Guide de voyage Chateau De SAlaDin - QAlaat SAlah Al-Din

Le château de Saône, rebaptisé en 1957 par le ministère syrien de l’Intérieur « château de Saladin » en l’honneur de son célèbre conquérant, est situé à moins d’une heure de route de la côte (30 km à l’est de Lattaquié). Après Lattaquié, une végétation luxuriante gagne le littoral, puis la montagne. A Haffé, lorsqu’on abandonne la route de Slenfé pour prendre la direction du château, le paysage devient plus sauvage encore. Genêts et épineux se font plus compacts. Et quand, après quelques kilomètres d’une route sinueuse, on parvient au sommet d’une colline, on se trouve face au château situé à 410 m d’altitude. C’est là le meilleur endroit pour en apprécier les proportions et juger de l’audace de ses bâtisseurs. Sur un promontoire rocheux, enserrées entre deux ravins boisés et sauvages, se dressent les ruines de la plus vaste des constructions croisées (5 ha). Assister au coucher ou au lever du soleil sur le château est un spectacle magnifique !Alors qu’il complétait son étude des forteresses franques, Lawrence d’Arabie écrivait à sa mère en 1909 : « C’est je crois la chose la plus sensationnelle que j’aie jamais vu en architecture de châteaux : ce donjon parfaitement massif, tout droit au bord de l’énorme fossé. » T. E. Lawrence, Lettres à sa mère, septembre 1909.De la route, on peut nettement discerner la disposition générale : à gauche, le château supérieur, qui enferme la forteresse proprement dite et en particulier le fort byzantin. A droite, la cour basse où l’on distingue des ruines informes.L’ensemble est ceint de murailles encore bien visibles qui prolongent le fossé naturel constitué par la rivière coulant en contrebas. Il ne reste rien de la Sigon du royaume d’Arwad (VIe siècle av. J.-C.), ni de la place forte des Hamdanides élevée au Xe siècle. Seul demeure le premier fort byzantin, bâti lors de la campagne de Basileus Jean Zimiscès à partir de 975 et enserré dans une triple ou quadruple muraille. Au début du XIIe siècle, le château revient à Robert de Saône, un seigneur local, vassal du prince d’Antioche Roger, qui le transforme considérablement : un fossé est percé, les défenses sont élevées. Malgré ces travaux, en 1188, Saladin, plus fort que jamais après la reconquête arabe de Jérusalem, enlèvera la forteresse des mains des croisés en deux jours seulement. Elle sera renforcée et embellie d’une mosquée et de bains, avant de sombrer dans l’oubli. Au XIXe siècle, un village alaouite s’installe dans la cour basse, avant de s’en trouver délogé par Ibrahim Pasha.