de Nice au sud. Les massifs alpins les plus grands par la superficie sont aussi les plus hauts par l’altitude de leurs sommets : Mont-Blanc, Vanoise, Ecrins (le plus grand) ou Mercantour. Les Préalpes, plissées et calcaires, forment un tremplin vers les hautes montagnes. Elles ressemblent parfois à de véritables forteresses, comme le Vercors, le Dévoluy ou les Baronnies. De profondes vallées, à la fois voies de passage et foyers industriels, séparent les massifs : Tarentaise, Maurienne, Arc, Oisans, Romanche, Ubaye… C’est dans ces montagnes, pour pallier la désertification, que sont nés les sports d’hiver et le tourisme hivernal.

Au sommet de l’Europe

Le titre convoité du plus haut (et du plus célèbre) sommet parmi toutes les montagnes européennes est remporté depuis plus de deux siècles – avant on ne savait pas le mesurer – par le mont Blanc qui culmine à 4 807,81 m – mesure effectuée en septembre 2021. A noter que le sommet, composé d’un manteau neigeux d’environ 14 m, perd de l’altitude depuis quelques années en raison du réchauffement climatique et se déplace vers le nord-ouest, dans les Alpes du Nord. Vaincu le 8 août 1786 par Paccard et Balmat, il doit en grande partie sa renommée au Suisse Horace-Bénédict de Saussure qui l’a longtemps étudié puis gravi à son tour dès 1787 avant de le faire connaître à travers ses écrits dans toute l’Europe. Pour l’admirer, de près ou de loin, il faut se rendre à Chamonix, au pied du géant blanc. La capitale mondiale de l’alpinisme permet d’atteindre les plus grands sommets par leur altitude et leur difficulté : Dôme du Goûter (4 304 m), Aiguille du Midi (3 842 m), Aiguille Verte (4 122 m), Grandes Jorasses (4 208 m) et barrière des Aiguilles Rouges. Autour du mont Blanc, c’est un concentré de hautes montagnes.

Parmi les autres hauts sommets, il ne faut pas manquer du nord au sud la Pointe de la Grande Casse – 3 852 m – qui domine majestueusement le Parc de la Vanoise, la reine Meije (3 983 m) et la Barre des Ecrins (4 102 m) qui semble protéger le massif et le parc du même nom, l’Aiguille de Chambeyron (3 411 m) qui fait partie de ces plus de 3 000 qui ont dessiné la frontière avec l’Italie ou le mont Pelat (3 051 m) qui ouvre le Parc du Mercantour et regarde déjà vers la Provence.

Les cols alpins, sur la route des montagnes

Entre les hauts sommets des Alpes, ce sont les cols routiers à plus de 2 000 m qui se sont fait aussi de grands noms : col de l’Iseran, plus haut col routier français à 2 764 m ; col Agnel, à la frontière avec l’Italie, à 2 744 m ; col de la Bonnette, dans le massif du Mercantour, à 2 715 m ; col du Galibier, haut lieu du cyclisme à 2 642 m ; col du Lautaret, col d’Izoard, col de la Madeleine, cols du Petit-Saint-Bernard, du Mont-Cenis, de Vars ou de la Croix-de-Fer. Permettant la circulation entre les vallées, au palmarès des cyclistes qui ne redoutent pas les efforts intenses, ils ont ouvert à tous l’accès aux montagnes et offrent une voie routière unique à travers les Alpes de Thonon sur le lac Léman jusqu’à Menton sur la Méditerranée.

Des profondeurs des Alpes aux grottes du Vercors

Si les Alpes nous invitent à lever la tête vers les sommets enneigés, elles abritent aussi des cavités parmi les plus profondes. D’ailleurs, les cavités souterraines naturelles les plus profondes de France sont le gouffre Mirolda (-1 733 m) et le gouffre Jean-Bernard (-1 602 m), 2e et 3e européennes, 6e et 7e mondiales. Ces gouffres abyssaux sont situés tous les deux dans le massif du Haut-Giffre, sur la commune de Samoëns.

Le Vercors, massif calcaire par excellence, est aussi un paradis pour les spéléologues. Le gouffre Berger, situé au nord du massif, est mondialement réputé. Même les non-spécialistes des galeries souterraines peuvent profiter des beautés cachées sous leurs pieds. La Grotte de la Luire, 6e grotte de France avec un développement de 40 km et 547 m de profondeur, ne vaut pas seulement d’être visitée comme un haut lieu de la Résistance, mais encore comme une superbe cavité souterraine aux développements particulièrement étendus. Autre grotte à visiter, la Draye-Blanche. Cette grotte aux dimensions impressionnantes (100 000 m3) est une étape obligée de la découverte du Vercors. On admire une dernière fois le trou béant par où de nombreux animaux préhistoriques ont chuté (15 000 os retrouvés de 45 espèces différentes) et dont l’histoire est exposée. On revient à la surface pour retrouver la lumière des Alpes.

Les lacs, perles des Alpes

Si les Alpes sont avant tout connues pour les montagnes, il ne faut jamais oublier une autre particularité géographique de ce massif : les lacs. Ces lacs, immenses ou minuscules, forment un chapelet tout au long de la chaîne alpine et sont une source de vie tant pour une faune particulière que pour les touristes qui se déplacent en été pour admirer les couleurs (bleu profond, vert émeraude, noir insondable, etc.) des lacs de montagne et y pratiquer les mêmes activités nautiques qu’en bord de mer. Voici quelques lacs du nord au sud des Alpes.

Le lac Léman compte parmi les plus grands lacs d’Europe. Partagé entre la Suisse et la France – 234 km2 et 53 km de rives côté français –, au pied des montagnes du Chablais, c’est un véritable petit océan intérieur qui, derrière son calme apparent, cache bien des tempêtes capables de couler une embarcation. Dans ce lac où le Rhône vient se laver, car il arrive tout boueux des montagnes du Valais pour ressortir plus limpide du côté de Genève, on trouve quantité de poissons – une cinquantaine de pêcheurs professionnels vivent sur la rive française – et parmi la vingtaine d’espèces recensées les fameux ombles-chevaliers, truites, féras, brochets ou perches qui font le régal des gastronomes.

Le lac d’Annecy est réputé pour être le lac le plus pur d’Europe. Il faut dire qu’il était sûrement le plus pollué au milieu du XXe siècle et que c’est au prix de travaux d’assainissement considérables qu’il a retrouvé sa couleur bleu azur. Traversé par le Fier, le lac d’Annecy mérite largement que l’on en fasse le tour pour contempler de petits villages charmants. Il mérite aussi que l’on s’y arrête longuement pour savourer une « baignade bronzage » et la qualité de ses eaux et de ses plages.

Le lac du Bourget est le plus grand lac naturel de France avec ses 18 km de long, ses 3,5 km de large et sa profondeur moyenne de 85 m. Ce lac, comme celui d’Annecy, fut très pollué et si sa faune est d’une richesse exceptionnelle c’est qu’elle est aujourd’hui préservée.

Le lac de Serre-Ponçon à 800 m d’altitude est un autre genre de lac, de la race de ceux bâtis par l’homme pour retenir l’eau afin de créer une énergie propre et renouvelable. Le lac de retenue de Serre-Ponçon est plus grand que celui d’Annecy et son barrage en terre mesure 120 m de haut ! Serre-Ponçon sert à maîtriser le cours d’une rivière capricieuse, la Durance, à produire de l’énergie électrique et à irriguer la Provence. Ce sont deux villages qui ont été détruits par la montée des eaux en 1960. Aujourd’hui, on peut admirer le travail de l’homme depuis le belvédère EDF, visiter Embrun qui offre les trésors de sa vieille ville ou encore aller au pied des demoiselles coiffées, curiosités naturelles qui bordent le lac.

Si l’on n’a cité que les plus grands parmi les lacs alpins, il ne faut pas oublier tous les autres qui offrent aux randonneurs d’agréables points d’eau où se rafraîchir et se reposer pour comprendre que les Alpes ne sont pas façonnées que par les montagnes, mais bel et bien par l’eau qui court en surface et en sous-sol.

La forêt et les rivières, des ressources naturelles exploitées par l’homme

La forêt est omniprésente dans les Alpes, sauf dans les étages alpins les plus élevés bien entendu. Cette immense forêt joue un rôle de protection des milieux, mais assure également un fort approvisionnement en sapin-épicéa, procurant aux communes forestières des ressources durables. Parmi les plus grandes forêts des Alpes, citons la remarquable forêt de la Grande Chartreuse (38), la forêt de Boscodon (05) et la forêt du Vercors (38 et 26) qui couvre environ 365 km2. Il en va de même pour l’eau qui traverse les Alpes avec toute la puissance fournie par un relief fait de gorges et de chutes. Une ressource naturelle largement exploitée par l’homme à travers les nombreux barrages et autres conduites forcées de torrents afin de créer une énergie propre et renouvelable. Parmi les grands cours d’eau des Alpes, citons le Rhône (qui passe peu dans les Alpes françaises), la Durance, l’Isère, l’Arve, le Drac…

Géographie et sports outdoor

La géographie tourmentée des Alpes est à l’origine de nombreuses pratiques sportives, à commencer par l’alpinisme qui a vu le jour dans les Alpes du côté de Chamonix. La via ferrata est née dans les Alpes italiennes avant d’essaimer sur les parois françaises. Si le ski n’est pas né sur les pentes des Alpes, le ski dit alpin s’est largement développé dans les montagnes françaises. Le relief abrupt a permis l’essor de nouveaux sports à sensation, comme le parapente qui a vu le jour sur la montagne du Perthuiset à Mieussy en Haute-Savoie. Les spéléologues, pour qui les Alpes sont un terrain d’exploration providentiel, ont également développé la technique du canyoning pour accéder aux gorges. Sur les eaux torrentielles des Alpes, d’autres sports attirent le grand public encadré par des professionnels : le rafting ou l’hydrospeed pour la nage en eaux vives.