Bienvenue à Bongowood

Pour faire face au manque de financement et à la difficulté d’accès aux films, la production cinématographique tanzanienne, dans la lignée du Nigeria et son Nollywood, s’est structurée depuis le début des années 2000 en Swahiliwood, ou Bongowood. Le principe est de produire beaucoup avec très peu : une contre-industrie, à l’opposé des standards occidentaux, néanmoins tournée vers le divertissement. Certains sont devenus de véritables stars en Tanzanie comme ailleurs sur le continent. On peut citer l’acteur-réalisateur prolifique Steven Kanumba : les cinq années précédant sa mort en 2012, il participe à pas moins de 44 films ! Néanmoins, celui connu comme le « parrain de Bongowood » reste George Tyson (Dilemma, 2003 ; ​​Sabrina 2004). Irene Uwoya est une célèbre actrice de films bongo, avec notamment son rôle dans Oprah, 2008.

Une histoire écrite par des femmes

Les femmes jouent un rôle central dans le développement du cinéma tanzanien. La première société de production indépendante du pays, Abantu Visions, a été créée par Beatrix Mugishagwe. Après s’être formée en Allemagne de l’Ouest, elle rejoint son pays natal en 1994 pour y fonder sa société. Elle produit des séries documentaires sur l’environnement ou la condition des femmes, avant de se lancer en 2005 dans son premier long métrage : Tumaini.

La réalisatrice tanzanienne Flora M'mbugu-Schelling s’est engagée pour la cause féminine. En 1987, elle réalise son premier documentaire, Kumekucha, récit d’empowerment dans lequel elle suit le parcours de femmes qui, par l’éducation, tentent d’œuvrer pour une société plus juste. En 1992, avec le film These Hands, elle relate la lutte d’une femme ouvrière dans une carrière.

Un cinéma engagé

Jordan Riber, un Tanzanien né au Zimbabwe, est l'une des figures les plus actives de la production locale. Réalisateur et producteur, il met sa double-casquette à profit au Media for International Development, pour lequel il travaille. Cette société produit des contenus socialement engagés à visée pédagogique, sur des thématiques locales, comme la prévention contre le SIDA, ou universelle : égalité des genres et justice sociale. Ses productions (séries télévisées, films, téléfilms) sont diffusées dans le sud-est africain. Trois films en 2016 et 2017 sont projetés au Zanzibar International Film Festival. Parmi eux, Tunu (2016) raconte l'histoire d'un homme survivant d'un petit boulot dans une grande ville et qui doit revenir au village à la mort de sa mère. Fatuma (2017) quant à lui relate la vie d'une femme vivant dans la campagne tanzanienne dans de rudes conditions, mais lorsque son mari dépense la récolte des champs et décide en compensation de marier leur fille, elle s'embarque dans le combat de sa vie.

La Tanzanie vue d’ailleurs

Hatari, réalisé en 1962 par Howard Hawks (Rio Bravo), a été tourné sur les pentes du mont Meru, dans le Parc national d'Arusha. John Wayne y mène un groupe d’aventuriers qui capturent des animaux sauvages pour des zoos occidentaux – un pur produit colonialiste. Pour le public occidental, le film qui représente le mieux la savane tanzanienne, c’est Out of Africa (1986) de Sidney Pollack, avec Robert Redford et Meryl Streep.

Le cinéaste Anup Singh, né en Tanzanie, exilé en Inde et désormais de nationalité suisse, réalise de nombreux films à Bollywood. L’un des derniers en date, Qissa (2017), a été acclamé par la critique indienne.