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L’Écosse est-elle vraiment une terre de fantômes ?

L’Écosse aime jouer la carte du mystère et du paranormal… et elle le fait très bien ! En effet, des sites web officiels recensant les relevés des chasseurs de fantômes indiquent un bon millier d’apparitions spectrales ces dernières années. Que l’on y croie ou non, visiter un site ou un château hanté est une expérience qui peut donner des frissons. Et la multiplicité des sites où se sont déroulées des histoires effrayantes laisse à croire que oui, l’Écosse est bien une terre de fantômes !

Les âmes égarées sont parfois des guerriers – un soldat espagnol tué lors de la première révolution jacobite dans le château d’Eilean Donan –, des anciens prisonniers – dans le château d’Édimbourg –, des femmes passées à trépas dans d’obscures conditions – une Dame grise au château d’Inveraray ou une Dame verte du château de Crathes –, et même des enfants – une petite fille vêtue d’une robe à carreaux dans le château de Dunnottar. Une Dame blanche planerait dans la tour hantée de la cathédrale de Saint-Andrews. Les apparitions fantasmagoriques hantent aussi des champs de bataille : on entendrait encore, à la date anniversaire du massacre, des cris dans la vallée de Glencoe ; de même, des cris, le cliquetis des épées et des coups de feu retentiraient la nuit sur le champ de bataille de Culloden.

Citons un dernier phénomène plus récent et d’autant plus angoissant : le passage d’un train fantôme sur le vieux pont du Tay, près de Dundee. Le 28 décembre 1879, deux ans après avoir été inauguré, l’édifice s’est retrouvé gravement fragilisé par un orage. Il s’est effondré au passage d’un train de voyageurs, ne laissant aucun survivant. Le jour anniversaire de la catastrophe, un train fantôme ferait son apparition, entre les vestiges, toujours visibles, du vieux pont.

Ici les brownies ne se mangent pas, ils s’observent joyeusement !

L’Écosse est une terre de prédilection pour les amoureux des mondes imaginaires. Outre le célèbre monstre non identifié ondoyant sous les eaux du Loch Ness, elle dévoile, à qui sait les voir ou les imaginer, nombre de créatures plus fantasques, joyeuses ou effrayantes les unes que les autres. Il suffit d’un mouvement aussi précis qu’inopiné ou au contraire d’un rituel bien précis – glisser du pied droit sur une feuille de chêne et du gauche sur une feuille de sureau (c’est acrobatique !), avoir dans sa poche une fleur d’aubépine, saluer d’une formule magique le premier tourbillon de poussière aperçu – pour voir apparaître une nymphe, des elfes, des lutins… Ces derniers, nommés brownies, sont des créatures joyeuses, amatrices de whisky et de bière, poètes et bibliophiles. Il semblerait que quelques pincées de tabac les attirent, disait, à leur propos, l’elficologue Pierre Dubois. Attention toutefois à ne pas tomber sur un « Red Cap », reconnaissable, comme son nom l’indique, à son bonnet rouge. Équivalent écossais du croquemitaine, il guette le promeneur perdu pour l’égorger. C’est que son bonnet a besoin de sa teinture naturelle écarlate pour conserver sa couleur vive !

Marchez dans les pas du roi Arthur

Le légendaire roi Arthur, roi de Bretagne (la petite et la grande) est ici très célèbre. L’Écosse est elle aussi souvent citée dans les romans arthuriens. Elle a sa propre version de la légende arthurienne, qu’elle a folklorisée. La mythification de certains lieux est même assez récente.

Aux quatre coins du pays, des événements et des sites témoignent de son passage et de grandes batailles menées. Il paraîtrait même que Camelot, le château du bon souverain, se situerait en Écosse… sans pour autant qu’une localisation spécifique ait pu être avancée. Édimbourg compte à son patrimoine légendaire le Siège d’Arthur (Arthur’s Seat). Situé en haut d’un volcan, dans un écrin sauvage au cœur de la ville, le lieu offre une sublime vue panoramique : sur la capitale et sur l’estuaire du Forth. À Glasgow, Arthur aurait combattu l’un de ses pires ennemis : Caw. Il aurait aussi affronté les Pictes sur les rives du Loch Lomond et dans les Dumfries & Galloway (bataille de Coit Celidon), aux environs d’Ardderydd. Le long du Mur d’Hadrien, à Sewing Shields, zone actuellement anglaise, mais qui fut souvent écossaise, se situe l’un des lieux présumés de dormition d’Arthur.

D’autres personnages appartenant au geste arthurien entretiennent des liens avec l’Écosse. Gauvain, le neveu du roi Arthur, est originaire des îles des Orcades, puisqu’il est le fils du roi Lot d’Orcanie. On trouverait sa trace à Rosslyn : les écus et diverses figurations dans la chapelle le représentent, ce qui est plausible, car l’édifice a été bâti par un Sinclair, comte des Orcades. Il est fortement probable que celui-ci ait choisi de rappeler cet ancêtre mythique de sa famille.

Merlin a aussi marqué l’Écosse de son passage. À Stobo Kirk, l’église présente un vitrail où Merlin (Myrddin) est figuré en train d’être converti à la foi chrétienne par saint Kentigern, le premier évêque de Glasgow (vers 550-612), connu aussi sous le nom de Mungo. Les Écossais, à l’instar des Bretons et d’autres peuples celtes, revendiquent la présence de sa tombe sur leurs terres. Il reposerait près de Powsail Burn, appelé aussi Drumelzier Burn.

L’Écosse et ses multiples religions

Comme on le constate avec le révérend Kirk ou la mythologie arthurienne relative au Graal, la religion chrétienne n’est jamais loin. Elle est aussi au cœur de l’histoire de l’Écosse. L’église presbytérienne (protestante) fondée par John Knox est reconnue comme l’église officielle même si la séparation des pouvoirs entre l’Église et l’État est bien en place. L’Église catholique romaine est aussi largement représentée, avec 20 % de la population, concentrée principalement dans le Centre-Ouest. Les différentes vagues d’immigrations, principalement d’Asie Australe, ont aussi amené leurs religions : hindouisme, sikhisme et islam, très pratiquée en Écosse, qui accueille de nombreux centres islamiques et mosquées. Le judaïsme et le bouddhisme sont aussi représentés, mais de manière plus minoritaire. Citons, pour cette dernière, une île lui appartenant et où elle a érigé un centre bouddhique ouvert aux visites et retraites : Holy Isle (sur la côte ouest).