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Le parcours

Des documents attestent que le combat de coqs a commencé avec la domestication en Asie du coq sauvage le Gallus gallus. La pratique s’est ensuite répandue en Europe où il obtint, un véritable succès notamment en Angleterre, au point où l’on a dû l’interdire pour éviter les rassemblements des royalistes autour des pitts. En Amérique et dans la Caraïbe, il est devenu la distraction principale des colons qui assistaient aux combats tandis que les esclavagisés servaient de soigneurs pour ces coqs.

L’organisation de combats de coqs est tolérée depuis 2008 dans 27 pays. Cette pratique qui fait prendre du plaisir au détriment de la vie, même d’un animal, est d’un autre temps. Que les coqs se battent entre eux, cela est naturel mais que l’homme s’y associe pour en faire un plaisir, cela donne à se questionner.

La pratique

Le combat de coqs se déroule dans les pitts. Aux Antilles, la tradition du combat de coqs remonte à quelques siècles, et cette pratique demeure un passe-temps très prisés des colons, de la population et par la suite des touristes.

Le lieu-dit pitt aux Antilles est une sorte d’arène dans laquelle se déroule le combat de coqs. L’enceinte prévue à cet effet est appelée « gallodrome » dans le nord de la France, « pitt » aux Antilles et « rond » à La Réunion. On y fait s’affronter deux coqs préparés aux combats qu’ils vont réaliser sur une aire circulaire, une sorte de ring, devant une assistance installée sur des gradins, eux aussi circulaires, avec des étages. On y place deux coqs dont les ergots sont coupés et remplacés par des ergots en corne (plus longs et affûtés) ou carrément en acier.

Selon René Agot, qui dans sa jeunesse a fréquenté les gallodromes, le combat se déroule généralement l'après-midi et en soirée sauf le vendredi qui est traditionnellement un jour respecté. Le coqueleur paie également tout comme les spectateurs un droit d’entrée d’environ 10 à 15 euros. Chaque coqueleur verse un droit à combattre, qui est sa mise, elle peut être de l’ordre de 200, 300, ou 500 euros sur son coq. On fixe ensuite un montant, il peut être de 1 000, 2 000 euros ou plus. On fait alors des listes de joueurs et la somme des paris doit totaliser le même montant fixé. À ce montant on arrête les mises. Les gens s’installent sur les gradins tout autour. Les deux adversaires, eux, face à face se dévisagent dans l’arène. Les spectateurs excitant leurs ardeurs, les sollicite, les encourage nommément avec véhémence. Le coq entend son nom. Il répond par l’attaque. Fonce éperons déployés dans les plumes de son concurrent, qui, survolté, répond aussi vigoureusement que lui. Les paris vont bon train. L’affrontement est surveillé de près par l’arbitre propriétaire du pitt. Muni d'une clochette, l’homme peut achever assez rapidement la partie en séparant les belligérants, ce qui n'est pas sans accentuer la tension du public qui s’agite autant que l’animal s’il a misé sur le combattant qui obtient la victoire. Le gagnant récupère alors sa mise doublée. L’organisateur, propriétaire du pitt a pout lui le montant des billets d’entrée.

Cependant tout le monde n’est pas obligatoirement honnête homme et ces combats ne sont pas toujours respectueux des normes. Ils peuvent être l'occasion de pratiques interdites, par exemple la tentative d'empoisonnement du coq de l'adversaire, ou par des comportements délictueux qui nécessitent les contrôles minutieux d’avant combat.

Les maltraitances

Eu égard aux maltraitances, aux souffrances et parfois aux morts qu'elle entraîne, la pratique de ce combat est très controversée. De nombreux pays l’interdisent en raison notamment des mutilations ou de la mort des animaux dont les ergots sont parfois remplacés par une lame ou une pointe en métal, comme nous l’écrit l’écrivaine et chanteuse martiniquaise Marijosé Alie-Monthieux dans Nouvelles de Martinique, Éditions Magellan : « L’homme-père avait déplié son coude et caressait les plumes fauves d’un magnifique coq qu’il posa religieusement sur le sol. On avait déblayé le tas d’ordures au pied du manguier et tous les majors du quartier s’étaient donné rendez-vous. Quatre coqs dont celui de Julius père étaient les vedettes de cette rencontre et Fil-de-Fer n’était pas peu fier d’être là pour une attente excitante où les paris allaient tomber, où l’argent et le rhum allaient circuler où commençait pour lui et pour son pote les vraies affaires, les affaires d’hommes. Il observa comment le père fixait deux lames de rasoirs aux ergots de sa bête, il essaya de contenir sa poitrine qui battait le tambour, il hurla avec les autres, il jubila quand son père empocha la mise, avala deux verres de rhum et se retourna vers la mer pour absorber un petit supplément de bonheur ».

Les modalités de fonctionnement

En Martinique les coqs de combats sont sélectionnés parmi les coqs nakiva nommés ici coqs « gros-sirop », dit aussi coq « kalagway », de couleur rouge foncé, les coqs « cendrés », aux plumes blanches et noires, les coqs madras, de couleur rouge orangé, les coqs blancs dit kok pay. Chaque coq à son nom particulier que parait-il l’animal connaît, « Vonvon, Bruce-Lee, Hercule ».

Malheur dit-on à celui qui a sa maison située sur l’emplacement d’un pitt, le sang y ayant trop coulé. Le coq de combat, tout comme un futur monarque a été préparé depuis son plus jeune âge à sa fonction. On le reconnaît d’ailleurs à sa tenue d’apparat, qui sait se transformer en tenue de combat, au moment opportun, car n’est pas coq de combat coq qui veut. Il se distingue d’abord par les plumes du cou qui sont rasées, le déplumage de ses cuisses et du ventre, la queue qui est écourtée. Les ailes, la crête et les barbillons qui sont légèrement coupés. Leurs ergots naturels quelquefois trafiqués selon les régions, en étant remplacés par des ergots artificiels plus grands et affûtés (en acier). Le résultat doit sans doute le rendre beaucoup plus aérodynamique.

Les coqs domestiques mais surtout les coqs sauvages appelés kok kouri ont une véritable propension naturelle à se battre entre eux. Si le coq est belliqueux par nature, les combattants sont issus de lignées spécifiquement élevées pour le combat. N’est pas coq de combat coq qui veut !

Le rôle du coqueleur ou éleveur

À la Martinique l’éleveur nommé coqueleur s’occupe de ses animaux qu’il bichonne. C’est sa passion, car ici on n'est pas coqueleur ni même propriétaire de pitt par métier. Le coqueleur place son jeune coq souvent seul dans sa caloge pour l’endurcir. Il le met de temps en temps au soleil pour qu’il puisse bénéficier de ses rayons. Le coq est considéré comme un sportif qui s’entraîne pour avoir du métier, le coqueleur l’incite à se battre avec des coqs domestiques ou des coqs qui n’ont plus de rendement. Ils sont sélectionnés pour développer leur combativité et leur endurance. Ils sont assez souvent croisés avec des faisans qui coûtent très cher. On leur donne assez souvent des hormones pour les rendre plus combatifs. Leur régime alimentaire n’est donc pas le même que celui de la volaille du poulailler. De nos jours certains coqueleurs importent des coqs de combat de Porto Rico ou de Cuba. Un coq de combat qui a un « pedigree » étalant de belles performances coûte très très cher. Des coqueleurs arrivent à perdre tout leur salaire dans leur pari. Le propriétaire du pitt lui aussi est un passionné, il a son ou ses coqs qu’il élève dans les conditions similaires. L’homme est souvent l’arbitre qui s’occupe de la mise en place des paris, de la surveillance sécuritaire de l’animal et de la bonne prestation dans son pitt.

Il y a des gens qui évitent de manger un coq vaincu compte tenu de tous les anabolisants avec lesquels on a soigné l’animal.

La diversité des types de combats de coqs

« Le combat de coq est une pratique diversifiée. Les règles et le profil des coqs varient d'une région à l'autre. Il existe néanmoins trois grands types de combat de coqs :

Le combat de vitesse pratiqué avec des ergots artificiels en métal, soit une lame ou une pointe. Ce type de combat est très court et expéditif

Le combat d'endurance pratiqué avec l'ergot émoussé ou recouvert de bandes de tissu ou d'un capuchon. Ce type de combat est plus long et l'issue est habituellement l'abandon ou le K.O.

Un intermédiaire entre les deux précédents se pratique avec l'ergot naturel pointu ou avec un ergot artificiel lui ressemblant ».

(source : document Combats de coqs la ferme Galamé)

Un loisir en déclin

Le combat de coqs à la Martinique est d’abord un loisir de békés qui est devenu populaire, au fil du temps. Dans les années 1960, les pitts étaient relativement nombreux. La Martinique a pu compter entre 160 et 185 pitts, implantés aussi bien à la campagne, aux abords des communes (Four-à-Chaux au Lamentin du côté de l’autoroute) que dans certains faubourgs, notamment au pitt de Dillon de grande renommée, nommé depuis Centre culturel Jean-Marie-Serrault et dans lequel le chanteur de bèlè Ti-Émile, danseur traditionnel et coqueleur reconnu, était le responsable nommé par Aimé Césaire, maire à l’époque.

Aujourd'hui, ils ne sont plus heureusement qu'une vingtaine dont une quinzaine en activité, et comme le stipule la loi, il est désormais interdit d'en créer de nouveaux, nous espérons que tous ces loisirs sanglants ne seront plus que de regrettables mauvais souvenirs.

Pour l’ambiance et l’aménagement adapté, le Pitt Agot à Bois-Soldat, un quartier du François, est un des rares que l’on peut visiter en compagnie de personnes à mobilité réduite. Il fut momentanément fermé après la mort du propriétaire, puis a été repris par sa fille.

Toujours autorisée en Martinique, cette discipline désormais strictement encadrée est en voie d’interdiction.

Une variante : combats de serpent contre mangouste

La mangouste féroce et combative. La mangouste de nos campagnes s’enfuit toujours. On ne le voit pas, mais elle a le feu aux trousses, et elle le sait. Elle s’arrête, un peu méfiante, fait soudainement le guet, puis repart tout aussi subitement, un peu plus confiante, toujours avec le même ballant, continuant son rallye effréné contre son coursier invisible. La mangouste est un mammifère de l’ordre des carnivores. Elle n’a pas toujours fait partie de notre environnement. C’est sa réputation de combattante féroce de serpents les plus dangereux qui, ayant dépassé les limites de son pays d’origine, l’Asie, a fait exporter la mangouste de Java (Herpestes javanicus). Elle a alors été introduite en Martinique, vers 1890, pour lutter contre la prolifération des rats et donc contre le trigonocéphale, le botrops lancéolé, le dangereux fer de lance qui envahissaient les plantations de canne à sucre. Elle se montra d’un grand rendement. Ordinairement elle mange des crapauds, des poules, des anolis, des œufs, des poussins, des vers de terre, elle s’offre parfois un fruit, histoire d’avoir un dessert.

Physionomie. Posée sur quatre pattes la mangouste est recouverte de longs poils soyeux, marron clair. Son corps très effilé se termine par une longue queue assez touffue. Elle peut mesurer trente centimètres voire plus, ses griffes sont non rétractiles. Elle a de petites oreilles, les bouge, les dirige dans tous les sens, à l’affût d’informations. Ordinairement elle n'est ni dangereuse ni agressive, la bête, intelligente, peut, mais très rarement, servir d’animal de compagnie. Elle préfère la nature et ne se fait remarquer que si elle fréquente votre poulailler.

Le combat serpent-mangouste. C’est elle, cette petite bête, à l'apparence effarouchée, que l’on ira voir dans les pitts affronter et entreprendre le combat contre le redoutable fer de lance, et très souvent gagner. Dans une atmosphère surchauffée, le botrops l’attaque à plusieurs reprises et tente de la mordre. La mangouste l’esquive, cherche la faille. Il ne faut pas que « l’autre » la morde à la tête, qu’elle ne pourra pas lécher. Elle se bat contre « la bête longue » et gagne. On prétend qu’elle serait immunisée car sa salive peut la protéger du venin dangereux.