Roger Donaldson, réalisateur de Le Bounty en 1984 © DFree - shutterstock.com.jpg
Île de Nuku Hiva, lieu de tournage de l'émission Survivor © Vyshnivskyy - shutterstock.com.jpg

Parcours cinématographique en Polynésie

Dès 1912, le frère de George Méliès filme Ballade des Mers du Sud à Papara. En 1927, Robert Flaherty réalise Ombres blanches (White Shadows in the South Seas). Tourné à Bora-Bora en collaboration avec F.W. Murnau, Tabou (ou Tapu, en 1929) est un film de qualité qui met en scène avec beaucoup d’exactitude la vie quotidienne de l’époque. En 1935, Richard Thorpe réalise Taro le païen.

On compte trois films tournés sur le thème des révoltés du Bounty. En 1935, la première version – la plus hollywoodienne – met en scène Clark Gable dans le rôle de Christian Fletcher, chef des mutins. Cette version, réalisée par Frank Lloyd, prend beaucoup de libertés avec la réalité. La plus connue reste celle de Lewis Milestone, avec Marlon Brando (1962), jadis un événement sur le territoire. Cette superproduction hollywoodienne est une véritable manne pour l’économie naissante de la Polynésie française. Des millions de dollars sont versés pour ce tournage pharaonique, à l’origine de l’embauche de milliers de figurants et d’argent tout frais pour les habitants des îles. Marlon Brando, séduit par la Polynésie, finit par s’identifier à son personnage et épouse sa partenaire. Il va même jusqu’à louer à long terme l’atoll de Tetiaroa, sur lequel il fait construire un hôtel. La dernière version du film, avec Mel Gibson et Anthony Hopkins (1983), filmée à Moorea, est assez décevante.

En 1957, Léo Mc Carey réalise Elle et Lui avec Cary Grant et Deborah Kerr dans les rôles principaux. En 1979, Hurricane inspiré du roman de James Norman Hall et Charles Nordhoff est produit à Bora Bora par Dino de Laurentis. Le dernier film français à gros budget tourné en Polynésie est Le Prince du Pacifique avec Thierry Lhermitte et Patrick Timsit, sorti en 2001, dont beaucoup de scènes sont tournées à Huahine. Plus récemment, Vince Vaughn et Jean Reno sont à l'affiche de Thérapie de couple (Peter Billingsley, 2010), une comédie américaine tournée à Bora-Bora. En 2011, Mathieu Kassovitz tourne L'Ordre et la morale, à Anaa aux Tuamotu, qui évoque la prise d'otage de 27 gendarmes français par les indépendantistes kanaks en 1988. Enfin, on regrette qu’aucun réalisateur n’ait encore à ce jour choisi de mettre en image la conquête de la Polynésie par les premiers Polynésiens, qui reste une épopée hors du commun, ou bien la découverte du pays par les premiers explorateurs, et l’anéantissement de la civilisation traditionnelle qui s’ensuit, excellent sujet pour un film historique.

À Tahiti

La plus grande île de la Polynésie française voit son sol foulé par plusieurs tournages. En 1957, Bernard Broderie (Le Gorille vous salue bien) réalise Tahiti ou la joie de vivre, une comédie où Georges de Caunes campe un journaliste envoyé sur l’île afin de prouver que le paradis existe sur terre. En 1962, Ted Kotcheff tourne son premier film sur les îles, Tiara Tahiti (La Belle des Îles). En 1966, c’ est « Bebel » qui débarque à Tahiti pour interpréter les aventures d’un gigolo dans Tendre Voyou de Jean Becker. Jean-Paul Belmondo retourne à Tahiti accompagné de Claude Lelouch en 1988 pour les besoins du très bon Itinéraire d’un enfant gâté. Belmondo reçoit d’ailleurs le César du meilleur acteur pour son interprétation dans le film. En 1994, Glenn Gordon Caron réalise Rendez-vous avec le destin, avec Warren Beatty et Katharine Hepburn. Ce remake du film Elle et Lui  de 1957 marque la dernière apparition au cinéma de la grande actrice.  La même année, Frédéric Blum adapte le roman de Romain Gary La Tête coupable en réalisant Les Faussaires. Gérard Jugnot y incarne un écrivain venu à Tahiti afin d’écrire la biographie de Paul Gauguin. Le peintre français et sa vie sur l’île sont une nouvelle fois à l’honneur dans le film Gauguin - Voyage de Tahiti (2017), réalisé par Édouard Deluc, où Gauguin est interprété par Vincent Cassel. L’œuvre suscite une certaine polémique dans le monde de la presse. Celle-ci condamne l’approche cinématographique de Deluc et surtout sa vision du contexte colonial de l’époque, mais aussi de la sexualité du peintre. Ce film est à ce jour le dernier long-métrage tourné à Tahiti et sur Tahiti. Malheureusement, beaucoup de films américains sur Tahiti sont tournés hors de la Polynésie, les producteurs hollywoodiens avec leurs idées toutes faites n’ayant pas trouvé nécessaire de filmer des scènes proches de la réalité. Le meilleur exemple est sans doute le film 6 Jours, 7 Nuits avec Harrison Ford et Anne Heche. Côté événement, la maison de la Culture de Tahiti accueille chaque année, depuis 10 ans, le Festival International du Film Océanien (FIFO). Ce festival célèbre les documentaires sur l’Océanie, organise des rencontres entre professionnels et bien évidemment, procède à une remise de prix.

Au petit écran

Côté télévision, la Polynésie française semble propice aux reality show américains tels que Surf Girls, Meet the bakers, Road Rules ou Survivor. Créée en 1992, cette émission de téléréalité est la version américaine du célèbre Koh-Lanta, en France. Pendant un mois, les candidats de Survivor, bloqués sur une île déserte, doivent prouver leur bravoure en exécutant plusieurs épreuves qui mettront à mal leurs nerfs et leurs corps. Le but du jeu est d’être l’ultime candidat restant sur l’île et ainsi gagner le titre de « survivant ».  Tourné aux quatre coins du monde, la saison 4 établit son camp de base à Nuku Hiva, en Polynésie. Le très français Opération Séduction a également élu la Polynésie française pour cadre. Côté séries, le photographe et cinéaste français Adolphe Sylvain arrive en 1967 pour tourner l’unique saison de Téva-Opération Gauguin. Le peintre est une nouvelle fois mis en lumière dans cette mini-série dont l’intrigue tourne autour de M. Pigeon et de sa quête à Tahiti afin de retrouver un tableau de Gauguin faisant partie de son héritage. Diffusé au début des années 1970, ce programme met véritablement la Polynésie à l’honneur et participe à l’inauguration de la couleur sur les écrans, en métropole. En 1999, Gaumont lance la production de la série française Les Perles du Pacifique. Cette série, dont l’intrigue se déroule dans une ferme perlière à Manatéa, ravit tous les amateurs d’histoires d’amour, de trahison et d’aventure. Plus proche de nous, en 2019, c’est Éric Delafosse qui débarque à Tahiti pour réaliser la nouvelle série française Tahiti PK.0 avec Édouard Montoute.