Parade à Angra do Heroismo © vidalgo - shutterstock.com.jpg

Les musiques traditionnelles et folkloriques

Véritable paysage sonore omniprésent dans l’archipel, la musique traditionnelle des Açores participe grandement à la beauté des lieux. Dans le domaine vocal, les cantigas ao desafio ou repentes sont des formes d’expression populaire présentes lors de nombreuses fêtes. Sortes de joutes de dialogues chantés et improvisés, elles abordent la vie quotidienne, de manière souvent très caustique. On y parle des problèmes sociaux, on y dénonce les injustices, on y célèbre les valeurs insulaires, on y évoque l’histoire et la religion. La plupart des chanteurs sont issus du peuple, la langue est simple et directe, mais non dénuée de critiques à l’égard d’une société formelle qui leur refuse bien souvent la parole. Très souvent, ces jugements sont déclamés sur un ton satirique, obligeant le repentista (le chanteur de repente) à une grande capacité d’improvisation pour donner de l’esprit à ses paroles.

On entend particulièrement les cantigas ao desafio durant les fêtes du Saint-Esprit (Culte du Divino Espírito Santo), grandes célébrations dominicales (courant de Pâques à la Trinité) hautes en couleur et en musique ainsi que lors des fêtes de la Saint-Jean (Sanjoaninas). Longue de dix jours au mois de juin, cette dernière est une des plus grandes fêtes profanes de l’archipel et se déroule sur l’île de Terceira. L’occasion d’admirer des cortèges, voir des marches populaires, des expositions, des spectacles de musique et bien d’autres manifestations – dont les fameuses touradas a corda.

Toujours dans le domaine purement vocal, on entend à Terceira, les velhas (les « vieilles ») se moquer particulièrement des vieux et de leurs amours tardifs ; tout comme les repentes, elles sont très improvisées et sont mises en scène dans les fêtes populaires. Enfin, il est également important de souligner l’influence des chants grégoriens dans l’expression musicale des Açores.

Impossible d’aborder la musique des Açores sans mentionner son instrument traditionnel, la viola de arame, plus couramment appelée viola da terra. Presque le symbole de l’archipel - elle se retrouve sur ses neuf îles - cette guitare typique est reconnaissable à ses deux cœurs l’ornant souvent. Avec ses 21 frets et 12 cordes, dont certaines en acier et d’autres en laiton, ce petit instrument émet un son qui n’appartient qu’à lui. On en joue à toute occasion, pour le plaisir ou le travail. À Terceira, il existe même une version particulière de 12, 15 ou 18 cordes. D’autres instruments sont également très présents dans le folklore açorien, tels que le violon, le banjo, la mandoline ou cavaquinho (petite guitare), les tambours ou tambourins (pandeiro), les testos (cymbales) ou encore les ferrinhos (triangles de métal) plus rares ou plus circonstanciels.

À partir des années 1950, des artistes et groupes folkloriques ont commencé à collecter, jouer et valoriser des grands airs folkloriques pour assurer leur transmission et participer à la survie de l’identité musicale açorienne. Parmi les plus importants, citons Myrica Faya, groupe de Terceira et Carlos Moniz, dont l’album Temas Populares dos Açores est un très bon panorama sur la musique d’ici.

La musique populaire

Au fil des générations, l’archipel a vu naître de nombreux artistes devenus populaires dans la chanson portugaise. À commencer par Zeca Medeiros dont les compositions sont très marquées par son île de naissance (Sao Miguel) et son activité de réalisateur ; ami et collaborateur de ce dernier Luís Alberto Bettencourt est devenu célèbre en mélangeant jazz et musique traditionnelle ainsi qu’en composant des bandes originales pour le cinéma ; autre star très appréciée de la diaspora portugaise, Jorge Ferreira vit désormais aux États-Unis et a été nommé ambassadeur de la musique portugaise dans la ville d’Atlantic City.

Le fado

Bien qu’éloignées du continent, les Açores n’en demeurent pas moins une région à part entière du Portugal où, comme sur tout le reste du territoire, on écoute et joue du fado. Originaire de la métropole portugaise – surtout Lisbonne et Coimbra – le fado exprime ce sentiment si singulièrement portugais qu’est la saudade. Pétri de mélancolie, nostalgie et d’espoir (l’essence de la saudade), le fado s’est fait une place dans l’archipel, s’adaptant à l’âme des lieux. Un des grands interprètes de fado venant des Açores est Fernando Machado Soares (1930-2014). Poète, chanteur et compositeur, il a exporté le Fado aux États-Unis dans les années 1960 – en accompagnant l'Orfeon Académico de Coimbra en tournée –  et obtenu en 2006, le prix Amália Rodrigues « pour l’excellence de sa carrière artistique et son dévouement envers les autres ».

Si la sérendipité s’avère souvent le meilleur guide pour trouver du fado (comme à Lisbonne), il est courant d’en entendre en live dans certains restaurants de l’archipel tels que la Casa do Bacalhau ou le Café Canto do Caís de São Miguel, et des lieux dédiés comme la Taberna do Fado d’Angra do Heroísmo.

La musique classique

Tout héritage portugais mis de côté, il n’y a pas de tradition musicale savante propre aux Açores. Cela dit, il est important de citer deux grandes figures liées à l’île. La première est Francisco de Lacerda (1869-1934). Grand chef d'orchestre, il laisse derrière lui une œuvre fournie, dont la pièce symphonique Almourol e Álcacer ou des séries de pièces pour voix et piano, les Trovas, traversées par la musique populaire portugaise et plus spécifiquement celle des Açores. Une des figures emblématiques de la musique et la culture portugaise de son temps qui obtint une véritable reconnaissance internationale. Le second est Maurício Bensaúde, un baryton d'opéra portugais, lui aussi à la carrière internationale, s’étant produit sur les scènes de Rome, Milan, New York, Londres, Berlin ou Paris.

L’archipel dispose de quelques lieux intéressants pour les mélomanes comme le Coliseu Micaelense de Ponta Delgada, considéré comme « l’Opéra » de São Miguel. Dans ce superbe bâtiment, datant de 1917, et joliment rénové ont lieu de nombreuses représentations souvent grandioses, conviant des artistes de renommée internationale. À noter aussi que Terceira doit notamment sa réputation d’île « culturelle » - en plus de celle d’île de fête – à ses nombreux orchestres philharmoniques comme les Sociedade Filarmónica União Católica da Serra da Ribeirinha et Sociedade Philharmonic Recreio dos Lavradores da Ribeirinha, situées à Angra et plutôt dynamiques.

La danse

Aux Açores il existe de nombreuses danses traditionnelles, exécutées différemment en fonction de la tonalité, comme la charamba, la danse açorienne par excellence ou les  mangericão, sapateia, chamarrita (sorte de fusion du fandango et de la valse, toujours très populaire), pezinho (l’une des plus anciennes de l’archipel), tanchão, tirana (caractéristique des îles centrales et occidentales), rema, etc. La plupart obéissent à un rythme lent, bien spécifique à l’archipel, qui dénote des influences religieuses et mystiques. Parfois réinterprétées pour une audience plus jeune, ces danses peuvent gagner en vivacité. La plupart des danses açoriennes sont originaires du continent, avec de substantielles modifications. Par exemple, le mané chiné est une danse typique de l’Algarve du XIXe siècle devenue une tradition de Flores.

Parmi les événements les plus indiqués pour assister à ces danses, Danças de Entrudo, le Mardi gras de Terceira est particulièrement impressionnant et le Carnaval de Graciosa, sur l’île du même nom est une grande fête populaire et colorée.