Vue sur Rio depuis le parc national de Tijuca © Cavan-Images - Shutterstock.com .jpg

La forêt en pâturages

L’Amazonie brésilienne, qui fournit pourtant un foyer à un dixième des espèces du globe, a réduit sa surface de 20 % en cinquante ans. L’élevage bovin est ici le coupable : il représente 80 % des surfaces amazoniennes rasées, le reste est notamment dû à la culture du soja, bien que son impact ait été largement diminué à la suite de plusieurs accords. Depuis 1970, la forêt amazonienne a perdu l’équivalent de la surface de l’Espagne. Jair Bolsonaro a dégagé encore plus de terres pour l’agro-industrie ainsi que pour les orpailleurs, à tel point que la déforestation a augmenté de 85 % en 2019, l’année de sa prise de pouvoir, par rapport à l’année précédente. Il a également annoncé vouloir redessiner les surfaces des zones protégées, qui, selon lui, « freinent le progrès du Brésil ». Affaiblie par la déforestation, l’Amazonie est d’ailleurs en proie à des incendies de plus en plus meurtriers. Ceux de 2019 restent encore dans les mémoires : entre janvier et août, plus de 40 000 incendies ont réduit en cendres près d’un million d’hectares. La sécheresse et le réchauffement climatique sont sur le banc des accusés. Mais les soupçons se tournent également vers les partisans de Bolsonaro, qui auraient mis le feu aux poudres pour dégager des terres pour l’agriculture.
Rio de Janeiro, à son échelle, ne fait pas beaucoup mieux. La Mata Atlântica, qui l’habillait autrefois, tout comme presque tout le littoral brésilien n’est plus qu’une ruine. Il n’en reste plus que 10 % au Brésil. L’une de ces reliques, la forêt de Tijuca, recouvre la cité merveilleuse dans ce qui est la plus grande forêt urbaine du monde. Il s’agit, en fait, d’une forêt secondaire, qui a été replantée sous le règne de Pedro II, qui y sema 100 000 arbres natifs en treize ans.

Des déchets envahissants

Le Brésil consomme comme un pays riche, mais recycle comme un pays émergent. A peine 3 % des déchets sont recyclés, et ce taux est en baisse, puisqu’il était de 4,25 % en 2010. La faute à un manque d’infrastructures, seuls 15 % de la population ont accès au recyclage, qui reste peu performant, même auprès d’eux, faute de campagnes de sensibilisation. On doit le peu de recyclage effectué au Brésil aux catadores, ces travailleurs informels qui sillonnent les rues de Rio et du Brésil pour ramasser les déchets et récupérer quelques centimes de consigne. On estime qu’ils sont responsables de 90 % du recyclage au Brésil. Ils ont même fait du Brésil le champion mondial du recyclage de canettes : chaque canette rapportée vaut environ un centime.
Résultats de cette politique de recyclage précaire : près de la moitié des déchets finit dans des décharges sauvages, qui polluent les nappes phréatiques, les sols, et l’océan. La plage de São Conrado, à l’ouest d’Ipanema, en a fait les frais en 2021, quand une vague de milliers de déchets plastiques s’est abattue sur elle. Il faut dire que le Brésil est le quatrième plus gros producteur de plastique au monde.

Jeux olympiques : des promesses bafouées

A la cérémonie d’ouverture en 2016, devant les caméras du monde entier, les athlètes semaient ensemble 13 000 graines de 207 espèces d’arbres indigènes au Brésil, dans l’objectif de replanter la forêt atlantique de Rio. Une fois les caméras éteintes, l’annonce prometteuse a été boudée par les organismes publics et entreprises privées. La première graine, devenue entre-temps arbuste, n’a été plantée dans le sol carioca qu’en 2019. Aujourd’hui, le projet n’est toujours pas abouti, alors que la « forêt des athlètes » était prévue pour l’ouverture des Jeux de Tokyo, en 2020… Comble de l’ironie : en plus de cette promesse non tenue, l’une des rares zones survivantes a été détruite. On a, en effet, installé le terrain de golf olympique dans une zone protégée, celle de la réserve naturelle de Marapendi. La fameuse Mata Atlântica a donc été rasée. Le golf, aujourd’hui abandonné faute de budget pour l’entretenir, n’a toujours pas vu la faune venir le repeupler.
L’autre promesse phare du comité était le nettoyage de la baie de Guanabara, terriblement polluée par les eaux usées et les déchets plastiques. A l’ouverture des Jeux, aucune dépollution en vue, à tel point que les problèmes dermatologiques et autres intoxications se sont multipliés chez les athlètes... L’un des objectifs était pourtant de réduire de 80 % la quantité d’eau usée rejetée. Aucune amélioration dans la qualité de l’eau n’a été vue à ce jour.

Mariana : une catastrophe écologique sans précédent

En novembre 2015, Mariana, une petite ville du Minas Gerais, s’est fait théâtre de la pire catastrophe écologique qu’ait connu le Brésil. Un barrage rompt, et ce sont des millions de tonnes de boue toxique qui inondent la région. Car ce n’est pas un banal barrage d’eau douce, qui surplombait la ville, mais bien une retenue de déchets issus d’une mine de fer en amont. En quelques heures, les villes de Bento Rodrigues et Paracatu de Baixo étaient rayées de la carte, englouties par la rivière de boue qui a parcouru 600 km. Ce torrent s’est déversé dans le Rio Doce, abritant de nombreuses espèces menacées ou endémiques, dont la survie est encore incertaine à ce jour, par manque d’études poussées. Il a ensuite atterri dans l’Atlantique, dont on estime qu’il mettra des siècles à éliminer les résidus miniers.
Le secteur minier, l’un des piliers de l’économie du Minas Gerais (littéralement « mines générales » en portugais), ne s’est pourtant pas arrêté là. Un autre barrage minier du même exploitant a rompu à Brumadinho en 2019. Bien que la quantité de boue libérée ait été trois fois moins importante, le bilan humain et environnemental est, là aussi, colossal.

Les institutions en charge de l’environnement

Dans cet Etat fédéral, plusieurs institutions se partagent la responsabilité de l’environnement. La plus haute d’entre elles est le Ministério do Meio Ambiante, le ministère de l’Environnement, situé à Brasilia. Il trace les grandes lignes de la politique environnementale du Brésil, depuis sa création en 1985.
Il chapeaute également l’IBAMA (institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables), qui a plutôt un rôle de surveillance et de répression des infractions.
Enfin, l’Instituto Chico Mendes de Conservação da Biodiversidade (ICMBio) a la lourde tâche de gérer les 1 000 zones protégées du pays. Il est nommé en l’honneur de Chico Mendes, un ouvrier de récolte de caoutchouc, mort pour son combat pour la protection de l’Amazonie.

Les parcs nationaux

Le Brésil compte 70 parcs nationaux, mais bien plus de réserves et zones protégées. L’Etat de Rio de Janeiro en compte cinq. Le Parque nacional da Tijuca – Floresta da Tijuca est bien entendu le plus connu. Il faut dire que, le long de ses 4 000 hectares, il englobe de nombreux symboles de la ville (Pedra da Gávea, Corcovado, Christ Rédempteur…) dans un environnement spectaculaire. Généreuse, la forêt n’offre pas seulement un foyer à de nombreux êtres vivants, comme le coati commun (Nasua nasua), le ouistiti commun (Callithris jachus) ou le porc-épic laineux (Sphiggurus insidiosus), endémique au Brésil. Elle offre aussi son abondance aux habitants de la cité merveilleuse, à travers de nombreuses sources, ses racines qui empêchent l’érosion, ses sols qui absorbent les inondations et ses feuilles qui amortissent la pollution atmosphérique. Avec plus de 100 000 hectares, le Parque nacional da Serra da Bocaina est quant à lui le plus grand de l’Etat. Il a été créé en 1971, à cheval sur les Etats de Rio et São Paulo, pour construire un bouclier de végétation autour de deux centrales nucléaires, en prévention d’un potentiel accident. Pourtant, il ne protège pas que les êtres humains, car de nombreuses espèces animales et végétales menacées y trouvent refuge. Cinq mammifères endémiques de la forêt atlantique la peuplent, parmi lesquels quatre espèces de singes, et un rongeur apparenté au porc-épic, le Sphiggurus villosus.
L’Etat de Rio, toujours précurseur au Brésil, compte aussi les deux premiers parcs nationaux du pays : le Parque nacional do Itatiaia, créé en 1937, et Serra dos Orgãos, en 1939. Le premier, qui veut dire « rocher pointu » en tupi, une langue indigène, porte bien son nom, puisqu’il renferme le cinquième plus haut sommet brésilien, le Pico das Agulhas Negras. Le second doit lui aussi son nom à ses montagnes, qui rappellent les tuyaux d’un orgue (orgão en portugais). Enfin, le Parque nacional da Restinga da Jurubatiba comprend un écosystème typiquement brésilien appelé restinga. Il s’agit d’un cordon de terre sablonneuse qui enferme une partie des eaux. Il ne s’agit ici pas seulement de la plus grande restinga, mais aussi de la mieux préservée du pays, puisqu’elle est quasiment vierge de toute trace humaine.
Sans sortir de la Rio, le Jardim Botânico est connu à l’échelle mondiale pour sa collection de plantes brésiliennes et exotiques spectaculaire. Il comporte 6 500 espèces, dont certaines sont menacées d’extinction. Le jardin botanique est, en effet, chargé de répertorier la flore brésilienne, et de protéger les espèces menacées du pays.