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Mariages et naissances

Dans ces deux domaines, Malte ne s’est pas signalée par son avant-gardisme. Mais les choses et les chiffres évoluent pourtant. Jusqu'au 25 juillet 2011, Malte restait le dernier pays d’Europe où le divorce n’était pas autorisé, signe d’un affrontement entre le droit civil et le droit canonique de l’Eglise catholique. In fine, le vote des députés (52 sur 69 membres) est venu changer cette situation à la suite d’un référendum populaire au cours duquel 53 % de la population avait souhaité la légalisation du divorce. Avec un bémol toutefois puisque la procédure de divorce n’est admise qu’après la constatation de 4 ans de séparation. Aujourd’hui, les chiffres viennent traduire un changement des mentalités et des pratiques. En 2018, les mariages civils ont été plus nombreux que les mariages à l’église (1 423 contre 1 129) et le nombre des séparations (1 311) a aussi dépassé celui des mariages. Une tendance régulièrement enregistrée depuis 2016 qui marque la perte d’influence, relative, de l’Eglise sur la population. Côté naissances, les chiffres publiés par Eurostat en 2020 font apparaître que Malte continue à afficher le taux de fécondité le plus bas de l’Union européenne (1,14 enfant par femme en moyenne à Malte, au bas de la liste contre 1,86 en France, en haut de la liste). Si la contraception est entrée dans les mœurs, l’avortement reste toujours illégal. Ceux qui s’opposent à l’avortement, soutenus par l’Eglise catholique, ont souvent fait part de leur inquiétude face à l’adhésion de Malte à l’Union européenne. Mais si l'Europe peut faire pression sur les autorités maltaises, elle ne peut pas en revanche obliger l’autorisation de l’avortement. Et Malte, lors de la rédaction de la proposition de Constitution européenne, a réussi à faire retirer de cette dernière le texte de droit à l’avortement. Un « exploit diplomatique » pour un si petit pays. Les femmes maltaises désirant avorter doivent donc risquer de le faire sur place de manière clandestine ou se rendent plutôt à l’étranger (Italie, France ou Grande-Bretagne), pour les plus aisées. Et en octobre 2010, le comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (Nations unies) s'inquiétait ainsi de l'ampleur des avortements illégaux à Malte. Concernant les droits des femmes, elles disposent du droit de vote depuis 1945 et l’entrée dans l’Union européenne a conduit le pays à mettre en place des lois les protégeant davantage. L’un des principaux tournants est intervenu en 2004 avec l’adoption d’une loi sur l’égalité entre hommes et femmes qui vise à assurer leur égalité en matière d’emploi et d’éducation. Des initiatives ont aussi été prises pour combattre la violence domestique via une loi de 2006 renforçant la protection des femmes. Mais dans un courrier adressé au Premier ministre au début 2018, la commission européenne encourageait Malte à redoubler d’efforts dans ce domaine.

Adoption du mariage homosexuel

Dans ce petit pays conservateur, il n’est pas d’usage de faire son coming out. Il existe bien sûr une population gay à Malte, mais sa présence est discrète. La société locale n’est pas réputée pour être la plus tolérante du monde. Le 22 juillet 2004 a eu pourtant lieu à Malte ce que l’on peut considérer comme la première gay pride maltaise (il y a bien eu quelques essais en 1996 ou 2001). Chaque année, quelques centaines de personnes défilent dans la rue principale de la capitale (Republic Street), dont les pavés ont plutôt l’habitude d’être foulés par les clubs de fanfares, les processions religieuses ou les scouts. Et des représentants des deux partis majoritaires, des syndicats, des ONG se joignent à la manifestation, ce qui n'en fait pas un problème politique. La situation des droits des homosexuels a même connu un grand tournant au cours des dernières années. Le 16 avril 2014, une loi portée par le parti travailliste instaure l’union civile pour les homosexuels, loi qui leur apporte exactement les mêmes droits que le mariage et notamment le droit à l’adoption par les couples de même sexe. Trois ans après, c’est l’ouverture du mariage aux couples homosexuels qui est adoptée à la quasi-unanimité par le parlement maltais, le 12 juillet 2017. Malte est alors le quinzième pays en Europe à adopter cette loi.

Éventail éducatif

A Malte, l’école est obligatoire pour les enfants âgés de 5 à 16 ans. On peut entrer à l’école maternelle à partir de 3 ans. L’école primaire commence à 5 ans et finit à 11 ans. On n’entre pas automatiquement dans l’école primaire de son quartier, le système est un peu plus complexe, et c’est souvent une question de revenus. On rallie ensuite le collège pour y rester cinq ans et obtenir à la fin le MATSEC. Les élèves peuvent alors intégrer une école de commerce, les cours durent quatre ans. Dans ces écoles, on étudie pour devenir ingénieur aussi bien dans le bâtiment que dans l’agriculture. En cas de succès, on peut accéder au niveau supérieur, Extended Skills Training Courses, un programme de trois ans, plutôt axé sur l’apprentissage en entreprise. Après le MATSEC, on peut également choisir les Sixth Form Studies qui préparent, entre autres, aux examens d’entrée à l’université, à l’école d’infirmières ou à l’école de secrétariat. Il y a deux instituts de technologie à Malte et un à Gozo. On y étudie aussi bien l’architecture que la mécanique ou la menuiserie. Ces instituts ont principalement pour objectif de préparer aux concours du City and Guilds Institute of London. A Malte, il y a aussi des écoles enseignant la navigation, l’art et le design, l’agriculture et l’électronique. Les cours du soir sont très diversifiés : théâtre, commerce, musique… Le secteur privé offre en outre un vaste éventail de formations qui va de la danse à l’informatique. Les instituts culturels et l’Eglise catholique dispensent des cours pour adultes, avec bien sûr une orientation religieuse pour cette dernière. L’université de Malte a quant à elle été fondée en 1592 et siégeait à La Valette avant d’être transférée à Tal-Qroqq, sur les hauteurs de Msida. Ouverte à toute personne ayant le niveau requis, elle procure un revenu mensuel à ses étudiants et leur propose du travail pendant les vacances d’été. En 2022, on comptait plus de 11 800 étudiants dont 1 460 étrangers provenant de 123 pays. De nombreux autres étrangers suivent des cours dans le cadre des programmes d’échange Erasmus. L’université, qui compte 14 facultés, se veut pluridisciplinaire et enseigne aussi bien la linguistique que la gérontologie. Parmi les sujets spécialisés, des études anglo-italiennes et un programme sur le monde méditerranéen.