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Financial District, SoHo et Chinatown

Wall Street, la statue de la Liberté, Ellis Island, etc. Berceau du New York historique, il s’agit de la zone la plus emblématique de la ville. En effet, c’est ici, tout au sud de Manhattan, qu’est né New York, qui ne fut pas habité au-delà de ses limites avant le XIXe siècle. C’est encore ici que débarquèrent les vagues successives d’immigrants arrivés d’Ellis Island jusqu’à la moitié du XXe siècle. Les Twin Towers ne dressent plus leur immensité démesurée au-dessus de la skyline, et le Lower Manhattan est aujourd’hui un curieux mélange de quartier d’affaires et de bâtiments historiques. Depuis le 11 septembre 2001, la physionomie de Wall Street a bien évidemment changé, même si les promoteurs immobiliers et la ville de New York ont bien réhabilité le quartier. Downtown New York est un quartier encore en chantier avec de nombreux échafaudages et barricades autour de la zone où se trouvait autrefois le World Trade Center. Wall Street mérite une visite pour son ambiance, ses monuments aux érections mégalomanes qu’ils soient récents ou des années 1960, ses vieilles cathédrales, ses rues en cobblestone (pavés) ou encore pour sa promenade le long de l’Hudson, au sud du Financial District.

Un séjour à New York peut commencer au Financial District, car c’est d’ici que l’on peut prendre le bateau en direction de deux symboles de la ville, la Statue de la Liberté et Ellis Island. Le quartier abrite aussi les symboles de la puissance économique américaine avec Wall Street et la réserve fédérale. C’est aussi un lieu où l’on peut faire de magnifiques balades, sur le pont de Brooklyn, autour de South Street Seaport, vieux port de New York réaménagé en site touristique, ou encore le long de l’Hudson dans la partie ouest.

Le Financial District est situé à vingt bonnes minutes à pied de SoHo et de TriBeCa, autres quartiers de Downtown – non moins emblématiques –, riches en boutiques, bars et restaurants trendy. Dans ces deux secteurs, les buildings verticaux cèdent la place à des immeubles plus petits, zébrés d’échelles de secours sur les façades. Ce sont les fameux bâtiments industriels en fonte (cast iron), investis par les artistes dans les années 1980… Depuis, les choses ont bien changé, et le paradis SoHo (South of Houston) a bien gagné ses galons de shopping mall. TriBeCa (Triangle Below Canal Street) étend son triangle orienté vers le nord entre Canal et Chambers d’une part, West Street (le long de l’Hudson River) et Broadway de l’autre. TriBeCa partage avec SoHo le privilège d’avoir fait l’objet d’une rénovation majeure qui l’a catapulté sur le devant de la scène artistique, gastronomique et immobilière. Inconnu il y a vingt ans de la plupart des habitants de la ville, alors réservé aux artistes sans le sou qui squattaient des lofts sans électricité, ce quartier est aujourd’hui hors de prix et furieusement prisé pour ses restaurants ciblés. Un repaire de New-Yorkais pur jus, plutôt upper class. Avec leurs rues pavées, et la relative parcimonie de buildings modernes, ces deux quartiers ont gardé de leur charme d’antan. Alors, n’hésitez pas à vous y perdre ! Si TriBeCa est plutôt calme en journée comme en soirée, SoHo vibre de 7h à 20h, jusqu’à ce que les commerces ferment.

Juste au nord du quartier d’affaires, à l’est de TriBeCa et SoHo, commencent Chinatown et le Little Italy. Ces deux quartiers, qui coexistent sur le même petit îlot de rues, ont connu ces vingt dernières années des évolutions contraires, mais extrêmement liées. Avec Mott Street, Canal Street est l’artère principale de Chinatown : son nom vient du canal qui permit de vider un étang immense qui se tenait là. Presque inexistant jusqu’au milieu du XXe siècle, Chinatown connaît actuellement une extension en forme de pales de ventilateur : le quartier remonte sur East Broadway et sur les rues parallèles à travers le Lower East Side, où sont passés tant d’immigrants juifs, et, au nord, Chinatown traverse Canal Street et s’implante dans Little Italy, aujourd’hui réduit à la portion congrue recroquevillée sur la seule Mulberry Street (drapeaux italiens et attrape-touristes à gogo), haut lieu de la mafia new-yorkaise, italienne en son temps. Chinatown envoûte par le labyrinthe de ses rues étroites et animées, qui lui valut cette boutade assez célèbre de Woody Allen : « Je suis abasourdi par le nombre de personnes qui veulent “connaître” l’univers, alors qu’il est déjà suffisamment difficile de se repérer dans le quartier chinois de New York ! » Voici en tout cas deux des quartiers « ethniques » les plus chargés d’histoire à New York, dont il fait bon respirer les ambiances contrastées, particulièrement les jours de fêtes chinoises. Et si Little Italy a perdu de son charme et est devenu uniquement une destination touristique, celui-ci s’est répercuté sur un quartier attenant : NoLIta. Petit coin niché juste à côté de Little Italy, entre Houston et Broome Streets, NoLIta (North of Little Italy) s’étale sur un mini-périmètre centré autour d’Elizabeth Street. Boutiques fashion et cafés branchés s’y disputent la place. Chinatown, Little Italy, NoLIta, SoHo, TriBeCa, autant de quartiers où il y a assez peu de monuments à admirer, mais où il fait bon se perdre entre petites ruelles au calme, et avenues bondées de monde.

Financial District. Tout au sud de l’île. Cette célèbre crête de gratte-ciel entassés les uns sur les autres à l’extrémité sud de Manhattan, face à la monumentale baie de l’Hudson, représente la quintessence visuelle de New York : l’image se confond avec la ville et elle a fait le tour du monde. En 1624, le comptoir hollandais de Nieuw Amsterdam a été fondé à cet endroit, il allait, quelques années plus tard, sous la domination anglaise, changer de nom et devenir New York, en l’honneur du Duke of York and Albany. Ici est née la plus grande ville du continent nord-américain et avec elle a commencé l’histoire de l’Amérique. Ici, on peut respirer l’outrance du capitalisme. L’animation y est formidable en semaine aux heures ouvrables (de 8h à 18h). Observer la Bourse et ceux que l’on nomme les golden boys en pleine action est un véritable spectacle. Dans les rues de ce quartier, les touristes dénotent au milieu de ces hordes de jeunes loups en costume cravate, lisant le Wall Street Journal, et de femmes en tailleur et stilettos. Les rues sont très animées, des marchands ambulants opèrent des transactions de hot dogs et de fausses Rolex pendant que les cireurs de chaussures travaillent d’arrache-pied. Ce quartier est une ville dans la ville, avec plus de 50 000 personnes qui viennent y travailler chaque jour. La nuit et le week-end, ces rues vides, étroites, sombres et venteuses impressionnent par leurs allures fantomatiques, à l’ombre des monstres bureaucratiques ! Pour l’instant, le quartier de Wall Street mérite une visite pour son ambiance durant les heures de bureau, ses monuments ou encore pour sa promenade au grand air le long de l’Hudson, au sud du Financial District. Le quartier, très bruyant à cause des nombreuses constructions et des trottoirs bondés, n’est pas le plus agréable pour une petite balade dans New York. Une fois les incontournables visités, rien ne sert de s’y attarder.

Battery Park City. Battery Park City est une petite portion de terre située tout au bout de l’île. Ce quartier abrite un grand espace vert aménagé qui offre un superbe panorama depuis les quais. En se promenant sur le port, on aperçoit la statue de la Liberté, toute petite au loin. Les quais de Battery Park abritent le terminal du ferry qui permet de rejoindre Staten Island et Ellis Island avec son musée de l’Immigrant.


South Street Seaport et Civic Center. South Street Seaport est le port historique de New York, il date des années 1600. Le quartier réaménagé est devenu un site très touristique avec un centre commercial sur l’ancien dock Pier 17 et beaucoup de petits restaurants. Une terrasse sur les toits permet de s’installer confortablement dans un transat pour admirer la vue sur le pont de Brooklyn et le contraste entre l’architecture du Financial District et les vieux bateaux. Bon nombre des anciens entrepôts du vieux port de New York au bord de l’East River, souvenirs du passé maritime de l’île, ont été transformés. Six anciens voiliers entièrement restaurés sont amarrés en permanence sur les quais et peuvent être visités. Deux musées relatifs au monde maritime sont implantés sur ce même site : le Museum of Historic Ships et le South Street Seaport Museum. On peut voir encore, sur les vieux docks, le Fulton Fish Market qui a su garder un air pittoresque. À quelques pas des entrepôts, on peut se promener à pied ou à vélo, sur le mythique pont de Brooklyn inauguré en 1883. Pour encore mieux l’apprécier, il faut d’abord prendre le métro jusqu’à Brooklyn (station High Street, lignes A et C), puis marcher sur le pont en revenant vers Manhattan, le panorama est véritablement exceptionnel. Au pied du pont, le long de Chambers Street, le Civic Center abrite un ensemble de bâtiments officiels comprenant l’hôtel de ville (City Hall), la Cour de justice fédérale, la Cour criminelle, etc. Là encore, Sandy a fait d’énormes dégâts détruisant tous les commerces et restaurants de bord de l’eau en 2013, mais la zone a retrouvé son dynamisme depuis.

Little Italy. Curieusement accolées par les hasards de l’histoire et de la géographie, l’enclave italienne (Little Italy) et l’enclave chinoise (Chinatown) ont réussi à cohabiter avec plus ou moins de succès pendant plusieurs décennies. Mais voilà que la situation a changé au profit de Chinatown dont l’expansion menace les limites mêmes de Little Italy, le plus vieux quartier ethnique de New York. Situé entre Houston Street et Canal Street, d’une part, entre Broadway et Bowery de l’autre, Little Italy est assurément un joli quartier, réputé le plus sûr de Manhattan, parce que gardé par la Mafia. Mais la jeune génération d’Italiens est allée prospérer ailleurs, les parrains habitent au sud-ouest de Brooklyn (nombreuses scènes du film Le Parrain ont été tournées dans ce quartier), et, même si les familles se retrouvent réunies dans l’enclave historique pour les grandes occasions, noces, baptêmes et enterrements, Little Italy ressemble de plus en plus à un musée, avec ses petites boutiques, sa vieille cathédrale Saint Patrick, l’ancien QG de la police (admirable édifice d’architecture néoclassique, transformé en appartements privés) et ses rues, Mulberry, Grand et Broome, bordées de restaurants touristiques, de cafés et de pâtisseries. À sa manière, Little Italy est un peu le Montmartre de New York. Pour de la bonne cuisine italienne, on ne conseille plus de se rendre dans le Little Italy.

NoLIta. Un petit coin niché juste à côté de Little Italy, entre Houston et Broome Streets. NoLIta (North of Little Italy) s’étale sur un mini-périmètre centré autour d’Elizabeth Street, une rue jalonnée de luxueux magasins d’antiquités et de meubles. NoLIta fait partie de ces quartiers qui n’existaient pas il y a encore quelque temps à New York, ce qui n’enlève rien à son charme. Dans La Mecque du shopping branché, truffée de boutiques vintage et de petits restaurants, les top-modèles et fashionistas se laissent observer nonchalamment…

Chinatown. Tandis que Little Italy débouche sur SoHo, au sud s’étend Chinatown, immédiatement repérable. Avec une population estimée à 150 000 résidents, plusieurs journaux, quelque 300 ateliers de confection, deux ou trois centaines de restaurants qui sont parmi les meilleurs et les moins chers de New York et une impressionnante série de banques. Chinatown, en dépit de son identité affichée, dissimule soigneusement sa réalité profonde derrière sa façade de prospérité laborieuse et son exotisme garanti. Moins grand que celui de San Francisco, le Chinatown de New York est, avec Harlem, la seule enclave ethnique authentique de New York. La langue aidant, tout est affaire de famille, et le mystère n’est pas prêt de s’éclaircir avec l’afflux d’immigrants venus de Hong Kong, de Corée, de Chine et du Vietnam, et dont les rivalités sanglantes sous forme de gangs, de rackets, de maisons de jeux et de prostitution sont en train de brouiller les pistes de la police (dont le QG n’est pas éloigné) et de défrayer la chronique. C’est ici, dans la foulée des immigrants irlandais, allemands, juifs puis italiens, que sont arrivés les premiers Chinois. Ils venaient de l’Ouest, où ils avaient travaillé dans la construction des chemins de fer ou dans les mines d’or, et ne souhaitaient que gagner au plus vite de l’argent pour rentrer au pays. Ils sont restés… Après des décennies de violence et de discrimination, la communauté chinoise a réussi à se regrouper et à fructifier. Si l’histoire de la civilisation chinoise vous passionne, le Museum of Chinese in America (70 Mulberry Street et Bayard Street, 2e étage) retrace l’histoire de l’immigration chinoise à New York. Chinatown offre le visage d’une Asie prospère.

TriBeCa. TriBeCa (Triangle Between Canal Street) étend son triangle orienté vers le nord entre Canal et Chambers d’une part, West Street (le long de l’Hudson River) et Broadway de l’autre. TriBeCa partage avec SoHo le privilège (plus tardivement obtenu) d’avoir fait l’objet d’une rénovation majeure qui l’a catapulté sur le devant de la scène artistique, gastronomique et immobilière. Auparavant inconnu de la plupart des habitants de la ville, réservé aux artistes sans le sou qui squattaient des lofts sans électricité, ce quartier est aujourd’hui à la mode, non seulement pour ses logements spacieux et hors de prix, mais aussi pour ses restaurants, très prisés. Robert De Niro, qui y a une résidence, a ouvert quelques restaurants haut de gamme dans cet agréable quartier devenu in, inscrivant ses grands bâtiments (guère différents de ceux de SoHo) dans une atmosphère plutôt privilégiée. Un repaire de New-Yorkais pur jus, plutôt upper class. Le TriBeCa Film Festival (www.Tribecafilm.com/festival) s’y déroule chaque année depuis 2002 : une idée de Robert De Niro et Jane Rosenthal, pour aider à la renaissance de ce quartier du Lower Manhattan touché par les événements du 11 septembre 2001. Les rues près de l’Hudson, embaumées par une douce odeur d’océan, sont parmi les plus calmes de Manhattan.

SoHo. Lofts, magasins chics et rues pavées… SoHo (South of Houston Street) s’étend entre la 6th Avenue, à l’ouest, Canal Street au sud, Broadway à l’est et Houston Street au nord. SoHo, où la fête de l’art épouse les rêves du business, est souvent comparé à la rive gauche de Paris pour son atmosphère créative qui s’est embourgeoisée. SoHo était jadis connu sous le nom de Cast Iron District, cast iron signifie « fonte ». La fonte était, en effet, le matériau de base, économique et résistant, qui servit à la construction de ces dizaines d’usines et d’entrepôts dont les belles et audacieuses façades, désormais classées par les Monuments historiques, s’étendent le long des rues. La fonte permettait de supporter de lourdes charges et autorisait la création de larges espaces. Au lendemain de la guerre, ces immeubles (loft factories) étaient inoccupés et SoHo semblait voué à l’abandon, sinon à la destruction, lorsque des artistes, conscients des possibilités inouïes du quartier, s’installèrent subrepticement dans des espaces monumentaux pour y travailler à l’aise et y exposer leurs œuvres. La bataille contre les propriétaires allait durer plus de dix ans. En 1968, Paula Cooper, une entreprenante marchande d’art, ouvrait la première galerie de SoHo dans un loft de 1 500 m². Jusqu’alors, l’art contemporain occupait des poches dans les galeries de la 57th Street. Grâce à Paula Cooper, bientôt suivie par Leo Castelli, le vétéran des art dealers new-yorkais, le marché de l’art contemporain se déplaçait Downtown.

En 1971, la municipalité de New York ayant déclaré que les artistes (ils avaient durement lutté) pouvaient travailler dans les lofts sans risques d’expulsion, SoHo devenait rapidement le centre mondial de l’art contemporain. En 1975, on comptait 84 galeries à SoHo et, en 1990, plus de 200. Si les années 1980 ont été la période faste de SoHo (Wall Street investissait dans la peinture…), aujourd’hui le marché de l’art s’est tourné vers d’autres quartiers, aux loyers moins élevés : Chelsea et le Lower East Side. Aujourd’hui, les boutiques, restaurants et bars-terrasses ont cédé la place aux galeries.

East Village, Lower East Side et Alphabet City

East Village. À l’est de Broadway, entre 14th Street et Chinatown, se nichent deux quartiers bien distincts du reste de Manhattan. Si l’East Village, au nord de Houston Street (prononcez « how-ston », au risque d’être estampillé touriste en moins de deux minutes !) et le Lower East Side, au sud, ont en commun cet esprit rock et traditionnel, ils sont néanmoins assez différents. Et s’ils ont conservé leur âme, leur physionomie a quelque peu changé ces dix dernières années, en ce sens qu’ils sont devenus sûrs et fréquentés à toute heure de la nuit. De hauts lieux de la nuit new-yorkaise… Avant de devenir un quartier rock et marginal dans les années 1980, l’East Village a logé des artistes aussi divers que Charlie Parker, Iggy Pop et Jimi Hendrix, le peintre Basquiat, Andy Warhol, des poètes comme Allen Ginsberg, mais aussi Léon Trotski. Difficile d’imaginer que le joli parc de Tompkins Square – Avenue A entre 7th et 10th Streets –, aujourd’hui plein d’enfants et de promeneurs, fut un jour une plaque tournante de la drogue et un lieu d’émeutes de sans-abri. Non loin de la statue de Tompkins, les sans-abri jouent encore aux échecs au coin sud-ouest du parc, et les églises du quartier y organisent souvent des collectes, mais la situation est sans comparaison avec le passé. Quartier d’élection des immigrants juifs d’Europe de l’Est, des Grecs, des Ukrainiens – sur 7th Street entre 3rd et 2nd Avenues –, des Polonais, des Portoricains ou des Philippins au fil de la longue histoire de l’immigration new-yorkaise, la zone sud-est est toujours ce quartier populaire, vivant, un peu anarchique et extrêmement attachant. St Marks Place (la huitième rue) en venant de la station Astor Place (ligne 6), avec ses magasins de disques, de tatouages et ses petites boutiques vintage, est l’artère principale de l’East Village. Autour, gravitent de nombreux bars, restaurants, petits clubs et petites boutiques de décoration, dans une ambiance qui tend vers le branché…

Alphabet City. À l’est d’East Village, vous remarquerez que la zone qui s’étend vers l’East River porte des lettres et non des numéros, Avenue A, B, C, D… D’où le surnom d’Alphabet City. Là aussi, difficile d’imaginer que cette enclave était ce véritable coupe-gorge dans les années 1990, décrit par les rares New-Yorkais qui s’y hasardaient. Symbole de l’image violente qui collait au quartier, Alphabet City est le titre d’un film de gangsters sorti en 1984 ! Aujourd’hui, les bars fleurissent comme ailleurs, essentiellement jusqu’à l’avenue C. Et l’ambiance reste furieusement authentique, le danger en moins… Bref, un quartier résidentiel peu touristique qui prend de la valeur au fil des années. À noter que le nom du quartier ne date que des années 1980. Auparavant, les avenues A, B, C et D faisaient tout simplement partie du Lower East Side.

Lower East Side. Au-dessous de Houston Street donc, le Lower East Side, quartier historique d’immigration, mais aussi ancien quartier juif de New York. Aujourd’hui délivré de la criminalité omniprésente qui a longtemps sclérosé son développement, le Lower East Side est aujourd’hui le quartier de Manhattan le plus animé la nuit. Des restos là-aussi, des terrasses, et des bars ciblés ou authentiques, c’est selon. Le New York fou des années 1980, c’est dans le Lower East Side qu’on le retrouve encore. Outre les bars branchés, on retrouve encore quelques salles de concert underground, des galeries d’art qui n’ont pas le chic de celles de Chelsea. Ici, on est loin des tours et des buildings, les immeubles en briques rouges sont essentiellement horizontaux – même si quelques tours sont venues semer la panique ces dernières années –, les maisons sont belles, un peu décrépies, bref, on entre dans des quartiers géniaux, mais moins touristiques. Le Lower East Side est un des quartiers de Manhattan qui a le moins changé dans son architecture, malgré une gentrification évidente de sa population. Bordé au nord par l’East Village, contenu, à l’ouest, par la 2nd Avenue et le Bowery, à l’est par l’East River et le Williamsburg Bridge, le Lower East Side comprend deux territoires : l’un, au sud, avec encore une forte influence juive, l’autre, au nord-est, avec sa population latine, noire. Les vestiges du passé de la plus grande communauté juive demeurent sur Orchard Street et forment ce qu’on appelle le Historic Orchard Street Shopping District. On peut encore y faire quelques affaires en tissu et vêtements.

Bowery. Dans la partie ouest du Lower East Side, Bowery est un minuscule quartier tout en longueur. Il est délimité par Allen Street à l’est et Bowery à l’ouest, tandis que 5th Street et Hester Street constituent ses frontières nord et sud. Auparavant malfamé comme le reste du Lower East Side, il connaît une revitalisation depuis les années 1990. Signes évidents de son embourgeoisement, les tours y poussent, de plus en plus hautes, abritant des condos de luxe. Malgré cela, Bowery est toujours teinté d’authenticité et rares sont les touristes qui viennent s’y perdre. Les bars et restaurants y sont légion et le street art s’étale toujours sur ses murs, notamment le Bowery Mural dont les fresques changent fréquemment.

Greenwich Village, West Village et Meatpacking District

Greenwich Village, West Village. 1916 : Marcel Duchamp, poète surréaliste, proclame solennellement la naissance de l’« État de Nouvelle Bohème ». Le tout perché sur le sommet de l’arche de Washington Square… Tout un symbole… Ce quartier mythique de la bourgeoisie puis de la bohème artistique dans les années 1960 se mérite. Jusqu’à la Grande Guerre, le Village fut le repaire d’anticonformistes notoires, à l’image de la poétesse Edna Saint-Vincent Millay, dont les nombreuses liaisons amoureuses étaient légendaires, de l’auteur dramatique Eugène O’Neill, de l’écrivain voyageur Mark Twain, du journaliste John Reed, témoin de la révolution bolchevique, ou du poète maudit Dylan Thomas, mort d’une crise d’éthylisme devant la White Horse Tavern. Le Village fut aussi le berceau de la communauté gay, et Christopher Street demeure leur centre de ralliement. Compris entre Chelsea au nord et SoHo au sud, le Village ne constitue pas un ensemble homogène, mais se trouve bel et bien constitué de différents villages aux subtiles frontières : hauts immeubles distingués de la 5th Avenue, entre la 8th et la 13th Street ; bars gay de Christopher Street jusqu’à l’Hudson River ; West Village entre Hudson Street et l’Hudson River ; Meatpacking District au bout de Bleecker Street, avec ses entrepôts de viande convertis en restaurants, bars et boutiques branchés… Entre la 14th Street au nord et Houston (prononcez « how-ston ») Street au sud, la géométrie de Manhattan se brouille : les ruelles entretiennent des rapports confus et ne portent plus ces numéros si rassurants de Midtown. Les numéros cèdent la place aux noms : Hudson Street, Greenwich Street, Bleecker Street, Mercer Street, Charles Street, etc. Enfoncez-vous dans ses rues tortueuses après la 7th Avenue. Découvrez la 12th Street, Perry Street, Charles Street, Bethune Street et le petit périmètre des 9th et 10th Streets compris entre Greenwich Avenue et Hudson Street. À mesure que vous vous éloignez, l’atmosphère touristique disparaît, vous redécouvrez un quartier authentique, des maisons sublimes, ombragées (et hors de prix), d’adorables petits jardins et la tranquillité d’un village. Le Village conserve plus que jamais son aura de villégiature urbaine et son cachet d’oasis pour happy few, et force est de constater que le quartier s’est fortement embourgeoisé au cours des dix à quinze dernières années. Le temps de la bohème est révolu, mais le Village dégage toujours cette atmosphère décontractée qui le caractérise. Ce périmètre concentre un nombre inouï de restaurants, bars, pubs, cafés, clubs de jazz, boîtes de nuit, boutiques, cinémas, théâtres et librairies. Tout ceci dans un quartier résidentiel, repu de très jolies maisons. Si l’ambiance n’est pas des plus calme en semaine, elle l’est encore moins le week-end. L’atmosphère devient électrique, quand ses jolies rues bordées d’arbres et de maisons particulières se retrouvent envahies de touristes et d’étudiants. Les nombreux bancs de Washington Square, qui signe le cœur du quartier, attirent chaque jour des promeneurs, des poussettes ou des joueurs d’échecs. Construit en 1895 dans le style Beaux-Arts, l’arc de triomphe, symbole du passage vers Greenwich Village, est le lieu de rencontre par excellence des blind dates, depuis l’époque où Fred Astaire dansait à son sommet dans le film The Belle of New York. Derrière l’arche, the Row. Ce bel alignement d’hôtels particuliers (townhouses) de style greek revival, et construit vers 1830, témoigne du temps où les plus riches familles new-yorkaises habitaient en bordure du parc. Le décor de chacune des façades suit un plan d’ensemble, contrôlant la largeur du perron et la hauteur des fenêtres. Au n° 3, vécurent le peintre Edward Hopper – 1882-1967 – et l’écrivain John Dos Passos, qui y rédigea Manhattan Transfer – 1925. Tout autour du parc, de jolies maisons, dont celle d’Henry James et d’Eleanor Roosevelt. Et bien sûr, la prestigieuse New York University (NYU) – 1831 –, plus grande université privée des États-Unis, qui participe largement à l’ambiance du quartier. Il fait bon vivre à Greenwich Village. Mais pour acheter, ou louer, il faut avoir un compte en banque bien fourni ; on s’en apercevra aisément en arpentant, entre la 5th et la 6th Avenue, les 10th, 11th et 12th Streets, mais aussi Grove Street, Bank Street ou 4th Street.

Meatpacking District. Le New York industriel devenu branché ! Et dire que l’ancien maire de New York Michael Bloomberg n’aimait pas le projet de la High Line, une voie verte suspendue comparable à la Coulée verte de Paris. Incontestablement, la High Line, ouverte en 2009, a transformé le quartier. Le rendant plus attrayant pour les commerces et les touristes et plus beau. Le Meatpacking District occupe la zone située entre Chelsea et West Village, entre Greenwich Avenue, Gansevoort Street et la 14th Street. L’ancien quartier des abattoirs abrite encore quelques entrepôts frigorifiques de viande (les bouchers la découpent en morceaux avant de l’expédier vers les distributeurs), mais aujourd’hui, les grossistes ont largement cédé la place aux fashionistas. En l’espace de quelques années, le coin est devenu branché (voire bling-bling), et les boutiques chics des grands designers contemporains et inabordables pour le commun des mortels ont investi les anciens entrepôts. Preuve de la transformation rapide du Meatpacking District, le Whitney Museum s’y est installé au printemps 2015 et a changé encore un peu plus l’ADN du quartier en attirant de nombreux touristes et en précipitant le départ des derniers entrepôts industriels encore présents.

Dans ce quartier de petites rues pavées, tout semble s’éveiller au coucher du soleil. Il séduira les amoureux de la vie nocturne : bars, restaurants et clubs de qualité occupent désormais les anciens entrepôts de viande rouge. Les noctambules se rendent au diner huppé Bubby’s ou sur la terrasse de l’hôtel Gansevoort au coucher du soleil, après avoir arpenté la High Line… Contrairement au Lower East Side, l’autre quartier de la nuit à New York, ici les entrées en boîtes de nuit et dans les bars sont très sélectives, et les restaurants ne proposent pas des parts de pizza à 3 US$. Mais avec un peu de chance, vous danserez avec Pharrell Williams ou Kate Moss.

Times Square et Midtown

L’endroit le plus symbolique de New York. Des buildings et encore des buildings ! Midtown couvre à lui seul un immense noyau de la ville et offre autant de colorations que son espace peut en contenir. Par Midtown, comprenez Midtown East, Midtown West, Chelsea et, au cœur de l’ensemble, Times Square l’illuminé ! Si Central Park représente la limite nord de Midtown, les avis divergent sur sa frontière sud, située tantôt à hauteur de la 23rd Street, tantôt à partir de la 34th Street. Nous avons cependant inclus Chelsea, le Flatiron District ou Gramercy Park dans Midtown pour des raisons de logique en termes de déplacement. De même, nous avons clairement distingué Midtown West et son empire de l’entertainment (Times Square bien sûr) et Midtown East, institutionnel, marchand, mais aussi plus secret.

Midtown East. Le centre des affaires de Manhattan et le plus grand magasin du monde. L’un des quartiers où New York a le mieux exprimé son gigantisme, sa puissance et sa démesure. C’est ici que sont réunis les grandes institutions, les boutiques les plus élégantes et les bâtiments les plus audacieux. Grands magasins (Department stores), grandes galeries de peinture, grandes boutiques de mode, grands restaurants, grands hôtels, grandes entreprises internationales se succèdent sur Madison, Park, Lexington et la 5e avenue. C’est d’ailleurs sur la fameuse fifth avenue que se trouve la deuxième plus haute tour de New York, le célèbre Empire State Building.

Murray Hill, Flatiron District et Gramercy. Tout à l’est, les enclaves de Murray Hill, mais surtout Sutton et Tudor, rassemblent ce que l’on fait de plus fermé et de plus sélect à New York. Gramercy, Flatiron District et Murray Hill : ces trois petits quartiers qui ont poussé à l’est de la 6th Avenue, entre la 14th et la 40th Streets, jouissent d’une constance remarquable. Toujours bien famés (sans être snobs), ils présentent une richesse architecturale remarquable, symbolisée par deux des plus beaux (à défaut d’être les plus récents) buildings de New York : le Chrysler Building et le Flatiron. Encore plus attrayant, Gramercy Park, point de départ de Lexington Avenue entre la 21st et la 22nd Street, est bordé d’immeubles très élégants et de maisons particulières, abominablement chères (le prix médian de l’appartement est à 1,225 million de dollars !). C’est le seul parc privé de Manhattan : n’y ont accès que les propriétaires pourvus d’une clef. Cette oasis diffuse sa tranquillité sur l’ensemble du quartier, et les amateurs de beauté et de branchitude choisiront le Gramercy Park Hotel à l’allure européenne. Autre explication à cette ambiance si peu new-yorkaise : l’absence de métro. C’est ici qu’ont trouvé refuge de nombreux auteurs – John Steinbeck, Oscar Wilde, Edward Sheldon – et où résident encore quelques célébrités qui cherchent le peu de tranquillité que New York a à offrir, parmi lesquelles l’actrice Uma Thurman et la star de la série Big Bang Theory, Jim Parsons.

Midtown West. Si l’on se tourne franchement vers l’ouest, entre les 45th et 55th Streets et entre la 6th et la 8th Avenue, Midtown devient une autre ville, avec ses grands immeubles de bureaux, ses énormes hôtels, ses restaurants pour visiteurs, ses bars, ses boutiques de matériel électronique, ses cinémas, ses théâtres de music-hall, ses boutiques pornos, ses boîtes de nuit, ses peep-shows et ses magasins de souvenirs « I love New York ». Les 7th et 8th avenues sont très bruyantes et incroyablement éclairées, de jour comme de nuit. Les 9th et 10th sont de simples quartiers résidentiels où il n’y a rien de particulier à voir.

Plus à l’est, le légendaire Rockefeller Center, en plein cœur de Midtown, est un immense complexe de vingt et un gratte-ciel situés entre la 46th Street et la 50th Street et entre la 6th Avenue et la 7th Avenue. Chaque fin d’année, un sapin gigantesque s’illumine sur la place centrale, et l’esplanade centrale devient patinoire. Un peu plus au sud, on trouve Korea Town avec ses restaurants coréens et ses karaokés.

Times Square. Des néons ! Quartier emblématique de New York, devenu zone piétonnière en 2009, ce temple du music-hall et du shopping jouit d’une renommée internationale. Situé entre 40th Street et 57th Street (entre 6th Avenue et 8th Avenue), il fut dans les années 1970, symbole universel du vice à l’américaine. Qui ne se souvient pas des scènes de nuits chaudes vues du taxi de Robert De Niro dans Taxi driver ? La corruption et le crime y régnaient, et les choses ont bien changé. Times Square, c’est aussi Broadway et le Theater District, avec plus de cinquante théâtres situés sur Broadway et les rues avoisinantes. Chaque fin d’année, les fameuses comédies musicales font salle comble tous les soirs. Le quartier doit son nom au New York Times. En effet, en 1904, le quotidien de renom installa ses bureaux sur le côté sud du square, alors en pleine jeunesse (aujourd’hui la toute nouvelle tour du New York Times se trouve sur la 41st Street). Impossible cependant de visiter New York pour la première fois sans prendre un grand bain de foule parmi la masse des badauds !


Hell’s Kitchen. Vers la 10th Avenue, entre la 34th et la 46th Street, s’étend l’ancien quartier nommé Hell’s Kitchen (HK, « la cuisine de l’enfer »), célèbre pour sa pauvreté, sa violence et sa criminalité au début du XXe siècle : un quartier désormais rempli de petits restos ethniques et bon marché, imprégné d’une sacrée atmosphère. Les temps changent plus vite qu’ailleurs à New York et le quartier ne tardera pas à devenir un des prochains hauts lieux de la « branchitude » mondiale. Les signes annonciateurs sont même déjà là : le marché aux puces du week-end a déménagé de Chelsea jusqu’à HK (sur 39th Street, entre 9th et 10th Avenues) et les petits restos turcs, africains ou marocains de 46th Street attirent de plus en plus de monde. Assez peu animé en journée, le quartier se transforme à la tombée de la nuit et n’est jamais aussi bruyant que vers 22h, lorsque les spectateurs de Broadway sortent des théâtres et affluent dans les restaurants.

Au sud du quartier, le gigantesque complexe d’Hudson Yards est sorti de terre pour redynamiser cette zone entre Hell’s Kitchen et Chelsea. On y trouve d'immenses tours avec des bureaux et des appartements (dont 30 Hudson Yards où se trouve l'observatoire Edge), un  centre commercial (The Shops & Restaurants at Hudson Yards) et la structure The Vessel.

Chelsea. Chelsea commence au sud de Hell’s Kitchen, au niveau de la 34e rue, à l’ouest du Flatiron District, et s’étire sur vingt blocks jusqu’à la 14e, au nord de Greenwich Village. Sa partie ouest longe l’Hudson River. Ce paisible quartier a vu ces dernières décennies l’arrivée massive de galeries d’art – fuyant les loyers élevés de SoHo – et de la communauté gay, de plus en plus présente hors de Greenwich Village. C’est aujourd’hui l’un des endroits où il fait le mieux vivre, où la population est la plus diverse en âge, origine et milieu social. L’on se rend à Chelsea pour la High Line bien sûr, superbe promenade surélevée, pour ses galeries, ses restaurants et ses clubs (ambiance gay sur la 8e avenue) : la plupart des galeries se trouvant entre 10th et 11th Avenues et entre 21th et 27th Streets. Pour faire quelques courses, faites un tour au Chelsea Market, installé dans un curieux bâtiment Art déco, entre 15th et 16th Streets sur 9th Avenue. Enfin, l’immense complexe de Chelsea Piers, au bord de l’Hudson River, attire beaucoup de sportifs de la ville. S’offrir une balade sur les bords de l’Hudson au coucher du soleil est un moment de pure détente.

Upper West Side et Central Park

L’Upper Manhattan débute à hauteur de l’importante 57th Street, le faubourg Saint-Honoré de New York, et se divise de part en part de Central Park, comme les deux bras d’un fleuve urbain, en deux entités énormes : l’Upper East Side et l’Upper West Side. Lorsque vous aurez épuisé les plaisirs de Downtown, n’hésitez pas à vous embarquer pour l’Upper West Side. Vous y découvrirez un Manhattan moins couru, mais non moins captivant. Et lorsque vos jambes ne vous supporteront plus, vous aurez toujours le loisir de vous étendre sur une pelouse de Central Park… Quartier de prédilection de l’intelligentsia new-yorkaise, il n’en demeure pas moins si complexe et hétéroclite que l’on pourrait passer sa vie à le décoder. Il n’existe aucun quartier comme l’Upper West Side, où le sublime hôtel Excelsior voisine avec le non moins sublime Mayflower dans une alchimie à nulle autre pareille avec l’une des plus qualitatives concentrations d’hôtels à petits prix de New York. Sans doute le plus complexe, mais aussi parmi les quartiers les plus intéressants et agréables de New York, l’Upper West Side est un monde à part avec ses fans, qui ne voudraient vivre ailleurs pour rien au monde. La notion de block y existe toujours, au point que, d’une rue à l’autre, l’ambiance peut changer radicalement. Sur ce territoire aussi vaste qu’hybride, qui ressemble à un 16e arrondissement parisien mâtiné de 11e, le luxe et la pauvreté ne sont jamais très éloignés. Ici cohabitent artistes, étudiants, écrivains, professions libérales, acteurs (nombreux), musiciens, yuppies, millionnaires, retraités, travailleurs et homeless (non moins nombreux).
L’Upper West Side s’étend du Lincoln Center, au sud, à Morningside Heights, au nord, du territoire de la Columbia University et de Central Park, sur son flanc est, au Riverside Park, à l’ouest, au-delà de l’énorme West End Avenue. Pour l’histoire, on rappellera que le Lincoln Center a été bâti sur le site du quartier populaire qui sert de cadre au film West Side Story. De tous les bâtiments prestigieux qui flanquent Central Park West, et dont on peut admirer le panorama depuis le parc, le Dakota Building n’est pas le plus haut, mais il est le plus ancien. C’est au pied de cette forteresse palatiale de style Renaissance néogermanique, construite en 1884 et dont les appartements comptaient originellement jusqu’à vingt chambres, qu’a été assassiné John Lennon, c’est dans cette grande bâtisse sombre qu’a été tourné le film Rosemary’s Baby de Polanski, et c’est encore ici que vécurent Lauren Bacall ou l’ancien maire de New York, John V. Lindsay. Un immeuble qui, par son glamour, son luxe et ses drames, appartient à la mythologie new-yorkaise. Au tout début du XXe siècle, 20 ans après la construction du Dakota, qui se dressait solitaire face à Central Park, l’ouverture du métro allait stimuler l’urbanisation de l’Upper West Side. De nombreux juifs aisés (aujourd’hui encore, l’Upper West Side est le principal quartier juif de Manhattan) se trouvaient à l’étroit dans le Lower East Side et ils restaient persona non grata dans l’Upper East Side, quartier des riches WASP (White Anglo-Saxon Protestant). Ils avaient de l’argent et de l’ambition et s’installèrent à l’ouest de Manhattan, lui donnant un formidable essor économique et s’inspirant pour l’architecture du gothique et du baroque, mais surtout du style haussmannien. Et c’est bien ce qui pourra vous frapper du côté de la 72nd Street et de Broadway : la démesure new-yorkaise d’un style familier. C’est pourquoi l’Upper West Side, trop peu visité par les touristes, garde un air si européen. Au début des années 1920, Broadway voulait rivaliser avec les Champs-Élysées. La mode n’a pas suivi. Désormais, Columbus Avenue, située entre les 70th et 80th Streets (près du Museum of Natural History) tient le haut du pavé, avec ses boutiques, ses restaurants romantiques dans le genre du Village, ses bars et ses cafés pleins de jeunes et d’habitués. Et n’oubliez pas de regarder vers le ciel pour apercevoir la belle architecture des toits de quelques vieux buildings, avec leurs gargouilles, leur petit donjon et leurs sculptures. Si vous cherchez une sorte de Downtown revisité, mais Uptown, nous vous conseillons résolument l’Upper West Side.
Lors de votre visite dans l’Upper West Side, n’oubliez pas de monter jusqu’à la 110e rue pour découvrir le magnifique campus de la prestigieuse Columbia University. Réservé aux piétons et donc très calme, le campus est ouvert au public. Vous y découvrirez tous les clichés des campus aperçus dans les séries américaines : des étudiants assis dans la pelouse en train de réviser, d’autres discutant sur les marches de la bibliothèque (dont certaines salles sont ouvertes aux non-étudiants), des Starbucks à tous les coins de rue, etc.

Upper East Side

Depuis que New York existe, c’est le quartier chic par excellence. Celui des grandes familles, des dynasties économiques et intellectuelles, et des valeurs traditionnelles. En témoignent les petits groupes d’enfants en uniformes scolaires ou les gardiens d’immeubles en gabardine de parade et chapeau qui accueillent les propriétaires et refoulent les importuns qui n’ont pas été annoncés. Quartier fortuné et de tradition, le très upper class Upper East Side, situé dans la partie nord-est de Manhattan, entre Central Park est et l’East River, réunit le long de Central Park certains des hôtels les plus majestueux de New York, summum du luxe urbain de bon goût. Dans l’Upper East Side, où les avenues sont plus ou moins élégantes selon un ordre correspondant à leur éloignement par rapport à Central Park, les blocks expriment de ce fait le prestige réel d’une situation. C’est là que se sont installés, dans les années 1880, les Astor, les Carnegie, les Whitney, les Frick, les Morgan, les quatre cents noms de l’aristocratie new-yorkaise, leurs émules et des outsiders prestigieux. Ici vivent ou vécurent Greta Garbo (450 East 52nd Street), Paul Newman (230 East 50th Street), Shirley MacLaine (400 East 52nd Street), Lillian Gish (430 East 57th Street), Marylin Monroe (444 East 57th Street), Montgomery Clift (217 East 61st Street), Tallulah Bankhead (230 East 62nd Street), Joan Crawford (2 East 70th Street), Pola Negri (907 5th Avenue), Gloria Swanson (920 5th Avenue), Marlène Dietrich (993 Park Avenue), Woody Allen, Robert Redford, Liza Minelli, Madonna et d’autres encore… Vous serez certainement séduits par l’enfilade de nobles bâtiments qui bordent tout le versant est de Central Park. Avec ses hôtels particuliers, ses petits immeubles d’habitation élégants ou ses forteresses bourgeoises dominant la majestueuse Park Avenue, l’équivalent de l’avenue Foch, l’Upper East Side est, pour l’œil, un plaisir des formes et des perspectives. Du côté des 60th et 65th Streets et Madison, on est à Neuilly ; ailleurs, à hauteur des 90th, à Passy : de jolies maisons particulières bordent des rues ombragées l’été. Depuis les terrasses privilégiées, la vue sur Central Park est sublime. Tout à l’est, entre les 79th et 96th Streets, s’ordonnent des rues d’immeubles massifs : c’est le quartier de Yorkville, à l’influence allemande persistante – ses restaurants, ses pâtisseries, ses fêtes locales fleurent bon la Bavière. En été, les bancs du Carl Schurz Park à l’extrémité de la 84th Street (jusqu’à la 89th Street), fort tranquille et bien orienté à l’est, permettent de pique-niquer tout en regardant passer les bateaux sur l’East River. L’Upper East Side est un mix des 16e et 8e arrondissements parisiens : sur Madison s’alignent les boutiques les plus élégantes de la mode américaine, européenne et japonaise, les antiquaires les plus chers, les restaurants les plus sélects, les hôtels les plus secrets, et les secrets les mieux gardés. Car l’Upper East Side se montre, il ne se révèle pas. Ce n’est pas un quartier jeune, encore que l’installation des yuppies et des golden boys (Wall Street est sur la ligne directe du métro) ait changé le paysage. En semaine, les dîneurs affluent dans les restaurants qui se succèdent sur les 2nd et 3rd Avenues, entre les 70th et 75th Streets. Le week-end, l’intéressante 86th Street sert de point de ralliement aux banlieusards. On vit entre voisins et en bon voisinage. L’Upper East Side abrite aussi l’élite des musées new-yorkais, le long d’un des plus fabuleux parcours culturels de la planète : le Museum Mile. L’un des plus denses aussi. Sur la 5th Avenue, de la 82nd à la 104th Street, ce sont plus d’une dizaine de musées aussi divers que le Museo del Barrio, le musée de la ville de New York, le Jewish Museum, le Guggenheim, la Neue galerie ou… le Metropolitan. Une sensation grisante que d’enfiler comme des perles les musées les plus sublimes du monde, en quelques enjambées. Autant de lieux où les collections sont synonymes d’excellence…

Harlem et le nord

Harlem. Le nom de Harlem vient du néerlandais Nieuw Haarlem ou « Nouvelle-Haarlem », Haarlem étant une ville des Pays-Bas. Urbanisé à partir de 1880, le quartier fut d’abord le lieu de résidence et de villégiature d’une classe plutôt aisée d’immigrants d’Europe du Nord et de l’Est. C’est véritablement à partir de 1910, suite à l’expansion de la ville, que les Noirs américains commencent à s’installer dans ce quartier. Il devient tout à la fois centre de la lutte pour l’égalité des droits civiques et foyer de la culture afro-américaine : des caractéristiques qui font aujourd’hui sa renommée mondiale. Les frontières de Harlem sont délimitées au sud par la 96e rue et Washington Heights. Toutefois, l’espace est officieusement délimité par la 110e rue au sud et par la 155e rue au nord. Longtemps considéré comme un ghetto, Harlem est aujourd’hui plus dynamique que jamais. Le fait que Bill Clinton a choisi d’y installer ses bureaux en 2001, sur l’emblématique 125th Street – à 5 minutes de l’Apollo –, traduit bien cette mutation urbaine. Passer la 96th Street en direction du nord, à pied, en voiture ou en bus, donne encore la sensation de franchir une frontière sociale. Harlem s’est cependant grandement assagi avec les années « Tolérance Zéro » et la hausse des loyers. De nombreux bâtiments, laissés à l’abandon pendant deux décennies (fenêtres brisées, cages d’escalier incendiées, électricité coupée), ont été réhabilités, et la bourgeoisie blanche redécouvre le charme de ses vieilles demeures en brownstones et de ses quartiers résidentiels arborés… Mais, changement de noms des avenues à l’appui, Harlem demeure le symbole et la mémoire de l’histoire mouvementée des Noirs américains. En témoignent les gospels incarnés, chantés dans les quatre cents paroisses de Harlem chaque semaine… Des cités de East Harlem aux brownstones de Striver’s Row, vous ressentirez l’esthétique brute d’un quartier où tout est plus dur et plus beau. De l’Apollo Theatre au Schomburg Centre, vous y verrez de belles cicatrices et expérimenterez la splendeur issue du sang, de la sueur et des larmes. Harlem est à la fois symbole du malaise racial en Amérique, frontière géographique et mentale que les New-Yorkais blancs hésitent encore à franchir, et fleuron touristique très prisé des visiteurs du monde entier, au grand étonnement des Américains. Les week-ends et la journée sont donc les moments les plus propices à une excursion individuelle, et les visites organisées restent d’excellentes occasions de voir ce qui mérite d’être vu, apprécié, aimé et deviné. Le programme idéal : un gospel dominical vers 11h, un déjeuner chez Amy Ruth’s ou Sylvia’s, une balade autour de Columbia University – même si le campus est plus animé en semaine –, suivie d’une soirée au Bill’s Place, l’un des clubs de jazz les plus authentiques de la ville. Une approche certes un peu balisée, mais qui constitue peut-être l’une des meilleures formules pour goûter à la magie de ce quartier…

Washington Heights et Inwood. Au nord d’Harlem, au-dessus de la 155e rue se trouve Washington Heights. Le quartier a été nommé d’après Fort Washington, une bâtisse fortifiée située sur le point culminant de Manhattan. Construit par l’armée durant la révolution, ce fort avait été conçu pour apercevoir au loin les possibles flottes anglaises. Le quartier a accueilli différentes vagues d’immigration successives. Au début du XXe siècle, les Irlandais s’y sont installés, bientôt remplacés par les juifs européens fuyant le nazisme dans les années 1930-40. Des immigrés grecs, puis dominicains se sont ensuite établis à Washington Heights. Ces derniers peuplent toujours en grande partie le quartier. Une attraction touristique vaut le détour à Washington Heights : The Cloisters (le cloître), une enceinte construite avec des fragments de cloîtres français qui abrite des œuvres d’art médiévales venant d’Europe et notamment de France. À noter que, très régulièrement, des films sont tournés dans ce quartier, car les rues sont assez peu peuplées et il est beaucoup plus facile et moins coûteux de fermer un block entier de Washington Heights que de SoHo. Parmi les films tournés dans le quartier, Une Journée en enfer et American Gangster. Le quartier le plus au nord de l’île de Manhattan est Inwood. Tout comme Washington Heights, Inwood accueille aujourd’hui une très forte communauté dominicaine.