Le siège des Nations Unis © EQRoy - Shutterstock.Com.jpg
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L'hospitalité genevoise

Au Moyen Âge, Genève occupe une situation stratégique où convergent de nombreux étrangers venus assister à ses foires renommées. Elle façonne sans doute déjà son rôle de tolérance et d’ouverture. En 1536, la ville adopte la religion protestante et pendant près de deux cents ans, elle accueille les protestants huguenots chassés des autres pays d’Europe. Ville hospitalière, elle devient cité de refuge et d’asile (1572, massacre de la Saint-Barthélemy, premier refuge, 1685, révocation de l’édit de Nantes, second refuge). L’esprit de Genève est rapporté dans les discours et c’est ainsi que naît l’image de ville d’accueil.

Place internationale : les prémices

C'est à Henri Dunant (buste de la statue située au pied de la montée de la Treille, place Neuve) que l'on peut attribuer le mérite d'avoir d'avoir établi Genève comme place internationale de premier plan pour les droits humains. Citoyen genevois, il se rend sur le champ de bataille de Solférino en juin 1859 pour échanger avec Napoléon III avec lequel il souhaite commercer. Face à la stupeur et à l’horreur de la guerre de cette campagne d'Italie, des 6 000 morts et 40 000 blessés, il décide de venir en aide aux familles des victimes. Dès son retour à Genève, il rend compte de ce drame dans son livre Un souvenir de Solférino, qu’il publie en 1862. De ses idées humanitaires et de neutralité en temps de guerre va naître un comité de seize gouvernements. La première convention de Genève est signée le 22 août 1864. Les fondements principaux et les valeurs communes d’engagement sont : soigner les blessés sans distinction de nationalité, la neutralité (l'inviolabilité) du personnel sanitaire et des établissements sanitaires et arborer le signe distinctif de la croix rouge sur fond blanc comme emblème protecteur. L’hôtel de ville de Genève a servi d’écrin pour cette signature historique qui inscrit la ville dans sa destinée internationale. Les années suivantes, l’idée de la Croix-Rouge se propagera dans le monde entier. Le Comité international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (CICR) a son propre musée international de la Croix-Rouge. C’est le seul à mettre en lumière l’histoire et le rôle actuel de la première organisation internationale créée au monde. Notez que le drapeau (croix rouge sur fond blanc) est celui des couleurs inversées de la Suisse.

Officiellement internationale !

Par les excellentes conditions qu’elle réunit, Genève fut choisie en 1920 pour accueillir le siège de la Société des Nations, considérée comme la première institution politique internationale. Logé dans un magnifique palais de 1875, face au lac sur le quai Wilson (ancien hôtel National de 225 chambres), le secrétariat de la Société des Nations s’y installe. Quatre ans plus tard, le nom fut changé en palais Wilson, en l’honneur de Woodrow Wilson, président des États-Unis d’Amérique qui fut l’initiateur de la SDN. Le comble : son pays n’en fut jamais membre ! Le bâtiment abrite depuis 1988 le Haut-Commissariat aux droits de l'homme (HCDH).

Une chaise, une place, un quartier

Une ville dans la ville ! Le quartier des Nations s’étend du parc de la Perle du Lac à Grand-Saconnex, proche de l’aéroport. Un quartier sans cesse en évolution qui héberge 34 000 fonctionnaires internationaux, diplomates et représentants de la société civile, des employés. Le Centre d’accueil de la Genève internationale (CAGI) les aide dans leurs démarches d’installation.

La réorganisation urbanistique est un processus de longue haleine et doit tenir compte de la venue des visiteurs et de la population locale. Pas moins de 4 400 visites par an de chefs d’État et de gouvernement, ministres et autres dignitaires et plus de 3 200 conférences par an, avec la participation d’environ 207 000 délégués du monde entier. Symbolique, la place des Nations, qui fait face aux 193 drapeaux (pays membres en 2020) du palais des Nations, incarne ce carrefour international. L’aménagement de la place, ses sculptures comme l’imposante Broken Chair reposant sur trois pieds (chaise cassée) traduisent la paix. L'œuvre de Daniel Berset mesure 12 m et pèse 5 500 kg de bois. Celle-ci symbolise l'action internationale pour l’interdiction et l'élimination des mines antipersonnel. Le sol de la place est revêtu de bandes de granit provenant de nombreux pays membres de l'Organisation des Nations unies. La fresque de la paix d’Hans Erni, de 100 m de long, tapisse le mur d’entrée du palais des Nations.