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Parcs nationaux & biodiversité

L'Espagne compte un nombre important de parcs naturels, réserves, et parcs nationaux, parmi lesquels on citera :

Le Parc national des pics d'Europe (Parc nacional Los Picos de Europa) : à cheval entre les Asturies, la Cantabrie et Castille-et-León il abrite les plus hauts sommets de la cordillère cantabrique. Ces montagnes aux paysages pittoresques sont aussi classées réserves Man and Biosphere par l'Unesco et protègent une biodiversité remarquable, notamment l'ours et le loup ibériques.

Le Parc national des îles Atlantiques : au large de la Galice, les Rías Baixas, il protège un archipel d'îles d'une grande beauté. Accessibles uniquement par bateau, elles abritent une exceptionnelle biodiversité terrestre et marine, et de nombreuses colonies d'oiseaux. Cortegada possède une remarquable forêt de lauriers.

Le Parc national maritime-terrestre de l’archipel de Cabrera : il protège une biodiversité marine et terrestre exceptionnelle fragile et abrite des paysages et milieux absolument magnifiques, à l'image de la très connue grotte bleue Cabrera. On y accède en bateau et de nombreux itinéraires pédestres permettent de découvrir l'archipel.

Le Parc national de Doñana : situé en Andalousie, classé réserve de biosphère et patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco, il abrite des zones humides remarquables, considérées comme l'un des hot-spots de biodiversité européens. Il protège l'un des félins les plus rares d'Europe, le lynx d'Espagne. Le parc est soumis à de fortes pressions anthropiques. Ses écosystèmes sont notamment menacés par la monoculture intensive de fraises. Lorsque l'on sait que  25 % de ces productions de fraises étaient exportées en France en 2006, cela peut nous inviter à questionner nos achats.

Le Parc national Ordesa y Monte Perdido : ce parc aragonais fait partie de l'entité  Pyrénées-Mont Perdu, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Il abrite des paysages parmi les plus pittoresques et grandioses des  Pyrénées.

Le Parc national les Tablas de Daimiel : situé dans le territoire de Castille-La Manche, ce parc protège des écosystèmes rares et fragiles, associés aux plaines d'inondation des rivières Cigüela et le Guadiana. Cette réserve de biosphère (Unesco) abrite une exceptionnelle biodiversité (dont oiseaux), menacée par le pompage excessif des nappes phréatiques.

Le Parc naturel Monte Aloya : situé en  Galice, cet espace naturel se caractérise par sa géologie granitique, son architecture vernaculaire et ses paysages de moyenne montagne singuliers, issus de reforestations.

Le Parc naturel de Somiedo : situé dans les  Asturies, c'est une aire protégée classée comme réserve de biosphère par l’Unesco qui se caractérise par une grande variété géologique et des écosystèmes liés aux lacs de montagnes et aux pâturages d'altitude.

Le Parc naturel du delta de l’Ebre : situé en  Catalogne, il protège les très riches et fragiles écosystèmes du delta du fleuve éponyme.

Le changement d'affectation des sols (urbanisation, agriculture), la fragmentation des milieux (construction d'infrastructures de transport), et la pollution contribuent à la dégradation et la disparition d'espaces naturels et des espèces. Certaines îles, comme les Baléares, ont dû également faire face à l'introduction d'espèces exotiques envahissantes, ce qui a donné lieu à des opérations d'arrachage de certaines de ces espèces floristiques. Le tourisme de masse contribue largement à ces  impacts négatifs. Face à cette situation, des communes comme celle de Formentera, ont mis en place des contraintes réglementaires en matière d'urbanisme, afin de limiter les constructions.

Vers une politique de prévention des déchets

La Méditerranée, qui constitue 1 % des eaux marines du monde, concentre 7 % de la pollution plastique (source : WWF). Face à ces enjeux, l'archipel des Baléares a promulgué une loi en 2019 visant à réduire les déchets à la source. Elle engage le territoire dans une démarche, pionnière en Espagne, d'économie circulaire, associée à des objectifs chiffrés. Elle interdit notamment de nombreux plastiques à usage unique contenant des micro-particules et nano-plastiques et les bouteilles d'eau. Cette loi s'applique aux ménages, mais également au secteur de l'hôtellerie, de la restauration et de l'événementiel. Elle s'accompagne de sensibilisations et d'incitations financières.  En 2021, le pays a déposé un projet de loi visant à réglementer l'utilisation du plastique à usage unique, incluant notamment l'interdiction de sa distribution gratuite et l'instauration d'une écotaxe. L'objectif affiché est une diminution de 70 % de la production de ce type de déchets à l'horizon 2030. Les déchets alimentaires sont également soumis à un objectif de réduction.

Les limites du modèle agricole productiviste

Le modèle agricole fondé sur des monocultures industrielles (intrants chimiques) induit de fortes externalités négatives, dont la pollution des milieux et l'érosion des sols. Ce type d'agriculture, avec ses champs de bâches et serres en plastique, altère à la fois les paysages, les ressources en eau et la biodiversité. L'irrigation, encore mal régulée, accroît le stress hydrique du pays. Le recours à la désalinisation contribue à la pollution des eaux par les résidus qu'elle engendre, auxquels s'ajoutent les rejets de pesticides et nitrates. La situation de la Mar Menor illustre les effets délétères de ces activités. Ainsi, en août 2021, ce sont 15 tonnes de poissons morts qui sont retirés de la lagune, victimes de l'eutrophisation. En d'autres termes, les eaux chargées en nitrates favorisent la formation d'algues qui asphyxient le milieu. Privées d'oxygène, les espèces meurent. L'ensemble de l'écosystème de la lagune – pourtant reconnue « zone humide d'importance internationale » (RAMSAR) – est menacé. En réaction, une chaîne humaine de 70 000 personnes s'est formée le long du rivage, en signe de deuil.

On évoquera aussi la dépendance de ce modèle aux énergies fossiles et aux importations (par exemple de maïs, pour nourrir le bétail et de certaines céréales pour la consommation humaine comme le blé). Ces cultures sont également de fortes consommatrices en eau et reposent sur une très faible diversité génétique. Autant de facteurs, qui peuvent faire poindre la menace d'insécurité alimentaire, dans un contexte de déclin de la biodiversité, de changement climatique et de tensions géopolitiques. Si le pouvoir politique demeure encore peu engagé, des initiatives voient cependant le jour, avec des agriculteurs et éleveurs qui fondent leur pratique sur l'agroécologie.

Le territoire face au changement climatique

Le changement climatique en cours impacte déjà le territoire. Il se traduit par la multiplication et l’intensité des phénomènes extrêmes, notamment tempêtes, inondations, mais aussi sécheresses et canicules, et leur corollaire, les incendies. La hausse des températures contribue également à l’implantation d’espèces vectrices de maladies, telles que moustiques. Un rapport de l’Agence de météorologie espagnole publié en 2019 indique que 70 % de la population espagnole serait impactée par le changement climatique, dans un pays où les scientifiques constatent également un allongement de la durée des étés, de l’ordre de 9 jours en 10 ans. A l’été 2018, la Galice a été soumise à des restrictions d’eau, à Vigo, Lugo ou Orense. La sécheresse a également touché d’autres villes en Castille-et-León et Cantabrie, où les maires ont dû procéder à des coupures d’eau. L’année  2020 a quant à elle été marquée par la tempête Gloria, entraînant des déplacements – temporaires – de population. Sans action d’envergure pour contenir le réchauffement climatique en dessous de + 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, certains territoires du pays ne garantiront plus des conditions d’habitabilité pour les humains.

Un autre exemple frappant illustre la situation. Il s’agit du village galicien d’Arceredo, submergé en 1992 pour la construction du barrage de Lindoso… qui a refait surface en 2021, en raison d’une baisse du niveau de l’eau du réservoir.

Face à l’urgence climatique, des actions d’atténuation et d’adaptation se mettent en place. A l’image de ce qu’il s’est passé en France et dans d’autres pays européens, des ONG ont attaqué en justice le gouvernement espagnol en 2020 pour inaction climatique, notamment pour l’insuffisance des objectifs fixés et le retard dans la mise en place des actions. Une loi sur le changement climatique et la transition écologique a été votée en 2021. Elle prévoit notamment l’interdiction à la vente de véhicules thermiques neufs d’ici 2040, l’abandon du charbon et le développement des énergies renouvelables. Le pays a fermé en 2020 la moitié de ses centrales à charbons. Certaines ont été remplacées dans les mêmes régions par des fermes solaires et éoliennes. Le pays s’est également engagé à ne plus subventionner les énergies fossiles et à ne plus effectuer de prospections ni d’exploitation de ces énergies. Parmi les autres leviers de la transition présents dans la loi, figure la mise en place de zone à faibles émissions, l’efficacité énergétique des bâtiments (dont la rénovation thermique), la prise en compte du risque climatique dans les secteurs de la finance. Le refus du gouvernement espagnol de l’extension de l’aéroport d’El Prat de Barcelone, qui avait suscité de fortes réactions en raison notamment de son impact écologique (destruction de zones humides), est peut-être le reflet d’une prise en compte au plus haut niveau des questions environnementales.

Pontevedra, ou l'expérience réussie de la ville sans voiture

Cette ville de Galice de plus de 80 000 habitants a banni la voiture de son centre-ville depuis 2001. Cette initiative est née de la volonté du maire, qui a mis en place une politique des transports fondée sur le développement des mobilités actives, avec des investissements en matière d'accessibilité, des parkings-relais, et des outils comme un plan « metrominuto » qui indique les temps de parcours à pied. A cela s'ajoute l'interdiction de construction de surfaces commerciales en périphérie, autant de facteurs qui favorisent la vie et les commerces du centre-ville. On peut parler d'une démarche couronnée de succès  avec 70 % des déplacements effectués à pied, une qualité de vie retrouvée, avec moins de bruit, de pollutions atmosphériques et  -67 % d'émissions de gaz à effet de serre.

Slow-travel

L'Espagne est accessible en train et se dévoile également à la force des jambes, à l'image de nombreux cyclo-voyageurs ou randonneurs pédestres. Des itinéraires pédestres ou cyclistes permettent en effet de découvrir le pays, et d'aller à la rencontre des habitants, en combinant écotourisme et alimentation respectueuse du vivant issue de circuits courts et de proximité. On invitera également le voyageur à réduire ses consommations d'eau et d'énergie, ainsi que ses déchets, par des actions de réduction à la source (pour une démarche zéro déchet : www.zerowastefrance.org), et le choix de produits non délétères pour l'environnement (crèmes solaires sans filtres chimiques par exemple). Nous pouvons tous agir, tant dans notre voyage que dans notre quotidien pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Pour mesurer votre empreinte carbone et trouver des pistes d'actions : faites le test avec le simulateur de l'ADEME (https://nosgestesclimat.fr/simulateur/bilan).