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Le royaume des oiseaux de mer

Avec ses falaises, ses vastes estrans et ses multiples îlots sauvages, la péninsule bretonne, située au croisement d'importants couloirs de migration, est une terre d'élection pour nombre d'oiseaux, qui viennent y nicher, passer l'hiver ou faire étape.
La Bretagne fait office de maternité pour 17 espèces d'oiseaux marins. Plus grand oiseau de mer d'Europe, reconnaissable à son plumage blanc, sa tête jaunâtre, ses yeux bleus perçants et son spectaculaire plongeon en piqué, le fou de Bassan niche sur Rouzic, dans les Sept-Îles, une colonie unique en France. Plus de 30 000 individus s'entassent sur cet îlot de janvier à octobre, formant une tache blanche visible depuis la côte ! L'archipel accueille aussi la seule colonie métropolitaine de macareux moines : entre 150 et 180 couples viennent couver leur poussin au fond de leur terrier, de mars à juillet. Ces oiseaux au joli bec multicolore ont été victimes d'une chasse très cruelle. C'est du combat pour les sauver qu'est née la Ligue de protection des oiseaux, en 1912. La LPO gère désormais la réserve naturelle des Sept-Îles, la plus grande de France pour les oiseaux marins, et propose des visites en bateau pour les observer. L'archipel abrite aussi des pingouins tordas et des guillemots de Troïl, deux espèces en danger, des puffins des Anglais, des océanites tempêtes, des mouettes tridactyles, des fulmars boréaux... Des espèces qu'on retrouve dans les falaises du cap Sizun et du cap Fréhel. Autres spots privilégiés pour les oiseaux de mer : les îles d'Ouessant et de Molène, ainsi que la baie de Morlaix.
La région héberge aussi des grands cormorans, des cormorans huppés et des sternes. Sans oublier, bien sûr, les goélands. Marins, bruns ou argentés, ils sont omniprésents, jusque loin dans les terres. Ils se distinguent des mouettes par leur taille plus grande et leur bec jaune flanqué d'un point rouge.
Les vastes estrans constituent un garde-manger pour de nombreux oiseaux qui, à marée basse, piochent dans la vase vers et coquillages. Tout particulièrement l'hiver, où des milliers de migrateurs fuient les froids polaires pour trouver refuge en Bretagne, dans les baies du Mont-Saint-Michel, de Saint-Brieuc et de Quiberon, dans les estuaires du Trieux et du Jaudy, le golfe du Morbihan ou encore la petite mer de Gâvres. Parmi eux, on distingue les anatidés (tels que les oies bernaches et les divers canards) et les limicoles, de petits échassiers : courlis cendrés, huîtriers pie, bécasseaux...
Les vasières et les marais, comme ceux de Séné, sont aussi le royaume des hérons cendrés, des aigrettes garzettes, des avocettes élégantes, des spatules blanches... À l'intérieur des terres, certains étangs, comme celui de Careil en Ille-et-Vilaine, constituent des réserves ornithologiques d'intérêt. Les landes et les tourbières, telles que celles du Cragou dans le Finistère, accueillent des busards et des courlis. Dans le bocage et les bois, l’épervier d’Europe ou le pic épeiche, très farouches, se dévoileront aux yeux des plus patients.

Un riche vivier marin

Les mers bretonnes accueillent un grand nombre d'espèces, bien connues des pêcheurs et des gourmets : poissons (sardines, maquereaux, morues, merlus, congres, soles, bars...), crustacés (araignées, tourteaux, langoustines, homards, langoustes...) et coquillages (ormeaux, coquilles Saint-Jacques...).
De nombreux mammifères marins fréquentent aussi les abords de la Bretagne. Plusieurs centaines de grands dauphins ont élu domicile dans le golfe normano-breton et il n'est pas rare d'en apercevoir dans la baie du Mont-Saint-Michel ou celle de Saint-Malo. D'autres groupes de grands dauphins ont pris leur quartier en mer d'Iroise, aux alentours des îles de Molène et de Sein. Il est également possible d'apercevoir des dauphins communs ou de Risso, des marsouins... Le phoque gris, lui, affectionne les milieux rocheux des Sept-Îles et de Molène. Il est également présent, de façon plus modeste, en baie de Morlaix. Son cousin, le veau marin, a ses habitudes dans la baie du Mont-Saint-Michel, de l'Arguenon et de la Rance.  Malheureusement, les mammifères marins s'échouent de plus en plus nombreux sur les côtes bretonnes, victimes des tempêtes, de la pollution ou encore de captures accidentelles.
Des requins, inoffensifs mais impressionnants, peuvent se croiser au large : au printemps, on peut rencontrer le requin-pèlerin, deuxième plus gros poisson du monde, non loin des côtes du Morbihan, en mer d'Iroise ou près des Glénan. Le requin-taupe, petit cousin du grand requin blanc, a lui fait son retour en Bretagne nord, au large des côtes trégorroises.
Les estrans renferment une petite faune d'une grande diversité, plus ou moins enfouie sous la vase à marée basse : coques, praires, palourdes, couteaux, scrobiculaires... La présence de vers arénicoles se repère grâce aux petits tortillons de sable qu'ils recrachent en surface. On y croise aussi des crabes, des bernard-l'hermite, des crevettes grises... Les parties rocheuses abritent des patelles, des balanes, des anémones, des étrilles et des crevettes roses.

Le bestiaire des campagnes

Renards, sangliers, hérissons, lapins de garenne, mulots, chevreuils... Impossible de citer tous les animaux sauvages qui peuplent l'intérieur des terres. Parmi les espèces remarquables, l'hermine, symbole régional, a décliné en même temps que le bocage. La loutre d'Europe, au bord de l'extinction dans les années 1970, a doucement fait son retour dans les rivières de Bretagne, devenue son bastion en France. Exterminé au début du XXe siècle, le loup est lui aussi réapparu, signalé pour la première fois en mai 2022 dans les monts d'Arrée. Il a depuis été observé à plusieurs reprises, ça et là, principalement dans cette même zone.
Les cours d'eau accueillent aussi des truites, des brochets, des carpes... Plusieurs fleuves côtiers à l'ouest, comme le Léguer ou le Scorff, voient même frayer des saumons. Parmi les reptiles et amphibiens les plus courants, notons la présence de la salamandre tachetée, du crapaud commun, de la grenouille verte, de l’orvet, du lézard vert et du lézard des murailles. La Bretagne compte six espèces de serpents telles que la couleuvre à collier ou la vipère. Quelque 80 espèces de papillons diurnes sont recensées : le vulcain, le paon du jour ou le machaon font partie des plus répandus. L'escargot de Quimper se rencontre dans les sous-bois de Basse-Bretagne : ce grand gastéropode endémique se reconnaît à sa coquille translucide.
Terre d'élevage, la Bretagne compte un important cheptel d'animaux domestiques. Malgré leur omniprésence, cochons et volailles sont peu visibles, souvent cantonnés dans les bâtiments. Peu adaptées à l'agriculture intensive, de nombreuses races locales ont disparu, mais d'autres ont pu être préservées grâce à la volonté de quelques passionnés. Quatre races de vaches ont ainsi survécu : la Froment du Léon et la Pie-Noir, appréciées pour leur lait riche, la Nantaise et l'Armoricaine. Très commun jusqu'au milieu du XXe siècle, le porc Blanc de l'Ouest, reconnaissable à ses grandes oreilles qui lui tombent sur les yeux, a lui aussi failli disparaître. Tout comme la poule Coucou de Rennes, au joli plumage zébré, et le mouton d'Ouessant, plus petit ovin au monde, à la robe souvent noire et aux cornes en spirale. L'abeille noire bretonne a, elle, trouvé refuge à Ouessant dans les années 1970. Grâce aux reines élevées sur l'île puis envoyées sur le continent, cette abeille taillée pour affronter le vent se refait peu à peu une place dans la région.
Le cheval a toujours occupé une place très importante en Bretagne. Mais le bidet breton, un petit cheval robuste et polyvalent apprécié des paysans, n'a pas résisté à la politique nationale d'uniformisation. Il a disparu au début du XXe, supplanté par le trait et le postier bretons, ses héritiers, plus lourds et plus puissants. Aujourd'hui, le Breton est l'un des chevaux de trait les plus répandus dans le pays.

Une extraordinaire richesse végétale

La variété des milieux naturels et le climat, à mi-chemin entre nord et sud, assurent une grande diversité de flore : plus de 2 500 espèces sont recensées.
Les côtes nord figurent parmi les endroits du monde les plus riches en algues : laminaire, fucus dentelé ou vésiculeux, laitue de mer... Les fonds marins proches du littoral abritent aussi des prairies de zostères, plantes qui résistent à l'eau salée.
Les dunes sont indissociables des oyats, ces hautes herbes raides qui aident à les stabiliser. Elles accueillent aussi le chardon bleu maritime ou l'ophrys abeille, un type d'orchidée. Le chou marin pousse dans le sable et les cordons de galets. Le narcisse des Glénan, délicate fleur blanche, est une plante endémique de l'archipel, préservée au sein d'une mini-réserve. Dans les prés-salés poussent les salicornes, les obiones et autres variétés adaptées aux milieux salés.
Au pied des rochers, juste au-dessus de la mer, règnent les lichens, noirs, jaunes ou verdâtres. Sur les escarpements rocheux s'accrochent, entre autres, la criste marine, parée de fleurs jaunes en été, et l'œillet de mer, dont les touffes rosissent au printemps. Sur le haut des falaises, règnent les landes, l'un des paysages les plus typiques de Bretagne, faites de bruyères mauves et d'épineux ajoncs dorés. Celles du cap Sizun, des caps d'Erquy et de Fréhel figurent parmi les plus remarquables. Rases et façonnées par le vent sur la côte, les landes subsistent aussi dans les terres, même si leur surface a chuté. Dans celles, tourbeuses, des monts d'Arrée et des Montagnes noires poussent le drosera, une plante rougeâtre qui se nourrit de petits insectes, et les sphaignes, des mousses qui stockent de grandes quantités d'eau et dont les débris constituent la tourbe.
Au XIXe siècle, ramenées des quatre coins du monde par les navigateurs et plantées pour embellir le littoral devenu touristique, certaines plantes exotiques se sont épanouies dans le doux climat breton, au point de devenir familières : pins maritimes, mimosas, agapanthes et hortensias... Bréhat, avec son microclimat particulièrement clément, en est un exemple éclatant.
Le chêne règne en maître dans les bois, peuplés aussi de hêtres, châtaigniers et différents résineux. Seul conifère autochtone, l'if pousse dans les sous-bois. Mais les spécimens les plus remarquables s'admirent dans les parcs et les cimetières, où certains affichent plusieurs siècles au compteur.