Statue de Sir Edward Elgar avec sa bicyclette. (c) D K Grove-shutterstock.com.jpg
Statue en bronze d'Amy Winehouse à Camden Market. (c) Nando Machado -shutterstock.com.jpg

La musique classique

Dans les années 1100, avec la création de la Chapelle royale, le chant à plusieurs voix et la possibilité de superposer un texte à une mélodie existante s’étaient développés au Royaume-Uni. La chanson traditionnelle y a puisé ses origines. Mais c’est surtout avec l’arrivée des Tudors au pouvoir et le schisme anglican que le pays va connaître un développement propice à la création artistique. Suite à la séparation avec la papauté, il est nécessaire de remplacer la musique sacrée catholique par une nouvelle musique, propre au culte anglican. Certains musiciens, comme John Taverner, Christopher Tye et Thomas Tallis, deviennent ainsi les protégés du roi Henri VIII qui ne manque aucune occasion de les mettre en avant. Durant le règne d’Elisabeth Ire, les grandes figures musicales ont pour nom John Dowland, William Byrd et Orlando Gibbons. Mais la grande figure de la composition anglaise est assurément Henry Purcell (1659-1695), qui a permis à l’Angleterre de s’affirmer au sein de la vie musicale de l’époque, alors que l’Italie et la France dominaient le baroque européen. Son opéra le plus célèbre et le plus abouti est Dido and Aeneas (1689), mais on lui doit également d’autres pièces, davantage influencées par la mode de l’époque, parmi lesquelles King Arthur (1691) et The Tempest (1695). Le XVIIIe siècle est marqué par le compositeur Georg Friedrich Haendel. D’origine allemande, mais installé en Angleterre à vingt-six ans, il s’impose et va créer le genre de l’oratorio à l’anglaise. Parmi la quarantaine d'opéras, la trentaine d'oratorios et de drames musicaux écrits par Haendel, le Messie est assurément son chef-d’œuvre.

À l’époque victorienne, une fracture se produit entre les genres musicaux, avec d’un côté une musique plus élitiste, celle proposée dans les salles de concert, dans les salons et pour la vie religieuse, et de l’autre une musique composée de chansons populaires et la musique de danse. C’est à cette époque qu’émerge le compositeur catholique et autodidacte Edward Elgar (1857-1934). Les Variations Enigma (1899) vont véritablement lancer la tardive carrière du premier, qui confirmera par la suite avec une symphonie, un concerto pour violon et un autre pour violoncelle très appréciés du public et qui sont aujourd’hui inscrits au répertoire britannique. Benjamin Britten (1913-1976) connaîtra au XXe siècle un véritable succès mondial et il est considéré comme le plus grand compositeur britannique depuis Purcell. Loin des modes et de l’atonalité dominant son époque, le War Requiem passe pour son chef-d’œuvre, mais on lui doit aussi des opéras devenus de grands classiques, tels que Peter Grimes, Billy Bud, The Turn of the Screw ou Le Songe d’une nuit d’été. Le compositeur londonien contemporain George Benjamin excelle lui aussi dans l’écriture d’œuvres lyriques, comme en témoigne l’accueil enthousiaste réservé en 2012 à son opéra Written on Skin.

Les amateurs d’art lyrique se rendront au Royal Opera House, à Covent Garden, siège du Royal Opera, du Royal Ballet et à l’orchestre de la maison. Le Royal Albert Hall est un auditorium exceptionnel qui a vu passer les plus grands artistes de musique classique, tels que Richard Wagner ou Arthur Rubinstein. Tous les ans, durant huit semaines entre juillet à septembre, s’y déroulent The Proms, appelées aussi les BBC Proms ou les Henry Wood Promenade Concerts, une série de concerts de musique classique, présentés et diffusés par la BBC. Une grande partie de la scène rock et pop comme les Beatles, Jimi Hendrix, The Cure ou encore Pink Floyd, s’est également produite sur cette scène mythique. Une particularité assez rare pour être soulignée : certaines places sont situées derrière la scène, tout en en la surplombant (places East ou West Choir.) Le son s’en ressent, mais en revanche, on se retrouve tout près des artistes.

Swinging Sixties

C’est assurément dans le domaine de la pop et du rock que l’influence de Londres est la plus marquée. La ville a été le catalyseur de cette révolution artistique.

De 1965 à 1968, Londres connaît ses années folles avec le Swinging London, un bouleversement musical et culturel dont l’épicentre se situe à Carnaby Street et dans le quartier de King’s Road. Les jupes raccourcissent pendant que les jeunes se mettent à porter des chemises à jabot. Les Rolling Stones, Eric Clapton, Jimi Hendrix ou les Who font leurs débuts sur la scène du Marquee. The Roundhouse, à Camden, accueille les Doors et Pink Floyd. Pour revivre un peu de cette époque, direction le quartier de Mayfair, pour visiter l’appartement où Hendrix a vécu à la fin des années 1960. En 1969, les Beatles enregistrent l’album Abbey Road, du nom de la rue où les studios d’enregistrement EMI sont situés. La pochette qui présente les musiciens sur le passage piéton devant les Abbey Road Studios est devenue iconique. Le lieu est un passage obligé pour tout fan de musique et de rock en particulier. Le concert des Rolling Stones à Hyde Park en 1969, en l’honneur de Brian Jones décédé deux jours auparavant, marque symboliquement la fin de cette époque d’insouciance. Puis les années 1970 voient l’apparition d’un nouveau son : David Bowie, Roxy Music et T. Rex inventent le glam rock. Les fans de l’auteur de Ziggy Stardust devront faire un détour par Tunstall Road, à Brixton, là où Bowie a vu le jour. Une immense fresque a été dessinée en son hommage sur un mur de la rue. À la même époque, le heavy metal commence à trouver son public avec You Really Got Me des Kinks et surtout le succès grandissant de Led Zeppelin.

L’explosion punk et sa descendance

Fin 1976, c’est l’explosion punk, avec les Sex Pistols, The Clash ou les Damned qui désirent faire table rase du passé musical. Leur slogan : « No  Elvis, Beatles or The Rolling Stones in 1977 ». Influencés par la scène punk américaine et artistiquement basés sur le principe du do it yourself, les groupes punk proposent un rock sauvage et engagé. Never Mind the Bollocks, Here's the Sex Pistols sort en 1977 et London Calling des Clash, suit en 1979. Le 100 Club est un lieu de concert mythique puisqu’il a accueilli le « 100 Club Punk Festival », le premier festival punk en Grande-Bretagne. Il programme encore aujourd’hui de nombreux groupes de la scène indépendante. Après cette déflagration, les modes se font et se défont sur les scènes et dans les clubs londoniens de plus en plus rapidement. Post-punk, ska, new wave, néo-romantique, gothique, rockabilly se succèdent frénétiquement. La musique électronique et la pop prennent de plus en plus d’importance. Bananarama, Culture Club, Wham ou encore les Pet Shop Boys, trustent les charts.

Britpop et pop-rock

En 1995, la britpop explose en Angleterre et une bataille essentiellement médiatique fait rage entre les Mancuniens d’Oasis et les Londoniens de Blur. À cette époque la scène s’est déplacée vers le quartier de Camden. Pour retrouver un peu de cette ambiance rock, poussez la porte de The Devonshire Arms ou du pub The Good Mixer. Blur, Madness, Amy Winehouse y ont fait leurs armes. Pete Doherty en était un habitué et de très bons groupes s’y produisent régulièrement. Avant son décès prématuré, Amy Winehouse avait défrayé la chronique avec son timbre soul, son penchant pour l’alcool et ses nombreux passages en cure de désintoxication. Pour lui rendre hommage, sa statue trône fièrement au milieu de Camden Market. Parmi les pubs mythiques, The Hope and Anchor, à Islington, où la scène pub rock des années 1970, ainsi qu’une grande partie de la scène new wave ont démarré, fait partie des adresses obligatoires. The Stranglers, U2, Joy Division ainsi que The Cure s’y sont produits. Pour les fans, le cliché qui a servi pour la pochette de (What’s The Story) Morning Glory, le deuxième album studio d’Oasis, a été pris dans Berwick Street, à Soho. Les grandes scènes londoniennes ont souvent été associées à de grands groupes : l’Hammersmith Apollo et les concerts furieux de Motorhead, le live de Queen au stade de Wembley, avec l’une des dernières prestations de Freddie Mercury.

Fidèle à sa tradition, la scène musicale londonienne se renouvelle sans cesse. Coldplay, Placebo sont devenus des références. De son côté, la chanteuse Adèle a explosé tous les records de vente de disques. L’attention est aujourd’hui focalisée au sud de Londres, autour du Windmill, un club punk rock de Brixton qui a fait démarrer sur scène Fat White Family ou Shame, les jeunes pousses du rock londonien.

UK garage et grime

La scène musicale est en perpétuel renouvellement et se nourrit de toutes les influences que connaît le pays. Dès le début des années 1990, Talvin Singh ou Asian Dub Foundation avaient mélangé les rythmes jungle (issus des sound systems d’influence électronique et jamaïcaine) et la musique indienne traditionnelle. Depuis plusieurs années, le UK garage et la 2step, des genres qui intègrent des influences de reggae jamaïcain, de drum’n’bass, de house et d’électro-dance, ont pris de l’ampleur sur la scène musicale. So Solid Crew, The Streets ou Grant Nelson ont popularisé ce style de musique au début du millénaire tandis que Ms Dynamite (Niomi McLean Daley) et Dizzee Rascal proposent un dérivé du genre, le grime. Ce dernier est une exception culturelle. Véritable version britannique du rap, le grime mélange hip-hop, dub jamaïcain, drum’n’bass et électro de tout poil. En plusieurs décennies, le genre est devenu grand public et ses vedettes sont désormais des stars à l’international, telles que Skepta et Stormzy. En parallèle du grime, un autre genre est né dans le sud de Londres, à Croydon : le dubstep. Cette mutation sombre et froide du dub, gorgée de UK garage, de techno, d'ambient et de trip hop, a été popularisé par des jeunes producteurs devenus des têtes d'affiche comme James Blake, Mount Kimbie, Burial ou Pinch. Pour en écouter, tentez votre chance au Oslo dans le quartier de Hackney ou au Fabric, un club situé à Farringdon. L’Eskimo Dance a aussi été un lieu de référence du genre. Sa programmation est aujourd’hui plus diversifiée. Le UK garage s’est affirmé comme l’une des révélations musicales de ce début de millénaire. Et l’Angleterre s’est finalement découvert sa propre culture hip-hop, définitivement dégagée de l’influence américaine.

La scène jazz de Londres

La ville de Londres est traditionnellement associée au rock, mais peu au jazz. Cette absence de tradition historique lui permet aujourd’hui de proposer une scène jazz particulièrement vivante. Dans les caves de Londres, le jazz s’est acoquiné avec l’afrobeat, la jungle, la techno, le grime ou même le punk, pour créer un nouveau son, bien différent de son cadre traditionnel. Cette absence de référence lui permet de s’affranchir de toutes les règles et les codes. Shabaka Hutchings, Moses Boyd, Ezra Collective, Nubya Garcia ou Kamaal Williams sont les nouveaux noms à retenir. Pour un aperçu de cette musique qui ne ressemble à rien de connu, rendez-vous au Mau Mau Bar sur Portobello Road, au Bull’s Head à Barnes ou encore au Total Refreshment Centre à Dalston. Autre solution, vous pouvez choisir d’assister au Jazz re:freshed, un festival annuel qui a pris le nom du label de musique qui l’organise. Pour une expérience plus classique, rendez-vous au Ronnie Scott’s Jazz Club, un club de jazz de référence situé à Soho, ouvert en 1959.

Vous êtes musicien, alors faites un détour par la légendaire Denmark street, le paradis des guitaristes en particulier. Dans les magasins, vous aurez l’occasion d’essayer des guitares anciennes ou particulièrement rares. Vous ne pouvez pas non plus vous rendre à Londres sans faire la tournée des disquaires. Reckless Records et Sister Ray Records, sur Berwick Street, sont des références. Le premier propose de nombreuses raretés tandis que le second est réputé pour son exhaustivité. Rough Trade, à Nothing Hill, est le magasin de disques du label du même nom, qui a produit une grande partie de la scène indépendante britannique des Libertines à Joy Division. Un lieu mythique.

La danse

Avec le Royal Ballet, l’Angleterre possède l’une des compagnies de ballet les plus célèbres au monde. Créé par Minette de Valois en 1931, son siège est installé depuis 1946 dans le quartier de Covent Garden, au Royal Opera House. Cette compagnie, en perpétuelle recherche d’innovation artistique, allie la tradition du ballet classique, avec des danseurs de renom tels qu’Alina Cojocaru ou Marianela Núñez, et un orchestre de renommée mondiale.

D’autres lieux comme le Sadler's Wells, qui héberge le Vic-Wells Ballet, sont particulièrement réputés pour la qualité de leurs prestations. Mais vous pouvez aussi vous orienter vers d’autres salles plus petites et spécialisées comme The Place et Trinity Laban. Et si vous désirez profiter de votre séjour pour suivre quelques cours de danse, direction les studios Danceworks dans le West End, qui accueille tous les niveaux, du débutant au plus confirmé ou encore Pineapple Dance Studios, qui vous proposera des ateliers d’été.

Le théâtre et la comédie musicale

Entre classique et avant-garde, tous les styles sont représentés dans les théâtres londoniens et il serait étonnant que vous ne trouviez pas votre bonheur parmi la profusion des créations de la ville. Proche de Trafalgar Square, le West End est le quartier des théâtres de Londres. Avec plus de quinze millions d’entrées en 2018, il a aujourd’hui ravi à Broadway le titre de centre du théâtre anglophone. Son modèle est celui d’un théâtre totalement privé, où les programmateurs ont pourtant réussi à faire venir le grand public dans les salles. Les plus beaux théâtres du quartier ont été construits au début du vingtième siècle, suite à la destruction des quartiers insalubres du centre de la ville. Les grands succès tiennent le haut de l’affiche plusieurs années d’affilée. Ainsi Le Roi lion, les Misérables ou encore le Fantôme de l’Opéra sont devenus des classiques. Parmi les théâtres remarquables par leur architecture, on peut citer Fortune Theatre dans Russell Street, qui programme The Woman in Black, Wynham’s, avec Phoebe Waller-Bridge dans Fleabag, ou Garrick qui accueillait la première de Bitter Wheat de David Mamet avec John Malkovitch. Les places sont assez chères. Alors lorsque vous réservez votre spectacle, assurez-vous de la place que vous occuperez. Car les théâtres londoniens sont aussi souvent des théâtres assez anciens. Si certaines places sont nettement moins onéreuses, il est aussi possible que la scène soit partiellement cachée par des obstacles. Tentez votre chance au guichet TKT, sur Leicester Square, qui propose des réductions sur les billets, allant jusqu’à moitié prix pour le jour même de la représentation. Après le spectacle, il est possible de rencontrer les artistes, souvent disponibles. Armez-vous de patience et attendez devant le théâtre avec les chasseurs d’autographes.

Le Shakespeare’s Globe Theatre, situé au bord de la Tamise, est une réplique quasi identique du théâtre élisabéthain de Shakespeare. Reconstruit en 1997, sa programmation s’arrête à l’automne pour reprendre en mai. Sa spécificité est d’être semi-couvert et circulaire. Lorsque le spectacle se déroule durant la journée, seule la lumière naturelle éclaire la scène et pour les représentations nocturnes, on utilise un éclairage imitant la lumière du jour. Une exposition permanente retrace l’histoire du lieu et revient aussi sur la vie de Shakespeare et sur son parcours artistique.

Si vous appréciez les spectacles comiques, rendez-vous au Comedy Store, un club de Soho créé en 1979. Le lieu doit son nom à The Comedy Store, son pendant à Los Angeles qui accueillait toute la comédie alternative dans les années 1980, que le créateur du club Peter Rosengard avait visité l'année précédente.