HYPOGÉE OU TEMPLE SOUTERRAIN DE HAL-SAFLIENI
Visiter l’Hypogée, c’est s’enfoncer dans les entrailles de l’île, c'est le must des visites de sites archéologiques, avec peu d'élus. En effet, vous avez là l’occasion de visiter le plus ancien exemple d’Hypogée préhistorique du monde. En Europe, c’est le seul exemple connu d’un labyrinthe souterrain datant de 4000 à 2500 av. J.-C. et qui, par la qualité de son architecture et son état de conservation, constitue un monument essentiel de l’époque préhistorique. A ce titre, il a été classé dans la liste du patrimoine de l’humanité en 1980. On est forcément ému en rentrant dans ce vaste complexe souterrain. Tel un labyrinthe, l'hypogée est une nécropole qui se compose de salles reliées entre elles par des passages et des escaliers. Le site a perdu un peu de son charme en raison des installations modernes mises en place, mais reste tout de même très intéressant. La visite dure environ 50 minutes et inclut une exposition permanente suivie d’une projection dont le texte est disponible en français, puis d’un tour du site avec audioguide. Le site a été découvert en 1902 par des ouvriers creusant un puits. Des recherches se sont rapidement mises en place. Entre 1903 et 1906, le Père Magri fait des fouilles intensives mais il meurt avant d’avoir publié ses travaux. Les recherches reprirent en 1952. Nous savons aujourd’hui que plusieurs siècles ont été nécessaires pour construire ce temple troglodytique souterrain (Hypogée) de 500 m², creusé dans la roche sur 3 étages avec de simples outils en pierre dure et atteignant 11 mètres en dessous du niveau actuel. Construit entre 4000 et 2400 av. J.-C., il sert à la fois de lieu de culte et de sépulture. On y a retrouvé des quantités d’ossements – plus de 7 000 personnes y sont enterrées avec leurs bijoux et leurs poteries. Il sert également à la formation des prêtresses. Le niveau supérieur, le plus ancien (4000 av. J.-C.), semble être la cavité d’origine, une tombe taillée dans le roc que l’on retrouve ailleurs sur l’île. Puis des rampes descendantes et des structures plus petites ont été créées. Les deux autres niveaux ont été entièrement creusés en dessous. Ce sont donc des salles artificielles, reliées par des passages, des plateformes et des galeries qui se succèdent. Le niveau le plus bas et donc le plus récent servait à entreposer du grain, avec une trappe secrète pour piéger les pillards. Le niveau intermédiaire, fait de nombreuses pièces et alcôves, ressemble beaucoup aux temples mégalithiques. Ce niveau moyen est captivant, avec le plafond décoré de la « salle peinte », et le génie architectural de la salle principale. Beaucoup de statuettes, d'amulettes, de vases et de figurines ont été découverts dans l'Hypogée. Parmi ces objets, deux exceptionnelles figurines de divinités, dont la mieux conservée baptisée la Femme endormie, sont exposées au Musée archéologique de La Valette. La femme endormie n’a pas son pareil dans l’aire géographique du Néolithique européen. La fonction sacrée de l’Hypogée est évidente, mais de nombreuses énigmes persistent. Il semble toutefois possible d’affirmer que l’Hypogée de Hal Saflieni exprime une relation entre la société des vivants et l’au-delà. « En entrant dans l’Hypogée, dans la faible lumière des torches qui révèle l’enchevêtrement de grottes et de galeries, ainsi que les lignes étranges de cette extraordinaire architecture, on en retient une impression d’étonnement. Un air de mystère profond souffle dans ces lieux ; le visiteur éprouve le besoin de s’arrêter pour réussir à avoir une vue générale des murs en nid de guêpes avant d’observer en détail chaque cavité et chaque passage. Lorsque l’on s’habitue à l’obscurité, on est immédiatement frappé par la bizarrerie du style architectonique ». Themistocles Zammit (1864-1935).