Premiers temps

Dès la préhistoire, les régions du nord développent des caractéristiques distinctives. Les premiers témoignages écossais sont des œuvres sculptées du néolithique. Dans l’Aberdeenshire, des sphères en pierre gravées révèlent des motifs géométriques, spirales et lignes brisées.

À partir du VIIe siècle, un art chrétien se développe dans les monastères des Hébrides. Les premiers manuscrits enluminés seraient issus du monastère de Saint Columba (Iona). Le livre de Kells est le plus bel exemple de cette époque. La misère qui frappe le pays, associée au déclin du christianisme, freine les productions jusqu’à la Renaissance.

Les portraitistes

Le XVIe siècle connaît un lent renouveau. Les premiers peintres écossais qui commencent à se faire connaître le siècle suivant sont des portraitistes. George Jamesone, né à Aberdeen en 1587 base sa réputation sur ses portraits de personnalités locales. C’est sous l’impulsion de Charles Ier que Jamesone établit sa notoriété. En visite à Édimbourg en 1633, le roi l’invite à reproduire des portraits de tous les anciens rois d’Écosse. Il peint également des autoportraits et des paysages, toujours dans une palette sombre et neutre, avec un souci du réalisme.

John Michael Wright (1617-1694) se forme auprès de Jamesone. Artiste érudit, il effectue un long séjour à Rome. Considéré comme un chef de file, il est apprécié pour son trait réaliste. Comme son maître, il assoit sa réputation sur les portraits de dignitaires.

Leurs œuvres font aujourd'hui partie des collections de la Scottish National Portrait Gallery, réservée aux plus beaux portraits du monde. La Scottish National Gallery se consacre quant à elle aux artistes écossais.

Le romantisme écossais

Ce mouvement qui touche toute l’Europe apparaît en Écosse au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle. Ici aussi, il valorise le sentiment. L’un des sujets de prédilection est le cycle ossianique. Les poèmes d’Ossian, barde écossais du IIIe siècle, traduits par James MacPherson font fureur en Europe. Le sentiment patriotique s’éveille, les Highlands révèlent leurs attraits. La nature sauvage est glorifiée dans des compositions dramatiques, telles que Les Cascades du Clyde, de Jacob More. Alexander Runciman (1736-1785) serait le premier artiste à avoir peint les paysages écossais.

L’influence du romantisme se manifeste jusqu’au début du XIXe à travers les œuvres de Henry Raeburn (1756-1823), Alexander Nasmyth et John Knox. Bien qu’il effectue toute sa carrière en Écosse, Raeburn est le premier artiste écossais d’envergure internationale. Ce portraitiste définit la spécificité écossaise en représentant des hommes en tartans sur fonds de montagnes écossaises. Né à Édimbourg, il effectue un voyage en Italie en 1786, tout comme Nasmyth. Ce dernier est connu pour avoir fondé la tradition du paysage écossais. Knox, également paysagiste a été le premier à peindre la campagne de Glasgow.

Glasgow Boys

Dès la fin du XIXe siècle, Glasgow domine la scène artistique, grâce à la Glasgow School of Arts, dont le plus célèbre élève est sans doute Charles Rennie Mackintosh, maître de l’Art nouveau.

Le groupe des Glasgow Boys s’oppose à l’académisme. Ces peintres actifs entre 1887 et 1895 sont influencés par les impressionnistes français et sont secondés par les coloristes écossais, dont les œuvres fortes s’inspirent du postimpressionnisme et du fauvisme français. On compte parmi les Glasgow Boys MacGregor, James Guthrie, John Lavery, George Henry et Edward Walton.

En parallèle, les Glasgow Girls (Jessie Newbery, Anne Macbeth, les sœurs Margaret et Frances MacDonald) exposent des objets d’art décoratif, du design dans un style qui allie Art nouveau et des influences celtes.

Écoles modernes

Charles Rennie Mackintosh (1868-1928) influence tous les domaines de la créativité. Architecte, designer et aquarelliste issu du mouvement Arts and Craft, il est à la tête de l’Art Nouveau écossais. Son style épuré combine tradition et modernité. Outre la Glasgow School of Art, on peut admirer la House for an Art Lover de Glasgow, construite selon ses plans après sa disparition. Mackintosh affirmait que s’il avait du talent, sa femme avait quant à elle du génie. Charles travaillait en étroite collaboration avec Margaret. C’est elle qui apporte la touche florale qui adoucit le style rectiligne de Charles. Cela ressort clairement dans les vitraux et les peintures murales qu’il exécute sur commande. à la fin de sa vie, Mackintosh peint d’ailleurs des paysages et des études de fleurs qui enchevêtrent le style des deux époux

Les années 1920 voient émerger d’autres groupes tels que les Coloristes écossais. Il faut attendre la fin du XXe siècle pour que leur influence se ressente sur l’art contemporain. Certains coloristes exercent en France, dans la lignée de Monet, Matisse et Cézanne. Le chef de file, John Duncan Fergusson (1874-1961) effectue de fréquents séjours à Paris.  Francis Cadell, Samuel Peploe et Leslie Hunter appartiennent également à ce courant.

L’école d’Édimbourg des années 1930 réunit William Gillies, William MacTaggart ou Anne Redpath autour d’une approche moderne du paysage écossais. Bien plus tard, d’autres artistes comme Alan Davie ou Edouardo Paolozzi se tournent vers l’abstraction.

Le peintre et sculpteur Eduardo Paolozzi (1924-2005) est le premier artiste écossais à acquérir une telle notoriété internationale. Son art préfigure la déferlante pop art. Il participe au pavillon britannique de la Biennale de Venise de 1952 qui voit s’imposer une génération de sculpteurs : Reg Butler, Lynn Chadwick et Kenneth Armitage. Des œuvres de Paolozzi ont rejoint les collections de la Scottish National Gallery aux côtés du célèbre patineur de Raeburn, des Trois Grâces d’Antonio Canova ou de la Vision après le sermon de Gauguin.

Scène contemporaine

La génération née dans les années 1960 explose sur la scène internationale. Le plus connu, également le mieux coté sur le marché est sans doute le peintre figuratif Peter Doig. Influencé par les romantiques allemands, il peint de vastes paysages sauvages et mélancoliques. En 2016, sa toile montrant un tunnel arc en ciel au bord de l’autoroute s’est vendue à presque 13 millions d’euros.

Né en 1966, l’artiste vidéo Douglas Gordon vit et travaille à Glasgow. Sa démarche combine projections, photographies, installations et textes. Gordon aime s’approprier des images pour les mettre en scène dans des contextes inattendus. Blind James reprend un portrait en noir et blanc de l’acteur James Mason dont il découpe les yeux pour créer une version aveugle. Cette œuvre appartient à une série d’acteurs mythiques : Cary Grant, Kim Novak, Marlon Brando ou Paul Newman ont aussi inspiré Gordon.

Rob Mulholland disperse son travail dans le domaine public pour interroger la relation de l’homme et de la nature. Sculpteur environnemental, Mulholland a installé plus de 600 silhouettes en miroir sur des sites sauvages. À Rutherglen, un personnage de six mètres marque l’entrée du Cuningar Woodland Park. La surface de ses sculptures absorbe et reflète les mouvements constants de l’environnement et de la lumière écossaise.

Pour les amateurs de sculpture, la visite du Scottish National Gallery of Modern Art se complète à l’extérieur avec des œuvres admirables dont une d’Henry Moore. Toujours à Édimbourg, The Fruitmarket Gallery présente la génération montante aux côtés de valeurs sûres : Claire Barclay, Louise Hopkins, Callum Innes, Lucy Skaer ou Tony Swain se sont imposés ici.

Le dynamisme de Glasgow se prolonge dans la rue depuis les années 1970. La ville soutient les projets d’art urbain en passant commande à de grands noms comme Rogue-One, Art Pistol, Recoat et Smug. Les cartes du City Centre Mural Trail guideront vos pas. Quelques repères : dans le centre, Rogue-One a peint des « Hip-Hop Marionnettes » sur John Street. The Barras concentre un art urbain foisonnant, dont des fresques de Mark Worst ou encore Rogue-One, avec ici une jeune pirate. La zone de Maryhill Road a fait l’objet d’une commande d’art public. La fresque d’Elph représente trois enfants dans un hommage à la diversité de la population.