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Les vestiges du Massif armoricain

La Bretagne repose sur un socle vieux de deux milliards d'années, le Massif armoricain. Façonnée par les soulèvements, les plissements, le volcanisme et les dépôts de sédiments, cette chaîne de montagnes, tantôt digne de l'Himalaya, tantôt engloutie sous les mers, s'est largement érodée au fil du temps.
Les millénaires ont ainsi sculpté un relief très vallonné, aux doux dénivelés, entrecoupé çà et là de vallées encaissées. A l'ouest, deux lignes de crêtes rocheuses ont résisté à l'érosion : les monts d'Arrée, au nord, et les Montagnes noires, au sud. Les premiers renferment les points culminants de la région, qui se disputent le titre à quelques centimètres près : le Roc'h Ruz, le Roc'h Trévézel, le Roc'h Trédudon et le Ménez Kador avoisinent tous les 385 mètres d'altitude. Non loin, le Mont-Saint-Michel de Brasparts titille ces sommets, à 381 mètres. Tandis que dans le prolongement des Montagnes noires, à l'entrée de la presqu'île de Crozon, le Ménez Hom offre l'un des panoramas les plus spectaculaires de la région, du haut de ses 330 mètres.
Le Massif armoricain se caractérise aussi par sa diversité géologique : grès formé par les dépôts successifs de sable, faluns calcaires issus de débris de coquillages, kaolins argileux et friables, gneiss, ardoises, schistes, micaschistes... Sans oublier l'emblématique et omniprésent granit, avec ses multiples déclinaisons colorées : gris, blond, bleu ou le fameux granit rose, qui a donné son nom à l'une des plus belles portions de côte.
Entre Ploumanac'h et Trébeurden, les chaos poétiques de la Côte de granit rose sont nés il y a quelque 300 millions d'années, quand du magma, remonté des tréfonds de la Terre, s'est entassé dans des poches souterraines, dans les profondeurs du Massif armoricain. Il s'est refroidi très lentement, donnant ce granit à gros grains, rosi par les cristaux de feldspath. L'érosion a fini par mettre à nu ces roches tendres et arrondies, sculptées par l'eau et le vent. A Ploumanac'h, elles ont pris des formes particulièrement pittoresques tandis que l'île Renote, à Trégastel, concentre des blocs de taille colossale. A noter que ce jeune granit côtoie du gneiss vieux de deux milliards d'années, soit les plus vieilles roches de France, notamment visibles à la pointe de Bihit à Trébeurden.

L'Armor, un littoral découpé aux multiples visages

Péninsule cernée par la Manche et l'Atlantique, enveloppée dans quelque 2 730 km de littoral, la Bretagne détient la plus importante façade maritime de France. Cette côte très découpée offre des visages d'une grande variété, tantôt d'une beauté farouche et sauvage, paysages rocheux du bout du monde exposés aux vents et aux flots déchaînés, tantôt d'une douceur aux accents méditerranéens, avec ses criques abritées et ses eaux turquoise. Des décors qui sont souvent voisins.
Dunes, grèves, vasières, grandes plages de sable fin, criques intimistes, côtes déchiquetées, falaises spectaculaires, pointes vertigineuses... : le paysage change, en moyenne, tous les kilomètres ! Il faut arpenter le célèbre Sentier des douaniers pour se rendre compte de cette formidable diversité. Autrefois utilisé pour empêcher la contrebande, l'itinéraire sillonne presque entièrement la côte bretonne, à l'exception de quelques portions jalousement privatisées. Assez peu bétonné, le littoral breton est aussi rythmé par les ports et les mouillages, les anciens villages de pêcheurs et les stations balnéaires familiales, qui ont gardé leur charme Belle Epoque.
Un littoral changeant que le mouvement des marées, particulièrement puissant au nord, vient sans cesse réinventer : les paysages de bord de mer ne sont jamais tout à fait les mêmes. L'amplitude des marées  – les plus fortes d'Europe – peut atteindre 14 mètres dans la baie du Mont-Saint-Michel et la mer se retire sur plusieurs kilomètres dans celle de Saint-Brieuc. Elle découvre alors de vastes estrans, des rochers et des îlots provisoirement accessibles...
Chaque pan du littoral a forgé son propre caractère : les polders, les prés-salés et les vastes étendues de sable de la baie du Mont-Saint-Michel ; les coquettes stations balnéaires et les rivages verdoyants de la Côte d'Emeraude ; les falaises de schiste et de grès rose hérissées de landes autour du cap Fréhel et, en face, celles de Plouha, les plus hautes de la région, murailles abruptes de gneiss et de granit... Les côtes sauvages et déchiquetées du Trégor ressemblent à celles du nord-Finistère, émaillées d'une multitude de récifs et d'îlots, de phares, de plages de sable blanc et de profonds estuaires. La pointe finistérienne, exposée aux éléments, offre des paysages grandioses, à l'image de la pointe du Raz. Le littoral sud, de la Cornouaille à l'embouchure de la Vilaine, est plus construit et plus paisible, avec ses côtes basses plantées de pins, ses stations chics et ses belles plages de sable bien abritées... Une quiétude que vient entailler la presqu'île de Quiberon et sa côte sauvage. La ria d'Etel et le golfe du Morbihan, petites mers intérieures tranquilles parsemées d'îlots, ménagent quant à eux des vues de carte postale.

La mosaïque de l'Argoat

Moins peuplée que la ceinture côtière, caractérisée par un habitat dispersé et une agriculture prédominante, la Bretagne intérieure voit cohabiter quatre grands types de paysages : le bocage, qui constitue l'essentiel du paysage, les landes, les forêts et les marais.
L'Argoat, littéralement « les abords du bois », n'en compte plus beaucoup : le Massif armoricain, autrefois recouvert d'arbres, a subi une large déforestation, et ce dès l'essor de l'agriculture au Néolithique. Si bien que la Bretagne est aujourd'hui l'une des régions les moins forestières de France. La mythique Brocéliande n'existe que dans les légendes, même si elle est communément associée à la forêt de Paimpont, la plus grande de la région. Les forêts de plus de 10 km² se comptent sur les doigts d'une main, mais les espaces boisés sont nombreux.
La plus grande forêt bretonne est linéaire : elle est formée par le bocage. Façonné par l'homme, fait de talus, d'arbres ou de haies, parfois de murets, il permet de protéger les cultures des aléas du climat (vent, soleil et intempéries). Il limite le ruissellement et l'érosion des sols. Refuge de biodiversité, il sert aussi de corridor à la faune. Le bocage a été très affecté par le remembrement des années 1960, qui en a fait disparaître des centaines de milliers de kilomètres et créé dans certaines zones de vastes champs taillés pour les pratiques agricoles intensives : c'est le cas, par exemple, autour de Loudéac et Pontivy, quand les alentours de Rostrenen et de Fougères, les monts d'Arrée et les Montagnes noires conservent, eux, un bocage dense. Aujourd'hui, des efforts sont conduits pour le reconstituer.
Autre paysage emblématique, la lande se raréfie elle aussi, mise à mal par la modernisation agricole. Contrairement aux landes littorales, qui poussent naturellement, les landes de l'intérieur sont le résultat d'un défrichage mené par l'homme. Ces espaces autrefois communs servaient de pâturage et fournissaient aux paysans litière, engrais et combustibles. Les landes couvraient alors 30 % du territoire, contre à peine 2 % aujourd'hui. Les plus vastes qui subsistent sont dans les monts d'Arrée, qui abritent aussi des tourbières. On en trouve également, disséminées parmi les champs et les bois, dans la forêt de Paimpont, la région des landes de Lavaux... On peut également citer les landes de Locarn, de Liscuis ou du Ménez Hom.
Enfin, la région compte des zones marécageuses, principalement aux confins sud-est, là où la topographie se fait basse et plate : Muzillac, Séné, le pays de Redon...

Un réseau hydrographique dense

La région est sillonnée de nombreux petits fleuves côtiers, surtout à l'ouest. Alimentés par des milliers de ruisseaux, ces courts fleuves au débit rapide prennent source dans les reliefs de la Bretagne intérieure, pour aller se jeter dans la Manche ou l'Atlantique. Ils débouchent souvent sur de larges estuaires parfois très encaissés, appelés abers en breton, qui s'enfoncent profondément dans l'arrière-pays et dans lesquels les marées remontent loin en amont. C'est le cas, par exemple, du Blavet, de la Rance, du Jaudy ou encore des célèbres abers du nord-Finistère (Wrac'h, Ildut et Benoît), aux allures de fjords.
A l'est, le paysage est plus plat et la Vilaine s'y écoule lentement, sur quelque 230 km. C'est le plus long fleuve de la région, devant l'Oust, le Blavet, et l'Aulne. Le canal de Nantes à Brest, construit au XIXe siècle, fait la jonction entre plusieurs rivières pour traverser tout le centre-Bretagne, tandis que le canal d'Ille-et-Rance permet de connecter la Manche et l'Atlantique, via la Vilaine. Plusieurs barrages forment des lacs artificiels : le plus grand est celui de Guerlédan, sur le Blavet. On peut également citer le lac de Jugon, sur l'Arguenon, ou encore le lac de Brennilis, sur les tourbières du Yeun-Elez dans les monts d’Arrée.
Hélas, les cours d'eau bretons souffrent de plusieurs problèmes et seul un tiers était considéré en bon état écologique en 2019. Ils pâtissent principalement des rejets dus à l'agriculture intensive : résidus de pesticides et excès de nitrate, qui est à la source des marées vertes touchant certaines parties du littoral.

La météo : une pluie... de commentaires

C'est un intarissable sujet de blagues, de dictons et de commentaires plus ou moins bienveillants. Si la météo bretonne fait tant parler, c'est sans doute parce qu'elle change constamment, imposant son empreinte sur les paysages et le quotidien.
Il est rare que le ciel reste invariablement bleu ou désespérément gris. Il est plus volontiers le théâtre d'un ballet de nuages et peut alterner, en quelques heures, les épisodes pluvieux et les éclaircies triomphantes. « En Bretagne, il fait beau plusieurs fois par jour » et l'on peut connaître « les quatre saisons en une journée », se plaît-on à dire ici.
Bercée par le Gulf Stream, la Bretagne bénéficie d'un climat océanique doux, caractérisé par des étés pas trop chauds et des hivers pas trop froids, réchauffés par les vents d'ouest. Quant aux précipitations, hormis dans le Finistère, elles sont plutôt dans la moyenne nationale, loin de la réputation pluvieuse qui colle à la peau bretonne.
Il existe des nuances selon les zones : le littoral est globalement plus clément, quand l'intérieur est plus frais et plus humide. Le golfe du Morbihan jouit d'un très bon ensoleillement, tout comme le bassin rennais, peu pluvieux. Tandis qu'à l'ouest, les modestes reliefs font barrière aux nuages et enregistrent d'importantes précipitations.
La région est régulièrement traversée par des tempêtes. Moins touchée par les canicules, elle n'est pas à l'abri du changement climatique. Les principaux risques sont liés à l'érosion côtière, à la submersion marine et à la fragilité de la ressource en eau, qui dépend essentiellement des eaux de surface, sensibles aux sécheresses.