Combat de Muay Thaï © venusvi - Shutterstock.com.jpg
Cérémonie de respect, boxe thaï © Alexey Volkov - shutterstock.com.jpg

Des arts martiaux khmers au Muay Thai

Les premiers récits écrits de la boxe thaïlandaise datent de récits dans les chroniques royales du Royaume d’Ayutthaya sous le règne de Rama Ier.  Selon les légendes transmises oralement, le Muay Thai trouverait son origine dans les arts martiaux khmers, comme le Pradal Seray (art martial pratiqué à mains nues à l’époque), et d’anciens arts martiaux des différentes provinces de la Thaïlande d’aujourd’hui. Il aurait ensuite évolué en Muay Boran (« boxe ancienne »), qui se pratiquait également, à mains nues, pour être enfin codifié au XVIe siècle pour devenir le Muay Thai tel qu’on le connaît aujourd’hui.  C’est à cette époque qu’il commence à être pratiqué par les soldats à des fins militaires.  C’était la technique de combat au corps à corps de prédilection des chefs et des guerriers. Au XVIIIe siècle, la pratique gagna en popularité et des combats étaient régulièrement organisés dans les villages. Les boxeurs utilisaient diverses matières naturelles ou non pour recouvrir leurs poings. La pratique du Muay Thai devient de plus en plus un spectacle et est délaissée par les militaires avec la modernisation des armes.  La pratique est même carrément interdite en 1921, car considérée trop dangereuse et létale ! Avant cette date, ces guerriers avaient parfois les poings entourés de bandelettes imbibées de résine sur lesquelles ils collaient du verre pilé. Les morts étaient nombreux, ce qui n'arrive pratiquement plus de nos jours. La boxe thaïe revient en 1930 avec des règles inspirées de la boxe anglaise : combat sur un ring, port de gants de boxe, interdiction de certains coups…)

Philosophie, danse et musique

Le Muay Thai véhicule des valeurs fortes et combine les fondements du pays : le respect au roi et à la famille royale, l’allégeance au bouddhisme et l’esprit patriotique.

Le boxeur porte un bandeau sacré autour de la tête, le mongkon, pour le protéger des mauvais coups et un autre bandeau contenant une amulette de Bouddha autour d’un bras, le praciat ou kruang-rang. De telles précautions ne sont pas inutiles. D’ailleurs il n’est pas rare de voir des champions de Muay Thai qui sont des moines bouddhistes ! La maîtrise des émotions est une part importante de l’entraînement, qui est aussi bien physique que mental. Les combats commencent par tout un cérémonial immuable. Avant de combattre, le boxeur prie avec son entraîneur (wai kru). Il entame ensuite une « danse des esprits » qui dure plusieurs minutes (Ram Muay). Une danse pleine de gestes cabalistiques destinés à faire peur aux esprits du lieu et à l’adversaire. Les mouvements du Ram Muay sont exécutés lentement et circulairement, ils servent aussi de préparation mentale. Le Ram Muay commence toujours à genoux et se termine debout. Un bon danseur, même s’il perd, sera respecté si son Ram Muay est bien exécuté. Le combat est accompagné d’une musique qui est l’accompagnement de la méditation jusqu’au rythme des assauts pendant le combat. L’orchestre est constitué de trois ou quatre musiciens, jouant de la flûte javanaise (Pi Chawa), des cymbales (Ching), et du tambour long (Klawng Khaek). Le rythme et le volume sonore vont suivre l’action du combat, ils ont un effet stimulant sur les boxeurs et le public.

Des techniques surprenantes

Le marquis de Queensbury, qui fixa les règles du noble art de la boxe, s’arracherait les cheveux par poignées s’il assistait à un combat de boxe thaïe. Les techniques employées sont variées : techniques de frappes (poing, pied, coude, genou…), techniques d’esquive, de blocages et saisies, ainsi que des techniques de projection et de fauchage. Chaque round de trois minutes est entrecoupé d'une pause de deux minutes. Les boxeurs sont pieds nus (la corne est dure et fait mal) et il n’est pas rare d’assister à un K.O. sur coup de pied. Les coudes servent de marteau et cherchent à s’abattre sur le visage ; les genoux, servant de bélier, sont en principe réservés à l’estomac, au foie et au plexus solaire. Les prises de judo ne sont pas acceptées, mais l'on peut projeter son adversaire au sol ou le faucher.

Où en pratiquer ?

Pour pratiquer et apprendre l’art de ce sport national, des camps d’entraînement sont disséminés dans tout le royaume.  Ils sont ouverts à tous dès l’âge de 7 ans.

Sont organisés en général pas moins de 8 combats par soirée, le plus attendu est en général le 5e, lorsque le spectacle, commencé depuis 21h, atteint son paroxysme. Les combats les plus importants sont diffusés sur les chaînes nationales le samedi et le dimanche. La notoriété internationale de la boxe thaïe doit beaucoup à l’évolution du tourisme dans le pays qui lui a offert une vitrine dans le monde entier. Depuis, la pratique de ce sport est présente dans le monde entier, y compris en France. Le kick-boxing, créé par le japonais Kenji Kurosaki à la fin des années 1960, est un dérivé de la boxe thaïlandaise. En France, l’Académie française de Muay Thai (AFMT) et la Fédération française de kick-boxing, muay thai et disciplines associées (FFKMDA), les deux fédérations officielles les plus importantes, comptent de nombreux affiliés pratiquants. Les deux stades mythiques du Muay Thai sont à Bangkok : le Lumpinee Boxing Stadium et le Rajadamnern Boxing Stadium. Ils constituent la référence mondiale de ce sport. Chaque ville possède plusieurs stades de boxe thaïe, du plus petit au plus grand. Vous pourrez assister à des soirées de combats dans tout le pays : Bangkok bien sûr, mais aussi Pattaya, Phuket, Koh Samui, Chiang Mai… Le prix d’entrée aux combats varie selon la place, bien sûr, mais aussi selon la qualité des champions. Comptez entre 1 500 et 2 000 B pour une place près du ring.