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Ses débuts

Imaginée en 1893 et mise en œuvre en 1895, la toute première édition de la Biennale célébrait les noces royales entre Umberto I et Margherita de la maison de Savoie. Dès ses débuts, l’exposition s’impose comme une vitrine de premier plan pour exposer les plus grands représentants des courants artistiques du moment. Parmi les grands artistes des XIXe, XXe et XXIe siècles, on peut compter Klimt (1899), Renoir et Courbet (1910), Matisse, Cézanne et Van Gogh (1920), Modigliani (1922), Chagall (1928), De Chirico (1930), Dali, Kandinsky et Miro (1948), Pollock (1950), Jeff Koons (1990), Damien Hirst (1993) et Maurizio Cattelan (2013). Dans l’après-guerre, les sujets se diversifient ; aux côtés de l’art contemporain, l’architecture fait son apparition, d’abord en tant que simple art visuel en 1975, ensuite avec une édition tout à elle en 1980. L’évènement deviendra vite un rendez-vous incontournable des plus grands professionnels du secteur du monde entier. Au fil des années, des architectes et théoriciens de renom comme David Chipperfield, Rem Koolhaas et Alejandro Aravena ont alterné à sa direction en faisant de la manifestation un laboratoire d’idées mondial pour la conception et la réalisation des architectures contemporaines.

Son cadre…

Depuis sa création, la Biennale se déroule dans les lieux emblématiques du sestiere Castello, à l’extrémité orientale de Venise, entre les Giardini, les seuls jardins publics de la ville lagunaire, et les bâtiments de l’Arsenal, le légendaire chantier naval de la Sérénissime. Avec ses 11 400 m2, il est le lieu principal d’exposition de la manifestation. Plus de 90 nations y participent en se répartissant les pavillons, de façon pérenne pour certains, changeante pour d’autres. Au centre du dispositif se dresse le Pavillon Central ou Padiglione Italia, bâtiment polyfonctionnel, passage obligé pour les visiteurs, qui accueille les créations italiennes et des expositions collectives. Au-delà de la période d’exposition, le périmètre occupé par les exposants devient un site à visiter tout au long de l’année. En effet, bien que dépouillés de leurs œuvres, les pavillons restent toujours ouverts à la visite. Leurs architectures aussi diverses que variées marquent un sacré tournant stylistique dans une cité des doges empreinte du charme de l’ancien. Du pavillon italien à l’austère façade rationaliste au canadien tout de bois issu de la récupération, en passant par l’australien ressemblant à un mobil-home, on balance entre admiration et perplexité.

… et tout autour

La Biennale de Venise inclut également toute une série d’évènements collatéraux en marge de l’Arsenal et des Giardini. Cette programmation « off » reste connectée avec la thématique principale et prend la forme de spectacles, conférences ou autres expositions, renouvelés chaque année. Organisés un peu partout à travers la Sérénissime, ces événements annexes prennent place dans des lieux variés et prestigieux, comme les Gallerie dell’Accademia, les fondations Peggy Guggenheim et Prada, les anciennes verreries de l’île de Murano ou même des palais privés qui ouvrent leurs portes pour l’occasion. Une profusion d’offres qui donne le vertige ; l’ensemble de la programmation (sur le site principal et dans tout Venise) est détaillé sur un livret de 30 pages publié chaque année et mis à disposition gratuitement à l’office de tourisme ou sur le site de la Biennale. Tous les tarifs des billets sont sur le site de la Biennale de Venise, selon les sections (arts, cinéma, architecture, théâtre, etc.).

Comment ça marche ?

Aujourd’hui, la gestion de la Biennale est organisée par l’organisme Biennale de Venise, une institution à but non lucratif en charge des plus prestigieuses manifestations dans la lagune, comme la Mostra del Cinema, mais aussi des festivals de danse, de musique et de théâtre. Elle siège au palais Ca’Giustinian sur la place Saint-Marc, lui-même siège d’exposition lors de l’évènement. A chaque édition, un conservateur est désigné parmi les figures importantes du monde de l’art ou de l’architecture. Sous son impulsion, une thématique majeure est choisie et un appel à candidature est organisé à l’international parmi les artistes et cabinets d’architectes du monde entier. Un jury de professionnels discerne une série de prix aux meilleurs participants, dont l’emblématique Lion d’or au gagnant ; leurs œuvres deviennent alors capables d’infléchir le cours de l’art.

Tendances

La Biennale de Venise n'est pas une simple manifestation d'art contemporain, il s'agit de l'un de ces évènements désormais entrés dans la culture collective, qui fait rumeur, et qui change la manière d'entendre, de comprendre et de faire de l'art, capable comme il l'est de saisir les mutations et les pulsions de la société actuelle. Ces dernières années, l’actualité politique et sociale a amplement investi le contexte de la manifestation. A travers les œuvres, les artistes s’inquiètent notamment du réchauffement climatique, défendent les peuples opprimés ou militent pour la résistance féminine. L’édition 2022 s'est tenue sous la direction de Cecilia Alemani, la première femme à orchestrer ce rendez-vous international de premier plan. En 2023, pour la première fois, l’Afrique était à l’honneur de la Biennale d’architecture, dirigée par la Ghanéo-Écossaise Lesley Lokko. Le millésime 2024, dédié aux arts visuels, marquera le 60e opus de la Biennale, dirigée cette fois par le conservateur brésilien Adriano Pedrosa. Elle s’intéressera  à l’étranger, sous toutes ses formes, qu’il soit immigré, expatrié, diasporique, exilé ou réfugié. Pas moins de 200 créateurs viendront nourrir cette thématique intitulée « Stranieri Ovunque-Foreigners Everywhere ».