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Détail d'un mécanisme d'une montre © HQuality Video - Shutterstock.com.jpg
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Les prémices de l’horlogerie du XIIIe au XVe siècle à Genève

La cité est connue depuis le XIIIe siècle comme un haut lieu de foires internationales où convergent des marchands de toute l’Europe. L’art et le savoir-faire minutieux des orfèvres et des serruriers est largement vanté et stimule la notoriété de la ville. Après la vente de leurs biens, les marchands dépensaient leur argent dans la bijouterie. Genève est dès lors un carrefour de civilisations, de cultures et de marchandises. On retrouve à Genève la rue des Orfèvres (Croix d’Or) qui témoigne de l’importance de cet artisanat.

Un berceau de la haute horlogerie dès le XVIe siècle

À cette époque, il n’existe pas de pays au monde où l’on travaille et vend autant de montres que dans la cité genevoise. Le philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau, né en 1712 et issu d’une famille d’horlogers, participe d’ailleurs à la notoriété de l’horlogerie genevoise : « Un horloger de Paris n’est bon qu’à parler de montres, un horloger de Genève est un homme à introduire partout, en tout cas partout où se trouvent des gens intelligents. » Sa vie, son lien avec l’horlogerie, son œuvre sont à découvrir à la Maison Rousseau dans la vieille ville.

Plusieurs facteurs historiques vont favoriser l’essor de l’horlogerie genevoise au cours du XIVe siècle. Le premier est lié à Jean Calvin (1509-1564). À l’origine pasteur français, il devient le fervent défenseur des idées protestantes en Suisse. Il s’installe à Genève pour y développer ses théories calvinistes et ses idées seront adoptées le Conseil de Genève. Très austère, il fait appliquer les ordonnances somptuaires calvinistes qui rythment de manière précise la vie des citoyens, moralement et religieusement. Il bannit complètement les signes ostentatoires de luxe. Les bijoux, considérés comme objets inutiles et d’apparat, ne sont plus autorisés. Tous les détails sur l’application de la Réforme dès 1536 se découvrent dans le seul musée au monde consacré à cette thématique, le musée de la Réforme près de la cathédrale Saint-Pierre. Selon la légende, Calvin autorise néanmoins la montre car elle permet la mesure du temps : « À l’heure de notre mort, nous devons rendre compte de chaque minute de notre temps. » Les orfèvres doivent s’adapter à cette décision.

De nombreux protestants italiens, allemands et surtout français, les huguenots fuyant la persécution, se réfugient à Genève. La ville sera terre de refuge et les bâtisses devront même s’élever de plusieurs étages pour accueillir toute cette population (très visible à la place du Bourg-de-Four). Ces réfugiés n’arrivent pas les mains vides mais plutôt avec de l’or entre les mains. Ils associent leur savoir-faire horloger, leurs précieuses connaissances, leur éthique professionnelle aux talentueux orfèvres et bijoutiers. Ceux-ci se reconvertiront alors en… horlogers ! Le succès est tel que la toute première corporation d'horlogers au monde naît en 1601 à Genève. Elle est baptisée « Maîtrise des horlogers de Genève ».

Quelques métiers liés à l’horlogerie

Un nom à connaître pour devenir incollable sur l’horlogerie genevoise : la fabrique. La fabrique n’est pas un bâtiment regroupant les maîtres horlogers, mais le terme utilisé dès le XVIIe siècle pour désigner l’ensemble des métiers liés à l’horlogerie et à la bijouterie : orfèvres, émailleurs, guillocheurs, graveurs, monteurs de boîte, ciseleurs, emboîteurs, doreurs… plus de 46 métiers pour créer ces garde-temps. Chaque artisan travaillait séparément, le plus souvent de chez lui. Le quartier de Saint-Gervais, rive droite sur les hauteurs du pont de l’Île, fourmillait de cabinotiers. Ces artisans excellaient dans l’art d’associer les éléments qui donnaient le mouvement aux montres automatiques. Les femmes se mettent à fabriquer des chaînettes. Les peintres sur émail et miniaturistes subliment les montres de luxe de leur art. En 1800, la fabrique fait vivre 5 000 des 26 000 habitants de la cité.

Sans chronomètre en main, perdez-vous dans les quartiers de Genève

Après avoir fait le tour du cadran dans un des charmants hôtels genevois, l’heure a sonné pour un voyage hors du temps ! L’essence même de la haute horlogerie s’impose au gré de vos pas afin de perdre toute notion du temps. Commencez par le quartier de Saint-Gervais, témoin de l’activité des cabinotiers d’antan. Levez les yeux, vous apercevrez les petites fenêtres de leurs anciens cabinets ou ateliers. Les minutieux ouvriers travaillaient en hauteur pour bénéficier de plus de luminosité. Guignez le plus grand balancier du monde à l’hôtel Cornavin. L’horloge mesure 30 m, soit du neuvième étage au rez-de-chaussée. Traversez ensuite le Rhône par le pont de la Machine, le bâtiment industriel du XIXe siècle abrite la Fondation de la haute horlogerie qui promeut l’art genevois à travers le monde. Avant de partir dans les rues basses, rive gauche, faites le crochet incontournable de l’Horloge fleurie, mosaïculture emblème de la ville horlogère qui détient le record de la plus longue trotteuse des secondes au monde. Flânez dans le jardin Anglais et d’une embardée gargantuesque vous atteignez le monument aquatique le plus photographié de la ville. Le jet d’eau a du panache : 142 m de fraîcheur garantie et surtout un lien avec l’horlogerie. Avant 1891, le jet d’eau se situait sur les quais du Rhône et son rôle était purement fonctionnel. Les ateliers d’horlogers utilisaient l’eau pour le fonctionnement des machines. Une soupape de sécurité rejetait la pression d’eau en fin de journée… le premier jet d’eau été né ! Vous en voulez davantage ?

Pensez à vérifier les dates des visites thématiques de l’office de tourisme et laissez-vous guider par un professionnel passionné ou demandez le plan Watch Tour pour vous orienter par vous-même. La carte Watch Tour vous sera offerte gracieusement et elle vous permet de découvrir douze monuments et un tracé de toutes les plus grandes boutiques horlogères des rues basses, de la vieille ville et la célèbre rue du Rhône. De l’horloge du passage Malbuisson aux plus prestigieuses enseignes comme Bucherer, Rolex ou Jaeger-LeCoultre, vous découvrez le florilège de la haute horlogerie.

Une promenade de nuit sur les quais s’impose, le spectacle des enseignes lumineuses des plus vieilles maisons se reflète de mille feux dans les eaux du lac. Comme Vacheron Constantin, la plus ancienne manufacture horlogère du monde avec une activité ininterrompue depuis près de deux cents ans (mariage de deux marques en 1819) est Patek Philippe, maison fondée en 1839. Elle vous invite dans son prestigieux musée Patek Philippe, quartier des Bains, pour découvrir sa collection unique au monde avec plus de 2 000 œuvres. La richesse de l’exposition est telle qu’il faut bien compter trois heures pour en faire le tour.

Les manufactures Piaget, Baume & Mercier, Frederique Constant, Rolex quant à elles, se situent pour la plupart dans le quartier de Plan-les-Ouates, surnommée « Plan-les-Watch ». Leurs portes sont ouvertes uniquement aux clients potentiels.

Le pesant d’or de l’horlogerie suisse dans le monde

Cela paraît évident, la Suisse semble détenir la première place mondiale de production de montres. Pourtant, elle n’en produit seulement que 2,5 %, soit environ 30 millions par an. Mais l’éthique professionnelle suisse vise à ne produire que du haut de gamme. Elle détient ainsi les 50 % de part de marché horloger mondial en valeur. 95 % des montres de plus de 1 000 CHF sont produites en Suisse. Pas moins de 500 entreprises et environ 57 000 employés veillent à faire perdurer cet art intemporel.