Guide de voyage Abuja

C’est le Général Murtala Mohammed qui prend en 1976 la décision de créer Abuja, sur un site central symbolique et rassembleur, qui soit libéré de l’influence d’un Etat déterminé comme celui de Lagos : le Federal Capital Territory, ou FCT, est un territoire autonome, qui vient ainsi s’ajouter aux 36 Etats du pays. Le centre économique du Sud-Ouest commençait alors déjà à être congestionné. La construction ex nihilo de cette ville planifiée se fit sur la décennie 1980 sur les modèles du genre, vingt ans après la construction de Brasilia et selon une même impulsion politique. Et c’est tout comme au Brésil que fonctionnaires et administrations déménagèrent à contrecœur et à marche forcée en 1991, dans ce qui était alors un désert d’autoroutes. Les anciens vous le diront : « Au début, il n’y avait que le Hilton » ! La ville a été conçue comme une vitrine, dont le centre est férocement régulé (interdiction de la vente informelle, des constructions sauvages et des déplacements d’okada par exemple) et inaccessible aux ménages modestes. Elle a ainsi connu une expansion anarchique dans ses périphéries, avec l’un des taux de croissance les plus forts au monde, au sein d’immenses villes satellites qui gonfleraient sa population actuelle à quelques millions d’habitants. En survolant la capitale, ce sont pourtant les champs – d’un vert vif ou clair selon la saison – qu’on aperçoit, ainsi qu’une multitude de petits monts rocheux étonnamment galbés. La ville est rafraîchissante du tumulte de Lagos, avec ses grandes avenues vertes bordées de latérite et d’innombrables Masquerade Trees, de jolies collines servant d’horizon. Durant la saison des flamboyants, les rues éclosent de vermeille, le tout sous le regard bienveillant d’Aso Rock, emblème de la ville et serein pilier du décor. Si la ville a mis longtemps à avoir une âme, dépourvue de patrimoine et de culture ancienne, elle a clairement aujourd’hui un esprit, celui du centre politique, souvent opposé et dénigré du centre économique et financier qu’est Lagos, et on voit émerger les premières générations de résidents se réclamant « originaires d’Abuja ». Si la capitale est souvent moquée des Lagossiens pour son ennui et sa morosité, elle s’anime discrètement et vous découvrirez à l’aide des locaux l’ambiance unique de ses garden, le dynamisme de ses clubs de sport et même l’éclectisme de ses soirées électro !