Manifestation contre le réchauffement climatique à Wollongong © Elizabeth Caron - Shutterstock.Com.jpg
Kosciuszko National Park © Shu Ba - Shutterstock.com.jpg

Un environnement exceptionnel

La nature australienne est un des plus grands attraits de l'Australie. A cause de la grande diversité climatique du pays, elle abrite des décors allant de la forêt vierge avec ses espèces tropicales aux prairies montagnardes des Alpes australiennes, en passant par les Spinifex (herbe porc-épic) des grands déserts du centre du pays et les forêts denses de la côte sud du Western Australia et de la Tasmanie. L'isolement géographique du pays a conduit à un fort taux d'espèces endémiques: ainsi plus que 90 % des amphibiens et des reptiles qui habitent le pays ne se trouvent qu'ici. C'est également le cas pour 70 % des mammifères et même 45 % des oiseaux. Les eaux australiennes abritent également une biodiversité incroyable: la Grande Barrière de Corail bien entendu, mais pas que. La Ningaloo Reef au large du Western Australia, est également un sanctuaire pour les espèces marines, notamment les célèbres requins-baleines. Six des sept espèces de tortues de mer du monde fréquentent ainsi les eaux australiennes.

Un demi-millier de parcs nationaux

Cette faune et cette flore uniques au monde sont notamment protégées par quelque 500 parcs nationaux, qui représentent ensemble 4 % du territoire australien, soit 28 millions d'hectares : des étendues désertiques à la forêt tropicale en passant par les criques et lagons.

L’Australie occidentale abrite une centaine de parcs, et les territoires les plus sauvages du pays, comme le Bungle Bungle National Park, accessible seulement en 4×4. Son paysage lunaire est constellé de dômes de grès zébrés. De nombreuses espèces habitent le parc, et notamment un lézard endémique qui en a pris son nom : le Lerista bunglebungle.

Bien plus boisé, le Kakadu National Park est le plus grand d’Australie. Très connu pour l’ancestrale culture aborigène qu’il abrite, il est aussi remarquable par son patrimoine naturel. Il est constitué de billabongs, des méandres de rivière typiquement australiens, qui regorgent de crocodiles !

Plus près de Sydney, le Kosciuszko National Park présente des paysages enneigés que beaucoup n’imaginent pas en Australie, et qui permettent même de skier ! Le mont Kosciuszko, le plus haut sommet du pays, avec 2 228 m d’altitude, permet à des espèces végétales alpines de pousser en pleine Australie. Des espèces animales rares et endémiques y vivent aussi, comme l’opossum nain des montagnes (Burramys parvus), ressemblant à une petite souris.

Une politique environnementale tourmentée

Malgré ses richesses environnementales, l'Australie a souvent adopté des politiques environnementales plus que contestées.

Neuf ans de politique menée par la droite conservatrice, ouvertement climatosceptique, ont eu un impact certain. Tout a commencé en 2013, quand le libéral Tony Abbott accède au pouvoir. Il donne aussitôt le La en matière de politique environnementale, en supprimant plusieurs avancées réalisées par ses prédécesseurs, comme l’Autorité du changement climatique ou la Commission du climat. Il annule la taxe carbone, instaurée seulement une année auparavant, alors que le pays est l’un des plus gros producteurs de carbone au monde. Concernant la biodiversité, le Premier ministre réclame à l’Unesco que 74 000 hectares de forêt tempérée en Tasmanie soit retirés du patrimoine mondial, pour pouvoir être exploités.

En 2018, un autre conservateur, Scott Morrison, prend les rênes du gouvernement. Tandis que les incendies ravagent le pays, il sera vivement critiqué pour son mépris des politiques environnementales et sa volonté de continuer l’exploitation du charbon, dont l’Australie est le plus gros exportateur au monde. Alors que des manifestations éclatent dans les grandes villes, et que l’Australie subit la pression de ses alliés, le Premier ministre finit par céder : l’Australie sera zéro carbone d'ici à 2050 ! Mais voilà, de nombreux membres de son gouvernement, intimement liés à l’industrie du charbon, ne l’entendent pas de cette oreille. D’ailleurs, quelques années auparavant, un Premier ministre libéral, Malcolm Turnbull, avait été poussé à la démission après avoir affiché sa volonté de respecter les accords de Paris. C’en est trop : Scott Morrison rebrousse chemin et annonce finalement ne pas fixer d’objectifs concernant le carbone.

Enfin, en mai 2022, l'élection d'Anthony Albanese, travailliste et incarnant une véritable bouffée d’espoir pour l’écologie australienne. Lors de son discours de victoire, il annonçait souhaiter faire de l’Australie une « superpuissance de l’énergie renouvelable ». Il reste à voir ce qu'il arrivera à faire, mais il est certain que quelque chose a changé dans la politique australienne: en témoigne également un nombre record de représentants du groupe écologiste (The Greens) au Parlement ainsi que de nombreux candidats indépendants, plutôt considérés centristes, à forte conscience environnementale: les teals, en référence au « bleu canard », couleur mélangeant le vert des écologistes et le bleu du parti libéral de droite.

Quand l’Australie part en fumée

Si les incendies font naturellement partie du climat australien, leur intensité, leur fréquence et leur précocité, tiennent du jamais vu, à tel point que le risque de feux extrêmes a été multiplié par neuf en un siècle ! Les incendies de 2019, par exemple, ont démarré deux mois plus tôt que d’habitude. En quelques mois, 19 millions d’hectares sont partis en fumée, emportant un milliard d’animaux. Les causes sont multiples : d’importants épisodes de sécheresse, une déforestation accrue fragilisant les forêts, ainsi que l’omniprésence de l’eucalyptus, qui fait un très bon combustible. Un point sur lequel tous les scientifiques sont d’accord : le réchauffement climatique fait partie des coupables.

Les incendies meurtriers se multiplient au cours des dernières décennies, et cet épisode, rapidement surnommé le Black Summer, succède à de nombreux autres, comme le mercredi des Cendres de 1983, ou le Black Saturday de 2009. Pourtant, en 2019, la chaleur monte encore d’un cran, et les incendies seront rapidement considérés comme les pires d’Australie, aussi bien par leur intensité que leur durée exceptionnelle de neuf mois, après quoi les averses ont finalement éteint les braises.

La pluie n’a cependant pas arrêté les dommages, qui continuent de s’accumuler : Canberra et Melbourne se sont succédées au titre de villes les plus polluées du monde, des phytoplanctons, potentiellement toxiques, ont proliféré dans la mer de Tasman, la santé publique ne cesse de se détériorer et les émissions de CO2 de l’Australie ont battu tous les records.

Le continent face à la sécheresse

Si le climat désertique, qui règne dans 70 % du pays, n’est pas innocent, le dérèglement climatique est largement responsable de la sécheresse que connaît l’Australie depuis le début des années 2000.

Malgré cela, les Australiens sont les quatrièmes plus grands consommateurs d’eau par habitant au monde. Deux fleuves portent principalement la lourde responsabilité d’étancher la soif du pays : le Murray et le Darling. Surexploités, ils sont à un niveau très bas, qui s’annonce l’être encore plus dans les années à suivre. D’ailleurs, Perth a ouvert en 2006 la première station de dessalement d’eau de mer d’Australie, pour prendre le relais pendant les sécheresses. Cette initiative, très énergivore, a rapidement été suivie par d’autres, notamment dans la région de Sydney.

Depuis le début des années 2000, qui a vu l’intensification des phénomènes de sécheresse, les trois quarts des Australiens sont soumis à des limitations sur l’utilisation de l’eau potable, comme des amendes en cas de remplissage des piscines ou de l’arrosage des pelouses. Ces initiatives ont toutefois un effet limité, puisque l’industrie et l’agriculture représentent 90 % de la consommation d’eau. C’est pourquoi, depuis 2004, la National Water Initiative permet au gouvernement de chapeauter la distribution de l’eau jusqu’alors gérée par les États fédéraux, et à instaurer des systèmes plus durables.

La Grande Barrière : de patrimoine mondial à patrimoine en danger ?

La Grande Barrière de corail, plus grand récif au monde, recouvre près de 350 000 km2 au nord-ouest de l’Australie : presque la superficie de l’Allemagne. Il est alors d’autant plus difficile d’imaginer qu’elle pourrait disparaître, consumée par trois principaux dangers : le réchauffement climatique, les prédateurs et la pollution.

Le réchauffement climatique est de loin le plus grand danger, puisqu’une grande partie des organismes qui composent le récif vivent déjà à la limite de leur tolérance de températures. Chaque vague de chaleur représente un épisode de blanchiment du corail, qui, même s’il peut se reconstituer avec des conditions favorables, en ressort fortement affaibli, et on compte environ 10 % de pertes à chaque fois. Depuis 1998, on a assisté à cinq vagues de blanchiment, qui ont touché 98 % du récif.

A cela s’ajoute la pollution, aussi bien par les déchets que par les rejets agricoles. Malgré tout, le gouvernement a fait scandale en validant, en 2019, le rejet d’un million de tonnes de boue à proximité de l’écosystème fragile. Elle était pourtant issue de travaux dans un port industriel, et contenait donc des métaux lourds.

Et comme si ça ne suffisait pas, une étoile de mer dévoreuse de coraux, l’Acanthaster pourpre, prolifère grâce à la pollution. Un seul de ces féroces prédateurs peut dévorer 6 m2 de coraux en un an, alors imaginez bien quand on en compte 14 000 par km2 ! Résultat : les chercheurs sont vraiment pessimistes au sujet de l’avenir de la Grande Barrière de corail, si bien qu’en 2021, l’Unesco a failli fait évoluer le classement du récif, de patrimoine mondial à patrimoine en danger.

La riche biodiversité en danger

Aujourd’hui, les espèces introduites, souvent invasives, constituent une grande menace pour la biodiversité. Les chats, par exemple, ont déjà causé l’extinction de dizaines d’espèces endémiques. Chacun de ces prédateurs tue de nombreux animaux par an, si bien que l’Australie mène désormais des campagnes d’extermination. De leur côté, les 24 lapins introduits en 1874 sont désormais 200 millions, et saccagent les végétaux locaux, si bien que le gouvernement a introduit des virus et des renards pour réguler ces populations.

Les espèces introduites ne sont cependant pas les seules responsables des pressions sur la biodiversité. La chasse intensive qui a eu lieu au cours des siècles précédents, la destruction des habitats par la déforestation et la pollution sont autant de facteurs qui mettent en danger des espèces parfois emblématiques, comme le koala, devenu vulnérable. De tous les continents, l’Australie est par ailleurs celui qui enregistre le plus d’espèces disparues. Ont ainsi été rayés de la liste les loups de Tasmanie, 20 % des espèces de perruches, ou 30 des 44 espèces de kangourous.

Une avancée absolument historique a cependant été réalisée en 2021 : la gestion d’une forêt extrêmement riche a été confiée aux peuples aborigènes. La forêt du Daintree National Park, la plus ancienne forêt tropicale humide au monde, abrite plus de 30 000 espèces végétales, 107 mammifères, 350 oiseaux et 100 reptiles. Ce rétropédalage laisse entrevoir des jours heureux pour cette forêt, en revenant à des méthodes ancestrales loin de la surexploitation auxquelles font face les écosystèmes actuels. La plantation d’un milliard d’arbres, prévue d'ici à 2050 dans le cadre des Accords de Paris, devrait également permettre de recréer des écosystèmes.