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De l’origine du Carnaval et aperçu de travestis traditionnels

En Martinique, le Carnaval est l'événement festif principal de l'année. Il a été pendant longtemps le moment musical le plus important de l’île.

Le Carnaval de la Martinique est l’affaire de tous les Martiniquais. Au XVIIe siècle, il est d'abord fait de concerts de casseroles, de charivaris, de cavalcades, de bals où se retrouvent tous les colons et les planteurs. Ensuite, l'évolution de la société et l’organisation esclavagiste conduisent peu à peu les maîtres à autoriser, sous contrôle, un certain nombre de fêtes et de danses chez leurs esclaves.

Il évolue au fil des années suivant la situation politique locale et le statut de l'île (guerres, domination anglaise, révoltes contre les métropoles, ...). Ainsi, le syncrétisme des esclaves intègre peu à peu les danses des maîtres à leurs rythmes et leur habitudes festives entretenues sous le joug. Parallèlement et concomitamment à son développement, le Carnaval est réglementé et contrôlé par le pouvoir sous la double pression de l’Église et des possédants, qui craignent les débordements des hommes de couleur et des Noirs et la mise en danger des biens, des personnes et de l'ordre moral et social.

Parfois, quand la situation est chaude racialement ou politiquement, il y a interdiction des masques et déguisements sous peine de prison et même quelquefois le Carnaval est tout bonnement interdit.

Ses particularités

Le carnaval martiniquais est différent de son cousin le carnaval de Rio, mais aussi de ses très lointains ancêtres de Venise et de Florence. Il est très participatif ; la population, si elle n’y coopère pas de manière active en courant les vidés, se déplace pour venir regarder passer les défilés. Elle respecte assez souvent la couleur du jour. Chacun y contribue à sa façon.

Les manifestations commencent généralement à la mi-février, avant le carême, juste après l’Épiphanie. C’est d’abord au lever du jour pour les vidés en pyjama, qui se déroulent à l’aube du lundi gras, suivis dans l’après-midi des parades d'orchestres de rues et de groupes à pied tous déguisés qui animent Fort-de-France, ses abords et les communes de l'île avec beaucoup d'ampleur pendant les jours gras.

Chaque week-end, dès le début de la saison du carnaval, des élections de reines sont organisées dans les communes, il y a aussi parfois des spectacles carnavalesques. Les concours de chansons de carnaval, qui tournent en dérision un fait marquant de l’année, sont nombreux. Elles sont cependant moins prisées qu’autrefois.

La semaine dite semaine des jours gras se déroule du samedi précédent au mercredi suivant.

Le samedi : c’est le jour de la présentation des reines du carnaval.

Le dimanche gras : sortie des chars, des reines et de sa majesté Vaval.

Le lundi gras : défilé des mariages burlesques costumés en travestis, c’est aussi le jour des parades du sud et du nord.

Le mardi gras : défilé des diables rouges, costumés en rouge.

Le Mercredi des Cendres : défilés en noir et blanc, mort de Vaval.

Les jours gras et les jours précédents s'accompagnent de parades dans les différentes communes de l’île (parade du nord, parade du sud…) ; une commune différente chaque année ainsi que les soirées déguisées avec des thèmes spécifiques.

Le carnaval à Saint-Pierre

C’est à Saint-Pierre la capitale de l’île à l’époque, que le carnaval aurait connu son apogée à la fin du XIXe siècle, et au début du XXe siècle. La tradition du carnaval en Martinique est née de la rencontre de deux cultures, européenne et africaine, qui durant la colonisation se sont hybridées. À partir de l'Abolition de 1848, qui va donner une impulsion nouvelle, le carnaval va se développer et atteindre des sommets de couleurs, d'imagination et de volupté. Ce sera le célèbre Carnaval de Saint-Pierre, la « Perle des Antilles », connu dans le monde entier, stoppé net en 1902 par l’éruption de la montagne Pelée avec la destruction de la ville et la disparition d'une très grande partie de l'élite intellectuelle et artistique de la Martinique comme Rosal et Bonneville, chantres de ce que l'on appellera plus tard le courant « doudouiste ». La tradition du carnaval se perpétue à Fort-de-France, la nouvelle capitale, aussi nommée Foyal eu égard à son ancien patronyme Fort-Royal. Elle se situe au centre de la Martinique, bien loin de la montagne Pelée qui depuis semble plus tranquille.

Après la catastrophe

Après la catastrophe, le carnaval descend à Foyal où il était sans discipline, spontané et totalement inorganisé ; il va être canalisé petit à petit par les comités, tout en sauvegardant sa diversité et sa nature profonde d'exutoire. Tout d'abord il faut savoir que c’est en 1948, soit juste un siècle après l'Abolition, que le « Rassemblement Féminin », présidé alors par Paulette Nardal, organise pour la première fois le Concours de la chanson créole qui permet aux musiciens et artistes locaux de rivaliser en mazurka, biguine et valse créole. Cela donnera des trésors de suggestivité et de lascivité avec des chansons comme Gombo, gombo, gombo ou Emmanuel wozé jaden an ... que l’on chante encore.

C'est autour des activités et du programme liés à ce concours que va se structurer le Carnaval de Fort-de-France et donc le Carnaval martiniquais. Puis, pendant plus de 20 ans, le Comité Carnaval Foyal prend le relais et va promouvoir et organiser le Carnaval en ajoutant à ce concours celui de la Reine du Carnaval. En même temps plusieurs comités sont créés et concourent à faire du Carnaval de Fort-de-France une fête de la créativité, de la beauté, et du charme.

Durant cette période, pratiquement toutes les communes de l’île ont leur carnaval de masques, de chars, de défilés, de bals et de fêtes chaque dimanche après l’Épiphanie. Mais pour les jours gras, Fort-de-France devient le centre de toute l’activité carnavalesque et accueille les plus beaux chars et les reines des communes, mais aussi l’expression de ses propres comités et d’associations avec leurs groupes travestis.

Dans les rues du chef-lieu, ce carnaval organisé coexiste avec celui plus populaire, spontané et bon enfant des vidés. En rang et enlacés, descendus des mornes qui entourent Fort-de-France, venus de Sainte-Thérèse, des Terres Sainville, d’Au-Béro, défilant en cohorte derrière un camion portant un trombone, qui fut longtemps l’instrument phare du Carnaval, une batterie, une clarinette et un chanteur. La rencontre de ces deux mondes fait l’originalité du carnaval martiniquais.

Avec les années 1980 et jusqu'au début du XXIe siècle, le Carnaval va évoluer et perdre peu à peu les vidés « jou-wouvè » ou vidés pyjama, les concours du plus beau bébé, les défilés de belles voitures, les défilés des petits métiers, les chars.

Le carnaval de Foyal

Le carnaval prend souvent comme thème des évènements politiques et sociaux ainsi que des faits divers qui ont marqué les esprits pendant l’année écoulée. Il était et reste toujours un moyen de tourner en dérision des scènes du quotidien, une manière de réactiver la mémoire collective, et un bon prétexte pour dénoncer les exactions politiques et sociales, ce qui dérange. Il a sa spécificité qui s’est répandue au-delà de la région : le Mercredi des Cendres en noir et blanc, jour de début du carême selon la liturgie.

Les jours gras, jours de liesse

Le Carnaval de Martinique est un moment festif accompagné de musique et de gestuelle spécifique. La participation des orchestres de rue avec tambour, steel band, ou autres, remonte à 1975. Le Carnaval de Martinique se déroule sur toute l'île en fonction des moyens divers des communes. Les enfants de tous âges ne sont pas en reste avec le concours des écoles et leur propre programmation. Les lycéens organisent aussi leur propre élection du Roi et de la Reine des lycées, souvent dans les boîtes de nuit. Certaines communes élisent la miss du carnaval qui peut aller de miss Timoun (enfant) à miss Granmoun (adulte) sans oublier la reine du carnaval proprement dite.

Toutes les catégories d'acteurs du carnaval sont mises en valeur chaque année depuis 1997 par les 12 « trophées du carnaval de la Martinique » (et 24 distinctions) qui sont le résultat du vote du public par Internet et par bulletin, un 13e trophée étant réservé au jury. D'autres récompenses existent avec les « Vaval d'or » de la Ville de Fort-de-France depuis 2004. Les chansons primées au carnaval s'appuient toujours sur l'actualité vue sous l’angle de la dérision.

Le carnaval martiniquais voit son apothéose durant les jours gras, où l’on distingue le :

Dimanche gras. Présentation de Vaval, un bwabwa géant qui a été réalisé dans le plus grand secret par les techniciens de la ville capitale, on découvre ce jour-là la mascotte qui a été retenue. Assez souvent la caricature représente une cause à défendre, dénonce un fait délictueux ou donne à voir un événement ayant marqué les esprits durant l’année. C'est aussi le jour de la sortie des Reines. Le thème global lui-même est libre.

Lundi gras. Des voisins, parents, amis ou alliés font des groupes à pied qui sillonnent les quartiers en chantant la célèbre chanson En pyjama lévé afin de réveiller la population dès avant l’aube, et l’inciter à les suivre tels qu’ils sont vêtus : en chemises ou en pyjamas, pour venir participer aux vidés du même nom, le vidé pyjama. L'après-midi, la tradition la réserve aux mariages burlesques. Les carnavaliers sont travestis pour des parodies de mariages dans lesquels les hommes sont déguisés en femmes et vice versa, avec des témoins, le prêtre, tout ce qui représente les noceurs, les enfants de chœur et la noce dans leur travestissement. Ce jour est aussi réservé à la grande parade du sud où les chars et autres groupes vont défiler dans la commune retenue.

Mardi gras. Mardi gras est un jour chômé, c’est l'un des jours où la ferveur populaire est la plus grande. Les costumes sont de couleur rouge, et le rouge est partout, puisque les diables rouges sont de sortie. Tous les carnavaliers et même les curieux qui assistent le long des boulevards sont traditionnellement en rouge. Mardi gras est synonyme de diable rouge en Martinique. Les Papas diables ornés de cornes de bovins sur la tête et de bouts de miroirs cassés collés sur leurs habits sont dans les rues.

Lors d’un voyage dans le sud du Sénégal, Aimé Césaire fut surpris de voir la représentation exacte des masques rouges avec des cornes et des miroirs. Cette figure emblématique, encore bien vivante sous nos cieux, est un héritage de la tradition des masques africains dont, dit-on, les cornes symbolisant la force et les miroirs la sagesse.

Mercredi des Cendres. C’est le jour où la population prend le deuil du roi nommé Vaval et où l’on voit à sa suite dans toutes les rues, déambuler ses veuves éplorées, habillées de noir et blanc accompagnées de diablesses, elles aussi endeuillées. Avant d’aller subir le sort qui l’attend - sa crémation sur la Savane -, Vaval parcourt une dernière fois les rues et boulevards. C’est une spécificité martiniquaise, qui depuis est copiée dans les autres régions. Il sera brûlé en fin de journée sur la Savane et dans les communes, ainsi que le veut la tradition. Les nombreuses veuves, pleureuses inconsolées, tombent dek-dek (en transe). L’avis « d’obstek » ou « zob sek » avait déjà annoncé sa mort à la radio.

Les vidés

On en trouve aussi dans les quartiers et communes. Ils sont composés de groupes à pied faits de participants qui suivent les chars et animent les vidés en chantant. Par moments les participants s'arrêtent, laissent une distance entre le vidé qui le précède et eux, ils prennent un temps de repos, avant de repartir rejoindre le groupe qui compose l’ensemble du vidé. Il faut distinguer les groupes à pied et les groupes qui sont sur les chars avec la sono, les reines, ou une mascotte représentative. Jusque dans les années 1960, on disait encore dans la région de Saint-Pierre « courir la guiablesse » pour courir le vidé le Mercredi. Il n'y a pas de costumes particuliers pour courir le vidé qui en principe se court en rang en se tenant par l'épaule ou la hanche ou simplement côte à côte. Dans les vidés défilent aussi les orchestres de rues avec des fûts métalliques pour jouer le stilbann (steel band) et les tambours en bidons de plastique. Le terme vidé recouvre  trois réalités :

Un défilé de personnes dans les rues. On peut penser à une relation entre le terme martiniquais vidé prononciation phonétique du VD, le Victory Day, la fête et les défilés célébrant dans les îles anglophones une victoire électorale.

Un genre musical. « Le « vidé » est l'élément musical caractéristique du carnaval antillais. Créé pour accompagner les défilés populaires dans les rues, il est composé d'une courte phrase que l'on chante inlassablement sur un rythme de polka-marche, en courant et en dansant derrière les orchestres créoles (trombone, clarinette, trompette, tambours) juchés sur des camions. La scène politique, les hommes publics, les détenteurs de l'ordre, rien n'échappe à l’ironie caustique des auteurs de « vidés ». A côté de la biguine, la mazurka, la valse, le Concours de la chanson créole primait chaque année un titre dans la catégorie « vidé » note Monique Desroches (ethnomusicologue canadienne, professeure à l’Université de Montréal, qui a fait des recherches dans les années 1970 sur la musique martiniquaise).

Une chronique. Un texte chronique d’un évènement, un personnage… Il s'agit de courtes phrases incantatoires, en forme d'appels et réponses entre un chanteur et le chœur, soutenues par une rythmique endiablée, chantées inlassablement en défilant dans les rues. Ces textes sont l'expression de l'imagination populaire et racontent un événement notoire, local ou pas. Jadis, c'étaient des adaptations carnavalesques des chansons primées au Concours de la chanson créole.

Peut-être qu’un vidé n’aurait jamais été un vrai vidé si cette grande dame de la chanson martiniquaise qu'est Léona Gabriel-Soïme ne nous avait légué ces « doucelettes intemporelles » que sont devenues Édamise o !, Doudou !... ki jou ! ou encore O Madiana.

Les accessoires

Les « bradjaks ». Leurs noms renvoient aux onomatopées, « bra-djak, bra-djak », qui sont le bruit que font ces vieilles guimbardes chargées de carnavaliers. Ce sont de vieilles voitures décorées, selon le thème d'actualité fort souvent ou, allez disons-le, elles sont grimées au goût de l’artiste. Elles sont devenues, hélas, pour certains, un concentré d'obscénités de très mauvais goût. Elles avancent groupées et se donnent plaisir de faire énormément de pétarades. Elles sont en nette régression depuis que la préfecture réclame et exige du propriétaire les pièces, permis, assurance et visite de contrôle, par souci de sécurité. On est ainsi beaucoup plus rassuré.

Les personnages

Les hommes d’argile. Contrairement aux personnages très anciens du carnaval de chez nous que l’on nomme les « Gros sirop » hommes et femmes qui s’imprègnent le corps d’un liquide visqueux qui est fait de mélasse, les hommes d’argile, personnages beaucoup plus récents, sont recouverts d’argile. Ils prennent des postures, se transforment et ce depuis quelques décennies, en statues vivantes dans les rues de Foyal durant le carnaval. Ils avancent en marchant, puis soudain, comme si une guêpe les avait anesthésiés, ils s’immobilisent tous ensemble. Des minutes durant, ils deviennent des statues qui se réveillent aussi subitement et repartent pour recommencer le jeu plus loin. On dirait des tableaux vivants qui se déplacent. C’est épatant.

Médecin d’hôpital (medsen-lopital, région du Carbet). C’est un travesti traditionnel. Le medsen-lopital est habillé et masqué de blanc avec une coiffe conique. Les poches remplies de farine, quelquefois pimentée dit-on. Dans les années 1960, les dimanches précédant les jours gras, ils sévissaient dans les quartiers du Carbet et parfois jusqu’à Saint-Pierre. La pire espèce quand ils étaient en bande : c’était la terreur des enfants qui les narguaient de loin en chantant : Medsen-lopital, manmay la, manmay la, ko lopital. Insaisissables, se cachant pour mieux surprendre et barbouiller de farine ceux qu’ils attrapaient.

Les « neg gwo-siwo » sont des personnages reluisants de mélasses, mélangées dit-on à du charbon en poudre ainsi qu’à de la suie, qui, du chapeau aux habits, et chaussures, ont tout le corps badigeonné. Tout le monde les fuit car leur contact est plutôt très salissant. Ils ont leur charme que l’on préfère cependant respecter, et par précaution en les admirant de loin.

Mariyàn lapofig. Elles sont vêtues des feuilles de bananiers qui ajoutent à leur élégance tout en faisant un clin d’œil à l’économie de l’île.

Caroline yeux-kokis. Tandis qu’avec chaque œil visant autant qu’il peut son époux, « Caroline yeux-kokis » la bigleuse, fidèle et résignée, transporte calmement son homme ivre sur le dos.

Les malpropres. Des malpropres sans chemises et presque sans pantalons déboulent du haut du Pavé en chantant des chansons qui tueraient de nouveau tous les morts du monde. Ce sont plutôt des hommes grimés en femmes qui exhibent de manière ostentatoire leur anatomie, dévoilée sous des dessous exagérément provocants.

Les mokozonbis sont des échassiers perchés sur leurs très grands talons qui, puisqu’ils voient plus loin que le bout de leur nez, prennent tout le monde de haut.

Les diablesses. Elles sont de sortie le Mercredi des Cendres vêtues d'une jupe noire, d'un corsage et d'une coiffe en cornets blancs qui indiquent le deuil.

Les Papa djab. Les Papa djab avec leurs cornes, leurs miroirs et leur carrure assez impressionnante parcourent les rues le Mardi gras. Ce sont les diables qui volontairement effrayent les enfants.

Vaval, dit aussi bwabwa - comprendre marionnette - est le personnage principal du Carnaval. C’est une poupée géante, de plusieurs mètres de haut, appelée communément aussi bwabwa. Installé sur un char, il parade dans les rues durant les jours gras avec ses fidèles festivaliers, « l’avis d’obstek » est diffusé sur les ondes le Mercredi des Cendres. Les carnavaliers habillés de noir et blanc pour l’occasion se regroupent dans un cortège interminable, qui se veut joyeusement funèbre en scandant Vaval, Vaval sa nou fè’w ou lé kité nou ? (Vaval qu’est-ce qu’on t’a fait, pourquoi veux-tu nous quitter ?). Ils l'accompagnent ainsi jusqu'à la Savane et sa plage de la Française sur le front de mer de Fort-de-France où il est incinéré à la tombée de la nuit, sous les hurlements, les pleurs, les excitations, les trémolos déchirants de ses veuves, maîtresses, femmes, hommes inconsolables, le soir du Mercredi des Cendres, pour ne pas faire mentir la tradition, marquant la fin du Carnaval. Selon des témoins, le spectacle des rues de Fort-de-France, vue d’avion un Mercredi des Cendres, est inoubliable. Avec dérogation spéciale des autorités religieuses, la période du carême débute le lendemain (doc. C-H Fargues et T. Léotin).

Le magico-religieux autour du carnaval

Le carnaval est dit-on un exutoire, il sert aussi de support à beaucoup de légendes et de rites magico-religieux au sein de la population locale dont la grande majorité est composée de descendants d'esclavagisés. Les jours gras, appelés les jours rouges, sont des moments où la liberté dépasse toutes les limites. Ils s’opposent aux jours maigres du carême qui correspondent à l’abstinence et à la retenue. Mais la vie elle-même ne serait-elle pas un bal masqué se déroulant toute l’année et ne serions-nous pas tous des grands enfants qui font la mascarade tous les jours ? La Liberté court le vidé en pyjama depuis l’aube du jour des Rois jusqu’au Mercredi des Cendres où les pleureuses hystériques regrettent que tout rentre déjà dans l’ordre.