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Une île en Méditerranée

Deuxième plus grande île de la Méditerranée, la Sardaigne affiche de belles proportions. Ses 24 000 km² déclinent des paysages de plaines et de montagnes, de côtes déchiquetées et de plages de sable fin. Au cœur de la Méditerranée occidentale, c’est aussi l’île la plus éloignée des terres continentales : 188 km de la pointe Torre Ciana en Toscane, 190 km de la tunisienne Bizerte, 330 km de Toulon. Mais l’île n’est séparée que par 12 petits kilomètres de la Corse et de Bonifacio. Elle est gardée par quelques archipels et îlots sentinelles. Asinara au nord-ouest est passée de quartier pénitentiaire de haute sécurité à Parc national en 1997. L’archipel de la Maddalena à la pointe nord figure parmi les joyaux touristiques de l’île. L’île de Tavolara et son sommet de 565 mètres barrent l’accès à la rade d’Olbia. Enfin, le site archéologique de Sant’Antioco et la petite ville de pêcheurs de Carloforte sur San Pietro au sud-ouest attestent de l’occupation de longue date de ces deux îles. La capitale de la Sardaigne, Cagliari, se trouve au sud de l’île, dans l’une des rares baies naturelles abritées, repérée dès l’Antiquité par les Phéniciens à l’origine de la fondation de la cité portuaire. Pour des raisons aussi bien géographiques qu’historiques, la Sardaigne compte peu de villes portuaires d’importance. Les invasions constantes et un relief côtier peu propice à l’établissement de cités ont poussé les habitants à occuper plus volontiers l’intérieur des terres. On peut cependant citer Alghero au nord-ouest et Olbia au nord-est. Sassari au nord, Oristano à l’ouest et Nuoro à l’est sont repliées dans les terres ou dans les montagnes. Le dernier recensement officiel de 2011 fait état de 1 639 362 habitants, dont la majorité vit en zone rurale ou dans des bourgs de seconde importance. Seuls 37 % des Sardes vivent en zone urbaine. L’île est découpée administrativement en 5 provinces distinctes : Cagliari et sa métropole au sud, la Sardaigne du Sud, l’Oristano à l’ouest, Sassari au nord et Nuoro à l’est.

Formation géologique

En 1936, le géographe français Maurice Le Lannou déplorait des « connaissances sur le relief de la Sardaigne extraordinairement précaires ». Il s’agit pourtant, avec quelques massifs alpins et la pointe de la botte italienne, des terres les plus anciennes d’Europe. La base granitique de la partie méridionale de l’île remonte à l’orogenèse varisque, soit au début de l’Ere primaire il y a 419 à 252 millions d’années. Durant cette période, les plaques continentales s’emballent et se chevauchent. Au cours de l’Ere tertiaire (-65 à -2 millions d’années), des mers secondaires transforment l’île en archipel, avant que de grandes éruptions ne viennent souder les éléments entre eux. La plaine du Campidano au sud-ouest de la Sardaigne n’est qu’un vaste fossé empli d’eau au début du Tertiaire avant de devenir une plaine alluvionnaire très riche à la fin de la même ère. Il y a 20 millions d’années, Corse et Sardaigne ne forment qu’une seule et même île et s’éloignent progressivement du continent. On retrouve les mêmes roches et coulées de lave dans ces îles et dans le massif des Maures ou celui de l’Esterel qui laissent à penser que Sardaigne et Corse ont été rattachées au continent. Les mouvements tectoniques ont fragmenté la masse basaltique primitive pour former les montagnes qui parcourent l’île. Le plancher des failles a été progressivement comblé par des effusions trachytiques, sur lesquelles se sont déposés calcaire et marnes. Ce sont quinze massifs qui se renvoient leurs montagnes aux sommets bosselés dos à dos. La plus haute, la Marmora, veille à 1 834 mètres sur le massif du Gennargentu dans la province du Nuoro. Les massifs sont reliés par de hauts plateaux, tandis que les plaines marquent les lignes de fractures. La plaine du Campidano traverse le sud-ouest de l’île sur un axe Cagliari-Oristano, laissant sur sa gauche les massifs de basse altitude du Sulcis et de l’Iglesia. Au nord-ouest de l’île, la plaine de la Nurra sépare Sassari de la mer. Hormis ces deux grandes plaines, la Sardaigne est parcourue de reliefs de plus ou moins grande intensité. Par conséquent, l’île n’offre que peu de longues plages. Ses 1 896 kilomètres de côte sont ponctués de petites criques étendues au pied de parois calcaires ou granitiques et ses fonds marins parcourus d’anfractuosités rocheuses font le plaisir des plongeurs.

Les côtes sardes

Si les Sardes ont le regard tourné vers les massifs du Nuoro, les touristes, eux, apprécient sans réserve les eaux cristallines qui baignent la côte. L’eau de Sardaigne compte parmi les plus belles du monde : les côtes aux couleurs contrastées plongent dans une mer revêtant toutes les nuances de bleu. La façade ouest offre des paysages très morcelés, une côte déchiquetée qui fait apparaître des criques accessibles parfois que par la mer. De l’abrupt Capo Falcone, face à l’île d’Asinara, à Alghero, le littoral se révèle haut et escarpé. Le cap Mannu se dresse au nord de la péninsule de Sinis, avec des falaises de calcaire jaune de 50 m de hauteur. Un peu plus bas, un plateau solitaire de calcaire friable se jette dans la mer de ses 25 mètres. Une alternance de criques, de rochers blancs et de plages fait face à l’Isola di Mal di Ventre, plate et distante, et, vers l’intérieur, à une vaste étendue de champs et de cultures. La Costa Verde, au sud d’Oristano, est plus ventée. D’immenses dunes pouvant atteindre une trentaine de mètres y côtoient un arrière-pays couvert de maquis méditerranéen. Plus au sud, le littoral est bordé de roches calcaires à la couleur violacée, contrastant avec l’énorme Pan di Zucchero, imposant îlot de 132 m de hauteur qui lui fait face. Sur cette côte, l’isobathe se fige à 200 mètres à seulement 20 mètres du littoral. Au sud, la côte qui part de Villasimius jusqu’à la Costa Rei se caractérise par sa linéarité et son absence de relief. Les plages se côtoient, très longues et plates, sur plusieurs kilomètres. Dans l’arrière-pays, on trouve de nombreuses plantations d’agrumes. Sur la côte est, en revanche, les montagnes élevées plongent à pic dans la mer formant une barrière infranchissable, notamment entre Arbatax et Orosei. En remontant vers Porto Cervo, la Costa Smeralda réserve à ses visiteurs une infinité de petites criques et de plages bordant une mer émeraude. Les membres de la jet-set en ont fait leur paradis estival et se réservent les plus beaux panoramas balnéaires de l’île. Sous l’eau aussi le paysage est spectaculaire, avec des failles plongeant à 1 000 mètres à seulement 15 kilomètres de la côte. La Costa Paradiso, au nord, entre Santa Teresa di Gallura et Castelsardo, se caractérise par une alternance de roches de porphyre rouge et de plages. Le cap du Faucon (Capo Falcone), fait de roches schisteuses, se dresse à l’extrémité de la presqu’île de Stintino, face à l’île d’Asinara. La couleur sombre de ses roches contraste avec la limpidité de l’eau et la blancheur du sable de la plage de La Pelosa, l’une des plus belles de l’île. Parmi les plages notables, citons l’adorable Cala Luna et ses grottes mystérieuses, celle de Budelli au sable rose ou l’étonnante Cala Brandichini entre mer et lagon qui rappelle Tahiti.

Ressources naturelles et minières

Les populations choisissent de délaisser les belles zones côtières dès la période nuragique (1 800 av. J.-C.), leur préférant les zones de plateaux, entre 500 et 600 mètres d’altitude. Cela leur permettait de surveiller l’environnement et de voir venir toute tentative d’invasion. Mais le délaissement des plaines fertiles du Campidano a entraîné un gros effort d’adaptation. Les roches érodées se montrent peu propices à l’agriculture. Par conséquent, les habitants optent pour un mode de vie pastoral. Les troupeaux paissent sur les plateaux de maquis, de lande et de garrigue, où presque rien ne pousse. Mais ce sont bien les richesses géologiques qui ont attiré les Phéniciens, puis les Carthaginois et enfin les Romains, pour tenter de s’emparer de la Sardaigne. Le sous-sol regorge de richesses minières, dont la très convoitée obsidienne, une roche de lave vitreuse riche en silice. Elle sert à la confection d’outils et fait l’objet d’un marchandage intense en Méditerranée dans l’Antiquité. La plaine du Campidano, en plus d’offrir des terres fertiles favorables à la culture du blé, regorge de zinc et de plomb, notamment dans la région d’Arbus et de Montevecchio. Les environs de Carbonia la bien-nommée connaissent l’extraction du charbon et du fer dès la venue des Phéniciens. Mais c’est bien sûr l’invention de la dynamite et l’industrialisation qui vont intensifier cette industrie minière au XIXe siècle. L’extraction de l’argent va attiser les convoitises des Romains qui s’en servaient pour frapper monnaie aussi bien que celle des industriels miniers de la fin du XIXe siècle. Le gisement du Sarrabus au sud-est de la Sardaigne provoque une véritable ruée dans les années 1870. Exceptionnellement riche, les chercheurs obtiennent 1 kilo d’argent pur par quintal de plomb, quand habituellement ce sont 200 à 300 grammes chèrement extraits. Mais on trouve également des mines de cuivre et de fer en Barbagie, d’antimoine en Sarrabus-Gerei, de calamine en Iglesiente. Cette exploitation des sous-sols a laissé de nombreuses traces sur le territoire, à commencer par des noms de lieux sans équivoque : Argentiera, Capo Ferrato, Carbonia, Montiferru…

Au fil de l’eau

La position géostratégique de la Sardaigne au cœur du bassin méditerranéen occidental n’a pourtant pas engendré de grands navigateurs. Les Sardes ont préféré se tourner vers l’intérieur des terres. L’île est baignée par la mer de Sardaigne à l’ouest, la mer Tyrrhénienne qui la sépare de la botte italienne à l’est et les Bouches de Bonifacio au nord. Comme nous l’avons vu, la côte bien souvent torturée n’est que peu propice à l’établissement de ports. La plupart d’entre eux sont des constructions récentes, des marinas protégées par des digues de béton, destinées à abriter en mouillage les navires et yachts des touristes. L’île compte quatre fleuves principaux qui prennent leur source dans les torrents de montagne : le Tirso (152 km) se jette à Oristano ; le Flumendosa (127 km) finit sa course dans la mer Tyrrhénienne ; le Coghinas (116 km) arrose le nord de l’île ; le Cedrino (80 km) dévale les pentes des montagnes du Nuoro jusqu’à Orosei. Des barrages ont été aménagés sur ces rivières, afin de créer des bassins de rétention destinés à l’irrigation des cultures. Le barrage de Santa Chiara del Tirso au centre de l’île a ainsi permis de créer le plus grand réservoir d’Italie, le lac Omodeo. Le seul lac naturel de la Sardaigne est celui de Baratz, au nord d’Alghero. Entouré de collines boisées, c'est un endroit tranquille qui attire les oiseaux.