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De la tradition orale aux premiers auteurs

Comme dans de nombreux pays, c’est sur la tradition orale que se fonde la littérature des îles Canaries. Au fil du temps, les genres s’ouvrent et laissent la place à la poésie épique, au baroque, au néoclassique et même au romantisme. Comme dans toute l’Europe, les courants artistiques arrivent sur les îles, mais un peu plus tardivement, dirons-nous ! Quelques auteurs ont marqué leur siècle : Antonio de Viana (1578-1650) et son poème de seize chansons sur la conquête de Tenerife Antigüedades de las Islas Afortunadas ; José de Viera y Clavijo (1731-1813) et ses Noticias de la historia general de las Islas Canarias ; Tomás de Iriarte (1750-1791), dont l’oncle était disciple de Voltaire, est connu pour Fábulas Literarias (1782) ; ou encore le militaire Nicolas Estévanez de Murphy (1838-1914) auteur de poèmes comme Canarias et Musa canaria. Pour ce qui est du théâtre, souvenons-nous d’Ángel Guimerá qui a donné son nom au plus ancien théâtre de Santa Cruz de Tenerife. Né en 1845 à Tenerife et mort en 1924 à Barcelone, il est renommé pour son œuvre portant à la fois les caractéristiques du romantisme et du réalisme. Il est l’un des plus grands représentants de la renaissance catalane. Il est possible d’admirer un buste en marbre à Tenerife et à Barcelone.

Et plus récemment

Quelques auteurs du XXe siècle ont aussi marqué les Canaries. Domingo Pérez Minik (1903-1989) est l’un des écrivains les plus reconnus par la critique littéraire espagnole. Il a été récompensé par plusieurs prix comme Le Prix national de théâtre en 1965, la Médaille d’or des beaux-arts du Cabildo de Tenerife en 1980 et le Prix littéraire des îles Canaries en 1984. Pensons également à Mercedes Pinto (1883-1976) qui fut à la fois romancière, dramaturge et poétesse, surnommée la « Poétesse canarienne ». Son roman le plus connu est Él (1926) adapté au cinéma quelques années plus tard, en 1952 par Luis Buñuel. Citons, pour finir, Rafael Arozarena (1923-2009) né et mort sur les îles, qui donna en 1973 son roman le plus connu Mararía. Membre d’honneur de l’Académie canarienne de la Langue, il a reçu en 1988 le Prix de littérature des îles Canaries.

S’il fallait n’en retenir que deux : Benito Pérez Galdós (1843-1920) et Pedro Garcia Cabrera (1958-1981)

S’il a passé la plus grande partie de sa vie à Madrid, c’est bien sur les îles Canaries, à Las Palmas de Gran Canaria, que Benito Pérez Galdós, le plus grand romancier réaliste espagnol, a vu le jour au XIXe siècle. Il y a vécu jusqu’à l’âge de 20 ans et n’y est revenu qu’une seule fois ensuite. Les Canariens célèbrent encore l’auteur grâce à sa maison natale qui est devenue un musée. De plus, pendant longtemps les autochtones et touristes ont pu admirer son portrait sur l’ancien billet de 1 000 pesetas. Son œuvre est très vaste, alors citons, pour ceux qui veulent le découvrir, son ouvrage le plus connu : Episodios nationales qui raconte d’une manière romancée, en 46 volumes quand même, l’histoire du XIXe siècle espagnol. Ce qu’il faut savoir c’est que ses premiers écrits mêlent à la fois histoire et fiction. Nous pourrions peut-être le comparer à Honoré de Balzac, car l’auteur a pour dessein de peindre la classe moyenne de son époque. Citons aussi Fortunata y Jacinta (1886-1887), souvent comparé à Guerre et Paix de Tolstoï, ou encore Ángel Guerra (1891).

La seconde plume à ne pas oublier est Pedro Garcia Cabrera, le poète des Canaries le plus illustre ! Né à Vallehermoso à la Gomera, il a écrit plusieurs recueils dont les célèbres Liquenes et Transparencias fugadas. Fervent militant socialiste, il est condamné à 30 ans de prison après la guerre civile et est libéré en 1945.

Quand un grand romancier français parle des Canaries

Illustre pour ses romans Les particules élémentaires et Plateforme, Michel Houellebecq a également écrit quelques lignes sur les îles Canaries. En effet, en 2000, il publie Lanzarote, titre inspiré de l’île du même nom. Dans son édition première, il s’agit d’un coffret comprenant le récit et un album de photos des paysages de l’île. Cette histoire, emmenée par un alter ego de Houellebecq, est un récit de voyage désenchanté qui fait part des loisirs touristiques de la classe moyenne. Échangisme, pédophilie et secte sont également les thèmes de cette histoire. Cinq années plus tard, l’auteur réitère avec son roman La Possibilité d’une île dont l’intrigue se déroule également sur l’île de Lanzarote. L’auteur obtient le prix Interallié en 2005 et adapte au cinéma, trois ans plus tard, ce récit. Le film a d’ailleurs été tourné sur l’archipel.

Les nouveaux auteurs à ne pas manquer

Las Palmas porte en ses terres un auteur né en 1963 dans une famille multiculturelle : Jonathan Allen. Il a grandi avec l’espagnol, l’anglais et le français, mais a construit son identité autour des Canaries. Enraciné et amoureux de sa ville natale, il y est professeur d’Université. Il est également l’auteur de plusieurs romans comme Sangre Vieja (2015), El Conocimiento (2017). Entre 2004 et 2008, il publie Arturo Rey de Erbania, une fresque historique peignant la période de l’influence française sur les îles Canaries. Grâce à son roman Julie et la guillotine, publié aux Éditions L’Harmattan en 2014, il atteint la France et les Français. Il y raconte l’histoire d’une jeune lycéenne à Paris reliée au destin de son ancêtre guillotinée sous la Révolution. En 2018, il publie deux contes et un essai biographique, Les Voyages de Balzac. Il crée une sorte de pont imaginaire entre les îles Fortunées et le monde de l’illustre écrivain.

Les Éditions L’Harmattan ont créé une collection Lettres canariennes dans laquelle on peut retrouver Jonathan Allen, mais également Isabel Medina (Olympe de Gouges, la liberté pour bannière), Rosario Valcarcel (Moby Dick aux Canaries)…