Le poisson-lion venimeux représente une menace pour la faune marine. shutterstock - Pere Grau.jpg
La vedette de la faune guadeloupéenne  le raton-laveur. shutterstock - photofort 77.jpg

La faune

Sur terre. La vedette incontestée du parc national est le raton laveur. C'est l'animal symbole du parc zoologique. Très recherché par les braconniers, il a trouvé refuge au cœur de l’île de Basse-Terre. Vous observerez également des tortues terrestres, différentes espèces d'iguanes, des agoutis (gros rongeurs) et des mangoustes (introduites dans les plantations pour lutter contre les rats).

L’avifaune est particulièrement intéressante dans la réserve naturelle. La forêt abrite un grand nombre d’insectivores dont le pic noir ou tapeur (Melanerpesherminieri), espèce endémique de la Guadeloupe. On y trouve le crabier-bois (ou crabier grosse tête), un oiseau devenu rare dans les Caraïbes, mais aussi le ramier bleu ou la perdrix rouge ainsi que des oiseaux terrestres (passereaux), qu'ils soient sédentaires ou migrateurs, également des oiseaux de mer (sternes, frégates, pélicans bruns) et d’eau douce (poules d’eau, martins-pêcheurs). La plus importante colonie de pélicans bruns (dont l'espèce est protégée) avait été répertoriée en 2007 sur les falaises en contrebas du bourg de la ville du Gosier, qui en a fait son emblème. Une statue de pélican brun trône d'ailleurs à un carrefour. Une centaine de nids y avaient été dénombrés jusqu'en 2017 mais le comportement de certains résidents (dérangés par cette présence) a eu raison de ce site de reproduction complètement abandonné par ces oiseaux à ce jour. Les autorités françaises ont été interpellées à ce sujet par une ONG américaine (Birds Caribbean) en juin 2022 afin de mettre en place des actions afin de sensibiliser la population et de veiller à la tranquillité des autres zones de nidification de l'archipel. Il ne reste que trois colonies représentant une centaine de nids au total (deux aux Saintes et le troisième sur des îlets au cœur du Grand Cul-de-Sac marin). Ces trois sites, situés dans le parc national de la Guadeloupe, bénéficient d'une meilleure protection car il est interdit de s'en approcher à moins de 60 mètres en bateau. Quant aux pélicans du Gosier, il est désormais possible d'en apercevoir uniquement et ponctuellement dans le port de Saint-Félix.

En milieu marin, de nombreuses espèces de poissons (diodon, mombin, poisson-papillon, poisson-perroquet, poisson-chirurgien…) et d’invertébrés (oursins, lambis, étoiles de mer) sont présentes. La chasse et le braconnage ont entraîné la disparition du flamant rose et du lamantin, un mammifère marin herbivore. Une tentative de réintroduction de deux lamantins en 2016 s’est révélée infructueuse avec la mort (suite à une infection rénale) d’un des deux animaux. Le second s’est envolé, en 2018 pour le parc zoologique de Vincennes. Le projet est actuellement en stand-by et ne pourrait, semble-t-il, être désormais envisagé que par des relâchés de lamantins semi-sauvages directement en milieu naturel.

Le poisson-lion, originaire de l'océan Pacifique, a été observé, pour la première fois, en 2010 dans les eaux guadeloupéennes, sa population n'a cessé de croître depuis. Il s'agit d'une espèce carnivore, doté d'épines venimeuses, qui représente une menace pour la faune sous-marine. Une des solutions envisagées pour réduire sa prolifération est la pêche, car sa chair est fine et délicieuse avec le slogan « Manjé’y an tout sòs » (Mangez-en à toutes les sauces).

On peut rencontrer différentes espèces de tortues dans l’Archipel : la tortue caouanne, la tortue olivâtre ou cul-rond, la tortue verte et la belle tortue luth qui se nourrit de méduses. Certaines s’étouffent en confondant les sacs en plastique flottant avec leur repas préféré. Leurs lieux de prédilection pour s'alimenter et s'abriter sont les mangroves et les herbiers marins. Depuis 1991, toutes les tortues de l’archipel guadeloupéen sont protégées par la législation française : interdiction totale de capture, de transport et de vente des tortues ou de leurs œufs. Elles se font rares dans les eaux des Caraïbes, qui constituent pourtant un site de choix. Après avoir été mangées à toutes les sauces, abattues pour leur carapace et recherchées pour leurs œufs qui donnent, paraît-il, de merveilleuses omelettes, on s’est enfin rendu compte que l'espèce menaçait de s’éteindre. Les plages recensées comme lieux de ponte font l'objet de surveillance.

Les moustiques. Leurs piqûres n'ont rien d'anodin lorsqu'il s'agit du moustique Aedesaegypti, car il peut transmettre la dengue et le chikungunya, qui a fait son apparition aux Antilles fin 2013. En 2016, c'est le Zika, déjà constaté au Brésil, qui est apparu aux Antilles. Ce virus se transmet par les mêmes moustiques. S'il s'avère asymptomatique pour la majorité des personnes, le Zika peut être dangereux pour les fœtus au cours des six premiers mois de la grossesse et provoquer des microcéphalies. Les huiles essentielles mélangées (citronnelle, géranium, lavande) ont une certaine efficacité, mais seuls les répulsifs à base de DEET (30 ou 50 %) éloignent durablement les moustiques. Les vêtements longs à la tombée de la nuit sont conseillés. Même si la Guadeloupe n'a pas connu une nouvelle épidémie de Zika depuis, la dengue, quant à elle, reste bien présente chaque année après la saison des pluies. La population est invitée à rester vigilante en supprimant tous les contenants pouvant accueillir de l’eau stagnante pouvant servir à la ponte des moustiques.

D’autres insectes, répandus, mais inoffensifs, sortent de l’ombre : le ravet et la blatte américaine. Attention en revanche à la scolopendre, une variété de mille-pâtes doté de crochets et de glandes de venin dont la piqûre est douloureuse, voire dangereuse en fonction de sa taille. Il faut alors désinfecter la piqûre et se rendre à la pharmacie ou chez un médecin, surtout s’il s’agit d’un enfant ou d’une personne allergique au venin.

La flore

Sur la Côte-sous-le-vent, zone périphérique du Parc naturel, se développe une forêt d’halliers, d’épineux et de brousses cactées. Plus de 300 espèces d’arbres aux racines parfois en contreforts (châtaignier-pays, acomat boucan) ou en échasses, de lianes et de plantes épiphytes suspendues aux branches ou agrippées aux troncs... Ces différentes espèces sont décrites aux abords des sentiers botaniques et au travers d'expositions (entrée libre) organisées par la Maison de la Forêt, que l'on trouve sur la route de la Traversée, près de la cascade aux Écrevisses.

En altitude, la forêt est saturée d’humidité. L’eau ruisselle partout, imbibant le sol et y creusant des fossés. Les cours d’eau finissent par se disperser dans des criques marines ou des marécages.

Autour de la Soufrière, des mousses, lycopodes et ananas sauvages tapissent le sol : nombre de fougères, choux-palmistes, châtaigniers petites-feuilles, acajous blancs, gommiers blancs, lauriers-roses de montagne... Dans la forêt marécageuse, la végétation est dominée par le mangle-médaille. Le palétuvier jaune à grosses racines apparentes (qui lui donnent l’impression de bouger), les racines palmées de l’acomat boucan (derrière lesquelles les Caraïbes se cachaient et faisaient leurs barbecues), le bois-côtelette et ses feuilles aux superbes courbes symétriques, ou encore le bois bandé ou bois rouge (utilisé pour le parquet des anciennes maisons créoles et dont l’écorce réduite en poudre est utilisée, comme la mandragore, comme un puissant aphrodisiaque) sont autant d'espèces végétales étonnantes à découvrir.

Près du littoral, notamment autour du bras de mer qui sépare Basse-Terre de Grande-Terre, se développe la mangrove, une végétation typique des marécages tropicaux, où poussent les palétuviers, la mangle rouge et la mangle blanche. On rencontre d’autres espèces tropicales près du littoral, comme les cocotiers bien sûr, originaires d'Asie, mais aussi le palmier royal, le fromager, le frangipanier, le flamboyant cher aux poètes (aux fleurs d'un rouge éclatant), le raisinier... Citons enfin le mancenillier, dangereux, car très corrosif ; lorsqu'il pleut, cet arbre dégage un acide qui peut se coller à vous. Il est généralement signalé par un marquage rouge sur son tronc.

Une multitude espèces d’arbres et d’arbustes habite ainsi la Guadeloupe. Bon nombre d’entre elles ont été importées dans l’archipel dans le passé.

Abricot-pays (Mammea americana). Cet arbre des forêts tropicales humides américaines aime la lumière, les plaines et les clairières. À l’état sauvage, il produit un fruit de table endémique du bassin caribéen. L'abricot, qui n'a rien à voir avec son cousin hexagonal, possède un gros noyau comestible et une chair orange sucrée.

Arbre à pain (Artocarpus altilis). Originaire de la zone Pacifique, il a été importé de Tahiti par les Anglais à la fin du XVIIIe siècle. C'est l’un des arbres les plus célèbres de la période coloniale. Très prisé, on en acheminait les pieds par bateau afin de les replanter dans d’autres régions. Il en existe près de 40 variétés aujourd'hui.

Avocatier (Persea americana). Originaire de l’Amérique centrale, son nom vient de l'aztèque ahuaguatl. L’arbre et le nom seront rendus célèbres par les Espagnols aux XVIe et XVIIe siècles. Il en existe plus de 200 variétés. On suppose qu'il était déjà connu par les premiers peuples caribéens.

Bananier (type Musa). Originaire d’Asie, il est sans doute, avec les cocotiers, l’un des symboles les plus représentatifs du monde tropical, au sens large du terme. Alimentation de base pour les populations locales, son fruit, la banane se divise en une cinquantaine d'espèces sauvages et cultivées. Dans les bananeraies des Antilles, l'épandage massif du chlordécone, un pesticide cancérigène, constitue l'un des scandales écologiques les plus marquants de nos temps.

Cacaoyer (ou cacaotier, Theobroma cacao). Introduit d’Amérique du Sud (Amazonie) par les Amérindiens. Il s’est répandu en Guadeloupe à partir du milieu du XVIIe siècle.

Calebassier (Crescentia). Très répandu dans les pays tropicaux, on ne connaît pas précisément ses origines (Amérique tropicale, Asie ?). Son fruit était utilisé par les Amérindiens dans la fabrication de divers objets usuels, une pratique qui a perduré à l’époque coloniale.

Canne à sucre (Saccharumofficinarum). Originaire de la péninsule indienne, elle a fait littéralement le tour du monde. C’est la plante la plus cultivée au monde ! Elle a été introduite dans les Caraïbes par Christophe Colomb, qui l’a rapportée des Canaries (1493).

Cannelier. Originaire du sud de l'Inde, il s’est bien acclimaté dans les Antilles tropicales humides. La cannelle est une épice et plante médicinale de renommée mondiale. Les feuilles du cannelier sont très aromatiques également.

Châtaignier des Antilles (ou châtaignier-pays). À ne pas confondre avec le châtaignier de France. On en consomme le noyau comme une châtaigne, d’où son nom. Il a les mêmes origines que l’arbre à pain.

Corossolier (Anonamuricata). Originaire d'Amérique du Sud (probablement du Pérou), son fruit est apprécié en jus et en sorbet. Connu aussi sous le nom d’annone (ou anone) en hommage au Suisse Jean-Jacques Annone.

Flamboyant (Delonixregia). Originaire du Madagascar, il est très répandu et d’une grande beauté entre ses tons du jaune au rouge. Sa période de floraison (entre juin et août) sur le littoral est un ravissement pour les sens !

Goyavier (Psidium). Originaire de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud ainsi que du bassin caribéen, il s'est parfaitement adapté au milieu tropical. Son nom provient du terme arawak guajava. Le fruit plaît, mais l’arbre beaucoup moins, car il est envahissant, résistant et aime se développer au détriment de son environnement.

Manioc (Janiphamanihot). Cet arbuste est originaire d’Amérique du Sud. Les Amérindiens de la Caraïbe ont dû l’acheminer avec eux, car il constituait la base de leur alimentation. Ils transformaient ses racines en galettes (les cassaves).

Papayer (Caricapapaya). Ses origines un peu floues, car on le retrouve aussi bien en Amérique centrale et du Sud que dans les îles du Pacifique/Les Caribéens, qui l’ont sans doute introduit dans la région, l'ont nommé ababai. Il se développe très vite (jusqu’à 10 m par an dans de bonnes conditions), mais possède de fait une durée de vie très courte (4 à 5 ans en moyenne).

Piments (Capsicum). Originaires d’Amérique du Sud, ils sont cultivés dans les Caraïbes. Il existe plusieurs variétés (cooli, café, etc.).

Groseille peyi (Hibiscus sabdariffa). Provenant d'Asie, le groseillier est apparu en Afrique puis sur le continent américain au XVIIe siècle. Il s'agit d'un hibiscus buissonnant d'environ 3 m de haut. Il produit, une seule fois par an des fruits rouges qui s'ouvrent à maturité (entre octobre et février). La groseille pays est le fruit star de la période de Noël.

Un zoo et des jardins pour plonger au cœur de cette biodiversité

Le parc zoologique et botanique de la Guadeloupe (à 20 minutes de Pointe-à-Pitre et à 1 heure de Basse-Terre) offre un éventail représentatif de la faune et la flore des îles. Au cœur du massif de la Basse-Terre, ce zoo consacre 4 hectares de forêt tropicale à la conservation d'espèces animales rares ou menacées. Il abrite près 85 espèces animales de la Caraïbe et de la Guyane : mammifères, oiseaux, reptiles, et arthropodes. L’ensemble de ces espèces évolue dans un cadre luxuriant fort de plus de mille espèces végétales. Plusieurs jardins, répartis sur l’île de la Basse-Terre plus luxuriante, dévoilent la richesse exceptionnelle de la flore locale (jardin de Valombreuse à Petit-Bourg, jardin botanique à Deshaies, parc de Beauvallon à Basse-Terre…). Le Parc de la Source offre une immersion au cœur de la forêt mésophile (zone de forêt à la fois sèche et humide, bénéficiant de températures entre 25 et 30°C), qui regroupe plus de 150 variétés de plantes ainsi qu’un accès à une chute magique de 20 m de haut.