Des entrailles de la terre à l’informatique et au service

Traditionnellement, l’Écosse bénéficiait de deux ressources principales : d’une part, l’agriculture fondée sur l’élevage et la pêche en haute mer et, d’autre part, l’industrie lourde avec l’extraction massive de ressources minières. Après la révolution industrielle, construction navale, exploitation minière et sidérurgie portaient tous les espoirs du pays… jusque dans les années 1970 où cette industrie a périclité. Elle a disparu au bénéfice de l’industrie pétrolière, née et développée grâce à la découverte de gisements de pétrole dans la mer du Nord. Beaucoup de mines de charbon et d’acier ont fermé, mais les parcs éoliens ont pris le relais. Qui plus est, l’État a joué un rôle important en soutenant la transition de l’industrie lourde vers une industrie dite légère grâce à une politique d’aide soutenue jusqu’en 1976.

Depuis les années 1980, une « Silicon glen » (équivalent écossais de la « Silicon Valley ») s’est développée : beaucoup d’entreprises technologiques se sont installées entre Glasgow et Édimbourg. Elles exercent dans les secteurs des systèmes d’informations, de la défense, mais aussi du design électronique. Ce secteur emploie quelque 50 000 personnes pour environ 460 sociétés, ce qui représente 12 % de la production industrielle. La « Silicon glen » regroupe de nombreuses start-ups ainsi que les plus grandes entreprises informatiques mondiales, comme IBM, Microsoft, Oracle, HP, ou Adobe, qui s’appuient sur la proximité d’universités comme celle de Glasgow, pour recruter des ingénieurs ou de la main-d’œuvre.

À côté de cela, les banques, les compagnies d’assurances, les télécommunications, le bâtiment, les médias, le commerce et les loisirs ont fait progresser l’activité économique du pays tandis que le secteur manufacturier a crû plus légèrement. L’électronique, la finance et les industries de services continuent de remplacer les industries lourdes. Quant aux exportations de produits manufacturés (principalement électriques et mécaniques), elles sont en pleine croissance. En excluant les échanges intra-Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union européenne constituent les principaux marchés pour les exportations de l’Écosse.

La croissance économique du pays, liée au redressement de la consommation, à la baisse des prix au détail et à l’augmentation du revenu des ménages, demeure toutefois inégalement répartie selon les régions. Un écart se creuse avec les régions du nord, bastion des industries traditionnelles, en crise, en opposition avec le sud, lieu d’activité de services, mais aussi de la recherche et du développement.

L’Écosse a des gisements de pétrole parmi les plus importants d’Europe !

Alors que ces dernières années la production de pétrole était en déclin, l’Écosse connaît une recrudescence de l’exploitation pétrolière dans la mer du Nord, notamment dans des zones qui étaient considérées comme non rentables jusqu’à présent. Aberdeen est, depuis les années 1970, une plaque tournante de l’industrie pétrolière écossaise. Elle est même considérée comme la capitale européenne du pétrole ! Vous verrez, au large de ses côtes et depuis de nombreux points de vue donnant sur la mer du Nord, jusqu’à Inverness et au-delà, des plates-formes offshore. Entre la nature sauvage et ces monstres d’acier s’installe une étrange alchimie esthétique, vous plongeant dans des tableaux uchroniques et fantastiques… Selon des estimations officielles, les réserves exploitables britanniques en mer du Nord représentaient un potentiel d’environ 7,8 milliards de barils de pétrole et 4,2 milliards de barils équivalents-pétrole (boe) de gaz. Des gisements de gaz avaient encore été découverts fin 2018 au large des îles Shetland et le groupe Total a démarré un nouveau projet gazier en juin 2019 sur le site de Culzean.

Des ressources naturelles exploitées et revalorisées grâce au tourisme

Les Lowlands, région de petites plaines et de collines, possèdent les terres les plus fertiles de l’Écosse, propices aux cultures céréalières et fruitières ainsi qu’à l’élevage bovin. C’est également dans les Lowlands, de Gervon à Dunbar, que s’exerçait jusqu’ici la quasi-totalité de l’activité industrielle (métallurgie, fonderies, chantiers navals, industrie chimique), notamment autour de Glasgow, dans l’estuaire de la Clyde et, à l’est, dans la région de Dundee, avec ses confitureries où est produite la fameuse marmelade d’orange.

Les Highlands ont une économie encore principalement rurale et pastorale : élevage ovin alimentant l’industrie lainière des Cheviot de la vallée de la Tweed et des îles Shetland, sylviculture, chasse et pêche. Le poisson, le gibier et les crustacés écossais représentent les deux tiers des ressources de la Grande-Bretagne.

De par leur caractère rural, les Highlands sont devenus la région la plus touristique : épargnées par les mutations industrielles et la pollution, elles ont gardé intactes la beauté de ses paysages et ses traditions.

Le secteur touristique n’est pas à négliger puisqu’il représente 4,5 % de l’économie écossaise. Il emploie 217 000 personnes pour plus de 14 millions de visiteurs annuels. La plupart des touristes proviennent de Grande-Bretagne : environ 11,51 millions, contre 2,75 millions pour les étrangers. Ces derniers sont en majorité américains, allemands, français, canadiens, polonais et australiens.

Le système politique écossais en quelques mots

Longtemps en conflit avec l’Angleterre, l’Écosse a construit progressivement son autonomie. Elle est indépendante jusqu’en 1707, date à laquelle elle entre dans l’Acte d’Union. De nos jours, le pays possède un système éducatif et un gouvernement propres, ainsi qu’une politique de santé autonome. La culture et le nationalisme écossais demeurent profondément enracinés dans la conscience populaire, comme en témoigne la prépondérance des nationalistes du SNP sur la scène politique.

Le siège du Parlement est établi près du palais de Holyroodhouse, à Édimbourg. Le Parlement de Londres conserve cependant le contrôle de la Défense, des Affaires étrangères, du Budget des politiques fiscales et économiques. Les principaux partis politiques sont les mêmes que pour le reste du Royaume-Uni : conservateurs, travaillistes, libéraux démocrates, Verts et quelques partis minoritaires. La formation majoritaire est cependant celle du Scottish National Party, dont le leader est Nicola Ferguson Sturgeon.

De l’économie à la politique, du Brexit à l’indépendance…

La question de l’indépendance de l’Écosse reste un sujet prégnant. Un référendum tenu en 2014 avait obtenu une réponse défavorable à 53,3 % des suffrages, soit une relative minorité 46,7 % de partisans de l’indépendance. Ce statu quo a alors été imputé au souhait de conserver des liens forts, du point de vue social et économique. La question se repose depuis 2018 avec le débat généré par le Brexit. En août 2018, de nouveaux sondages estimaient les indépendantistes à 49 % de la population. Il faut dire qu’au moment du vote pour le maintien ou non dans l’Union européenne le 23 juin 2016, les Écossais avaient voté à 62 % pour le maintien, alors que les Anglais, eux, ne s’étaient exprimés qu’à 48 % contre. Une loi votée le 29 mai 2019 a relancé le débat sur l’indépendance, puisqu’un nouveau vote devrait être organisé en 2021, à la lumière du bouleversement politique que représente la sortie de l’Union européenne. Fin juin 2019, les lignes avaient encore bougé, puisqu’un sondage révélait, à la suite de la nomination de Boris Johnson, particulièrement controversé en Écosse, une augmentation substantielle des voies en faveur de l’indépendance écossaise, passant à 53 % pour.

Des hypothèses suggèrent une sécession de l’Écosse avec le Royaume-Uni et, le Brexit passé, une candidature pour réintégrer l’Union européenne ; d’autres soulignent que le précédent créerait des risques de rébellion en Irlande du Nord qui, elle aussi, avait refusé la sortie. La question est posée, en novembre 2019, d’un nouveau référendum en Écosse, l'ancienne Première ministre, Nicola Sturgeon, déclarant être déterminée à « mettre l’avenir de l’Écosse dans les mains de l’Écosse » et refuser fermement un retrait de son pays de l’UE contre sa volonté. Nicola Sturgeon a ensuite démissionné début 2023 pour des raisons personnelles. Les pages « Brexit » et « indépendance » sont donc bien loin d’être fermées. En 2021, 50 % des Écossais seraient en faveur d’un référendum.