Le plus ancien sanctuaire shinto du pays (IIIe siècle), le sanctuaire Sumiyoshi-taisha, Osaka. IstockPhoto.com - fotoVoyager.jpg
La skyline de Kobe avec le musée maritime et la tour en fer rouge. IstockPhoto.com - kanonsky.jpg
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Aux origines

Reconnaissable à son toit surmonté d’un okichigi - faîteau en forme de fourche -, le sanctuaire Sumiyoshi-taisha d’Osaka est le plus ancien sanctuaire shinto du pays (IIIe siècle). Voyez ses toriis (portes) tout de rouge vêtus, séparant le profane du sacré, et ses lanternes menant au honden, le bâtiment principal. Une simplicité et une harmonie que l’on retrouve dans tous les sanctuaires shinto. Les premiers kofun - tertres funéraires abritant les sépultures des élites - apparaissent à la même période. Trous de serrure, coquilles Saint-Jacques, carrés ou cercles… : leurs formes sont multiples. Protégés par des douves, ces tumuli sont également entourés d’hinwa, cylindres d’argile aux formes figuratives. L’ensemble de Mozu-Furuichi impressionne par ses dimensions gigantesques, tandis que le Tombeau Ishibutai intrigue par sa structure mégalithique. Les premières capitales du pays portent dans leur tracé l’influence de la Chine qui inspira aux empereurs ces plans en échiquier permettant clarté et fonctionnalité et respectant les codes de la géomancie et du feng-shui, afin d’assurer protection et prospérité à la ville. L’influence chinoise se lit également dans l’architecture des temples bouddhistes et des palais : charpente et ossature en bois sur plateforme de pierre, structure sur plusieurs étages, toits aux extrémités recourbées et recouverts de tuiles comptent parmi leurs attributs. Pour découvrir les grands témoins de cette période, rendez-vous sur les différents sites archéologiques d’Asuka, et bien sûr au Temple Horyu-ji, qui abrite les plus anciennes constructions en bois du monde, dont sa superbe pagode à 5 étages. Le Palais Heijo, lui, impressionne par la monumentalité de son grand hall d’audience et l’harmonie de son superbe jardin Toin-Teien. Enfin, rendez-vous à Kyoto pour découvrir les chefs-d’œuvre de la période Heian caractérisée par le raffinement architectural de ses pavillons reliés à la nature par des terrasses et galeries. Ne manquez pas le Byodo-in ou Temple du Phénix et le temple Kiyomizu-dera. Une omniprésence de la nature que l’on retrouve au Kyoto-Gosho, palais impérial entouré d’un vaste parc.

Du Moyen Age à l’ère Edo

Tandis que l’on continue à construire de grands temples bouddhistes traditionnels, à l’image du monumental Sanjusangen-do à Kyoto, le zen fait son apparition, se traduisant par une architecture sans pagode mais centrée sur les jardins, supports de méditation. Les temples Kennin-ji et Nanzen-ji à Kyoto en sont de beaux exemples. L’ère Muromachi voit se perpétuer la tradition des pavillons qui font alors l’objet de toutes les attentions décoratives, comme en témoignent les superbes Ginkaku-ji (Pavillon d’Argent) et Kinkaku-ji (Pavillon d’Or) à Kyoto. L’ère Azuchi Momoyama, elle, voit naître une architecture du thé que l’on considère comme le fondement de la maison traditionnelle japonaise. Sobriété, dépouillement, respect des matériaux dont on laisse apparaître la pureté originelle, caractérisent cette architecture. Mais le Kansai médiéval sait aussi se faire puissant et défensif comme en témoigne le plus célèbre des châteaux du pays : Himeiji-jo. Son superbe donjon à 5 étages est entouré de dizaines de yaguras (castelets), tours de guet et douves, mais également de nombreux espaces verts prouvant que l’architecture défensive peut aussi se faire raffinée, notamment dans les espaces privés. Le château de Wakayama est aussi un site à ne pas manquer. Les châteaux de la grande ère Edo deviennent, eux, de véritables outils de prestige. Verticalité triomphante, volumes massifs, complexité des structures défensives, hiérarchie rigoureuse des espaces et riche décoration intérieure caractérisent ces symboles de pouvoir et de prospérité. Le château de Nijo à Kyoto et le château de Hikone en sont de superbes exemples. L’ère Edo voit également apparaître les machiya, ou maisons de bois traditionnelles, dont les alignements bordent les rues commerçantes. Leurs toits, couverts de tuiles kawara d’un puissant gris foncé, se succèdent dans un mouvement ondulant créant une très belle harmonie. De très beaux exemples sont à voir dans la petite cité commerçante d’Omihachiman, dont l’activité s’organisait également autour de son canal, datant lui aussi de l’ère Edo.

Kansai moderne et contemporain

L’ère Meiji s’est accompagnée d’une étonnante occidentalisation de la culture, les édifices de l’époque se parant des atours des styles Renaissance, baroque ou classique… Au Japon, ce style a été appelé style impérial. Les musées nationaux de Kyoto et de Nara, et la mairie d’Osaka, en sont de beaux exemples. L’architecture d’après-guerre témoigne, elle, de la manière dont le Japon a su renaître de ses cendres. Monumentale tour d’observation en béton armé dominant la ville, la Tour de Kyoto est le symbole de ce renouveau, tout comme la très rouge et très torsadée Tour de Kobe. Le Kansai s’est ensuite transformé en terre d’innovation architecturale. Osaka est la ville natale d’un des plus grands architectes contemporains : Tadao Ando, qui imagine des édifices d’une grande sobriété où la lumière règne en maître. La Maison Azuma, étonnant bloc de béton illuminé par un superbe jardin intérieur, est sa première maison d’habitation. Quant à son Musée Sayamaike, il se reflète harmonieusement dans l’eau environnante. Bouillonnante, Osaka a accueilli d’autres grands noms de l’architecture: Kengo Kuma a imaginé l’Hôtel Capitol tout de verre et d’acier, César Pelli a dessiné l’ondulant Musée national d’Art, Dominique Perrault a réalisé la tour Fukoku Life à la façade couverte de miroirs, Jun Aoki a pensé la boutique Louis Vuitton à la façade gonflée, telle une voile, tandis que Renzo Piano a imaginé un terminal au toit asymétrique rappelant l’aile d’un avion pour l’aéroport du Kansai. L’Umeda Sky Building et l’Abeno Harukas (plus haut building du Japon) témoignent également de l’effervescence d’Osaka. Kobe aussi bouillonne ! Impossible de manquer l’étonnante silhouette métallique de son musée maritime. Après le terrible séisme de 1995, Tadao Ando y a entièrement repensé le front de mer, dont le musée d’art moderne est l’élément central. Ses trois blocs de verre sur un soubassement de pierre symbolisent la renaissance de la ville après le drame. Le Kansai, terre d’histoire, de renaissance et d’avenir !